{"id":11921,"date":"2020-11-13T09:00:26","date_gmt":"2020-11-13T08:00:26","guid":{"rendered":"https:\/\/www3.unifr.ch\/alma-georges?p=11921"},"modified":"2020-11-23T13:50:53","modified_gmt":"2020-11-23T12:50:53","slug":"operations-bariatriques-attention-depression","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.unifr.ch\/alma-georges\/articles\/2020\/operations-bariatriques-attention-depression","title":{"rendered":"Op\u00e9rations bariatriques: attention d\u00e9pression!"},"content":{"rendered":"

En Suisse, de plus en plus de personnes ont recours \u00e0 la chirurgie bariatrique pour rem\u00e9dier \u00e0 leur ob\u00e9sit\u00e9. Malgr\u00e9 leur incontestable efficacit\u00e9, ces interventions ne sont pas sans risque pour la sant\u00e9 psychique des patient\u00b7e\u00b7s, allant jusqu’\u00e0 provoquer de s\u00e9v\u00e8res d\u00e9pressions. St\u00e9phanie Haymoz, lectrice au D\u00e9partement de psychologie, lance une \u00e9tude pour mieux comprendre ce ph\u00e9nom\u00e8ne encore trop peu connu. <\/strong><\/h4>\n
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\n<\/strong>St\u00e9phanie Haymoz, avant toute chose, 10% de la population en Suisse peut \u00eatre qualifi\u00e9e d’ob\u00e8se. Ce pourcentage a doubl\u00e9 ces 20 derni\u00e8res ann\u00e9es. Comment l’expliquer?
\n<\/strong>Il y a bien s\u00fbr une composante g\u00e9n\u00e9tique et biologique qui fait que nous ne naissons pas tous \u00e9gaux face \u00e0 cette probl\u00e9matique. L’\u00e9volution r\u00e9cente de certains facteurs sociaux et environnementaux, tels que l’accessibilit\u00e9 \u00e0 la malbouffe ou la s\u00e9dentarit\u00e9, a r\u00e9cemment renforc\u00e9 cette vuln\u00e9rabilit\u00e9. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, les gens mangent beaucoup plus qu’autrefois tout en bougeant moins.<\/p>\n
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St\u00e9phanie Haymoz, lectrice au D\u00e9partement de psychologie<\/p><\/div>\n

Mais en quoi est-ce mal d’\u00eatre ob\u00e8se? N’est-ce pas qu’une question d’image?
\n<\/strong>L’ob\u00e9sit\u00e9 provoque toute une s\u00e9rie de probl\u00e8mes physiques, maladies cardio-vasculaires, diab\u00e8te, cholest\u00e9rol, mais aussi psychiques, comme des troubles d\u00e9pressifs, anxieux ou du comportement alimentaire. Et je ne parle m\u00eame pas du risque d’exclusion sociale et de discrimination.<\/p>\n

En th\u00e9orie, pour perdre du poids, il suffit de d\u00e9penser plus d’\u00e9nergie qu’on en consomme. Pourquoi n’est-ce pas si simple?
\n<\/strong>Plus de 90% des personnes qui entament un r\u00e9gime \u00e9chouent dans les 5 ans. C’est un taux d’\u00e9chec \u00e9norme! Apr\u00e8s la phase d’euphorie initiale naissent des frustrations li\u00e9es aux restrictions, aux privations de certains mets appr\u00e9ci\u00e9s, qui vont augmenter les risques d’\u00e9checs. Une surfocalisation sur l\u2019alimentation, le poids et la silhouette, on le sait, peut provoquer de v\u00e9ritables crises alimentaires. Autrement dit, plus la personne cherche \u00e0 contr\u00f4ler son poids, plus il y a un risque de \u00ab\u00a0craquage\u00a0\u00bb.<\/p>\n

Les diff\u00e9rents traitements de l’ob\u00e9sit\u00e9, en particulier ceux que recouvre le terme d’op\u00e9ration bariatrique, repr\u00e9sentent-ils alors la solution miracle?
\n<\/strong>D\u00e9trompez-vous! Les personnes op\u00e9r\u00e9es doivent faire un grand travail d\u2019adaptation pour bien vivre avec l\u2019op\u00e9ration, tel que le fait de manger lentement et de m\u00e2cher suffisamment. De plus, elles peuvent rencontrer certains d\u00e9sagr\u00e9ments physiques, comme des ballonnements, un sentiment d’\u00e9c\u0153urement ou encore des selles odorantes. L’op\u00e9ration ne permet pas de faire l’\u00e9conomie d’une certaine modification des comportements alimentaires, ni d’une activit\u00e9 physique r\u00e9guli\u00e8re. Ce n’est pas une baguette magique!<\/p>\n

Sans compter que ces op\u00e9rations peuvent avoir un impact psychologique non n\u00e9gligeable.<\/strong>
\nCertain\u00b7e\u00b7s patient\u00b7e\u00b7s imaginent qu’elles ou ils vont retrouver le corps de leurs 20 ans. Leurs attentes s’av\u00e8rent souvent excessives, ce qui se traduit par un taux assez \u00e9lev\u00e9 de sentiment d\u00e9pressif, avec un taux de suicide jusqu’\u00e0 quatre fois plus \u00e9lev\u00e9 chez les personnes ayant subi une op\u00e9ration bariatrique que dans la population en g\u00e9n\u00e9ral. C\u2019est pourquoi, il est important de bien accompagner les patient\u00b7e\u00b7s avant et apr\u00e8s l\u2019op\u00e9ration.<\/p>\n

Ce sont pr\u00e9cis\u00e9ment ces probl\u00e9matiques psycho-sociales que vous souhaitez \u00e9tudier.
\n<\/strong>On a effectivement beaucoup de donn\u00e9es sur la sant\u00e9 physique des personnes op\u00e9r\u00e9es, en amont et en aval de l’intervention chirurgicale, le taux de cholest\u00e9rol, le diab\u00e8te ou la perte pond\u00e9rale, mais beaucoup moins sur les aspects psychologiques de la phase postop\u00e9ratoire.<\/p>\n

Que souhaitez-vous mesurer exactement?
\n<\/strong>Nous souhaitons non seulement \u00e9valuer la symptomatologie psychique des patients, mais aussi mesurer des param\u00e8tres plus larges, comme la qualit\u00e9 de vie, les relations interpersonnelles, l’image corporelle, la gestion des \u00e9motions, la relation \u00e0 la nourriture. Ce sont autant de facteurs qui jouent un r\u00f4le dans l’apparition de l’ob\u00e9sit\u00e9 et qu’il convient d’observer en post-op\u00e9ratoire. Les participants \u00e0 l’\u00e9tude devront s’acquitter \u00e9galement de certaines t\u00e2ches exp\u00e9rimentales, ce qui constitue le c\u00f4t\u00e9 innovant de la recherche.<\/p>\n

Un exemple de t\u00e2che?
\n<\/strong>Nous allons soumettre les patients \u00e0 des t\u00e2ches de r\u00e9compenses, souvent utilis\u00e9es dans les recherches, notamment sur les addictions. Nous nous attendons \u00e0 ce qu\u2019une diminution des effets des r\u00e9compenses sur le comportement puisse expliquer le besoin de manger excessivement. Une seconde t\u00e2che consiste \u00e0 estimer la taille des portions alimentaires. Cette exp\u00e9rience a \u00e9t\u00e9 men\u00e9e aupr\u00e8s de personnes souffrant de trouble du comportement alimentaire, mais jamais encore aupr\u00e8s de personne souffrant d\u2019ob\u00e9sit\u00e9. Ces r\u00e9sultats vont nous permettre d\u2019am\u00e9liorer la prise en charge en proposant de nouvelles pistes d\u2019intervention.<\/p>\n

Vous souhaitez\u00a0 suivre les patient\u00b7e\u00b7s jusqu’\u00e0 60 mois apr\u00e8s l’op\u00e9ration, un vrai d\u00e9fi logistique!
\n<\/strong>C’est une \u00e9tude de longue haleine, mais qui est indispensable. Tous les cliniciens vous le diront: ils manquent de donn\u00e9es en d\u00e9pit du nombre croissant d’op\u00e9rations.<\/p>\n

Au final, d\u00e9conseilleriez-vous de recourir \u00e0 une intervention bariatrique?
\n<\/strong>Pas du tout! La grande majorit\u00e9 des patient\u00b7e\u00b7s sont ravis de s’\u00eatre fait op\u00e9rer, mais il est indispensable de mieux conna\u00eetre les effets induits par l’intervention si l’on souhaite am\u00e9liorer la prise en charge.<\/p>\n

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