Sciences des religions – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Thu, 24 Nov 2022 06:51:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Découverte archéologique majeure au Pérou /alma-georges/articles/2022/decouverte-archeologique-majeure-au-perou /alma-georges/articles/2022/decouverte-archeologique-majeure-au-perou#respond Thu, 24 Nov 2022 06:51:47 +0000 /alma-georges?p=16966 Nous l’avions rencontré en début d’année pour qu’il nous parle de ses fouilles archéologiques au Pérou. Sâm Ghavami vient d’y faire une découverte cruciale, celle d’une fresque pré-incaïque que l’on croyait perdue à jamais.

En quoi la fresque mise au jour est-elle exceptionnelle?
Elle est remarquable dans la mesure où il est extrêmement rare de pouvoir exhumer des peintures murales d’une telle qualité en archéologie précolombienne. Cette fresque est aussi unique, car elle a une histoire particulière. Elle a été mise au jour en 1916 par un groupe de huaqueros, des pilleurs de tombes, opérant dans l’une des centaines de huacas (les sanctuaires anciens) de la côte nord du Pérou. Il s’agissait alors de l’un des ensembles d’images les plus fantastiques jamais découverts. Celui-ci était exposé le long d’un large mur et illustrait une scène mythologique finement exécutée et en couleurs. L’un des plus importants ethnographes vivant au Pérou à cette époque, Heinrich Brüning, a pris de formidables photos des peintures murales les montrant dans toute leur splendeur. Malheureusement, il se raconte que les pillards ont détruit cette fabuleuse trouvaille, après qu’il leur a été interdit de fouiller davantage le site. Les fortes pluies provoquées par El Niño dans le désert péruvien et le passage du temps ont fini par enterrer les quelques restes et la nouvelle a été oubliée de tous.

Emotion lors de la mise au jour de la fresque de la Huaca Pintada.

Vous pensiez donc que des bouts de fresque avaient échappé à l’avidité des pilleurs?
Effectivement. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de fouiller ce site qui, en un siècle, s’est retrouvé couvert de végétation. Il m’importait de retrouver les éventuels vestiges de cette fresque, mais aussi de les remettre en contexte, afin de comprendre la fonction du site, chose faite désormais. Je souligne que les peintures que nous avons retrouvées n’ont pas été endommagées par les pilleurs, mais étaient enterrées depuis probablement 1000 ans!

 

Détail de la fresque de la Huaca Pintada

Quelle a été votre réaction quand vous avez vu apparaître, petit à petit, les éléments picturaux?
On a définitivement ressenti une grande émotion avec mon équipe. Ça fait quatre ans que je travaille dessus et au moins le double que je suis venu visiter le site pour la première fois. La communauté des archéologues de la région était curieuse de voir ce que mon travail allait donner, mais peu me prédisaient pareil succès. Il faut dire que l’accès au terrain sur lequel se trouve la huaca s’est avéré compliqué, car il appartient à un particulier qui n’a longtemps rien voulu savoir de moi. Les deux premières campagnes de fouilles n’ont pas donné de résultats très prometteurs mais, cette année, je suis tombé par hasard sur une vieille photographie de la fresque qui, en observant les ombres projetées sur les parois, m’a permis de déduire son orientation et son emplacement probable. Ensuite, ça s’est vite enchaîné. D’abord nous sommes tombés sur de petits fragments de peinture sur le sol, puis nous avons retrouvé le haut d’un grand mur. En grattant gentiment la terre contre sa paroi interne, on a vu apparaître la coiffe d’un guerrier.

Pouvez-vous nous décrire cette œuvre?
On sait aujourd’hui que la fresque faisait 30 mètres de long et peut-être jusqu’à 3 mètres de haut! Originellement, on y voyait une longue procession de guerriers finement vêtus se dirigeant vers une divinité centrale aux traits ornithomorphes, les mêmes attributs qui seront ensuite caractéristiques de l’essor de la culture lambayeque. Au-dessus de ces panneaux, les méandres d’une rivière étaient dessinés, transportant son eau fertile et ses nombreux poissons aux habitant·e·s de la vallée.

Dégager la fresque requiert beaucoup de minutie.

Et avez-vous pu dater cette fresque?
Son style «métissé» rassemble des éléments de deux cultures pré-incaïques: les Lambayeque, qui se sont développés sur la côte nord du Pérou (900 – 1350 apr. J.-C.), ainsi que leurs ancêtres Mochica (100 – 850 apr. J.-C.). Ce syncrétisme stylistique nous suggère que la Huaca Pintada a pu être témoin du processus de formation d’une nouvelle culture: les Lambayeque, ou Sicán.

 

Le site de la Huca Pintada sur lequel travaille Sâm Ghavami.


Est-ce bien la fresque qui parle de Ñaimlap, ce héros mythique arrivé par la mer, qui aurait fondé la culture Lambayeque?

Il est difficile de tisser des liens directs quand on analyse l’iconographie préhispanique au Pérou. Nous ne disposons d’aucuns textes qui puissent nous raconter les scènes illustrées. En revanche, on peut observer des éléments récurrents en examinant le corpus des images à disposition, qu’elles soient représentées sur les murs, la céramique, le métal ou le textile. Le mythe de Ñaimlap pose les bases de la société lambayeque dans le sens où il raconte une nouvelle vision du monde au moment de l’arrivée du héros qui instaure par son iconisation une nouvelle identité collective. La scène représentée sur la fresque semble s’inspirer de la même idée de hiérarchie sacrée, construite autour d’un culte aux ancêtres et de leurs liens intimes avec les forces de la nature.

Que va-t-il advenir des objets que vous avez découverts, dont certains en or?
Nous allons d’abord passer du temps à les analyser en laboratoire. Ensuite, ils seront tous catalogués, puis stockés dans les dépôts du Ministère de la Culture du Pérou selon le protocole. Mais on m’a offert la possibilité de monter une petite exposition pour présenter les découvertes au public dans le Musée Brüning de Lambayeque, dont le directeur, Carlos Wester, m’a apporté son soutien depuis le début de mes recherches sur place.

Mais l’argent reste le nerf de la guerre!
J’ai une bourse Doc.CH du FNS qui m’a permis de financer les fouilles. Cependant, la grande quantité du mobiliers archéologiques, ainsi que leur qualité exceptionnelle requiert des moyens supplémentaires. Je suis en train de faire les démarches auprès de différentes institutions. J’attends anxieusement leur réponse, que j’espère positive!

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  • Photos: Sâm Ghavami
  • Page de Sâm Ghavami
  • Lire l’article et voir la vidéo sur son travail au Pérou, publiés en début d’année 2022
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Religion on- et offline /alma-georges/articles/2017/religion-on-et-offline /alma-georges/articles/2017/religion-on-et-offline#respond Fri, 13 Oct 2017 14:06:05 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=5066 Quel point commun entre un monastère, les Témoins de Jéhovah et Second Life? Si l’élément religieux apparaît pour les deux premiers, il est moins évident pour le troisième, et pourtant… L’utilisation des médias et des nouvelles technologies par différentes communautés religieuses est au centre de nombreuses recherches académiques comme l’a montré un colloque organisé par le Département de science des religions.

Afin de clôturer un projet de recherche de trois ans, le Professeur Oliver Krüger a mis sur pied un colloque intitulé «The Dynamics of Religion, Média, and Community» qui s’est tenu à l’Unifr les 29 et 30 septembre derniers. A cette occasion, des spécialistes de la question s’étaient réunis pour faire le point sur les changements récents. Différents sujets ont été abordés comme la création d’Eglises virtuelles (The , ou, plus récemment, et ), l’emploi d’Internet par et dans les monastères, le fonctionnement de proposant à ses membres de partager des événements importants (rassemblements, sermons, baptêmes, etc.) en ligne.

Il a également été question de production médiatique religieuse aux Philippines avec l’exemple du site (Jésuit Communication) et de la compagnie du même nom qui a produit un film sur la vie d’Ignace de Loyola sur le modèle des blockbusters américains. Autant de sujets qui ont su passionner un auditoire attentif.


Le Professeur Andrea Rota et Fabian Huber, assistant de recherche, ont profité du colloque pour présenter les résultats de la recherche concernant l’usage des nouveaux médias par les et les communautés en Suisse. Ce projet du Fonds national suisse «Die Dynamik von Mediennutzung und den Formen religiöser Vergemeinschaftung» dirigé par le Professeur , s’interroge sur la fonction dynamique jouée par les médias pour des formes récentes de communautarisation religieuse. Il s’agissait principalement d’établir l’importance du facteur médiatique dans la cohésion des communautés. Concernant la pratique religieuse, de nombreux spécialistes ont observé que les nouveaux médias peuvent poser des problèmes considérables à certains groupes: comment les Amisch et les Juifs ultraorthodoxes, par exemple, parviennent-ils à contourner les interdits d’une doctrine religieuse traditionnelle clairement réfractaire aux nouvelles technologies pour se servir du téléphone ou du smartphone?

Deux communautés religieuses sous la loupe
Les deux communautés ont été choisies sur des critères concernant la structure institutionnelle, ainsi que l’usage collectif et personnel des médias. Elles ont en commun une forte conscience communautaire et une présence croissante en Suisse, ainsi que sur le plan international, et diffèrent grandement dans l’organisation des services religieux, ou dans l’utilisation et la production médiatique.

L’Association of Vineyard Churches, est un regroupement d’Eglises chrétiennes évangéliques qui compte plus de 1500 églises dans 60 pays (dont la Suisse avec des antennes à Berne, Zurich et Genève). Les cultes, très dynamiques, proposent une alternance entre musique, éléments charismatiques (imposition des mains, guérisons, etc.) et prêches sur la vie courante. Les nouveaux médias (Internet, télévision, radio) sont importants pour la diffusion et l’expansion du mouvement. Une utilisation intensive de la technologie durant les cultes a été observée: images et vidéos dans des présentations PowerPoint, écrans pour les textes des chansons, micros, haut-parleurs, écouteurs pour la traduction simultanée, etc. De plus, la communauté dispose d’une forte présence sur Internet avec une offre très large composée de plus de 300 prêches qu’on peut consulter en avec une app créée à cet effet, mais aussi des clips avec des témoignages de membres, des vidéos des plus grands événements sur Vimeo et YouTube, différentes pages Facebook ( comptabilise 800 likes) et un très complet proposant différentes offres, un agenda des cultes et des manifestations, des aides pour la vie quotidienne, une présentation du mouvement, etc.

Ìý

Les Témoins de Jéhovah, mouvement prémillénariste et restaurationniste se réclamant du christianisme, comptent plus de 8,3 millions de membres actifs dans le monde entier. La pratique religieuse, fortement orientée sur la lecture des textes, a rapidement poussé ce groupe à publier leur mensuel, la Watch Tower (La Tour de garde), la revue chrétienne la plus diffusée. La position des Témoins de Jéhovah envers les médias profanes (télévision, livres et magazines) est majoritairement critique, mais les membres plus jeunes emploient l’iPad et l’e-book pour lire et discuter les textes religieux. Cette communauté entretient une attitude ambivalente envers Internet, un instrument favorisant le contact entre ses membres et les conversions, mais aussi une source de contenus préjudiciables. Elle possède cependant son propre qui propose, entre autres, des vidéos de présentation et d’enseignements destinées aux et aux .

Pourtant, si les deux communautés acceptent les nouvelles technologies, il s’avère notamment que le mouvement Vineyard utilise Internet de manière intensive, tandis que les Témoins de Jéhovah se basent encore principalement sur les produits imprimés. De plus, les premiers sont relativement indépendants dans l’élaboration des supports médiatiques, alors que les seconds sont organisés autour d’une unité centrale avec un QG international basé à Brooklyn (NY).

Les résultats de ce projet, ainsi que la discussion qui a mis fin au colloque, ont montré que le champ d’études sur la religion et les nouveaux médias n’a pas épuisé toutes ses possibilités. Avec les progrès technologiques rapides et les changements qu’ils entraînent, les mutations de l’utilisation et de la considération religieuse d’Internet représentent un domaine de recherche dynamique et hautement intéressant. Il est fort à parier que les prochaines découvertes réservent encore bien des surprises on- et offline.

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Revue de presse – mars 2016 /alma-georges/articles/2016/revue-de-presse-mars-2016 /alma-georges/articles/2016/revue-de-presse-mars-2016#respond Tue, 19 Apr 2016 13:05:13 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2267 ÌýL’Université de Fribourg dans la presse du 1er au 30 mars 2016.

«A l’inscription, personne ne lit les conditions générales de Facebook, Apple ou Twitter. Mais en les approuvant, un utilisateur accepte l’application du droit californien en matière de protection et d’accès aux données. Que faire de ses informations personnelles à la mort de l’internaute? Tous les pays tâtonnent, car ils réfléchissent en termes de droit national alors que nous sommes dans un contexte international. Ils ont tous une conception différente de la sphère privée, du droit à la propriété.»
– Antoine Eigenmann, chargé de cours au Département de droit privé, , 30.03.2016

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«Kinder können mehrere Sprachen aufs Mal lernen. Es ist aber relativ wichtig, dass dies früh passiert. Beispielsweise nimmt die Fähigkeit, gewisse Laute zu unterscheiden, schnell ab.»
– , Institut für Familienforschung und –beratung, , 29.3.2016

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«Au final, il est possible que la consommation piétine, les investissements deviennent rares et les entreprises délocalisent à l’étranger.»
– , professeur au Département d’économie politique, RTS1, , 24.03.2016

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«La réincarnation s’accommode fort bien de notre époque moderne. Proche de la nature dans son déroulement, elle semble réaliste. Par ailleurs, elle est aisément associée au progrès, idée phare de la modernité, bien davantage que la résurrection. La réincarnation suppose aussi une autorédemption. Nous sommes responsables de notre vie et donc capables de nous délivrer nous-mêmes des maux que nous avons créés par notre comportement. Enfin, pour bon nombre de personnes, elle a les habits de la nouveauté. Elle n’est pas liée à l’histoire du christianisme avec ses zones d’ombre que sont par exemple les croisades ou l’Inquisition.»
– , professeur d’histoire comparée des religions à la Faculté de théologie, , 24.03.2016

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«Nous sommes dans une société où l’émotionnel prend le dessus et où la frontière entre l’intime et le public est devenue plus floue. Le fait de rendre sa vie publique permet d’exister au travers du regard d’autrui. On quête la reconnaissance sociale pour construire son identité propre.»
– , maître d’enseignement et de recherche au Domaine sciences des sociétés, des cultures et des religions, à propos des fêtes prénatales, , 21.03.2016

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«Le paysage helvétique des langues n’est point une jungle, c’est un magnifique jardin à l’équilibre délicat. Cultivons-le, afin de pouvoir léguer aux générations futures ce patrimoine linguistique exceptionnel.»
– , lecteur au Centre de langues, , 18.03.2016

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«In einem mehrsprachigen Land ist es wichtig, sich mit der Sprache und damit auch mit Kultur und Denkweise der jeweils anderen Sprachgemeinschaft auseinanderzusetzen, um so das Verständnis für den jeweils anderen Landesteil und die dortigen Realitäten zu entwickeln»
– , Rektorin und Professorin für Europarecht, zur Zweisprachigkeit der Universität Freiburg, , 17.3.2016

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«Indem die Kosovaren pauschal als Gewaltverbrecher bezeichnet würden und gleichzeitig dazu aufgerufen werde, diese Gruppe nicht mehr im Land zu lassen, werde dieser das Recht abgesprochen in der Schweiz gleichberechtigt zu leben.»
– Gerhard Fiolka,
Strafrechtsprofessor, zum Schuldspruch gegen SVP-Kader wegen Rassendiskriminierung, , 16.3.2016

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«Il faudrait réduire notre consommation de 40% environ pour atteindre les recommandations de l’OMS. La consommation de sel est clairement liée à une augmentation des risques cardio-vasculaires, mais cette courbe a la forme d’un U: trop de sel, comme pas assez de sel, augmente les risques. L’optimum se trouve vraisemblablement vers les recomandations de l’OMS, soit 5 grammes de sel par jour.»
– , professeur au Département de médecine, , 15.03.2016

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«Toute grande femme politique reste fidèle à ses positions et Madame Merkel sait qu’il vaut mieux avoir historiquement raison que faire des arrangements politiques pour faire plaisir à ses amis.»
– , professeur ordinaire en Etudes européennes, RTS La Première, , 14.03.2016

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«Ich habe grosse Zweifel, ob das verhältnismässig ist»
– Peter Hänni, Professor für Staats- und Verwaltungsrecht, zur Reitschulinitiative, , 12.3.2016

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«Bei Gender, davon bin ich überzeugt, gibt es jede nur denkbare Variante.»
– Anna Lauber-Biason, Professorin für Endokrinologie, zur Geschlechtsentwicklung, , 12.3.2016

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«Tout comme la littérature de Suisse romande, [la littérature québécoise] est souvent considérée comme périphérique, subordonnée à la littérature de France.»
– , professeur d’histoire contemporaine, , 12.03.2016

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«Effectivement, je crois qu’on peut faire une croix sur le Bon Sauvage de Rousseau. Ce n’est pas la civilisation qui corrompt l’homme, mais elle va plutôt endiguer et canaliser la violence. La morale, la différence entre le bien et le mal, l’empathie: tout cela est géré entre autres par le cortex préfrontal. Mais contrairement aux pulsions qui sont innées, les systèmes de valeurs sont appris.»
– , assistante docteure au Département de médecine, , 14.03.2016

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«Vouloir calculer l’impact économique [des baisses d’impôt] reviendrait ainsi à vouloir comparer deux paniers de service qui ne sont pas comparables. Pour faire extrêmement simple, dans le milliard en moins, l’Etat pourrait, par exemple, diminuer le dépistage et les prestations de logopédie nécessaires en début de vie scolaire; le contribuable privé qui n’a pas eu à payer l’impôt équivalent peut s’offrir un supplément de vacances. Je peux comparer le franc d’impôt abandonné au franc d’impôt dépensé pour des vacances, mais je ne peux pas comparer l’utilité du franc de logopédie au bien-être de vacances supplémentaires – ce qui serait l’impact économique.»
– , professeur au Département d’économie, , 13.03.2016

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«Wichtig ist, Ängste der Kinder ernst zu nehmen und ihnen zugleich Mut zu machen.»
– , Institut für Familienforschung und –beratung, zum Zügeln mit Kindern, , 10.3.2016

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«Wir sind ein langweiliges Land! Warum können gewisse Kreise das einfach nicht akzeptieren?»
– , Leiter des Lehrstuhls für Theorie der Finanz- und Wirtschaftspolitik, zu Klagen über finanzielle Ungleichheit, , 7.3.2016

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– via

«On est encore aux balbutiements du Data science, du big data.»
– , professeur au Département d’informatique, RTS La Première, , 07.03.2016

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«Man erhofft sich immer wieder, dass die Kirche mit solchen Äusserungen einen Schwenk vollzieht und Mittel zur Empfängniskontrolle grundsätzlich als eine Möglichkeit zur Familienplanung ansieht».
– , Professor für Moraltheologie und Ethik, zur Sexualmoral des Vatikans, , 5.3.2016

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«Il me paraît impossible d’imaginer une coexistence de deux Eglises parallèles au sein de la même Eglise catholique si la Fraternité Saint- Pie X n’accepte pas les documents du concile Vatican II.»
– , professeur au Département de théologie pratique, , 05.03.2016

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«Ich frage mich, ob das nicht eine Verkennung der Verhältnisse ist, wenn man glaubt, dass die Schweiz die EU unter Druck setzen kann.»
– , Professorin für Europarecht und Rektorin, , 5.3.2016

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– via

«Les données, c’est le pétrole du XXIe siècle.»
– , professeur au Département d’informatique, RTS1, , 05.03.2016

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«Das Priestertum aller Gläubigen bedeutete für Luther die Ebenbürtigkeit aller Christenmenschen beiderlei Geschlechts.»
– , Ord. Prof. für Geschichte der Neuzeit, , 3.3.2016

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«Sender müssen für den Konsum, nicht für die Produktion bezahlt werden.»
– , Leiter des Lehrstuhls für Theorie der Finanz- und Wirtschaftspolitik, zum Finanzierungsmodell des Service public, , 3.3.2016

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«Man kann Theologie studieren, ohne an Gott zu glauben. Denn die Frage nach Gott deutet schon an, dass Gott im höchsten Masse frag-würdig ist (…)»
– , Lehrstuhlinhaber Fundamentaltheologie, , 3.3.2016

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«Une large part de la population s’est levée, elle n’est plus prête à tolérer la haine, l’inconvenance et l’alarmisme de l’UDC.»
– , sous-assistante au Département d’histoire contemporaine, , 03.03.2016

 

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Jihad au féminin /alma-georges/articles/2015/djihad-au-feminin /alma-georges/articles/2015/djihad-au-feminin#respond Thu, 05 Nov 2015 06:47:07 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=1156 Le phénomène interroge et interpelle. Pour le comprendre, il faut impérativement dépasser les idées préconçues. La sociologue des religions Géraldine Casutt s’intéresse aux jeunes Européennes qui partent faire le jihad. Son travail propose des pistes concernant leurs motivations et des ébauches de solutions pour aider les familles.Ìý

Le départ de certains jeunes, musulmans ou récemment convertis, est un phénomène relativement nouveau dans nos sociétés occidentales. L’islam, en passe de radicalisation, et la création d’un Etat islamique attirent des adolescents qui décident de participer au jihad, souvent à l’insu de leurs propres familles. Cette attraction dangereuse ne touche pas uniquement les garçons…

Dans sa thèse de doctorat en Science des religions, Géraldine Casutt, assistante à l’Université de Fribourg, se penche sur la question: «comment être jihadiste en tant que femme?». Elle s’intéresse, d’une part, aux filles qui quittent tout pour rejoindre les jihadistes et, d’autre part, au désarroi et à la souffrance des familles qui ne comprennent plus leur enfant. Via les réseaux sociaux, elle parvient à établir et à maintenir le contact avec quelques jeunes filles avant et après leur départ en Syrie; sa démarche scientifique, neutre et sans jugement, ainsi que le choix déontologique de ne pas masquer sa véritable identité, permet à la sociologue des religions d’instaurer un climat de confiance, précieux pour rassembler des témoignages et poser des questions sur leurs motivations. Le lien entre l’individu et le religieux apparaît alors très vite et sert de fil rouge à sa réflexion et à son analyse du phénomène.

Conférence sous surveillance

La radicalisation est un thème d’actualité et les termes «islam» et «jihad» sont à manier avec précaution. Afin d’éviter les étiquettes trop tenaces et les amalgames malheureux, le choix des mots et des définitions se révèle extrêmement important. C’est dans cette perspective que Géraldine Casutt est amenée à collaborer avec des spécialistes issus de différentes disciplines. Elle a récemment invité le journaliste David Thomson et l’expert du salafisme Samir Amghar à donner une conférence commune, intitulée «La religion du jihad et le jihad comme religion: quelle place pour l’argument religieux dans les motivations des candidats au jihad en Syrie?», à l’Université de Fribourg. Devant un auditoire comble, discrètement surveillé par des policiers prêts à intervenir à tout moment, les conférenciers ont donné leur avis, entre autres, sur la justification religieuse du jihad et du départ en Syrie, du point de vue des acteurs. Dans une ambiance calme et respectueuse, ils ont ensuite répondu aux questions du public.

Une telle conférence aurait difficilement pu être organisée en toute sérénité en France; paradoxalement, dans ce pays hyperlaïque, la question religieuse en lien avec l’intégration occupe le devant de la scène médiatique et politique de manière récurrente. Les Suisses, moins touchés que leurs voisins par les départs des jeunes en Syrie, se posent en observateurs, tout en cherchant des informations qui leur permettront de se forger une opinion. Car là réside toute l’ambigüité du phénomène: tout le monde, aussi bien spécialiste que citoyen lambda, a un avis sur l’islam, l’intégration des musulmans, la radicalisation, la montée au pouvoir de l’Etat islamique, le terrorisme ou le jihad, mais personne n’est capable de relativiser un débat compliqué et très émotionnel.

Le jihad: une affaire d’hommes?

Si, du côté de l’opinion publique, on parvient à établir un lien entre les hommes et le jihad, à travers le cliché bien ancré d’un masculin plus enclin à la violence et donc attiré par le combat, on n’envisage pas, en revanche, qu’une femme puisse volontairement choisir cette voie. Il est plus commode de penser qu’elles sont victimes, et non pas actrices et qu’elles ont forcément été manipulées par des hommes dans un contexte patriarcal propre à l’islam. Difficile de se représenter qu’une femme peut aussi être un facteur de radicalisation pour un homme. Le besoin, rassurant et acceptable, de considérer le départ des jeunes filles comme des cas particuliers et de réfléchir en termes de clichés, est bien présent. Impossible d’imaginer que le rapport à la violence illégale est le même pour les deux sexes et que seules la construction et la représentation distinguent les hommes des femmes. Leur rôle au sein du jihad est certes différent, mais la conviction reste la même. Epouses et mères, elles ne combattent pas; leur participation au jihad est perçue comme secondaire, mais pas leurs motivations. Précisons que certain-e-s considèrent l’immigration en terre de califat comme le sixième pilier de l’islam, tant cet acte est perçu comme important et nécessaire à la fois comme devoir religieux et pour son propre salut.

Phénomène religieux ou social?

Pour Géraldine Casutt, il convient de considérer les jihadistes avant tout comme des êtres humains et pas uniquement comme des terroristes; des personnes inscrites dans une société occidentale, la nôtre, qui leur fait miroiter des possibilités infinies, alors que la réalité est tout autre. La chercheuse est convaincue qu’on est en présence d’un phénomène social dans lequel l’aspect religieux joue un rôle explicatif important. Parler du départ pour le jihad dans la sphère publique permet donc de réaliser que ce choix est rationnel et ne tient pas uniquement du lavage de cerveau, comme le prétendent certains. En ce qui concerne les motivations de ces jeunes femmes, on peut citer, entre autres, un attrait général pour la discipline et une forme d’austérité, proposées dans l’islam radical, leur permettant de marquer leur opposition envers un monde occidental en perdition parce que trop laxiste. En se soumettant à des normes et des valeurs, reçues directement de Dieu, elles ontÌý l’impression de se rapprocher de leur spiritualité. Elles expriment aussi la volonté de participer à un nouveau type de société, considérée comme plus juste, puisque fondée sur des principes divins, et au sein de laquelle chaque sexe aurait une place et un rôle bien définis. La complémentarité y serait garante d’un ordre social et religieux équilibré. Finalement, elles évoquent fréquemment le désir fort de prendre part à un moment historique, à savoir la création du califat qui sera le théâtre de la fin des temps.

Face aux médias, en recherche de pathos et d’un spectacle parfois morbide, qui traitent ces départs pour la Syrie comme un phénomène de mode, et contre les clichés populaires qui ne voient dans l’islam que la violence et la non-intégration avec une tendance à l’ériger au statut d’ennemi de la liberté et de la paix, une réflexion scientifique, objective, neutre et dépourvue d’apriori favorise une prise de conscience sociale globale. Géraldine Casutt constate que ce choix fascine et interroge les citoyens occidentaux et que, si des conférences sur cette thématique attirent autant de monde, c’est parce que les gens veulent comprendre pour prévenir ces départs. Ils s’inquiètent de savoir ce que ces jeunes vont faire sur place, quelle menace potentielle ils représentent pour l’Europe et, surtout, quelle sera leur situation dans la société à leur retour.

Loin des clichés

Afin de désamorcer des clichés tenaces, Géraldine Casutt a décidé de s’intéresser également aux parents de ces adolescentes et aux mères en particulier. Jugées par l’opinion publique comme mauvaises, puisqu’elles représentent l’échec dans l’éducation de leur enfant, elles sont sans cesse confrontées à des critiques, parfois très violentes, provoquant des dégâts majeurs dans ces familles déjà dévastées. Pour la sociologue des religions, le jihadisme n’est pas nécessairement la continuité d’un parcours délinquant préexistant et les parents ne sont que rarement responsables des départs de leurs enfants. Il faudrait plutôt les considérer comme des victimes, presque des dommages collatéraux. En France, par exemple, les accusations sont dirigées contre la cellule familiale, alors qu’on attribue à l’Etat un rôle de gendarme plutôt que celui d’un éducateur à l’esprit critique. Pourtant, la chercheuse constate que les écoles et les institutions ont également un rôle à jouer.

Pour faire face à cette détresse, des groupes de soutien s’organisent en France et en Belgique, mais ils sont le fruit d’initiatives personnelles, les structures officielles persistant à envisager et à traiter le jihadisme comme des cas de délinquance juvénile, pour lesquels les parents sont toujours tenus pour responsables. C’est en privé, mais aussi dans ces associations, mises en place par des parents démunis, que Géraldine Casutt peut entendre ce que les mères ont à dire. Elle est parvenue à gagner leur confiance et à recueillir leurs confidences, tout aussi précieuses que les témoignages des jeunes filles parties en Syrie. En Suisse, pays moins touché par ce phénomène, de telles structures de soutien peinent à s’organiser.

Un dernier cliché reste encore à désamorcer: celui de penser qu’il y a une recette miracle à la déradicalisation. Là encore, Géraldine Casutt estime que la panacée n’existe pas et qu’un travail ne pourra se faire qu’au cas par cas, en proposant des solutions individuelles et non pas globales.

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Link:

  • Communiqué de presse de l’Unifr présentant la thèse de Géraldine Casutt.
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