Et si Fribourg devenait, une fois l’an, la capitale mondiale du journal intime? ł˘â€™A˛ő˛ő´Çł¦ľ±˛ąłŮľ±´Ç˛Ô Histoires d’ici entend faire du 27 septembre une journĂ©e consacrĂ©e Ă l’écriture de soi. A votre plume!
Vous ne savez pas encore comment occuper votre mercredi 27 septembre prochain? Qu’à cela ne tienne! Munissez-vous d’un stylo en état de marche, d’une page blanche et d’une once d’inspiration. Fort de ce viatique, rendez-vous, selon votre convenance, à l’Ancienne Gare, à la Bibliothèque de la Ville ou à la Bibliothèque cantonale. Là , vous serez invités à coucher sur le papier votre vécu et vos impressions de la journée en cours, en y donnant la forme et le fond qui vous siéra! Si vous y consentez, vos textes seront déposés, pour la postérité, à la BCU. Bizarre? Ma foi! Vous n’avez pas volé un brin d’explication.
Ecrire pour dresser le portrait de la planète
C’est Ă l’écrivain russe Maxime Gorki (1868-1936) que revient l’idĂ©e de consacrer un jour de l’annĂ©e, le 27 septembre, Ă l’écriture de soi. «Son intention, explique Catherine Schmutz Brun, l’instigatrice du projet fribourgeois, Ă©tait de dresser le portrait de la planète en documentant, par l’intelligence collective, les impressions d’une journĂ©e de vie.» L’idĂ©e a, semble-t-il, connu un certain succès en Union soviĂ©tique, avant d’être reprise par Christa Wolf. Cette Ă©crivaine de la RDA va faire preuve d’une assiduitĂ© hors du commun: chaque 27 septembre, de 1960 Ă 2011, elle confie ses pensĂ©es Ă son «journal intime», dĂ©crit son quotidien de femme, de mère, sans l’hĂ©roĂŻsme d’un rĂ©cit de fiction, mais dans toute la banalitĂ© d’une vie qui s’égrène. La mort, seule, a mis un point final Ă cette Ĺ“uvre si particulière.Â
Extrait du journal de Christa Wolf lu par Valentin Kolly.
L’union crĂ©e l’Ă©mulation!
ł˘â€™A˛ő˛ő´Çł¦ľ±˛ąłŮľ±´Ç˛Ô Histoire d’Ici a dĂ©cidĂ© d’insuffler une seconde vie au projet de Gorki, peu Ă peu abandonnĂ©, et de mettre sur pied une journĂ©e d’écriture de soi en terres fribourgeoises. BaptisĂ© Writing Day, cet Ă©vĂ©nement a pour ambition, en rĂ©unissant des diaristes dans un mĂŞme lieu, d’ouvrir leurs histoires intimes Ă une forme d’écoute et de reconnaissance. Pour Matthieu Corpataux, rĂ©dacteur en chef du journal l’EpĂ®tre, il s’agit lĂ d’une dĂ©marche nouvelle qu’il qualifie sans hĂ©siter de littĂ©raire: «D’habitude, on Ă©crit de façon ordinaire l’extraordinaire, alors que, lĂ , on Ă©crit extraordinairement pendant un jour des choses ordinaires!»
Matthieu Corpataux s’enthousiasme sur le Writing Day.
A ses côtés, Valentin Kolly, responsable du Comité des étudiants du domaine français, constate que la création littéraire, qu’il s’agisse d’écriture de soi ou de fiction, brille par son absence dans le cursus universitaire. Il est convaincu que le Writing Day saura débrider les plumes: «Je pense que d’avoir une journée précise dans l’année, avec une liberté d’écriture totale va en intéresser plus d’un.» Et Sylvie Jeanneret, co-organisatrice de l’événement, de renchérir: «Au coeur du projet, il y a l’idée que des gens de toutes générations se racontent, depuis les enfants dans les écoles jusqu’aux retraités dans les EMS, que les gens s’arrêtent pour écrire quelque chose d’eux et de leur relation à cette journée. Nous sommes vraiment très curieux de voir ce que cela va donner!»
Quant au titre de l’Ă©vĂ©nement, Writing Day, il a Ă©tĂ© intentionnellement choisi afin que chacun entende l’appel Ă Ă©crire dans sa langue: en anglais, en allemand, voire mĂŞme en patois!
Commentaires de Sylvie Jeanneret et Catherine Schmutz Brun sur le journal intime de Christa Wolf.
Un cadre mais peu de contraintes
Les consignes, elles, sont délibérément réduites à la portion congrue. L’essentiel ici étant de participer. Aucune copie ne se verra maculée de rouge. «Chacun comprendra la consigne à sa façon, explique Catherine Schmutz, il s’agit juste d’une invitation à écrire, ni plus ni moins. Il n’y a pas un bon ou un mauvais style.»
Ne jetez pas les lettres d’amour de vos aïeux!
En créant cet événement littéraire, l’Association Histoires d’ici, compte sensibiliser les Fribourgeois à l’importance du patrimoine narratif. «C’est une invitation à ne pas jeter les correspondances des grands-parents, s’exclame Catherine Schmutz Brun, c’est notre patrimoine. Il faut non seulement le préserver, mais aussi y apporter notre contribution!». Rendez-vous est pris!
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- 20 septembre 19h30: Présentation du projet et de la démarche de Christa Wolf au restaurant Le Mondial. Lecture de poèmes et de récits brefs écrits par des étudiants
- 24 septembre 18h00: Au Rex, projection du film «Les Bas-fonds», adaptation de Gorki par Akira Kurosawa
- 27 septembre, 9h00-18h00 heures: Writing Day à l’Ancienne Gare, à la BCU et à la Bibliothèque de la ville en présence de nombreux écrivains fribourgeois
- La journée du 27 sera ponctuée de plusieurs événements:
- 10h00 à la BCU: dépôt de « Femmes migrantes avec un enfant handicapé », recueil réalisé par Mélanie Vanetti
- 15h00 Ă la BCU: dĂ©pĂ´t d’un journal tenu depuis 1983 par une diariste anonyme
- 16:30 Ă la BCU: dĂ©pĂ´t du recueil des femmes pionnières de l’association espacefemmes
- 19:00 Ă l’Ancienne Gare: apĂ©ritif final