Alma & Georges /alma-georges?lang=de Le magazine web de l'Université de Fribourg Tue, 17 Jun 2025 11:20:30 +0000 de hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Des milliers de monnaies romaines sortent de l’ombre /alma-georges/articles/2025/des-milliers-de-monnaies-romaines-sortent-de-lombre?lang=de /alma-georges/articles/2025/des-milliers-de-monnaies-romaines-sortent-de-lombre?lang=de#respond Tue, 17 Jun 2025 11:19:19 +0000 /alma-georges?p=22421 La chaire francophone d’histoire de l’Antiquité de l’Université de Fribourg a réuni près de 2000 pièces de monnaies datant de l’époque romaine dans une base de données numérique. Longtemps invisibles, elles deviennent aujourd’hui accessibles aux numismates du monde entier. Cédric Brélaz, professeur d’histoire de l’Antiquité et directeur scientifique du projet, nous en explique tout l’intérêt.

Comment vous est venue l’idée de créer cette base de données numismatique?
Les humanités numériques sont aujourd’hui très en vogue dans les sciences humaines, à tel point que le Fonds national suisse exige désormais la création de bases de données pour tout projet qu’il finance. Dans certains cas, cela a du sens, dans d’autres beaucoup moins. Mais pour la numismatique, c’est réellement pertinent. Dans le cadre de ce projet, nous avons affaire à des milliers de pièces, souvent très similaires, disséminées entre plusieurs institutions: le Musée d’art et d’histoire de Fribourg, le Musée de Morat, le Musée Bible+Orient de notre Université. Jusqu’à présent, elles étaient peu ou pas étudiées, et rarement publiées dans leur intégralité.

L’objectif est-il de réaliser des analyses statistiques?
Avant tout, cette base permet une diffusion des données bien plus ergonomique que les publications traditionnelles. Pendant longtemps — et encore aujourd’hui — les pièces étaient publiées dans des catalogues imprimés, avec des planches de photographies souvent de qualité médiocre. Grâce aux outils numériques, on accède plus facilement à l’information, et l’on peut effectivement produire des analyses, croiser les données, interroger un corpus de pièces sur divers critères. Il faut garder à l’esprit que ces objets sont rarement uniques: les monnaies étaient frappées à des centaines de milliers d’exemplaires. L’un des grands bénéfices, c’est qu’un chercheur ou une chercheuse, en Amérique du Nord par exemple, peut désormais consulter ces pièces sans avoir à se déplacer.

A qui s’adresse cette base de données?
Il y a deux publics cibles. D’une part, un public érudit, passionné par le patrimoine. C’est d’ailleurs une mission fondamentale de l’Université: jouer un rôle de passeur entre les collections publiques et la société. D’autre part, cette base vise évidemment la communauté scientifique. De nombreuses pièces conservées ici échappaient jusqu’alors aux radars de la recherche internationale, faute de publication. Or, les chercheurs et chercheuses en numismatique ont besoin d’accéder à un maximum de spécimens. Cette base fribourgeoise leur offre une nouvelle source de données précieuse.

Ces pièces avaient-elles déjà été étudiées?
Non, il a fallu tout reprendre depuis le début. Pour la collection du Musée d’art et d’histoire, cela représente environ 1500 pièces, majoritairement romaines. Un inventaire sommaire existait, réalisé par des collaborateur·trice·s du musée et du Service archéologique de l’Etat de Fribourg. Nous avons mené ce travail dans le cadre de mes cours de numismatique, avec les étudiantes et étudiants. L’une d’elles, Julie Python, y a même consacré son mémoire de master et une autre, Alicia Lehmann, travaille actuellement sur ce matériel.

Cela a dû être un vrai travail de bénédictin!
Effectivement! Il a fallu identifier chaque pièce — c’est ce qu’on appelle la détermination —, les décrire précisément, évaluer leur état de conservation et les rattacher à des types déjà connus dans la littérature spécialisée. Ce travail a été complété par des photographies de très haute qualité, réalisées par un photographe professionnel ici à Fribourg.

Y a-t-il des pièces particulièrement remarquables dans cette collection?
Ma réponse peut paraître paradoxale: non, il n’y a pas de pièce véritablement exceptionnelle, et c’est justement ce qui fait l’intérêt de la collection. La numismatique ne s’intéresse pas seulement aux objets rares ou esthétiques. Elle repose aussi — et peut-être surtout — sur l’étude des pièces ordinaires, très largement diffusées dans l’ensemble de l’Empire romain. Les petites pièces en bronze, de faible valeur, servaient aux achats quotidiens. Elles sont souvent corrodées, en mauvais état, mais leur intérêt scientifique est majeur. Elles permettent d’étudier les réseaux de diffusion monétaire et les usages économiques. Cela dit, il y a aussi quelques pièces remarquables, comme cette monnaie en or issue d’un trésor découvert à Portalban au début du XXᵉ siècle. Elle constitue le fleuron de la collection du Musée d’art et d’histoire. Mais, d’un point de vue scientifique, les plus belles pièces ne sont pas nécessairement les plus importantes.

Qu’en est-il du contexte archéologique de ces monnaies?
C’est un vrai problème. La plupart des collections ont été constituées à partir de donations privées dès la fin du XVIIIᵉ siècle. A Fribourg, certaines pièces proviennent même de dons faits par des officiers fribourgeois au service du roi de France qui avaient reçu des monnaies du Cabinet des médailles à Paris. A l’exception des pièces du trésor de Portalban, nous ne connaissons pas le contexte archéologique précis des objets. Or, cela constitue une perte d’informations historiques considérable. On ignore le lieu exact de découverte, les objets associés et on ne peut donc pas dater l’enfouissement avec précision. Il y a un enjeu éthique majeur: le marché de l’art numismatique est légal, mais les pièces qui y circulent proviennent parfois de fouilles illégales.

Est-ce que cette base pourrait intéresser des collectionneurs privés ?
Ce n’est pas l’objectif premier, mais ce serait un développement idéal. Un collectionneur privé, resté anonyme, nous a déjà confié une très belle collection de 323 pièces qu’il a acquises légalement. Il en reste propriétaire, bien sûr, mais il nous a permis de les étudier avec les étudiant-e-s, ce qui est une opportunité précieuse. J’ai d’ailleurs organisé un colloque début avril sur cette question. Des collectionneuses et collectionneurs étaient présent·e·s et je leur ai lancé un appel: si certains souhaitent nous confier leurs pièces à des fins scientifiques ou didactiques, ce serait formidable. L’idéal serait bien sûr qu’ils en fassent don à l’Université.

Comment cette base a-t-elle été créée techniquement?
Elle a vu le jour grâce à un soutien du Fonds d’innovation pédagogique de la Faculté des lettres et des sciences humaines. La réalisation technique a été assurée par la Direction informatique de l’Université, et plus précisément par son service dédié aux bases de données éducatives en la personne de M. Alrick Deillon. Elle fonctionne très bien, mais l’étape suivante, que j’ai évoquée lors du colloque, serait de l’intégrer aux grandes plateformes internationales déjà existantes. Il existe des bases majeures comme celle de l’American Numismatic Society à New York, du Cabinet des médailles à Paris, des Musées de Berlin ou du British Museum. L’objectif serait que notre base fribourgeoise, modeste mais solide, puisse rejoindre ce réseau. Ce serait à la fois un aboutissement et un point de départ vers un projet de plus grande ampleur.

La communauté scientifique pourrait-elle remettre en question certaines de vos déterminations?
Absolument, et c’est même souhaitable. L’un des avantages du numérique, par rapport à l’imprimé, est que les données peuvent être mises à jour en continu. C’est une force, mais aussi un piège: tout semble toujours provisoire, et cela peut nuire à la rigueur. Cela dit, nous restons ouverts à la discussion. Si des collègues repèrent des erreurs ou souhaitent corriger certains points, ce serait extrêmement précieux. La base a vocation à évoluer, à s’enrichir et à devenir un véritable outil collaboratif au service de la recherche.

Photo d’illustration: Aureus de Vespasien représentant le portrait de Titus, atelier de Rome, 75 ap. J.-C. Trésor de Portalban, Musée d’art et d’histoire de Fribourg, n° inv. 16336.

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Komm mal runter! Demut als moderne Tugend – OMG Podcast Folge 12 /alma-georges/articles/2025/komm-mal-runter-demut-als-moderne-tugend-omg-podcast-folge-12?lang=de /alma-georges/articles/2025/komm-mal-runter-demut-als-moderne-tugend-omg-podcast-folge-12?lang=de#respond Tue, 10 Jun 2025 14:27:58 +0000 /alma-georges?p=22414 Schneller, höher, weiter? Freiheit und Souveränität zeigen sich auch, indem man sich ins Verhältnis zu anderem(n) setzt.
Vier Theologieprofessor_innen der Universität Freiburg – Daniel Bogner, Noemi Honegger, Markus Zimmermann und Elisabeth Zschiedrich – haben einen Podcast «über mehr als alles» gestartet, um Themen wie Alltag, Arbeit, Familie, Freizeit, Liebe und Leid zu erkunden. Trotz ihrer Unterschiede verbindet sie die Leidenschaft für Theologie.

Sich bescheiden, demütig sein – das klingt erst einmal nach Selbsterniedrigung. Dabei scheint heute das Gegenteil gefragt: nämlich selbstbewusst zu sein, für sich und für seine Bedürfnisse einzustehen. Mit Demut auf die Welt zu schauen, das muss aber nicht Unterordnung bedeuten. Es kann auch Einordnung meinen, sich in ein Verhältnis zur Welt zu setzen. Auf diesem Weg kann Demut zur Tugend werden. Ein Podcast über die Grandezza der Demut.

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Se connaître pour mieux collaborer /alma-georges/articles/2025/se-connaitre-pour-mieux-collaborer?lang=de /alma-georges/articles/2025/se-connaitre-pour-mieux-collaborer?lang=de#respond Tue, 03 Jun 2025 12:37:48 +0000 /alma-georges?p=22401 Trop souvent, on voit le chercheur ou la chercheuse perché·e dans sa tour d’ivoire. Un stéréotype qui a pour conséquence que les mondes économique et universitaire se regardent à distance. Une soirée de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg et de l’Université de Fribourg visait à les rapprocher.

«Entre l’économie fribourgeoise et le monde académique, il existe toujours un fossé que nous voulons contribuer à réduire au maximum.» Directeur de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg (CCIF), Christophe Emmenegger fait partie de ceux qui veulent créer des ponts. Docteur en nanotechnologie, il fut d’abord actif dans la recherche fondamentale avant de rejoindre l’économie. Il connaît bien les deux mondes.

Et s’il comprend ce qui les sépare, il voit surtout le gain mutuel d’un rapprochement. Réduire ce fossé, c’était justement l’objectif de la rencontre intitulée «Pas de barrière», organisée conjointement par l’Université de Fribourg (Unifr) et la CCIF. Fin mai 2025, sur le site de Bluefactory, cette soirée de présentations et de réseautage visait à favoriser le contact entre entrepreneur·euse·s fribourgeois·e·s et les chercheur·euse·s issu·e·s du monde académique.

Rectrice de l’Unifr, Katharina Fromm constate que, trop souvent, le milieu universitaire est perçu comme retranché dans sa tour d’ivoire, déconnecté des réalités du tissu économique. «Nous voulons montrer que ce savoir fondamental est utile, que nos chercheuses et chercheurs possèdent de riches compétences et que le potentiel d’application est là», explique-t-elle. Et pour valoriser ce trésor que représente le savoir fondamental, la communication et la recherche de visibilité deviennent capitales, poursuit la rectrice, responsable entre autres du soutien à la recherche et l’innovation de l’Unifr.

Christophe Emmenegger abonde. Pour le directeur de la CCIF, il importe de ne pas cultiver la vision d’un monde bipolaire, entre entrepreneur·euse·s du cru d’un côté et monde universitaire de l’autre. «Nous voulons permettre un réseau de compréhension, car l’Université s’inscrit dans le paysage économique fribourgeois. Les liens existent, il faut les valoriser.» Parmi ces ponts déjà établis, citons l’implication de l’Unifr dans nombre de domaines: alimentation durable, matériaux et santé (Food Research and Innovation Center), nanomatériaux (Adolphe Merkle Institute), interaction humain-technologie (Human-IST) ou encore bâtiment (Smart Living Lab).

Sans compter trois startups de l’Unifr actives dans la lutte contre le surpoids (bewe), la détection du cancer du sein (Xemperia) ou encore la création de matériaux à base de cellulose (Seprify). En 2024, elles ont généré des postes de travail pour 25,6 équivalents temps plein (EPT) pour un capital obtenu de 4,9 millions de francs. A côté de ces contributions, d’autres collaborations se tissent entre chercheur·euse·s et entrepreneur·euse.

A l’image de WasteLogs, un outil d’aide à la décision pour optimiser la collecte des déchets par les services de voirie ou les entreprises mandatées par les collectivités publiques. Dans ce projet, né d’un partenariat entre l’Unifr et la société bernoise System-Alpenluft, et soutenu par InnoSuisse, les mathématiques et l’informatique viennent prêter main-forte aux entreprises de ramassage de déchets afin de résoudre le casse-tête quotidien du parcours à effectuer par le personnel.

«Nous avons traduit le problème du ramassage en un problème mathématique, puis avons développé des algorithmes pour résoudre ce problème», résume le professeur de mathématiques Bernard Ries, du Decision Support & Operations Research Group de l’Unifr. Au final, l’outil permet des tournées plus durables tandis que le gain d’efficacité pour les collectivités publiques est estimé à 10 ou 20%.

Dans un autre registre, on trouve l’exemple du partenariat entre l’Unifr et l’assurance La Mobilière, avec la création d’un cluster de recherche sur la résilience au niveau économique, politique et social. Ou encore l’intérêt surprenant des sciences humaines pour le secteur de la construction, à l’image des travaux de recherche de la prof. assistante en anthropologie sociale Madlen Kobi. Son projet Urban Bricolage. Mining, Designing and Constructing with Reused Building Materials montre les avantages de développer une économie circulaire en récupérant les matériaux de démolition.

Madlen Kobi évoque quelques chiffres surprenants. En Suisse, ce sont entre 6000 et 7000 bâtiments que l’on démolit chaque année, tandis qu’en Europe, la moitié des déchets de construction termine à la décharge. «Mais il faut savoir par exemple que la récupération de l’aluminium ne demande que 5% de l’énergie nécessaire à sa production initiale», explique-t-elle. Et de montrer des exemples de constructions en Suisse, réalisées à l’aide de fenêtres récupérées, comme le K118 à Winterthur ou l’Elys Basel.

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Les plantes seront son métier, mais les fourmis sont sa passion. /alma-georges/articles/2025/les-plantes-seront-son-metier-mais-les-fourmis-sont-sa-passion?lang=de /alma-georges/articles/2025/les-plantes-seront-son-metier-mais-les-fourmis-sont-sa-passion?lang=de#respond Mon, 02 Jun 2025 07:41:29 +0000 /alma-georges?p=22392 À 17 ans, Gaël Rey, apprenti jardinier, est incollable sur les hyménoptères qui peuplent le Jardin botanique de Fribourg. Ce mercredi 4 juin, notre Ant-Man préféré vous embarque pour un voyage fascinant au cœur du monde des fourmis.
Un avant-goût en vidéo. 

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«La liberté et la démocratie ne sont jamais acquise pour toujours» /alma-georges/articles/2025/la-liberte-et-la-democratie-ne-sont-jamais-acquise-pour-toujours?lang=de /alma-georges/articles/2025/la-liberte-et-la-democratie-ne-sont-jamais-acquise-pour-toujours?lang=de#respond Fri, 30 May 2025 07:30:45 +0000 /alma-georges?p=22373 Invité de la 49ᵉ Journée de l’Europe à l’Université de Fribourg, l’ambassadeur de l’Union européenne en Suisse, Petros Mavromichalis, a livré un discours engagé sur les valeurs fondamentales de l’UE face aux menaces de la désinformation et dans un contexte géopolitique tendu. Son intervention est à (re)voir en vidéo.

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Apprentissage: une étude sur les évaluateur·rice·s /alma-georges/articles/2025/apprentissage-une-etude-sur-les-evaluateur%c2%b7rice%c2%b7s?lang=de /alma-georges/articles/2025/apprentissage-une-etude-sur-les-evaluateur%c2%b7rice%c2%b7s?lang=de#respond Wed, 28 May 2025 07:47:37 +0000 /alma-georges?p=22375 Le chercheur David Jan s’est penché sur les expert·e·s qui évaluent sur le terrain le savoir-faire des apprenti·e·s. Une manière d’apprécier les compétences, mais aussi de se nourrir d’échanges entre professionnel·le·s et revoir ses propres pratiques.

David Jan

En Suisse, l’apprentissage reste la principale voie de formation pour les jeunes. Une enquête menée en avril 2024 par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) montrait que 64% des jeunes de 14 à 17 ans privilégiaient cette voie après l’école obligatoire, devant le gymnase et l’école de culture générale. Cette formation en entreprise se termine par un examen, dont une partie en situation sur le terrain.
L’étape est loin d’être anecdotique. A caractère éliminatoire, elle compte pour 30% de la note finale. Le jour «J», deux examinateur·trice·s se rendent dans l’entreprise afin d’évaluer les compétences acquises par l’apprenti·e durant sa formation. «Ces personnes proviennent d’une autre entreprise de la branche. C’est une manière de valider, au sein de la branche, que le ou la futur·e professionnel·le connaît son métier», précise David Jan.

Proche de son sujet
Assistant diplômé au Département des sciences de l’éducation et de la formation de l’Université de Fribourg, David Jan vient justement de boucler et de soutenir une thèse de doctorat sur cette partie de l’évaluation finale. Un sujet qu’il a également vulgarisé en participant au concours de Ma Thèse en 180 secondes. Il s’est concentré sur la filière du commerce de détail en alimentation. Domaine qu’il connaît bien.
Car c’est dans ce domaine qu’il a d’abord évolué professionnellement avant de poursuivre vers l’Université et la recherche. Formateur d’examinateur·trice·s, il a aussi enseigné à l’école professionnelle. De plus, ce natif de Bienne a lui-même été évaluateur durant 15 ans. C’est dire s’il connaît la filière. Il a d’ailleurs commencé dans les rayonnages durant son gymnase. Un job d’étudiant. «Je cherchais à économiser pour visiter au Japon celle qui est aujourd’hui devenue ma femme», dit-il.

Pas de biais de genre ni d’âge
L’intérêt du travail de David Jan, c’est qu’il permet d’en savoir plus sur les réalités de la transmission et de la validation des compétences acquises au sein d’une branche professionnelle. Pour mener ses recherches, il a recouru à des questionnaires et à des groupes de discussion. Cela représente en tout plus de 200 personnes issues du commerce de détail en alimentaire, mais aussi des employé·e·s de commerce et des personnes du commerce de détail en général.
David Jan a cherché à mieux comprendre la manière dont les évaluateur·trice·s fondaient leur jugement et construisaient leur évaluation. Il s’est également penché sur leurs motivations, ce qu’ils et elles retiraient de ce travail. Ce dernier point est particulièrement intéressant lorsque l’on sait que ces professionnel·le·s prennent souvent sur leurs congés ou effectuent des heures supplémentaires pour effectuer ces examens. «Dans certaines entreprises, c’est proche du bénévolat», fait-il remarquer.
Son travail montre d’abord que la majorité des expert·e·s évaluent en fonction des besoins réels du métier — une approche dite critériée — plutôt qu’en se fondant sur leurs expériences personnelles ou leurs représentations de ce qu’est une “bonne” pratique — une approche normative. «Ce qui est positif», relève David Jan, qui ne constate au passage pas de biais de genre, d’âge ou du nombre d’années de travail.

Le chercheur observe en revanche un biais d’années d’expérience en tant qu’expert·e. L’une des personnes qui participe à sa recherche occupecette fonction depuis plus de 30 ans. «Dans le cas d’une personne expérimentée dans l’expertise, on trouve souvent plus d’aisance et une facilité encore plus grande à se baser sur l’évaluation critériée», observe-t-il.

Réinvestir les erreurs des autres
De même, la capacité à l’auto-évaluation se trouve renforcée. Il faut comprendre par-là que l’expert·e profite de ce moment chez un concurrent pour réfléchir à la pratique formatrice dans sa propre entreprise. «C’est un réinvestissement des erreurs vues chez les autres», explique David Jan, qui précise que ces journées d’expertise représentent souvent un changement bienvenu dans le quotidien par les évaluateur·trice·s.

Car au-delà de l’apprenti·e pour lequel ou laquelle ils et elles se déplacent, c’est également une occasion pour ces personnes d’échanges informels et stimulants entre professionnel·le·s. «Cela nourrit une saine émulation au sein de la branche». En revanche, sa recherche souligne quelques points négatifs. Les formations pour devenir expert·e apparaissent souvent comme non-significatives aux yeux de ces derniers et de ces dernières.

Pour David Jan, le contenu des cours est moins en cause que l’impression que peuvent avoir ces professionnel·le·s de retourner sur les bancs d’école. Ce qui est souvent vécu désagréablement, observe le chercheur. Ce qui peut s’expliquer par le fait que, dans certains cas, l’expert·e s’est construit·e dans son travail dans un esprit de revanche (avec succès d’ailleurs) à la suite d’une scolarité qui a pu être vécue comme difficile.

L’importance d’expliquer
«Certain·e·s auraient ainsi construit des barrières en eux/elles. Retourner à l’école, signifierait alors retourner là où j’étais un cancre», continue David Jan. Si les cours peuvent être vécus comme un passage obligé par les personnes qui s’impliquent, elles voient souvent en revanche le travail d’expert·e comme très intéressant. Même si, dans certaines branches, comme la cuisine et les soins, trouver des volontaires s’avère difficile.

La raison tient dans les réalités de ces domaines, qui manquent souvent de personnel et dans lesquels les potentiel·le·s expert·e·s n’arrivent pas à dégager du temps. Comment améliorer les choses ? Pour David Jan, l’incitation financière n’est pas la bonne piste. «On passerait ainsi à côté de ce qui fait le cœur de cette activité.» Il voit une piste dans la mise en place de stage pour les futur·e·s expert·es et l’importance d’expliquer, auprès des diverses filières, l’intérêt de ces mandats hors-entreprise: développer une vision globale de son métier en regardant ce qui se fait ailleurs et profiter d’échanges intéressants entre professionnel·le·s.

Pour en savoir plus > https://recherche-formation.com/these

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Gastromancie ou l’art de la divination culinaire /alma-georges/articles/2025/gastromancie-ou-lart-de-la-divination-culinaire?lang=de /alma-georges/articles/2025/gastromancie-ou-lart-de-la-divination-culinaire?lang=de#respond Mon, 26 May 2025 08:31:31 +0000 /alma-georges?p=22286 Vous les avez peut-être aperçus sur le campus de Pérolles. Dans leur carriole, deux comédiens de la compagnie Cécile D. ont questionné les étudiant·e·s de passage sur leurs habitudes alimentaires. Forts du soutien de deux sociologues de l’Université, Camille Piller et Daniel Jeanloz ont mis au point une nouvelle technique d’entretien, tout en douceur, la gastromancie.

Comme pour échapper aux premiers rayons qui frappent le campus de Pérolles, une étudiante, intriguée, pénètre dans une remorque ressemblant à s’y méprendre à un food truck miniature. Coincé derrière une petite table, Daniel Jeanloz, comédien de la Compagnie Cécile D, l’y accueille chaleureusement avant de lui tirer des cartes. Avec sa collègue Camille Piller, il a concocté un nouvel art divinatoire: la gastromancie. «C’est une mise en scène qui nous permet de cuisiner à feu doux les participant·e·s afin de découvrir leurs habitudes alimentaires», explique avec malice Daniel Jeanloz.

Slow soul food
L’entretien débute à l’extérieur de la carriole par une conversation conviviale arrosée de sirop. Les participant·e·s sont ensuite convié·e·s à remplir un «gastrogramme» où figurent plusieurs questions, dont «quel plat vous met en joie? quel met vous révolte?». Les réponses servent de base à la séance de gastromancie qui, elle, se déroule à l’intérieur de la carriole. Daniel Jeanloz, qui incarne un voyant, révèle à la personne qui le consulte ce que son destin lui mijote. Ce protocole particulier permet de facilement faire ressortir des histoires, des anecdotes autour de l’alimentation. Les deux comédiens, véritables maïeuticiens de l’âme, comptent en extraire la substantifique moëlle qui servira de base à leur prochain spectacle.

Théâtre et sociologie
Au bénéfice d’une bourse du Service de la Culture de Fribourg, Camille Piller et Daniel Jeanloz ne se trouvent pas à Pérolles par hasard. Ils ont choisi l’Université de Fribourg comme lieu de résidence artistique. Souhaitant explorer la problématique de l’alimentation, ils ont contacté Murielle Surdez et Lucien Delley du Département de sociologie. «C’est allé au-delà de nos espérances, rigole Camille Piller, nous avons été littéralement submergés d’informations. Tout le monde doit s’alimenter, c’est donc un sujet tentaculaire, économique, ethnologique, etc. Il existe même des «food studies»!

Cette rencontre entre théâtre et sociologie avait aussi pour but de mettre au point des méthodes d’entretien novatrices, d’affiner leur « extralucidité », en somme. Et c’est ainsi qu’ils ont eu l’idée de mettre sur pied des séances de gastromancie, durant lesquelles ils apprêtent les participant·e·s avec mille précautions, la cuisson lente étant  la signature culinaire de la Compagnie Cécile D. «Un questionnaire à la mode des sociologues manque de convivialité et une interview d’humanité, relève Camille Piller, notre protocole, grâce à sa théâtralité, permet de se mettre à table en douceur.» Cette approche originale a particulièrement séduit Lucien Delley, sociologue à l’Université de Fribourg. Loin de trouver incongrue la rencontre entre son monde et celui du théâtre, il y voit la possibilité de «reconfigurer les modalités d’enquête ethnographique et considère le théâtre comme une médiation entre la science et les publics qu’elles cherchent à interroger.»

Plus méticuleux qu’un chef étoilé, les deux comédiens ont encore fait appel aux conseils de Charlotte Curchod, recueilleuse de récits de vie. «Je leur ai expliqué comment faire pour que la rencontre se passe au mieux, mais je dois dire que l’espace d’accueil qu’ils ont créé, la carriole en particulier, créer une intimité et permet, très vite, à la parole de se développer.»

On ne joue pas avec la nourriture
Derrière l’aspect théâtral et comique de la mise en scène, les deux comédiens ont très vite remarqué que la nourriture, et plus particulièrement notre rapport à la nourriture, provoque des émotions qui sont loin d’être anodines. «Lors de mon premier entretien, une personne s’est confiée sur ses problèmes d’anorexie, se remémore Daniel Jeanloz. J’ai tout de suite pris conscience de ma responsabilité et décidé qu’il ne fallait pas pousser le jeu trop loin.»

Mais le contexte s’est véritablement avéré propice à la confidence. Testé sur une trentaine de personnes, les séances de gastromancie se sont avérées extrêmement prolifiques! «Souvent, on nous raconte des histoires autour d’un plat ou un repas de famille qui évoque avec nostalgie le passé, le temps où tout le monde était réuni, raconte Daniel Jeanloz, mais on aborde aussi très vite des thématiques touchantes, sans rapport direct avec la nourriture.» Le comédien se souvient de cet étudiant qui se demandait quand enfin il serait heureux, de cette autre étudiante qui lui demandait, à lui le mage, comment elle doit se comporter avec une personne qui ne l’aime pas. «Les gens se mettent très vite à table, constate Daniel Jeanloz, ce qui me rappelle d’ailleurs que je dois vraiment mettre au point un costume pour rappeler aux participant·e·s que ce n’est que du théâtre!»

De la nourriture pour un prochain spectacle
La Compagnie Cécile D compte bien utiliser tout le matériel récolté au cours de cette résidence artistique à l’Université de Fribourg pour créer un spectacle itinérant, sa spécialité. «Cela pourrait prendre la forme d’un spectacle de rue agrémenté d’un repas canadien, imagine Camille Piller, et, grâce aux anecdotes glanées durant cette phase préliminaire, les spectateurs et spectatrices pourront s’y reconnaître. La succession des services n’est pas encore connue, mais une chose semble certaine: cela sera de la cuisine concoctée avec amour par deux toques du cru avec des anecdotes savoureuses issues du terroir fribourgeois.

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«L’histoire du foot féminin coïncide avec celle de l’émancipation» /alma-georges/articles/2025/lhistoire-du-foot-feminin-coincide-avec-celle-de-lemancipation?lang=de /alma-georges/articles/2025/lhistoire-du-foot-feminin-coincide-avec-celle-de-lemancipation?lang=de#respond Fri, 23 May 2025 13:40:11 +0000 /alma-georges?p=22365 L’organisation par la Suisse en été 2025 de l’EURO de foot féminin devrait doper – encore – l’intérêt pour ce sport. Il n’y a qu’un demi-siècle que les footballeuses suisses ont fait leur entrée officielle sur les terrains. Retour sur un boom en plusieurs temps avec la professeure d’histoire contemporaine Christina Späti.

Christina Späti, pratiquez-vous le football?
Malheureusement non. Durant mon enfance st-galloise dans les années 1970 et 1980, j’ai littéralement dû imposer la participation des filles aux parties de ballon rond dans la cour d’école. Reste que lorsque j’ai souhaité rejoindre un club de foot, j’ai vite déchanté: cela n’était tout simplement pas possible pour une fille dans la région. A l’image de nombreuses amatrices de sports d’équipe et de ballons, je me suis rabattue sur le handball.

Christina Späti © Stéphane Schmutz / STEMUTZ.COM

Quarante ans plus tard, votre fille a fait une expérience complètement différente…
En effet, lors de notre séjour familial d’une année aux Etats-Unis en 2018-2019, elle a assez naturellement commencé à jouer au football. Ou plutôt au «soccer», comme ils le nomment là-bas pour le différencier du «football», que nous appelons ici le «football américain». Alors que ce dernier est considéré en Amérique du Nord comme un sport masculin, le soccer, lui, est LE sport féminin par excellence. Quand nous sommes rentrés en Suisse, ma fille, alors âgée de huit ans, a intégré une équipe de football féminin. Ce qui, heureusement, est désormais possible un peu partout dans notre pays.

On revient de loin: longtemps, les femmes ont été systématiquement exclues du football…
Cette exclusion ne concerne pas que les femmes. Le football moderne est né en Grande-Bretagne au milieu du 19e siècle dans les internats pour jeunes hommes issus de l’élite. Ce sport était donc réservé à la population aisée, qui y voyait le moyen de se démarquer de la classe ouvrière. Rapidement, cette dernière s’y est néanmoins intéressée. Il faut dire que la pratique du football ne nécessite que peu d’infrastructure et de moyens. En outre, avec le changement sociétal entraînant une réduction du temps de travail, les samedis après-midi désormais libres pouvaient être consacrés par les travailleurs manuels aux loisirs, football en tête. Un bel exemple d’«empowerment». Les «gentlemen», eux, se sont tournés vers d’autres activités, telles que le cricket ou le hockey sur terre. Quand les équipes ont commencé à participer à des tournois internationaux – entretemps, ce sport avait été popularisé à l’étranger par les marchands britanniques – une autre grande étape a été franchie: la professionnalisation du football. Il n’était en effet financièrement pas possible pour les joueurs, désormais majoritairement issus des classes populaires, de se passer d’un revenu.

Dans quelle mesure les femmes ont-elles également profité du football comme outil d’«empowerment»?
Disons-le d’emblée: l’élargissement du football à d’autres catégories de la population que l’élite masculine britannique n’a concerné les femmes que dans une moindre mesure. Il faut rappeler qu’à l’époque, la société différenciait de façon stricte les genres, les rôles et, par ricochet, les activités sportives. Les hommes étaient invités à se défouler dehors, en équipe et de manière compétitive. Les femmes, elles, étaient considérées comme à leur place dans des salles de gym, à effectuer des mouvements graciles. Plus tard, les régimes politiques autoritaires ont repris – et renforcé – cette dichotomie. Dans ce contexte, le football féminin a toujours fait l’objet d’un grand scepticisme. Jusque dans les années 1970, il s’est généralement limité à des pratiques informelles, par vagues successives. L’ «art pour l’art» était mal vu. Pour les femmes, le football devait s’accompagner d’une autre fonction, par exemple caritative. Et dans tous les cas, il concernait les jeunes célibataires, pas les épouses et mères de famille.

Comment ces vagues successives d’émergence du football féminin en Europe au cours du 20e siècle se sont-elles organisées?
Elles ont quasi systématiquement coïncidé avec les vagues d’émancipation féminine dans la société, c’est-à-dire durant et après la Première Guerre mondiale, dans les années 1960 (libération sexuelle), dans les années 1990 (première grève des femmes) ou encore, tout récemment, avec le mouvement MeToo. On constate alors un effet de va-et-vient, de cercle vertueux: un mouvement d’émancipation féminine s’opère, qui permet d’ouvrir une porte pour le foot féminin, qui à son tour renforce le mouvement d’émancipation.

Les femmes se sont mises à jouer au foot en pleine Première Guerre mondiale?!
Tandis que les hommes étaient au front, les femmes ont pris leur place dans les usines… et sur les terrains de football. Les tournois interentreprises en Angleterre peuvent d’ailleurs être considérés comme les tout premiers tournois de foot féminins. A noter que plus tard, dans les années 1960, c’est également par la porte du football corporatif – qui, contrairement au football pratiqué en club, était accessible aux femmes – que les footballeuses se sont engouffrées dans la brèche.

Est-ce que ce premier mini-boom du football féminin s’est poursuivi au-delà du conflit de 14-18?
Non. La montée des régimes autoritaires tel que le nazisme et le fascisme a coupé la vague d’émancipation féminine, pratique du football y compris. Dans de nombreux pays européens, il a fallu attendre plusieurs décennies avant que ce sport ne ressorte au grand jour. Celles qui s’y adonnaient étaient qualifiées d’amazones, de garçons manqués. Que ce soit en France, en Allemagne ou en Angleterre, le football féminin n’a officiellement été reconnu par les fédérations nationales qu’à la fin des années 1960.

Quid de la Suisse?
Notre pays n’échappe pas à la règle. En terre helvétique, il y a eu comme ailleurs au fil du 20e siècle des élans favorables au foot féminin, ainsi que des actions – souvent isolées -de promotion et d’encouragement de cette activité. Dans les années 1920, un club dénommé Les Sportives -dont on a désormais perdu la trace – aurait été fondé à Genève. A la fin des années 1930, le village d’Adliswil, dans le canton de Zurich, a pour sa part accueilli une «démonstration» de football féminin en marge d’un tournoi masculin. Qui s’est d’ailleurs heurtée à pas mal de moqueries. Près de trente ans plus tard, l’équipe féminine FC Goitschel a demandé à l’Association suisse de football (ASF) l’autorisation de l’intégrer, qui lui a été refusée. En contrepartie, l’ASF a ouvert aux femmes la possibilité de devenir arbitres, ce qui a marqué une étape importante de l’histoire suisse du football féminin.

Toujours dans les années 1960, l’affaire Madeleine Boll a fait grand bruit…
Suite à un malentendu, cette jeune joueuse a participé en 1965 avec les juniors C du FC Sion à un match préliminaire de la coupe de l’UEFA contre l’équipe turque de Galatasaray. La presse internationale s’en est généreusement fait l’écho. En raison de ce scandale, l’ASF a retiré sa licence à la sportive. Reste qu’en 1969, un championnat suisse féminin inofficiel a été organisé. Un an plus tard, la ligue féminine nationale était créée, tout comme la «Nati» féminine.  Il a néanmoins fallu attendre 1993 pour que le football féminin intègre l’ASF.

L’officialisation du football féminin suisse au tournant des années 1970 a-t-elle rimé avec la «normalisation» de cette activité sportive?
Pas vraiment, non. Un exemple parlant est le compte rendu publié dans un média bien établi suite au tout premier match de l’équipe nationale féminine, gagné 9-0 contre l’Autriche. Une bonne partie de l’article est consacré au physique des joueuses. C’est à peine si le résultat est mentionné…
Que ce soit à l’échelle nationale ou internationale, il faut attendre encore une bonne vingtaine d’années avant que le public ne manifeste un réel intérêt pour le foot féminin…
La dynamique est venue des Etats-Unis où, comme déjà indiqué, le «soccer» était traditionnellement établi comme sport féminin, tandis que le «football», le baseball ou le hockey sur glace étaient associés aux hommes. Le foot féminin drainait de plus en plus de public outre-Atlantique. En 1999, quelque 90’000 personnes – y compris le président Bill Clinton – ont assisté à la finale de la Coupe du monde féminine à Los Angeles. Sans surprise, l’euphorie s’est propagée en Europe, y compris en Suisse. Dans notre pays, l’intérêt est un peu retombé par la suite, avant de remonter en flèche dès 2015, lorsque la «Nati» féminine s’est qualifiée pour sa première Coupe du monde. Les nouveaux mouvements féministes, dont la grève, ont renforcé cet élan. L’EURO de l’été 2025, qui se tiendra en Suisse, devrait en rajouter encore une couche.

L’an dernier, vous avez donné un cours magistral sur l’histoire du football (masculin et féminin) comme phénomène global. Pourquoi ce choix thématique?
Le football est un fil rouge intéressant pour raconter l’histoire contemporaine européenne, voire globale. Il constitue une porte d’entrée vers de nombreuses thématiques, qu’il s’agisse de la politique, de l’extrémisme, du genre ou de la transnationalité. Sans oublier bien sûr le fait qu’il est très apprécié par de nombreuses personnes, tous horizons politiques, sociaux ou ethniques confondus. Bref, qu’il constitue un vrai aimant à étudiantes et à étudiants. J’ai néanmoins fait quelques déçues et déçus: celles et ceux qui s’attendaient à ressortir du cours avec des statistiques de matches à partager en soirée n’en ont pas eu pour leur argent. (Rires)

Vous disiez plus tôt que votre fille a eu un accès bien plus facile que vous au football. Celles qui luttent pour davantage d’égalité des genres dans ce sport peuvent-elles lever le pied?
En guise de réponse, voici une anecdote. L’hiver dernier, ma fille est à plusieurs reprises rentrée de ses tournois de foot en salle avec une médaille. D’un côté, on y voyait un garçon. De l’autre un homme.

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  • Christina Späti est professeure ordinaire au Département d’histoire contemporaine de l’Unifr. En 2024, elle a donné un cours magistral intitulé «Fussball. Geschichte eines globalen Phänomens»
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Nuit des Musées : découvrez les origines de la neutralité helvétique! /alma-georges/articles/2025/nuit-des-musees-decouvrez-les-origines-de-la-neutralite-helvetique?lang=de /alma-georges/articles/2025/nuit-des-musees-decouvrez-les-origines-de-la-neutralite-helvetique?lang=de#respond Thu, 22 May 2025 10:50:02 +0000 /alma-georges?p=22356 Ce samedi 24 mai, à l’occasion de la Nuit des Musées, les Archives de l’État de Fribourg ouvriront leurs portes pour exposer un document historique d’exception: le traité de paix perpétuelle. Signé en 1516, ce traité unique tant par sa forme que par sa portée symbolique est considéré par les historien·ne·s comme une étape fondatrice vers la neutralité suisse.

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Dans l’ère du temps /alma-georges/articles/2025/dans-lere-du-temps?lang=de /alma-georges/articles/2025/dans-lere-du-temps?lang=de#respond Wed, 21 May 2025 13:21:49 +0000 /alma-georges?p=22347 Dans nos sociétés du «tout numérique», notre rapport au temps évolue au gré des avancées technologiques. Pour échanger sur le rapport entre temps et numérisation et ses impacts sur notre qualité de vie, un symposium interdisciplinaire s’est tenu à l’Université de Fribourg.

«Le temps, c’est de l’argent», écrivait Benjamin Franklin en 1748. Mais le temps est bien plus que cela. S’il a toujours été une valeur limitée car non extensible, aujourd’hui il est devenu une denrée rare. Gagner du temps est une gageure, ne pas en perdre une obligation. De la rationalisation du travail survenue durant la Révolution industrielle à la possibilité d’être connecté·e·s 24h/24, notre rapport au temps a considérablement changé aussi bien dans nos vies professionnelles que privées. Avec pour conséquence un sentiment d’accélération continue, comme si les jours, les mois et les années passaient de plus en plus vite. L’utilisation de technologies numériques a encore accentué le phénomène, car en nous permettant d’être stimulé·e·s facilement, à tout moment et n’importe où, nous sommes constamment sollicité·e·s. Mais quels sont les impacts de ces changements sur notre qualité de vie? Pour y répondre, des expert·e·s de six pays européens, dont la Suisse, analysent en quoi la perception, l’utilisation et l’allocation du temps sont influencées par le niveau de numérisation et les normes culturelles.

Expériences temporelles étudiées
Réuni·e·s au sein d’un vaste projet baptisé TIMED, ces chercheur·euse·s décortiquent le rapport entre temps et numérisation. «Le projet européen consacré à l’expérience du temps à travers l’Europe à l’ère digitale réunit des sociologues, des philosophes, des ingénieurs, des psychologues et des spécialistes des médias. L’intérêt de ce symposium organisé à l’Université de Fribourg est de les réunir, ainsi que des personnes externes avec lesquelles nous pouvons échanger, réfléchir aussi à l’impact de nos résultats de recherches.», explique Chantal Martin Sölch, Vice-rectrice et professeure de psychologie clinique et de la santé à l’Université de Fribourg. Cette journée d’échanges interdisciplinaires favorise aussi le réseautage, le dialogue et les collaborations. De quoi mettre en valeur l’état des recherches sur des thématiques aussi variées que de comprendre comment les jeunes négocient le temps d’accès aux médias sociaux et à la socialisation ou le harcèlement numérique et les activités des jeunes en ligne, sans oublier aussi d’échanger sur les perceptions que nous pouvons avoir du temps qui passe. «Nous avons mené des études qualitatives par le biais d’entretiens avec différentes personnes dans tous les pays d’Europe associés au projet. Il en ressort que l’utilisation des technologies digitales nous vole du temps, les gens ont l’impression de perdre leur temps, de ne plus avoir la mesure du temps lorsqu’ils et elles sont sur les médias sociaux. Mais d’un autre côté, on constate que les personnes plus jeunes ont développé leurs propres stratégies pour diminuer le temps qui leur est volé sur les réseaux sociaux. Il y a donc une sorte d’apprentissage, d’adaptation qui se met en place.», précise Chantal Martin Sölch. La réflexion porte aussi sur la pression du temps qu’opère la digitalisation. «Nous recevons plus de messages, nous sommes constamment sollicité·e·s par tous les canaux et cela crée une plus grande charge mentale. Mais de l’autre côté, il y a le lien à la productivité. Lorsqu’on a le sentiment d’avoir été productif·ve, d’avoir gardé le contrôle, cela engendre un sentiment de satisfaction et de bien-être».

Se réapproprier le temps
L’étude menée par TIMED démontre que les personnes sondées ont le sentiment que les médias sociaux tuent leur temps. Or, Chantal Martin Sölch est convaincue «qu’il faut apprendre ou réapprendre à gérer son temps entre productivité au travail, temps de loisirs et pourquoi pas, perdre son temps. Il ressort aussi de nos recherches qu’il est difficile pour les gens d’avoir l’impression de ne rien faire de son temps. Cela engendre beaucoup de culpabilité. Ce qui est aussi le cas lorsque des personnes ont l’impression de perdre du temps parce qu’elles ont passé un moment plus ou moins long à regarder des vidéos sur les réseaux sociaux.» Se réapproprier son temps est donc nécessaire, quitte à se priver momentanément du numérique.

L’affect positif du Sudoku
Les chercheur·euse·s de TIMED ont analysé l’impact que peut avoir une privation numérique de sept minutes et demie sur l’état psychophysiologique et la perception du temps. Pour ce faire, 90 participant·e·s, réparti·e·s en trois groupes, devaient soit utiliser librement leur smartphone, soit effectuer un sudoku, soit attendre (privation numérique passive). Activité électrodermale, rythme cardiaque, état affectif des sujets ont été recueillis. Il ressort de cette expérience que les participant·e·s n’exerçant aucune activité s’ennuyaient plus que les sujets «actifs» et avaient le sentiment que le temps passait plus lentement. «Le Sudoku a induit plus d’affect positif et était plus engageant sur le plan cognitif que l’utilisation gratuite d’un smartphone en ce qui concerne les mesures de la variabilité de la fréquence cardiaque. Les résultats suggèrent que l’exécution d’une tâche numérique (utilisation gratuite d’un smartphone) est moins exigeante sur le plan cognitif qu’une tâche non numérique (sudoku) et qu’elle modifie la perception du temps de la même manière.», révèle, entre autres, l’étude qui devrait être répliquée sur le terrain avec des périodes de privation numérique plus longues afin de confirmer ces résultats.

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