Suisse – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Tue, 30 Nov 2021 13:03:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 «Tendre vers une société inclusive peut réduire les problèmes de santé» /alma-georges/articles/2021/tendre-vers-une-societe-inclusive-peut-reduire-les-problemes-de-sante /alma-georges/articles/2021/tendre-vers-une-societe-inclusive-peut-reduire-les-problemes-de-sante#respond Tue, 30 Nov 2021 12:56:08 +0000 /alma-georges?p=14895 La pandémie de covid-19 en est une triste illustration: même dans un pays comme la Suisse, le niveau socio-économique a un impact sur la santé des individus. Le sociologue de la médecine et épidémiologiste Stéphane Cullati invite à accélérer la lutte contre les inéquités.

La Loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal) est entrée en vigueur il y a un quart de siècle, rendant obligatoire l’assurance de base en cas de maladie ou d’accident; depuis, la Suisse est-elle devenue un eldorado de l’équité en matière de santé?
On pourrait le penser, d’autant qu’il s’agit d’un pays à hauts revenus, où le système de santé est considéré comme performant. Et pourtant, la LAMal n’empêche pas de nombreuses inéquités en matière de santé. Certes, le côté «même panier de soins pour toute la population» est une bonne chose. Mais dès que vous quittez ce panier commun, les inégalités apparaissent.

De quels types d’inéquités parle-t-on?
Un de mes collègues a, par exemple, constaté au cours de ses recherches qu’il n’est pas rare que des habitant·e·s de notre pays renoncent à certains types de soins en raison de leur coût. Ce phénomène concerne principalement les soins dentaires, les lunettes et les check-up de santé. Une autre inégalités est à chercher du côté des primes, qui sont les mêmes quel que soit le revenu. Certes, il existe des subventions; mais, là non plus, on ne peut pas parler d’équité, car elles varient d’un canton à l’autre. Il faut bien être conscient·e·s que les inéquités inhérentes à la LAMal sont d’ordre politique, puisque nous avons fait le choix de ne pas nous doter d’une caisse publique.

Lorsque l’on parle d’équité en matière de santé (health equity en anglais), cette question du revenu – et, plus largement, du niveau socio-économique – est de plus en plus prise en compte. Au point de reléguer au second plan la question de l’accès aux soins?
Comme le montre l’exemple des Etats-Unis, investir massivement dans le système de santé ne conduit pas à une meilleure santé pour tous. Ce sont avant tout les inégalités en amont de la maladie qui comptent.

On en vient donc à ces fameux «déterminants sociaux de la santé» (DSS), qui prennent une place grandissante dans la recherche depuis une petite vingtaine d’années, y compris en Suisse.

En effet. Pour ne citer qu’elles, les études menées depuis dix ans par le Pôle de recherche national LIVES mettent en évidence le poids des DSS. Elles soulignent à quel point les moyens investis dans l’organisation de la santé, ainsi que dans la redistribution des ressources sociales et économiques, peuvent promouvoir la santé des membres d’une société. Plus globalement, ce que constatent les chercheuses et les chercheurs, c’est qu’il existe toute une série de facteurs qui ne relèvent pas de la biologie – mais des conditions de vie sociale – qui viennent influencer notre santé.

De ces facteurs, quels sont les mieux étudiés?
Sans surprise, le niveau socio-économique est l’un d’entre eux, notamment parce qu’il existe des études historiques à ce sujet. Des recherches conduites au début du XXe siècle aux Etats-Unis montraient déjà la différence de mortalité entre les cols blancs et les professions manuelles. Après la deuxième Guerre Mondiale, le Royaume-Uni a fait office de pionnier en monitorant de façon systématique – et sur la durée – des cohortes d’enfants. En a découlé, en 1980, le «Black Report», un rapport très sombre montrant notamment des différences marquées d’espérance de vie en fonction du revenu, de l’éducation, des conditions de travail ou encore de l’alimentation. Ce phénomène semble intemporel et universel: les gens issus de classes moins favorisées sont en moins bonne santé, et ceci dans la plupart des pays du monde. Ils sont notamment davantage touchés par les maladies chroniques et mentales, ainsi qu’au niveau de leur santé fonctionnelle.

Malheureusement, la Suisse n’échappe pas à cette règle…
Non. J’ai, par exemple, mené une étude portant sur les années 1990 à 2015. En terre helvétique, comme dans la plupart des pays à hauts revenus, l’espérance de vie a globalement augmenté durant cette période. Mais cette hausse est moins importante parmi la population qui a un niveau d’éducation plus bas. Dans certains cas, il y a même une stagnation.

En tenant davantage compte des DSS, notamment du niveau socio-économique, pourrait-on réellement améliorer l’état de santé de la population?
Je connais l’exemple d’un patient qui vivait dans un quartier plutôt défavorisé de Genève. Son médecin l’a convaincu de déménager et sa santé s’est nettement améliorée. Notamment parce qu’il s’est retrouvé dans un environnement plus propice au bien-être et à une meilleure hygiène de vie. Reste que de nombreuses études ont montré qu’une partie de notre état de santé est influencé par notre enfance. Concrètement, on constate que les personnes nées dans une famille «pauvre» sont en moins bonne santé que les autres selon divers types d’indicateurs (masse musculaire, fonction pulmonaire, maladies chroniques, facultés cognitives, symptômes dépressifs, autonomie fonctionnelle). Et ce même si elles ont réussi à augmenter leur niveau social à l’âge adulte. Cette question des parcours de vie m’intéresse beaucoup.

Il y aurait donc une espèce de fatalité sanitaire liée au début du parcours de vie?
Disons qu’il semble que quelque chose s’imprime très tôt et perdure. Un concept intéressant est celui des réserves, à savoir une forme spécifique de ressources (physiques, psychologiques, sociales, économiques) qu’un individu peut mobiliser pour faire face à un événement stressant, notamment une maladie. Ces réserves l’aident à mieux encaisser les chocs. Or, il est avéré qu’elles se constituent principalement durant l’enfance, la jeunesse et le début de la vie adulte. Un mauvais départ peut donc avoir des conséquences à très long terme. D’où l’importance de protéger le développement des enfants et de leur donner les ressources qui leur seront nécessaires pour se maintenir en bonne santé tout au long de la vie.

Ensuite, est-il trop tard pour agir?
Heureusement, il n’est jamais trop tard pour s’en sortir! Mais pour cela, il faut être en mesure d’avoir de bonnes conditions de vie, d’exercer un travail épanouissant, etc. Et c’est là que vient s’ajouter une deuxième inégalité, de genre cette fois-ci. Des recherches ont été menées sur des personnes ayant grandi et mené une vie active au XXe siècle. Elles ont mis le doigt sur le fait que les femmes ont systématiquement plus de peine que les hommes à rattraper ce «retard» pris au début d’une vie difficile, notamment parce qu’elles ont un accès moins aisé aux études supérieures et au marché de l’emploi. Certes, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. Par contre, elles sont en moins bonne santé au cours de leur vie. D’où l’importance de lutter contre les inégalités. Cette remarque vaut d’ailleurs aussi bien pour les inégalités de genre que toutes les autres formes d’inégalités présentes dans la société.

Vous rejoignez donc les voix qui appellent à investir dans une société plus inclusive plutôt que dans le système de santé?
Dans un pays aussi solide économiquement que la Suisse, l’un n’empêche pas l’autre! Mais, en effet, tendre vers une société globalement plus inclusive et égalitaire peut fortement contribuer à réduire – à long terme – les problèmes de santé, en particulier de santé mentale.

Davantage de victimes de la covid-19 parmi les «pauvres»
La pandémie de covid-19 illustre tristement les inéquités en matière de santé en fonction du niveau socio-économique. «Certes, nous sommes toutes et tous impacté·e·s, mais il y a une double, voire une triple peine pour les personnes à faible revenu», constate Stéphane Cullati. Comme l’a révélé une étude pilotée par l’ancien directeur de la task force scientifique Matthias Egger et publiée en avril 2021, les habitant·e·s pauvres du notre pays ont davantage de risques de contracter le coronavirus et d’en mourir. «Divers facteurs expliquent cette mortalité accrue», poursuit le sociologue de la médecine. D’une part, le fait que plus leur niveau socio-économique est bas, moins bien les gens se protègent. «Notamment parce que certains d’entre eux ont moins accès à une information de qualité et une moins grande capacité à comprendre et à appliquer cette information.» D’autre part, parce que ces personnes exercent souvent des professions davantage exposées, n’offrant pas la possibilité du télétravail. «Et que, parfois, elles ne peuvent pas se permettre de ne pas aller travailler, ce qui les poussera potentiellement à ne pas se faire tester, afin d’éviter une éventuelle quarantaine.» Sans oublier que les personnes d’un bas niveau socio-économique «souffrent davantage de maladies chroniques, ce qui augmente chez elles le risque de complications – et par ricochet de décès – en cas d’infection au coronavirus».

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  • Stéphane Cullati est maître d’enseignement et de recherche en santé publique et épidémiologie au (#PopHealthLab) de l’Unifr. Parallèlement, ce sociologue de la médecine est employé par les Hôpitaux Universitaires de Genève.
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Le Vatican et la Suisse, cap vers un nouvel horizon diplomatique /alma-georges/articles/2021/le-vatican-et-la-suisse-cap-vers-un-nouvel-horizon-diplomatique /alma-georges/articles/2021/le-vatican-et-la-suisse-cap-vers-un-nouvel-horizon-diplomatique#respond Wed, 20 Oct 2021 10:00:34 +0000 /alma-georges?p=14639 Il y a 101 ans, les relations diplomatiques entre la Suisse et le Vatican reprenaient après un gel d’une cinquantaine d’années. Un tournant raconté par Lorenzo Planzi, dans un livre tiré d’un projet postdoc du FNS, et célébré à l’Université de Fribourg, le 8 novembre en présence du Conseiller fédéral Ignazio Cassis et du Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le Cardinal Pietro Parolin.

 

En 1873, les tensions du Kulturkampf aboutissent au renvoi du nonce apostolique à Rome. Que s’est-il passé?
Au cours du XIXe siècle, les relations entre la Suisse et le Saint-Siège se font de plus en plus difficiles, en raison des conflits croissants opposant le radicalisme politique et la romanité catholique. La rupture à proprement parler survient dans le contexte du Kulturkampf. Dans son encyclique Etsi multa luctuosa du 21 novembre 1873, le pape Pie IX condamne les discriminations subies par l’Eglise dans plusieurs cantons. Lors de sa séance du 12 décembre 1873, le Conseil fédéral décide de mettre fin aux relations diplomatiques avec le Saint-Siège, «considérant qu’une représentation diplomatique permanente du Saint-Siège en Suisse est inutile». La Nonciature de Lucerne ferme définitivement ses portes en février 1874. Le départ du dernier chargé d’affaires, Mgr Giovanni Battista Agnozzi, marque le début d’une vacance diplomatique qui prendra fin seulement en 1920.

Une longue histoire lie pourtant la Suisse et le Saint-Siège. Qu’a-t-elle de particulier?
Une Nonciature à Lucerne, instituée suite à une correspondance du cardinal Charles Borromée, existait depuis 1586, en tant que représentation auprès des cantons catholiques. Il est particulier qu’il s’agit de la deuxième représentation diplomatique permanente sur le territoire suisse, après l’Ambassade de France à Soleure. A l’époque de la République helvétique, régime imposé par les Français entre 1798 et 1803, la Nonciature est brusquement fermée. Sa réouverture en 1803 marque l’accréditation du nonce auprès de la Confédération suisse sur l’entier de son territoire. En juin 1804, le nonce Fabrizio Sceberras Testaferrata est solennellement reçu à Berne: «Parvenu en ville, le Nonce fut accueilli avec tous les honneurs militaires, et au milieu d’une foule très nombreuse qui se trouvait aux fenêtres, sous les arcades et dans les rues.»

Votre livre retrace «l’histoire du patient travail de tissage des rapports officieux entre le Pape et le Conseil fédéral». Comment les relations officieuses rejoignent-elles à nouveau la grande histoire à la fin de la première guerre mondiale?
Les relations sont glaciales jusqu’à la fin du pontificat de Pie IX, en 1878. Son successeur, Léon XIII, mène ensuite une diplomatie privilégiant la médiation, ce qui donne lieu à des rapprochements certes timides, mais significatifs: le Saint-Siège s’emploie à rendre crédible l’image d’une Eglise qui prend ses distances par rapport à l’époque de Pie IX, tandis que Berne dépasse une phase durant laquelle le radicalisme semblait poussé à l’extrême. Dans une seconde période cruciale, on met en œuvre tous les moyens possibles pour rompre l’isolement des catholiques dans la société, à commencer par la création de l’Université de Fribourg. Durant la Première Guerre mondiale, on observe une convergence de fait entre la politique de neutralité de la Suisse et celle d’impartialité du Saint-Siège. Celui-ci prend contact avec le Conseil fédéral et propose que la Suisse, territoire neutre, héberge des prisonniers de guerre blessés ou malades. Le conseiller fédéral Giuseppe Motta accepte la proposition et c’est grâce à cette coopération humanitaire inédite entre le pape Benoît XV et la Suisse que la Nonciature est réouverte en 1920.

Ce processus est couronné, en 1920, par le retour du nonce en terre helvétique. Tout un symbole?
La diplomatie a peut-être besoin de périodes de gel et de silence, comme celle qui a suivi le °­³Ü±ô³Ù³Ü°ù°ì²¹³¾±è´ÚÌýopposant la Suisse et le Saint-Siège, pour retrouver son sens profond et son identité. La période de rupture a fait comprendre aux deux parties combien leurs relations diplomatiques étaient uniques et précieuses. Le premier Nonce à Berne, Mgr Luigi Maglione, en remettant ses lettres de créance au Conseil fédéral, en novembre 1920, se déclare depuis longtemps «admirateur du peuple suisse, dans lequel sont associés la réflexion allemande, l’esprit français et la finesse de sentiment italien».

Et depuis?
Au cours du XXe siècle les relations sont excellentes. Durant le second conflit mondial, la Nonciature de Berne compte des avantages non négligeables au niveau diplomatique et aussi sur le plan de la politique humanitaire. Le Conseil fédéral, pour sa part, nomme en 1991 un ambassadeur en mission spéciale auprès du Saint-Siège, tandis que depuis 2004 celui-ci décide d’accréditer un ambassadeur co-accrédité dans diverses cités européennes, de Prague à Berne, jusqu’à Ljubljana.

Au printemps dernier, Guy Parmelin s’est rendu à Rome à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux gardes pontificaux. Comment les relations diplomatiques se profilent-elles aujourd’hui?
Lors de sa séance du 1er octobre 2021, le Conseil fédéral a décidé d’établir dans la Ville éternelle l’Ambassade de Suisse auprès du Saint-Siège, qui s’occupera également des relations diplomatiques avec Malte et Saint-Marin. Il s’agit du couronnement de ce siècle de relations officielles, qui aboutira à une plus grande coopération bilatérale avec le Saint-Siège. Ce tournant sera fructueux pour les deux parties, qui sont unies par tant de projets ouverts dans le monde et sur le monde, de la promotion de la paix au développement durable, mais toujours avec à cœur la défense de l’infinie dignité de chaque être humain.


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  • Plus d’infos sur le livre
  • Plus d’infos sur l’événement «». et certificat covid obligatoires.
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La masculinité dans les pubs suisses: ça change ou bien? /alma-georges/articles/2021/la-masculinite-dans-les-pubs-suisses-ca-change-ou-bien /alma-georges/articles/2021/la-masculinite-dans-les-pubs-suisses-ca-change-ou-bien#respond Fri, 21 May 2021 07:35:50 +0000 /alma-georges?p=13826 L’image de l’homme que projette la publicité suisse demeure une caricature. Pourtant, les mouvements critiques qui agitent la société depuis quelques mois semblent porter leurs fruits. Alors, le changement, c’est maintenant? Analyse critique de Francesco Screti, chercheur postdoctoral à l’Université de Fribourg et professeur au Glion Institute of Higher Education.

 

Il y a quelques mois, j’ai présenté les résultats d’un travail scientifique qui portait sur la construction de la masculinité dans la publicité suisse. Dans cet article, dont une version est parue dans le numéro LGBT+ du magazine scientifique universitas, je réfléchissais sur le fait que la représentation de la masculinité offerte par une série de publicités de la marque Bell, était plutôt traditionnaliste et exclusive: Le protagoniste masculin de la pub, pour ne pas être ridicule et ridiculisé, devait être et paraître comme un homme. Traduisez: il ne devait pas regarder de films romantiques et pleurer, , , ni . En tant que véritable chasseur, capable de tuer sa viande et de la cuire sur le feu, ses créneaux étaient plutôt le retour à la «nature» et les grillades.

Les hommes sur le grill
Dans mon article, je réfléchissais aussi au lien qui existe entre la pratique de la grillade et les suisse·esse·s, ainsi qu’ entre la viande et la masculinité. Si, sur le premier point, il n’y a pas trop de discussions, on ne peut pas en dire de même pour le deuxième.

C’est ainsi que la pub Migros «», en 2018, avait fait quelques mécontents, au sujet, entre autres, de l’affirmation que la seule couleur rose que les hommes peuvent porter,  c’est celle de la viande.

On  retrouve un discours identique dans une pub  COOP de 2019 «Pour moi, pour toi, et pour Darko» dans laquelle, les amis (hommes) du protagoniste masculin sont carnivores, tandis que ses amies (femmes) sont végétariennes.

Tout n’est pas rose
Donc, bien que les deux géants suisses de la distribution se présentent comme acceptant toutes les habitudes alimentaires, évidemment aussi pour des questions commerciales, et soulignent le lien des suiss.esse.s avec les grillades, ils continuent tout de même à proposer une vision très stéréotypée selon laquelle l’homme est carnivore (et ne porte pas de rose!) et la femme végétarienne.

Or, si nous savons toutes et tous que la Suisse a longtemps été conservatrice en matière d’égalité femmes-hommes et que son regarde sur la masculinité reste très conservateur, la question est de savoir si, malgré les énormes progrès des dernières années, c’est encore vraiment le cas aujourd’hui.

La publicité comme miroir de la société
S’il est vrai que les publicités parlent de et à la société dans laquelle elles sont diffusées, et qu’elles en reflètent non seulement les valeurs dominantes, mais aussi les valeurs émergentes, nous pourrions penser que, depuis 2013, année de diffusion de la campagne Bell, aucun progrès n’a eu lieu. Pour preuve, cette cette pub de la marque de caleçon John Kiss, fièrement affichée dans les rues des villes suisses en décembre 2019 et déclinée dans différents slogans comme «not for pussies» ou «got balls?», tous en anglais, bien sûr – peut-être pour réduire l’impact potentiellement violent ou offensif de ces messages.


© Francesco Screti

Et pourtant, les choses changent, comme le montrent deux exemples récents: la pub Rivella 2021, «» et celle de Zalando pour sa collection printemps/été 2021 «your values. Here to stay». A vrai dire, Zalando avait déjà diffusé, au printemps 2020, une pub assez ouverte et inclusive, intitulée «».


Or, bien sûr, l’univers de la mode a été très rapide dans l’acceptation de la différence pour diverses raisons, liées, au moins en partie, à la nécessité de vendre le plus de produits au plus grand nombre de personnes. Les vêtements sont des produits avec une charge identitaire et une fonction expressive élevée. Mais la vente est un objectif commercial commun à beaucoup d’entreprises, qui prennent – enfin – peu à peu conscience de la situation.

Qui de l’œuf ou de la poule…?
Néanmoins l’acceptation et la représentation de la différence résultent aussi d’un changement de mentalité plus large. Il est certain que ces changements dans la politique commerciale des entreprises et au sein de la société au sens large se rétroalimentent. Il n’est donc pas toujours facile de définir qui est arrivé le premier. Le fait est qu’un changement a lieu en Suisse. La pub Rivella en est un exemple extraordinaire – surtout si l’on considère que Zalando est une marque internationale et multinationale, alors que Rivella est une marque purement suisse.

Rivella est la boisson la plus suisse qui soit: elle a réussi, avec le temps, à construire une relation très étroite avec sa patrie, les suisse·esse·s et la «suissitude» (swissness). Qu’elle ait décidé de représenter et d’inclure dans sa pub des masculinités non hégémoniques et de mettre en relation des masculinités émergentes avec les traditionnelles, par exemple avec la phrase «chez les amateurs de costumes / de tous les costumes» dans une scène où des hommes vêtus d’habits dansent de manière très expressive, constitue un pas important dans la direction d’une inclusion sociale et d’une ouverture mentale à la différence.

Le fait qu’une entreprise si suisse ait communiqué un tel message dans un cadre publicitaire, transmis sur la Radio Télévision Suisse (RTS) à toutes heures représente un signe très positif. On attend donc l’été 2021 pour découvrir si, enfin, nous verrons un homme mordre une glace… ou la lécher!


Ndlr: La marque Magnum a répondu aux voeux de notre auteur dans sa campagne d’été 2021.
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  • vers l’étude originale en espagnole
  • de Francesco Screti
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L’humanisme – aux racines de la culture suisse /alma-georges/articles/2020/lhumanisme-aux-racines-de-la-culture-suisse /alma-georges/articles/2020/lhumanisme-aux-racines-de-la-culture-suisse#respond Thu, 23 Jan 2020 12:24:21 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=10197 La pensée humaniste est essentielle à la compréhension de notre culture. Elle est pourtant trop souvent oubliée même des manuels scolaires. A l’occasion d’un colloque et du lancement d’un projet FNS, David Amherdt, maître d’enseignement et de recherche en langue et littérature latine de l’Antiquité à la Renaissance, espère lui redonner sa juste place.

David Amherdt, alors que la pensée humaniste propose toute une réflexion sur des thématiques encore fort actuelles aujourd’hui, celle-ci est fort peu étudiée. Pourquoi?
Il ne faut pas oublier que la pensée humaniste au XVIe siècle s’exprimait surtout en latin. Or, pour l’étudier, il faut avoir accès aux textes de l’époque, dont une grande partie n’est disponible que sous forme manuscrite ou dans des éditions très anciennes et difficilement accessibles. Il faut aussi, puisque presque plus personne ne lit le latin, disposer de traductions fiables. Ces deux conditions ne sont pas remplies actuellement, en particulier pour ce qui concerne les humanistes suisses: la présentation, l’édition et la traduction de textes de savants de notre pays sont précisément les buts du projet FNS Humanistica Helvetica que je vais tenter de mener à bien dans les quatre ans à venir en compagnie de deux collaborateurs. Pour revenir à la question du latin, il ne faut pas oublier qu’à l’université, jusqu’à il y a peu et avec quelques exceptions notables, qui disait latin disait latin de l’Antiquité; les textes d’autres époques étaient considérés comme quantité négligeable, et donc peu ou pas du tout abordés. La situation a changé, heureusement: on s’est rendu compte que l’étude des humanistes permettait d’une part d’apprendre un très bon latin (imité de l’Antiquité), d’autre part de donner un peu d’air frais à l’étude de la langue en lisant des textes nouveaux sur des thématiques, comme vous le dites, très actuelles; que l’on pense par exemple aux rapports entre les religions ou à la réflexion sur le genre d’éducation qu’il faut donner à nos enfants, ou encore à la question de l’identité de la Suisse – cette thématique est présente dans de nombreux textes autour des hauts faits de Guillaume Tell. Je souhaiterais que dans les écoles secondaires aussi, en plus des œuvres de l’Antiquité, qui sont essentielles pour comprendre notre culture et qu’il ne faut jamais laisser de côté, on traduise également des textes humanistes. Enfin, j’espère que le colloque sur les humanistes suisses qui aura lieu les 30-31 janvier 2020, où il sera question des plus grands savants suisses de l’époque (Joachim Vadian, Heinrich Glareanus, Conrad Gessner), contribuera à mieux faire connaître cette littérature passionnante.

Page de titre du commentaire de l’ouvrage géographique de Pomponius Mela par Joachim Vadian (Vienne, 1518)

La Suisse a-t-elle été un terreau particulièrement fertile pour les penseurs humanistes?
La situation géographique de la Suisse au cœur de l’Europe a évidemment favorisé la diffusion de l’humanisme sur notre territoire. De nombreux savants étrangers ont vécu ou séjourné en Suisse (Erasme a habité quelque temps à Bâle, qui était aussi connue pour la qualité de ses imprimeurs), et beaucoup de Suisses sont allés se former dans des universités étrangères avant de revenir faire profiter leur patrie de leur savoir (Vadian, Gessner) ou d’ouvrir à l’étranger des internats pour la formation des jeunes Helvètes (Glareanus). La situation politique de la Confédération, qui devait se défendre face à de puissants ennemis, a aussi stimulé la réflexion des écrivains dans une direction particulière, celle du patriotisme. La petite Suisse perdue au centre de l’Europe désirait se créer un passé prestigieux: les humanistes ont notamment développé les récits glorieux des événements ayant mené à l’indépendance du pays (j’ai déjà parlé de Guillaume Tell). Par cette littérature, souvent en vers, ils voulaient également prouver que leur latin était aussi pur et soigné que celui de leurs voisins italiens ou allemands, par exemple. Enfin, la situation de la Confédération «perdue» au milieu des montagnes a inspiré à nos savants, fiers de leur pays, une littérature, romantique avant l’heure, sur la beauté des sommets et de la nature en général.

Page de titre du panégyrique de l’empereur Maximilien et de l’ouvrage sur la Suisse d’Heinrich Glareanus (Bâle, 1514)

A-t-elle joué un rôle particulier au sein de la culture et de la politique européenne?
Je me permets de vous renvoyer aux éléments mentionnés dans la réponse précédente: les humanistes suisses se sont notamment distingués dans la littérature patriotique et dans l’éloge et la description des beautés de la nature. La Confédération, en tant que territoire déchiré par les luttes religieuses (apparition de la Réforme dans les années 1520), offre aussi de nombreux textes utiles à une réflexion sur les conflits religieux (question de la tolérance, du vivre ensemble malgré les différences). Ce qui est certain, c’est que le cas suisse n’a pas laissé les humanistes indifférents. Machiavel, dans ses Discours sur la première décade de Tite-Live (1531), affirme que les Suisses sont le seul peuple vivant selon le modèle des Anciens pour ce qui est de la religion et de l’organisation militaire. Le penseur italien compare ici la Confédération naissante à la République romaine naissante. Quoi de plus vrai, n’est-ce pas? La Rome républicaine était un pays de paysans qui brillaient par leurs vertus guerrières et patriotiques, par leur courage, leur honnêteté, leur loyauté, qualités qui donnèrent l’empire à ce peuple rude et simple. Les humanistes suisses attribuaient ces mêmes qualités aux Helvètes aux bras noueux et leur prédisaient un empire éternel! Mais les voix discordantes ne manquent pas non plus: certains humanistes ne voient dans les Suisses que de vulgaires gardiens de vaches, des ennemis de l’Empire, des traîtres, des hommes avides d’argent (pensons aux mercenaires!).

Image représentant une girafe, tiré de l’ouvrage de Conrad Gessner sur les animaux (Histo-ria animalium, Zurich, 1551)

Parmi les thèmes sociétaux abordés, vous évoquez celui du rôle de la femme, fortement questionné aujourd’hui aussi. Qu’en disaient ces penseurs? Y avait-il des femmes parmi eux?
A la Renaissance, des penseurs comme Erasme de Rotterdam ou Juan Luis Vivès insistent sur la nécessité de donner une solide formation culturelle et littéraire aux femmes; d’autre part, en lien avec le développement de la vie de cour apparaît à l’époque une élite féminine ayant un large accès à la culture (pensons à la fille de Thomas More, qui savait parfaitement le latin). Mais d’une manière générale, la place de la femme reste le foyer familial. Quant aux humanistes suisses, ils sont plutôt à la traîne du point de vue de la réflexion sur l’émancipation de la femme! Par exemple, dans un épithalame du milieu du XVIe siècle décrivant en détail un mariage dans la Zurich protestante, c’est l’habileté à tisser de belles toiles sur le métier, la pureté et la piété de la fiancée qui sont louées, tandis que le fiancé est surtout vanté pour sa culture, son réseau de relations, sa connaissance du monde. Cela dit, les humanistes suisses ont aussi produit de charmants poèmes sur l’amour conjugal, où la femme est admirée et presque vénérée – mais certainement pas pour sa culture! Mais de femmes humanistes, je n’en ai malheureusement pas rencontré…

Image présentant le phénomène de l’éclipse du soleil, tirée du manuel de géographie d’Heinrich Glareanus (De geographia liber unus, Zurich, 1527)

En tant que spécialiste de cette littérature, y a-t-il un penseur ou une citation qui vous ont particulièrement marqué?
Oui, Johannes Fabricius Montanus, grâce auquel, naguère, ou peut-être devrais-je déjà dire jadis, je suis entré dans le monde de la littérature humaniste suisse en publiant son long poème sur Guillaume Tell. Son œuvre poétique, d’une extrême variété et d’une grande sincérité, est représentative de l’humanisme suisse. Notez que sa vie fut loin d’être une sinécure: venu de son Alsace natale pour s’installer à Zurich, il fit une partie de ses études à Marburg et termina sa vie, perdu (c’est lui qui le dit) dans les montagnes des Grisons, à Coire, où il succomba à la peste; il eut en tout treize enfants, dont seuls deux étaient encore vivants à sa mort, le 5 septembre 1566. Et j’aimerais citer pour terminer un autre penseur que j’aime beaucoup, Heinrich Glareanus, qui consacra toute sa vie et son œuvre à l’enseignement des jeunes gens. Aux enseignants, dont je suis, il a donné ce conseil fort salutaire: «C’est à cela seul que nous devons veiller: enseigner simplement et sans fard, et ne pas avoir honte de dire: cela, je l’ignore; de cela, je ne suis pas sûr; cela, je ne le sais pas.» (Idque unum spectemus, ut doceamus ingenue absque fuco, nec pudeat dicere : hoc ignoro, hoc dubito, hoc nescio).

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  • Image de une: Début du poème présentant un dialogue de Vadian avec la mort (Vienne, 1511)
  • Toutes les informations sur le colloque «La littérature latine des humanistes suisses au XVIe siècle: Glareanus, Gessner et les autres» sont disponibles.
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Tanzende Moleküle /alma-georges/articles/2018/tanzende-molekuele /alma-georges/articles/2018/tanzende-molekuele#respond Tue, 08 May 2018 13:51:55 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=6408 Nano! Bei der Wissenschaft zum Zvieri befassten sich die Kinder dieses Mal mit kleinsten Teilchen – und was diese bewirken.

Vom Leuchten der Schmetterlingsflügel bis zu fluoreszierenden Quallen, von der Oberfläche von Salatblättern bis zur Auflösung des Tees im Wasser: Nanoteilchen sind für viele spannende Effekte verantwortlich. Das und vieles mehr erfuhren die Kinder am Event «Wissenschaft zum Zvieri» an einem abwechslungsreichen Nachmittag.

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«Let’s Drink and Drive!» /alma-georges/articles/2018/lets-drink-and-drive /alma-georges/articles/2018/lets-drink-and-drive#respond Wed, 25 Apr 2018 14:15:57 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=6304 Nicht nur der Titel des Gewinnerslams von Preston Sutton hat überzeugt! Mit wissenschaftlichen Fakten ein Publikum zum Kochen zu bringen, ist eine echte Herausforderung. Die diesjährigen Slammer meisterten diese mit Bravour und der Abend wurde zum riesen Erfolg!

«Wir alle haben ein Gehirn», versicherte uns Gijs in seinem Slam und zeigte dem Publikum auch gleich, wie dieses funktioniert: es ist ein soziales Netzwerk! Und es wurde an diesem Abend auch gut gefüttert! In seinem Gewinnerslam erzählte Preston, wie man Batterien massiv effizienter herstellen könnte und dass man sich betrunken besser von autonomen Fahrzeugen chauffieren lässt.

Johannes versprach, dass Pestizide nicht töten müssen und Andreas Meier, dass dank Fuzzy Logic individuelle Bedürfnisse innerhalb eines starren Systems wahrgenommen werden können. Evgenii präsentierte das perfekte U-Boot aus Diamanten und Karolina eine mögliche Heilungsmethode für Osteoporose. Michela verzauberte auch mit der Magie von Polymeren, die auf unsere Reize reagieren. Sie alle erzählten äusserst unterhaltsam, was sie in ihrem wissenschaftlichen Alltag bewältigen und sorgten für diverse Lacher, offene Münder und öfters für den Ausruf aus dem Publikum «Elisa, die Welle!», wenn tosender Applaus dem Ausdruck des Vergnügens nicht mehr gerecht wurde.

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Mehr zu den Slammern online:

  • von Johannes Bergmann
  • von Gijs Plomp
  • von Michela diGiannantonio
  • von Preston Sutton
  • von Andreas Meier
  • von Evgeni Glushkov
  • von Karolina Korzeb
  • Moderator Marc Folini auf
  • Weitere Informationen zum Science Slam auf der
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«Auxin ist ein Hot Spot» /alma-georges/articles/2018/auxin-ist-ein-hot-spot /alma-georges/articles/2018/auxin-ist-ein-hot-spot#respond Mon, 26 Mar 2018 12:28:05 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=6128 Markus Geisler ist einer der meistzitierten Biologen. Er forscht an winzigen Pflanzen über einen wichtigen, aber komplizierten Mechanismus: den Transport von Auxin. Ein Gespräch über oben und unten, Wachstum, Unsterblichkeit und wie man Entscheidungen trifft.

Gratulation: Sie sind einer, von dem alle anderen abschreiben.
Das ist jetzt sehr zugespitzt: zitieren ist ja nicht dasselbe wie abschreiben. Und dass ich so oft zitiert werde, kam für mich sehr überraschend. Sven Bacher (siehe Link unten) hat mich darauf aufmerksam gemacht. Ich selbst habe das Ranking gar nicht angeschaut, weil ich in einem Bereich der Grundlagenforschung arbeite, wo man das nicht unbedingt erwartet.

Gibt es denn ein bestimmtes Paper, das komplett durchgestartet ist?
Zuerst mal muss man wissen, dass das Ranking 11 Jahre umfasst. Das aktuelle umfasst 2005 bis 2015 und aus 2005 stammt auch mein wichtigstes Paper.

Und worum ging es da?
Da haben wir einen neuen Auxintransporter gefunden. Auxin ist ein Pflanzenhormon – und innerhalb der pflanzenbiologischen Forschung ein Hot Spot.

Moment, ich höre gerade zum ersten Mal, dass Pflanzen überhaupt Hormone haben.
Das tun sie. Und man hat deren Mechanismus schon beobachtet, bevor man diesen in Tieren fand. Charles Darwin hat ein Buch namens «The Power of Movement in Plants» geschrieben, in dem es nur um Bewegungen von Pflanzen geht. Und Darwin hat bemerkt, dass es Stoffe gibt – die er noch nicht benannt hat – die an einem Ort synthetisiert werden und an einem anderen Ort wirken. Und das ist die Definition von Hormonen: Hormone werden auch bei uns irgendwo im Körper produziert und wirken woanders.

Und transportiert werden sie über die Blutbahnen. Und in Pflanzen? Geht das über die Röhren, über die auch das Wasser von den Wurzeln in die Blätter kommt?
Den gibt es auch, aber der Mechanismus, der uns interessiert, ist ein Zell-zu-Zell-Transport. Und das ist spannend, weil es so etwas in Tieren nicht gibt. Und: das gibt es auch bei anderen Pflanzenhormonen nicht, das gibt es nur beim Auxin.

Und von wo nach wo muss dieses Auxin denn transportiert werden? Wird das in der Wurzel hergestellt und macht dann, dass es oben blüht?
Andersherum: Die Hauptsyntheseorte sind oben in den Grünteilen und der bestverstandene Wirkmechanismus ist in der Wurzelspitze. Das Auxin wird da hinuntertransportiert, die Transportbahn spaltet sich in der Wurzelspitze und es wird dann wieder an den Seiten hochtransportiert.

Es wird nicht irgendwie verbraucht oder gebunden?
Nein, das ist für unsere Prozesse nicht der primäre Mechanismus. Und auch das macht Auxin zu etwas Besonderem: Es funktioniert über Gradienten. Das Hormon ist in der ganzen Pflanze präsent und sowohl eine besonders tiefe, als auch eine besonders hohe Konzentration kann lokal einen Effekt haben. Das hat auch zur Folge, dass viele Wissenschaftler die Auxinforschung für ein ziemlich unübersichtliches Feld halten. Ich kann mich da nur anschliessen.

Für welche Effekte ist das Auxin denn beispielsweise verantwortlich?
Für vieles, aber wir interessieren uns vor allem für den Wurzelgravitropismus, den auch Darwin schon fasziniert hat. Also den Mechanismus, der Wurzeln in Richtung der Schwerkraft wachsen lässt, was bedeutet, dass die Wurzel «weiss, wo unten ist».

Stimmt, wenn so ein Samen in der Erde liegt, woher weiss der dann, wo er hinwachsen muss?
Oben funktioniert anders als unten: der Spross, also alles, was grün ist, strebt zunächst einfach mal zum Licht. Unter der Erde ist es ja nicht komplett finster. Wenn gar kein Licht durchkommt, gibt’s ein Backup: Dann wächst der Spross einfach mal vom Erdmittelpunkt weg. Und wo unten ist, weiss die Pflanze dank dem Auxin.

Und wenn man die Pflanze von unten beleuchtet?
Dann ist sie verwirrt. Solche gemeinen Exprimente machen wir. Aber es gibt noch viel Fieseres: Ich habe eine Kollaboration mit einem Partner, der in Luzern Weltraumforschung macht. Wenn man die Pflanze permanent in alle Richtungen dreht, hat sie gar keine Ahnung mehr, wohin sie wachsen soll.

Das ist aber nur ein Teil, auf den Auxin einen Einfluss hat.
Ja, mich persönlich interessiert vor allem, wie Pflanzen verschiedene Informationen miteinander verschalten. Wie sie Entscheidungen treffen.

Entscheidungen? Was müssen Pflanzen denn entscheiden und wie tun sie das?
«Wie» wissen wir noch nicht. Aber dass Pflanzen entscheiden können, ist getestet. Das macht man bei Pflanzen nicht anders, als bei Tieren: Man bietet zwei Optionen an und wenn die meisten dieselbe Lösung wählen, dann wissen Sie, dass da eine Entscheidung stattgefunden hat. Pflanzen müssen zum Beispiel entscheiden, wohin ihre Wurzeln wachsen sollen. Besser dorthin, wo der Boden salzig, oder lieber dahin, wo er steinig ist.

Und wo entscheidet das die Pflanze?
Anscheinend in der Wurzelspitze – und da ist auch die Auxinkonzentration am grössten. Das Auxin hat also irgendetwas mit diesen Entscheidungen zu tun. Und die Auxintransporter ebenso. Das wissen wir, weil wir die genetisch rausnehmen können, was dann die Wachstumsregulation der Pflanze durcheinander bringt.

Wie funktioniert denn dieser Transport?
Wie gesagt, von Zelle zu Zelle. Da müssen Membranen überwunden werden, das ist also ein relativ langsamer Transport. Für einen Millimeter braucht die Pflanze mehrere Minuten.

Eine Röhre wäre viel einfacher!
Richtig, aber die Natur macht manchmal Sachen, die man selber anders machen würde. Dass wir unseren Schädel auf dem Skelett balancieren, ist auch nicht die schlaueste Lösung. Ein Vorteil, den ich beim Zell-zu-Zell-Transport sehe ist, dass er sich so besser regulieren lässt.

Haben Sie sonst noch etwas ungewöhnliches entdeckt?
Ja. Die sogenannten ABC-Transporter, die ich erforsche sind Proteine. Am besten stellen Sie sich die vor, wie so eine Tinguely-Maschine: Da gibt’s Teile die fungieren als Motoren, andere könnte man als Kurbelwelle oder Kupplung bezeichnen. Die Transporter befinden sich in der Zellmembran. Sie bewegen sich nicht, aber sie bringen das Auxin von einer Zelle zur nächsten. Das Spannende ist, dass sie aber nicht einfach wie blosse Schleusen funktionieren, die quasi auxingeladene Zellen entleeren. Sie sind energetisiert, das heisst, sie können sogar eine Zelle, die schon viel Auxin beinhaltet, mit noch mehr davon versorgen.

Funktioniert dieses Auxin denn von der Alge bis zum Mammutbaum überall gleich?
Im Prinzip, ja.

Und spielt es nur bei Pflanzen eine Rolle oder hat die Auxin-Forschung auch für uns Menschen eine gewisse Relevanz?
Lustigerweise wurde Auxin beim Menschen nachgewiesen, bevor es in Pflanzen gefunden wurde. Auxin ähnelt unserem Neurotransmitter Serotonin und wir Menschen können es auch herstellen. Das ist aber nicht wünschenswert, denn das passiert eigentlich nur, wenn Sie einen Tumor, Schizophrenie oder Migräne haben. Es ist überhaupt verblüffend, wie ähnlich sich manche pflanzlichen und tierischen Systeme sind.

Also könnte auch die Medizin von Ihrer Forschung profitieren?
Nehmen wir unsere Lungen-Epithelien und die Wurzelspitze: anatomisch ist das natürlich etwas komplett anderes, aber auf molekularer Ebene ist es fast dasselbe. Der Auxintransporter, den wir untersuchen, wird ähnlich reguliert wie ein wichtiger Transporter in unserem Lungenepithel. Eine Mutation in diesem verursacht bei uns Menschen Mukoviszidose, also eine Form der zystischen Fibrose. Das ist eine Erbkrankheit, die zu einer Verfestigung des Lungenschleims führt und früher für viele Kinder tödlich war. Da finden wir beim Menschen einen Bestandteil aus unserer Arbeit wieder – obwohl er hier eine komplett andere Funktion hat. Gerade bei einer Krankheit, die Kinder betrifft, wäre es natürlich schön, wenn wir dank unserer Arbeit mit Pflanzen gewisse Mechanismen besser verstehen können.

Wie sind Sie denn überhaupt zum Auxin gekommen?
Eigentlich über die Transporter. Ich habe früher mit anderen Transportern gearbeitet und dann hat man mir dieses Thema angeboten. Hätte ich von Anfang an gewusst, dass es um Auxin geht, hätte ich es vermutlich nicht gemacht. Denn Auxin ist bekannt dafür, dass es wahnsinnig vielseitig ist. Eine weitere Funktion ist beispielsweise das Wachstum, bei dem Auxin ebenfalls eine Rolle spielt.

Auxin reguliert die Zellteilung?
Nein, Pflanzen wachsen weniger über Zellteilung, sondern vielmehr über Zellstreckung. Und auch das macht das Auxin. Aber das Auxin aktiviert die Zellstreckung nur im Spross. Der Einfluss des Auxins in der Wurzel ist genau umgekehrt: die Streckung wird gehemmt. Wenn Sie rausfänden, warum das so ist, könnten Sie sich unsterblich machen. Das weiss im Moment nämlich noch keiner.

Naja, Unsterblichkeit ist auch nicht alles im Leben.
Das ist allerdings richtig. Nun – eine Art, sich wenigstens ein bisschen zu verewigen, sind natürlich Publikationen. Und die haben auch deshalb schon ihren Reiz.

Das heisst, Sie arbeiten bereits wieder an ihrem nächsten Paper.
Absolut.

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«Das Schweizer Radio hat das Space Race parodiert» /alma-georges/articles/2018/das-schweizer-radio-hat-das-space-race-parodiert /alma-georges/articles/2018/das-schweizer-radio-hat-das-space-race-parodiert#respond Thu, 18 Jan 2018 09:18:31 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=5587 Knistern, Knacken, Rauschen und dann plötzlich ein Signal: nicht vom Mars zwar, aber vom Schweizer Radio. Dort wurden seit den 1930er-Jahren Science-Fiction-Hörspiele ausgestrahlt. Felix Wirth untersucht sie und reist in seiner Dissertation regelmässig durch Raum und Zeit. Wooosh!

Felix Wirth, Sie forschen über «Science Fiction am Deutschschweizer Radio zwischen 1935 und 1985». Sind Sie ein Science-Fiction-Nerd?
Überhaupt nicht. Ich fand über Umwege zum Thema. Ich habe während des Studiums zuerst bei www.memoriav.ch und später auch für Radio SRF gearbeitet. Meine Masterarbeit habe ich dann zu Radiosendungen über Afrika geschrieben. Da ging es stark darum, wie afrikanische Gesellschaften am Deutschschweizer Rundfunk dargestellt wurden. Das war zwar spannend, emotional aber auch sehr herausfordernd, da die Sendungen viele negative und rassistische Stereotypen beinhalteten. Als ich fertig war, sagte ich mir deshalb: «In Zukunft möchte ich mich mit etwas anderem befassen, mit etwas, das komplett fiktiv ist». Ironischerweise geht es auch bei der Science Fiction wieder um Kolonialismus und Kolonien – nun einfach im Weltraum.

Wie kam die neumodische Science Fiction überhaupt ins altehrwürdige Schweizer Radio?
Das ist eine meiner Leitfragen. Radiopolitik und Hörspielproduktion des Deutschschweizer Radios – bis in die 1960er-Jahre bekannt als «Radio Beromünster» – waren lange Zeit eher konservativ. Die Diskurse waren bis in die 1950er-Jahre geprägt von der Geistigen Landesverteidigung, von Abschottung und Abgrenzung. 1953 wurde beispielsweise in der Radio-Konzession festgehalten, dass das Personal schweizerischer Nationalität sein sollte und die verbreiteten Programme die «geistigen und kulturellen Werte» der Schweiz fördern mussten. Vor diesem Hintergrund könnte man meinen, dass in der Zukunft angesiedelte und meist von ausländischen Autoren verfasste Science-Fiction-Hörspiele nicht gerade zu den Vorlieben von Radio Beromünster gehörten. Tatsächlich wurden aber seit den 1930er-Jahren in regelmässigen Abständen Science-Fiction-Texte – vorwiegend aus Deutschland und England – übernommen und ins Hörspielformat übertragen.

Was heisst das konkret? Wie muss man sich die Produktion eines Hörspiels vorstellen?
Die Hörspiele wurden als Exposés oder als Manuskripte eingereicht. Die Radioregisseure schrieben anschliessend Gutachten. Einige dieser Gutachten sind glücklicherweise erhalten geblieben und zeigen die Debatten darüber, welche Texte vertont werden sollten und welche nicht. Ich schreibe somit eigentlich zwei Geschichten: jene der ausgestrahlten und jene der abgelehnten Science Fiction.

Welche Texte wurden denn abgelehnt?
Manche Themen waren zu sensibel. Nach 1945 wurden beispielsweise viele Manuskripte zum Thema «Atombombe» eingereicht. Viele wurden abgelehnt, weil man einerseits nicht zur allgemeinen Beunruhigung beitragen wollte und andererseits das Hörspiel nicht als ideales Format für den Umgang mit dem Thema betrachtete.
In den 1950er und 60er-Jahren stand die Science Fiction dann ganz im Zeichen des Ost-West-Konflikts, wobei das Deutschschweizer Radio versuchte, sich schweizerisch-neutral zwischen den Blöcken zu positionieren. Deshalb entschied man sich beispielsweise 1960 gegen «Raumstation Alpha schweigt» von Fritz Puhl. Dieses war zwar zwei Jahre zuvor vom Norddeutschen Rundfunk ausgestrahlt worden, das Schweizer Radio indes fürchtete, es könnte aufgrund seiner antirussischen Inhalte als «Gegenpropaganda» wirken und Misstrauen schüren. Das häufigste Argument für eine Ablehnung war aber, dass sich ein Text «nicht auf die Schweizer Verhältnisse anpassen» liess. Letztlich hiess das nichts anderes als: zu «deutsch» oder zu «britisch». Was unter «Schweizer Verhältnissen» genau zu verstehen ist, wird allerdings nur in wenigen Hinweisen angedeutet.

Manche Texte wurden aber auch adaptiert, also verschweizert?
Ja, und das geschah unter anderem dadurch, dass typisch schweizerische Figuren eingefügt wurden. Ein Beispiel dafür ist das Hörspiel «Kraftwerk Mittelmeer» (1952) von Felice Vitali, damaliger SRG-Korrespondent in Berlin. Es ist eine Adaption des Buches «Atlantropa» – einer etwas grössenwahnsinnigen Idee des Ingenieurs Herman Sörgel aus den 1930er-Jahren. Sörgel plante, mit Staudämmen am Bosporus und der Strasse von Gibraltar den Mittelmeerspiegel um 100 bis 200 Meter abzusenken. Die Idee wurde in den 1950er-Jahren sogar vonseiten der UNO unterstützt und so beschloss auch Radio Beromünster, das Projekt zu thematisieren. Im Hörspiel unterhält sich ein gewisser «Herr P.S.» – ein Pseudonym für Sörgel – mit dem jungen Tessiner «Remo». Dieser «einfache Mann von der Strasse» hinterfragt und kritisiert alles, was ihm P.S. erzählt. Anschliessend beginnt Remo von «Atlantropa» zu träumen. Er träumt von politischen Flüchtlingen, die wegen der Dämme keine Arbeit mehr haben, von Terroristen, welche die Staumauern sprengen wollen und von vielen weiteren Problemen. Erschrocken wacht Remo auf und meint: «Mich schaudert vor einer totalitären Technik». Die von Autor Vitali hinzugefügte Figur «Remo» repräsentierte eine kritische und mahnende Stimme, die sich gegen das Megaprojekt «Atlantropa» aussprach – dies zu einer Zeit, in der Sörgels Vision international im Aufwind war. Ähnlich kritische, bodenständige Schweizer kamen auch in anderen Science-Fiction-Hörspielen der 1950er-Jahre vor. Figuren, die fragen, ob der technische Fortschritt wirklich so positiv ist, wie ihn andere sehen.

Sie haben nun mehrmals schon den Begriff «Science-Fiction-Hörspiel» benutzt. Sprach man am Schweizer Radio denn überhaupt von «Science Fiction»?
Anfangs nicht. Da sprach man von utopischen oder fantastischen Hörspielen. Der in den 1920er-Jahren in den USA entstandene Begriff «Science Fiction» etablierte sich nur langsam und dürfte erst in den 1950er-Jahren einer grösseren Schweizer Öffentlichkeit bekannt gewesen sein. Radio Beromünster war sehr zurückhaltend mit der Verwendung des Ausdrucks. So trug beispielsweise ein Stück von 1956 im Manuskript den Untertitel «Hörspiel-Komödie mit etwas ‘sience-fiction’ [sic!]». In der Radiozeitung wurde der Untertitel dann kurzerhand zu «Eine groteske Idee» abgeändert. Das Genre der «Science-Fiction-Hörspiele» existierte am Deutschschweizer Radio erst ab den 1960er-Jahren. In meiner Dissertation untersuche ich somit Texte, die erst aus heutiger Sicht zur Science Fiction gezählt werden.

Wie veränderten sich denn die Themen über die Zeit hinweg?
In den 1930er-Jahren gab es viele Katastrophenhörspiele: Zeppeline, die abstürzten, Raketen, die zum Mars flogen und dort in Kriege verwickelt wurden. In den 1940ern kamen gesellschaftliche Visionen dazu: Die Atomkraft sicherte den Weltfrieden und ähnliches. Die 1950er-Jahre standen dann ganz im Zeichen des Space Age: Es ging um UFOs und die Kolonisierung des Weltraums. UFOs gibt’s übrigens erst seit 1947, damals prägte ein amerikanischer Pilot den Begriff und die Vorstellung von der fliegenden Untertasse. Davor sahen ausserirdische Raumschiffe ganz anders aus.

Es herrschte also eine gewisse Technik-Euphorie?
Ja, aber die ebbte in den 1960er-Jahren deutlich ab. Gegen Ende des Jahrzehnts mehrten sich die negativen Zukunftsvisionen. Es gab Adaptionen von «Brave New World» und Ähnlichem. In den 1970er-Jahren dominierten ökologische und gesellschaftliche Probleme die Science-Fiction-Hörspielproduktion.

Zum Beispiel?
Rudolf Stalder adaptierte Anfang der 1970er-Jahre eine Kurzgeschichte von Ray Bradbury und liess sie in einem kleinen, vom Fortschritt verschonten Naturreservat im Schweizer Mittelland spielen. Ende der 1980er-Jahre übersetzte Lukas Hartmann den Amerikanischen Roman «Ecotopia» (1975) ins Berndeutsche und verlegte die Handlung ebenfalls in ein kleines Reservat rund um Bern. Beide Hörspiele kombinierten utopische Science-Fiction-Geschichten mit Schweizer Mundart und Folklore.

Mundarthörspiele sind somit eine weitere Neuerung der 1970er-Jahre. Sieht man da den Einfluss von Kurt Marti, Mani Matter und Co?
Vermutlich, ja. Genau habe ich das aber noch nicht untersucht. Schliesslich gab es in den 1980er-Jahren eine starke Pluralisierung der Themen. Es gab Umweltkatastrophen, Raumfahrtabenteuer, Episches aber auch Absurdes. Ausserdem wurden klassische Narrative aufgebrochen und alternative Erzählformen ausprobiert. Die Dramaturgie wurde experimenteller und neue Geräusch- und Klangkulissen kamen zum Einsatz.

Geräusche sind ein gutes Stichwort: Wie haben die Hörspiele denn geklungen?
Bis Mitte der 1960er-Jahre nahmen Geräusche für die Vertonung fiktionaler Welten viel Raum ein. Ein gutes Beispiel dafür sind Raketen oder Raumschiffe. Um etwa startende Motoren oder schliessende Türen darzustellen, wurden Geräusche existierender Geräte elektroakustisch manipuliert. So wurden Raumschiffe lange Zeit mit verfremdeten Flugzeug- oder Staubsaugermotorengeräuschen vertont. Nach der Mondlandung verloren die lauten Raketengeräusche an Bedeutung. Neue Dinge, wie etwa Bordcomputer betraten das Parkett. Mit den veränderten technischen Möglichkeiten und dem fortgeschrittenen Vorwissen der Zuhörer – Ende der 1960er-Jahre wusste man schliesslich, wie ein Raumfahrzeug klang – musste der Flug von A nach B akustisch nur noch angedeutet werden.

Und wie hat das Publikum auf die Geräusche und Geschichten reagiert?
Leider wurden nicht alle Zuhörer-Zuschriften archiviert. Die Geschichte über einen Zeppelin-Absturz soll 1935 eine gewisse Panikstimmung in Deutschland ausgelöst haben, da am selben Tag die «Graf Zeppelin» nach Südamerika gestartet war. Interessant waren auch die Hörerreaktionen auf ein Hörspiel über zwei Freunde aus den 1970er-Jahren. Sie konnten telepathisch kommunizieren und so bekam der eine Freund mit, was der andere dachte, als er per Selbstmord aus dem Leben schied. Da fragten viele Leute beim Radio nach, ob es das tatsächlich gibt. Teilweise wurden die Hörspiele auch in Zeitungen besprochen. Insgesamt bleibt die Rezeption aber leider lückenhaft.

Und eine Geschichte à la «The War of the Worlds?»
Sie meinen das Hörspiel über die Invasion von Aliens, die in Amerika 1938 zu grosser Verunsicherung führte? So etwas gab es hier nicht. Dafür hat das Schweizer Radio «The War of the Worlds» parodiert. In den frühen 1960ern gab es ein Hörspiel über den Befall des Mars‘ durch Erdenbewohner. Solche Parodien waren für Radio Beromünster typisch. Das Radio konnte sich zwar dem Science-Fiction-Hype sowie dem technischen Fortschritt nicht entziehen. Während sich aber nur ein geringer Teil der Hörspiele ernsthaft mit der Raumfahrt und anderen technologischen Errungenschaften auseinandersetzte, warfen viele Stücke, die von den Radiomitarbeitern selber übersetzt und adaptiert wurden, einen kritischen oder humoristischen Blick auf den ganzen Fortschrittsrummel.

Sagen diese Hörspiele somit auch etwas über den damaligen Schweizer Zeitgeist aus?
Ja, bestimmt. Science-Fiction-Hörspiele geben zum einen Einblick in die Auseinandersetzung mit Fortschritt und Moderne. Zum anderen gibt der Umgang mit Science Fiction am Deutschschweizer Radio immer auch Auskunft über die zeitgenössischen Wert- und Klangvorstellungen einer nationalen Institution – und ihrer Hörerschaft. Gerade der historische Wandel dieser Vorstellungen interessiert mich.

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«Die Gebührenerhöhung bedeutet keine wirtschaftliche Zutrittsbeschränkung» /alma-georges/articles/2017/die-gebuhrenerhohung-bedeutet-keine-wirtschaftliche-zutrittsbeschrankung /alma-georges/articles/2017/die-gebuhrenerhohung-bedeutet-keine-wirtschaftliche-zutrittsbeschrankung#comments Wed, 08 Nov 2017 16:05:44 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=5130 Nach dem Entscheid des Staatsrats steht nun fest, dass sich die Einschreibegebühren für Studierende und Doktoranden ab dem Herbstsemester 2018 um 180 Franken erhöhen. Rektorin Astrid Epiney stellt sich unseren Fragen.

Warum haben Sie gerade jetzt entschieden, die Erhöhung der Studiengebühren zu beantragen?
Das Rektorat unternimmt alles, damit die Universität Freiburg ihre Stellung als Volluniversität mit nationaler Bedeutung und internationaler Ausstrahlung konsolidieren und ausbauen kann. Die hierfür jedenfalls notwendigen Massnahmen wurden in der vom Senat angenommenen Mehrjahresplanung im Einzelnen benannt. Für die Verwirklichung dieser Ziele sind jedoch substantielle zusätzliche finanzielle Mittel erforderlich. In diesem Sinn hat auch der Kanton beschlossen, seinen Beitrag in den nächsten Jahren signifikant zu erhöhen. Allerdings erlauben auch diese zusätzlichen Mittel nicht, alle prioritären Ziele der Mehrjahresplanung zu verwirklichen, was jedoch im Hinblick auf die Attraktivität und die Stellung der Universität im nationalen und internationalen Umfeld unabdinglich ist. Es war deshalb leider unvermeidbar, auch die Studierenden und Doktorierenden stärker zu belasten.

Wie sind Sie in der Kommunikation vorgegangen?
Uns war es wichtig, vor dem definitiven Entscheid, dem Staatsrat den Antrag zu unterbreiten, die Universitätsgemeinschaft über den Senat, die Körperschaften (insbesondere die AGEF und den CSWM) und die Fakultätsleitungen zu konsultieren, damit das Rektorat bei der letztlichen Entscheidung über die verschiedenen Argumente umfassend im Bild ist. Wir haben deshalb sofort nach dem Entscheid, einen Antrag über eine Gebührenerhöhung in Erwägung zu ziehen, neben dem Senat auch die betroffenen Körperschaften (AGEF und CSWM) kontaktiert und über die Erwägungen des Rektorats und die Gründe, die dazu führten, detailliert informiert. Die Mitarbeitenden und Professoren wurden über ihre Hierarchie oder ihr Dekanat informiert. Somit konnten sich alle auch eine eigene Meinung bilden und die relevanten Argumente formulieren, bevor das Rektorat den Entscheid, dem Staatsrat eine Gebührenerhöhung zu beantragen, traf. Im Rahmen der diesbezüglichen Gespräche insbesondere mit der AGEF und dem CSWM wurden im Übrigen auch zahlreiche Themen angesprochen, die unabhängig von der Frage der Gebührenerhöhung adressiert werden sollten; insofern sind wir sehr dankbar für diese diversen konstruktiven Gespräche, auch wenn über die Frage der Erhöhung selbst keine Einigkeit erzielt werden konnte. Es sei auch noch angemerkt, dass zahlreiche Rückmeldungen aus der Universitätsgemeinschaft auch grosses Verständnis für das Ansinnen des Rektorats erkennen liessen.

Nach so vielen Jahren ohne Erhöhung, wieso ist die Summe nun plötzlich derart hoch?
Die Zusammenarbeit zwischen Staatsrat und Rektorat funktioniert neu mithilfe einer Zielvereinbarung. Diese wurde vom Staatsrat am 7. November auch verabschiedet, gleichzeitig mit der Erhöhung der Einschreibegebühren. Die Ziele und deren Finanzierung sind logischerweise eng miteinander verknüpft. Die Erhöhung ermöglicht nun, einige sehr dringende zusätzliche Bedürfnisse der Universität umsetzen zu können. Hinzu kommt, dass zahlreiche zusätzlich erforderliche Mittel letztlich bereits gebunden sind, da schon beschlossene Projekte finanziert werden müssen – so insbesondere der Master in Medizin – und einige weitere Anpassungen (z.B. Indexierungen) zwingend vorzunehmen sind. In den letzten Jahren konnten die Studierenden verschont bleiben und die Universität Freiburg war betreffend Semestergebühren die mit Abstand günstigste in der Deutschschweiz, wenn Sie mir diesen Vergleich als zweisprachige Universität gestatten. Die Mitarbeitenden und der akademische Lehrkörper leisteten durch erhöhte Belastung in Folge der Sparmassnahmen der letzten Jahre ebenfalls ihren Beitrag.

180 Franken pro Studierenden pro Semester, das entspricht in etwa jährlich 3,5 Millionen für die Universität. Wozu werden diese Mehreinnahmen konkret verwendet?
Die Erhöhung der Studiengebühren dient der Sicherung der Qualität und kommt insbesondere den Studierenden und dem wissenschaftlichen Nachwuchs zu Gute. Der Anstieg der Studierendenzahlen erfordert geeignete Massnahmen für die Sicherstellung der Betreuung insbesondere durch wissenschaftliche Mitarbeitende. Als Beispiel kann ich hier die Heilpädagogik oder Sportwissenschaften nennen. Damit einhergehen sollte auch eine verstärkte Förderung des wissenschaftlichen Nachwuchses, geht es doch auch und gerade um zusätzliche Stellen für wissenschaftliche Mitarbeitende. Mittelfristig möchten wir zudem ein Career Center einrichten, um den Studierenden für die Übergangsphase nach dem Studium Unterstützung anbieten können.

Was sagen Sie jenen, die behaupten, dass dieser Entscheid einige finanziell schlechter Gestellte vom Studieren ausschliessen wird?
Ich verstehe diese Bedenken und kann Ihnen versichern, dass sich das Rektorat solche Überlegungen gemacht hat. Trotzdem: Die Erhöhung ist für den wohl überwiegenden Teil der Studierenden zwar unangenehm, letztendlich aber verkraftbar. Für finanziell schlecht gestellte Studierende bieten wir gezielte Unterstützung an, wie insbesondere eine Reduktion oder einen Erlass der Studiengebühren sowie auch eine darüber hinausgehende Unterstützung durch den Sozialdienst. Die Gebührenerhöhung bedeutet deshalb keine wirtschaftliche Zutrittsbeschränkung. Zudem hat auch der Staatsrat klar kommuniziert, dass er in keiner Weise den Grundsatz der öffentlichen Finanzierung der Hochschulstudien in Frage stellt.

Jetzt mal Hand aufs Herz: Ändert sich das System nun gerade hin zu einer Vermarktung der Studien?
Das glaube ich nicht und sehe auch keine Tendenzen, dass sich die Politik aus der Bildung zurückziehen möchte, um Kosten generell auf die Studierenden wälzen möchte. Im Gegenteil: Die Sensibilität für Bildung ist in der Schweiz – und auch im Kanton – sehr hoch und die Investitionen in die Bildung sind in den vergangenen Jahren stets und bedeutend gewachsen. Nach wie vor machen die Studiengebühren einen verschwindend kleinen Teil der Kosten eines Studiums aus. Legt man die Beiträge der Heimatkantone zugrunde, betragen diese je nach Studienrichtung zwischen 12‘000 und 50‘000 Franken pro Jahr. Sicher ist, dass gute Bildung und Spitzenforschung ihren Preis haben, die an der Universität Freiburg – wie auch an anderen staatlichen Universitäten – auch in Zukunft zu einem ganz überwiegenden Teil öffentlich finanziert werden wird. Dass gerade der Kanton hier zu substantiellen Beiträgen bereit ist, zeigen auch die derzeit aktuellen Pläne des Ausbaus der baulichen Infrastruktur. Mit der Renovation und dem Ausbau der Kantonsbibliothek sowie der Erweiterung der Miséricorde auf dem Gelände des Tour Henri werden sich in naher Zukunft für alle der Universitätsgemeinschaft die Rahmenbedingungen deutlich verbessern.

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  • gegen die Gebührenerhöhung
  • Erhöhung Einschreibegebühr – Factsheet |
  • Titelbild:
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Migration und Identität: Wieviel Fremdes hat Platz im Vertrauten? /alma-georges/articles/2017/migration-und-identitaet-wieviel-fremdes-hat-platz-im-vertrauten /alma-georges/articles/2017/migration-und-identitaet-wieviel-fremdes-hat-platz-im-vertrauten#respond Fri, 17 Mar 2017 14:53:38 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=3842 In der Geschichte der Schweiz wurde immer wieder das Gemeinsame stärker ins Zentrum gerückt als das Trennende. Doch die Frage über den Umgang mit Flüchtlingen und Migration spaltet das Land. Vor diesem Hintergrund tauschen sich an dieser internationalen Konferenz europaweit anerkannte Wissenschaftler über das Landesimage und das Entstehen von nationaler Identität aus.

Frau Professorin Ingehoff, was macht das Beispiel «Schweiz» besonders geeignet, um über das Thema Identität zu reden?
Die Schweizerische Akademie der Geistes- und Sozialwissenschaften (SAGW), die die diese Veranstaltungsreihe initiiert hat, schreibt dazu, kurz zusammengefasst: «La Suisse n’existe pas» – unter diesem Motto des Künstlers Ben Vautier präsentierte sich der Schweizer Pavillon an der Weltausstellung von 1992 in Sevilla. Im Kontext des Vorführens nationaler Identität, als das sich das Format der Weltausstellung verstehen lässt, war diese Anspielung auf die vier Landessprachen eine provokative Setzung. Heute, mehr als zwanzig Jahre später, lässt sie eine Vielzahl weiterer Assoziationen zu und scheint aktueller denn je. Weiterhin zeichnet sich die Schweiz durch relativ starke lokale und regionale Dimensionen (Gemeinden, Ortschaften, Regionen, Kantone) einerseits und eine relativ schwache nationale Dimension andererseits aus. Hinzu kommt eine grosse Vielfalt sowohl auf sprachlicher, politischer und ökonomischer als auch auf kultureller Ebene.

Der Event ist Teil einer Vortragsreihe «Migration und Mobilität» der SAGW. Was können Geistes- und Sozialwissenschaftler speziell herausfinden?
Die Geistes- und Sozialwissenschaften richten den Blick auf Fragen wie: Wie entsteht ein geteiltes, historisches Bewusstsein, wie wird eine gemeinsame Identität einer «Willensnation» im Herzen Europas medial konstruiert, und welche Diskurse herrschen darin vor? Wie wird Identität medial konstruiert, argumentativ genutzt, wie bekommt man die Vielfalt, Widersprüchlichkeit und Ambivalenz dieses Konstrukts und seiner von verschiedenen Akteuren geprägten Diskurse in Verbindung mit Migration in den Blick?

Wer wird an dieser Konferenz auftreten?
Ruth Wodak, Autorin des Buchs «Politik mit der Angst», diskutiert über die Polarisierung von Nationen und Gesellschaften, in der die nationalistische, xenophobe Rhetorik immer grössere Akzeptanz findet und zur Normalität wird. Camelia Beciu analysiert die Kontexte und Diskurse der innereuropäischen Migration, Alina Dolea verbindet den Blick nach aussen und die Konstruktion des Fremdbildes «der Anderen» mit dem Selbstbild nach innen, dem «wir» und «uns». Julia Metag zeigt Forschungen über die Einstellung gegenüber Flüchtlingen und den Zusammenhang zur Mediennutzung, Alexander Buhmann beleuchtet die Fallbeispiele Norwegen und Schweden, und die Veranstalterin Diana Ingenhoff führt in den historischen Diskurs ein und zeigt, welche Dimensionen und Perspektiven bei der Konstruktion von Identitäten und Landesimages zum Tragen kommen, und wie diese in medialen und institutionellen Diskursen geprägt werden. Eine anschliessende Diskussionsrunde beleuchtet die weitreichenden Folgen des sich international verstärkenden rechtspopulistischen Diskurses.

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  • Der Event findet beginnt Montag 20 März um 13.30 Uhr an der Universtität Freiburg, Bd. de Pérolles 90, im Raum E040.
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