Psychologie – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Wed, 21 May 2025 13:23:46 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Dans l’ère du temps /alma-georges/articles/2025/dans-lere-du-temps /alma-georges/articles/2025/dans-lere-du-temps#respond Wed, 21 May 2025 13:21:49 +0000 /alma-georges?p=22343 Dans nos sociétés du «tout numérique», notre rapport au temps évolue au gré des avancées technologiques. Pour échanger sur le rapport entre temps et numérisation et ses impacts sur notre qualité de vie, un symposium interdisciplinaire s’est tenu à l’Université de Fribourg.

«Le temps, c’est de l’argent», écrivait Benjamin Franklin en 1748. Mais le temps est bien plus que cela. S’il a toujours été une valeur limitée car non extensible, aujourd’hui il est devenu une denrée rare. Gagner du temps est une gageure, ne pas en perdre une obligation. De la rationalisation du travail survenue durant la Révolution industrielle à la possibilité d’être connecté·e·s 24h/24, notre rapport au temps a considérablement changé aussi bien dans nos vies professionnelles que privées. Avec pour conséquence un sentiment d’accélération continue, comme si les jours, les mois et les années passaient de plus en plus vite. L’utilisation de technologies numériques a encore accentué le phénomène, car en nous permettant d’être stimulé·e·s facilement, à tout moment et n’importe où, nous sommes constamment sollicité·e·s. Mais quels sont les impacts de ces changements sur notre qualité de vie? Pour y répondre, des expert·e·s de six pays européens, dont la Suisse, analysent en quoi la perception, l’utilisation et l’allocation du temps sont influencées par le niveau de numérisation et les normes culturelles.

Expériences temporelles étudiées
Réuni·e·s au sein d’un vaste projet baptisé TIMED, ces chercheur·euse·s décortiquent le rapport entre temps et numérisation. «Le projet européen consacré à l’expérience du temps à travers l’Europe à l’ère digitale réunit des sociologues, des philosophes, des ingénieurs, des psychologues et des spécialistes des médias. L’intérêt de ce symposium organisé à l’Université de Fribourg est de les réunir, ainsi que des personnes externes avec lesquelles nous pouvons échanger, réfléchir aussi à l’impact de nos résultats de recherches.», explique Chantal Martin Sölch, Vice-rectrice et professeure de psychologie clinique et de la santé à l’Université de Fribourg. Cette journée d’échanges interdisciplinaires favorise aussi le réseautage, le dialogue et les collaborations. De quoi mettre en valeur l’état des recherches sur des thématiques aussi variées que de comprendre comment les jeunes négocient le temps d’accès aux médias sociaux et à la socialisation ou le harcèlement numérique et les activités des jeunes en ligne, sans oublier aussi d’échanger sur les perceptions que nous pouvons avoir du temps qui passe. «Nous avons mené des é³Ù³Ü»å±ðs qualitatives par le biais d’entretiens avec différentes personnes dans tous les pays d’Europe associés au projet. Il en ressort que l’utilisation des technologies digitales nous vole du temps, les gens ont l’impression de perdre leur temps, de ne plus avoir la mesure du temps lorsqu’ils et elles sont sur les médias sociaux. Mais d’un autre côté, on constate que les personnes plus jeunes ont développé leurs propres stratégies pour diminuer le temps qui leur est volé sur les réseaux sociaux. Il y a donc une sorte d’apprentissage, d’adaptation qui se met en place.», précise Chantal Martin Sölch. La réflexion porte aussi sur la pression du temps qu’opère la digitalisation. «Nous recevons plus de messages, nous sommes constamment sollicité·e·s par tous les canaux et cela crée une plus grande charge mentale. Mais de l’autre côté, il y a le lien à la productivité. Lorsqu’on a le sentiment d’avoir été productif·ve, d’avoir gardé le contrôle, cela engendre un sentiment de satisfaction et de bien-être».

Se réapproprier le temps
L’é³Ù³Ü»å±ð menée par TIMED démontre que les personnes sondées ont le sentiment que les médias sociaux tuent leur temps. Or, Chantal Martin Sölch est convaincue «qu’il faut apprendre ou réapprendre à gérer son temps entre productivité au travail, temps de loisirs et pourquoi pas, perdre son temps. Il ressort aussi de nos recherches qu’il est difficile pour les gens d’avoir l’impression de ne rien faire de son temps. Cela engendre beaucoup de culpabilité. Ce qui est aussi le cas lorsque des personnes ont l’impression de perdre du temps parce qu’elles ont passé un moment plus ou moins long à regarder des vidéos sur les réseaux sociaux.» Se réapproprier son temps est donc nécessaire, quitte à se priver momentanément du numérique.

L’affect positif du Sudoku
Les chercheur·euse·s de TIMED ont analysé l’impact que peut avoir une privation numérique de sept minutes et demie sur l’état psychophysiologique et la perception du temps. Pour ce faire, 90 participant·e·s, réparti·e·s en trois groupes, devaient soit utiliser librement leur smartphone, soit effectuer un sudoku, soit attendre (privation numérique passive). Activité électrodermale, rythme cardiaque, état affectif des sujets ont été recueillis. Il ressort de cette expérience que les participant·e·s n’exerçant aucune activité s’ennuyaient plus que les sujets «actifs» et avaient le sentiment que le temps passait plus lentement. «Le Sudoku a induit plus d’affect positif et était plus engageant sur le plan cognitif que l’utilisation gratuite d’un smartphone en ce qui concerne les mesures de la variabilité de la fréquence cardiaque. Les résultats suggèrent que l’exécution d’une tâche numérique (utilisation gratuite d’un smartphone) est moins exigeante sur le plan cognitif qu’une tâche non numérique (sudoku) et qu’elle modifie la perception du temps de la même manière.», révèle, entre autres, l’é³Ù³Ü»å±ð qui devrait être répliquée sur le terrain avec des périodes de privation numérique plus longues afin de confirmer ces résultats.

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«Nos émotions nous aident à faire des choix dans tous les domaines de notre vie» /alma-georges/articles/2025/nos-emotions-nous-aident-a-faire-des-choix-dans-tous-les-domaines-de-notre-vie /alma-georges/articles/2025/nos-emotions-nous-aident-a-faire-des-choix-dans-tous-les-domaines-de-notre-vie#respond Mon, 03 Feb 2025 15:19:55 +0000 /alma-georges?p=21938 Les émotions jouent un rôle clé dans nos processus décisionnels. Pourtant, jusqu’à récemment, les scientifiques ne leur ont pas accordé l’attention qu’elles méritaient. Grand spécialiste en la matière, David Sander, professeur de psychologie à l’Université de Genève, viendra en souligner l’importance le 7 février prochain à l’Université de Fribourg.

Parmi les innombrables disciplines scientifiques, les sciences affectives dont vous êtes le «chantre» ne sont pas les plus connues. De quoi s’agit-il?
La discipline des sciences affectives est en effet bien moins connue que sa grande sÅ“ur «les sciences cognitives». Une des raisons de cette méconnaissance est certainement tout simplement sa récence: les sciences affectives sont devenues un champ académique en tant que tel il y a seulement une trentaine d’années! La Suisse a été pionnière dans son développement avec la création par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, en 2005, du Pôle de Recherche National en Sciences Affectives. Même si la création des sciences affectives, comme discipline, est relativement récente, son objet d’é³Ù³Ü»å±ð fascine les plus grands penseurs depuis plus de 2000 ans!

Comment se fait-il que cette dimension émotionnelle, que je dirais presque évidente, n’ait pas été prise en compte auparavant?
En effet, l’é³Ù³Ü»å±ð des émotions et des autres phénomènes affectifs a passionné des auteurs tels qu’Aristote, Descartes ou Darwin bien avant que de nombreuses disciplines s’associent pour créer les sciences affectives. Ces dernières regroupent notamment la psychologie, la philosophie, les neurosciences, la psychiatrie, la neurologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, l’histoire, la littérature, la linguistique ou encore l’informatique. Depuis plus de 2000 ans, les émotions ont été étudiées dans des cadres incluant d’autres phénomènes affectifs tels les sentiments, les préférences, les motivations, les humeurs, les passions, les styles affectifs, les désirs ou encore les pulsions. L’analyse des émotions en tant que phénomènes psychologiques, corporels et sociaux date au moins de l’Antiquité. Je dirais que le changement récent provient d’au moins trois sources:

  • Tout d’abord, au niveau théorique, on a longtemps opposé cognition et émotion, probablement à cause du débat classique entre raison et passion. Mais les recherches actuelles montrent que cette opposition n’est pas justifiée.
  • Ensuite, il y a eu des développements méthodologiques dans de nombreuses disciplines qui permettent de mieux étudier expérimentalement les émotions. Par exemple, les développements spectaculaires de la neuroimagerie dans les années 1990 permettent d’étudier les bases cérébrales des émotions tel que cela était impensable il y a encore 50 ans.
  • Finalement, je dirais qu’il y a un courant de pensée actuelle, que nous avons appelé l’affectivisme, qui démontre que les émotions sont utiles pour mieux comprendre, non seulement les processus affectifs, mais également le comportement et la cognition.

Dans quelle mesure nos émotions influencent-elles notre attention, notre mémoire et nos décisions?
Les émotions influencent ces mécanismes «pour le meilleur et pour le pire». Elles constituent en fait des réponses à des situations internes, comme des souvenirs, ou externes, comme par exemple une odeur, une musique ou une scène visuelle. Les informations les plus émotionnelles sont triées de manière prioritaire et sont aussi mieux encodés, mieux mémorisés que celles dont la charge émotionnelle est moindre. Nous pensons que la modulation de l’hippocampe (qui est une région très importante pour la mémoire épisodique) par l’amygdale (qui est une région très importante pour les émotions) favorisent ce mécanisme. Puisque nos émotions ont le potentiel d’attribuer une valeur affective à chacune des options d’une prise de décision, nous utilisons nos émotions pour faire des choix dans tous les domaines de notre vie, aussi bien lorsqu’il s’agit de décider de ce que l’on va manger que de décider pour qui l’on va voter.

A un niveau personnel, est-ce que votre propre perception des émotions a évolué grâce à vos recherches?
Oui! Je considère les émotions, celles des autres et les miennes, de manière beaucoup plus sérieuse qu’avant en tant que sources d’informations utiles. Les émotions authentiques étant des réponses fonctionnelles à l’environnement, elles nous informent sur ce qui est important pour nous et sur ce qui est important pour les personnes autour de nous. Sachant à quel point elles guident notre comportement et notre cognition, je me demande souvent quelle émotion je ressens ou quelle émotion quelqu’un d’autre ressent et si cette émotion est justifiée.

Au terme de votre conférence, si les participant·e·s ne devaient retenir qu’un seul message, quel serait-il?
Ce message serait le suivant: les émotions sont souvent rationnelles et elles ne s’opposent pas à la cognition. Ce message peut surprendre, mais je pense qu’il est important de se rendre compte que ni notre esprit ni notre cerveau ne sont «coupés en deux» avec, d’un côté, des processus émotionnels qui seraient irrationnels et, de l’autre, des processus cognitifs qui seraient rationnels. Prenez un exemple très simple: face à un danger imminent, il est rationnel d’avoir peur: l’organisme va rapidement se préparer à réagir, par exemple en fuyant. Notre expression faciale et vocale permet même d’alerter d’autres membres de notre groupe à propos du danger. Une réaction irrationnelle face à un danger serait justement de ne pas avoir peur! Mais la peur peut également être irrationnelle, par exemple quand il n’y a pas de raison d’évaluer la situation comme dangereuse. Une émotion justifiée nous aide à adopter un comportement adapté en mobilisant de nombreux processus cognitifs.

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  • , Journée d’é³Ù³Ü»å±ðs, Ouvert au grand public, 07.02.2025 09:30 – 16:30
  • Délai officiel d’inscription au 3 février (possibilité de s’inscrire sur place)

 

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Emotionen und Essanfälle – Diese Studie untersucht, wie sie zusammenhängen /alma-georges/articles/2025/emotionen-und-essanfaelle-diese-studie-untersucht-wie-sie-zusammenhaengen /alma-georges/articles/2025/emotionen-und-essanfaelle-diese-studie-untersucht-wie-sie-zusammenhaengen#respond Fri, 17 Jan 2025 13:34:45 +0000 /alma-georges?p=21919 Warum greifen manche Menschen in stressigen Situationen zu Essen, während andere cool bleiben? Eine neue Studie untersucht, wie Emotionen, Essanfälle und das Arbeitsgedächtnis zusammenhängen. Doktorandin Cindy Heinzmann vom Departement für Psychologie erklärt, worum es geht.

In Ihrer Studie untersuchen Sie den Zusammenhang zwischen Essanfällen, Emotionen und dem Arbeitsgedächtnis. Wie hängen diese Faktoren zusammen, und welche Fragestellungen möchten Sie damit beantworten?
Studien zeigen einen kausalen Zusammenhang zwischen Emotionsregulation (ER) und Essanfällen bei Binge Eating Störung. Es bleibt jedoch unklar, welche Mechanismen für diesen Zusammenhang verantwortlich sind. Aus Laborstudien ist bekannt, dass unser Arbeitsgedächtnis dabei eine zentrale Rolle spielt, indem die Auslastung des Arbeitsgedächtnisses die Fähigkeit, sich in herausfordernden Situationen selbst zu regulieren, beeinflusst. Weiter zeigen diese Untersuchungen, dass eine funktionale (adaptive) Emotionsregulation die Arbeitsgedächtniskapazität erhöht, während maladaptive Emotionsregulationsstrategien diese reduziert. In unserer von Schweizerischen Nationalfonds geförderten Studie untersuchen wir diese Zusammenhänge im Alltag und im Labor bei erwachsenen Personen (18-69 Jahre), die unter einer Binge-Eating-Störung leiden.

Sie rekrutieren Proband_innen mit einer Binge-Eating-Störung (BES). Wie wird BES in der Forschung genau definiert, und welche Kriterien sind dafür ausschlaggebend?
Das Kernmerkmal einer BES stellen objektive Essanfälle dar, wobei betroffene Personen innerhalb von ca. zwei Stunden eine erheblich grössere Nahrungsmenge zu sich nehmen als die meisten Menschen in einem vergleichbaren Zeitraum, unter vergleichbaren Bedingungen. Da die Definition einer «erheblich grössere Nahrungsmenge» Spielraum für subjektive Interpretation lässt, ist der erlebte Kontrollverlust während Essanfällen entscheidend. Das Erleben von Kontrollverlust kommt zudem meist zusammen mit schnellerem Essen, Essen ohne Hunger oder bis zu einem unangenehmen Völlegefühl vor. Nach den Essanfällen treten häufig Scham-, Ekel-, und Schuldgefühle, sowie Deprimiertheit auf, was zu einem Teufelskreis aus negativen Gefühlen und weiteren Essanfällen führt. Im Unterschied zur Bulimia Nervosa fehlen bei BES regelmässige kompensatorische Massnahmen wie Erbrechen oder exzessives Sporttreiben.

Wie leicht oder schwer kann eine Person selbst einschätzen, ob sie von BES betroffen ist oder ob es sich lediglich um gelegentliches Überessen handelt?
Ganz einfach ist diese Einschätzung nicht und im Zweifelsfall sollte dazu eine Fachperson in Klinischer Psychologie hinzugezogen werden. Am besten können wir «Überessen» von einem Essanfall unterscheiden, indem wir uns die Frage stellen, ob wir innerhalb eines bestimmten Zeitraums objektiv oder nur gemäss unserer Einschätzung (subjektiv) viel essen (Mengenkriterium). Weiter ist die Antwort auf die Frage entscheidend, ob wir dabei das Gefühl erleben, dass es nicht nur schwierig ist, weniger zu essen oder das Essen zu unterbrechen, sondern dass wir nicht in der Lage sind, mit dem Essen aufzuhören, bis wir uns unangenehm voll fühlen (Kriterium des Kontrollverlusts). Handelt es sich um einen Essanfall, so werden beide Fragen mit «Ja» beantwortet (objektiv grosse Mengen Essen, kombiniert mit dem Erleben von Kontrollverlust). Hingegen handelt es sich um Überessen, wenn zwar mehr gegessen wird als üblich oder Andere essen würden, aber ohne, dass dabei Kontrollverlust erlebt wird.

In Ihrer Studie induzieren Sie gezielt schlechte Laune. Wie genau wird das durchgeführt, und warum ist dieser Aspekt für Ihre Untersuchung von Bedeutung?
Die Forschung und unter anderem auch Arbeiten aus unserer Arbeitsgruppe zeigen, dass weniger schlechte Laune, aber das Erleben negativer Gefühle wie Stress, Frustration, Ärger, Traurigkeit, Verzweiflung, Langeweile oder Leere, wichtige Vorläufer für Essanfälle darstellen. Um den Einfluss dieser Gefühle und des Umgangs damit auf Essanfälle besser zu verstehen, induzieren wir im Labor negative Stimmung durch Bilder und Videos. In dieser Stimmung werden Proband_innen trainiert, verschiedene Strategien zur  Emotionsregulation anzuwenden. Wir interessieren uns dafür, wie sich diese Strategien auf die Befindlichkeit und die BES auswirken.

Auf sozialen Medien gibt es einen Trend, bei dem Personen mit BES ihre täglichen Essensmengen dokumentieren und zeigen. Wie bewerten Sie diesen Ansatz – sehen Sie darin Potenzial, Risiken oder beides?
Bei Social-Media-Trends wie «What I eat in a day» oder «What I eat on a binge day» ist es wichtig, zwischen unterschiedlichen Intentionen der Creators zu unterscheiden. Nutzt ein Creator das Format, um funktionale Strategien wie Selbstfürsorge (z. B. unterstützende Selbstinstruktion) nach einem Essanfall zu fördern, um die negativen Gefühle besser aushalten zu können, kann das positive Effekte haben. In der Psychotherapie bei BES wird die Selbstbeobachtung der täglichen Nahrungsaufnahme in Kombination mit dem Protokollieren von situativen Bedingungen, Gedanken, körperlichen Zuständen und Gefühlen angewendet. Auf diese Weise hilft das Dokumentieren der Nahrungsaufnahme herauszufinden, was Essanfälle auslöst und aufrechterhält. Das blosse Dokumentieren der Essensmengen ist nicht nützlich, und den Fokus auf kompensatorisches Verhalten wie z.B. Erbrechen etc. zu legen, ist schädlich. Allgemein ist beim Konsum sozialer Medien zu beachten, dass wir selten so gut lernen, wie am Modell und dass wir die Modelle auf sozialen Medien genauso kritisch betrachten und aussuchen sollten wie im echten Leben …

Sie suchen weiterhin nach Proband’innen für Ihre Studie. Wie herausfordernd ist es, passende Personen zu finden? Und wie viele Menschen sind Ihrer Einschätzung nach insgesamt von BES betroffen?
Die BES ist die am weitesten verbreitete Essstörung mit einer Lebenszeitprävalenz (= es wird ermittelt, wie viele Personen irgendwann in ihrem Leben schon einmal an BES gelitten haben, Anmerkung der Redaktion) von 1,9 bis 4%. Zudem kommt sie bei Personen mit bei Geburt zugewiesenem weiblichen und männlichen Geschlecht beinahe gleich häufig vor, was die BES auf den ersten Blick zu einer leicht zugänglichen Zielgruppe für die Forschung machen könnte.

Für experimentelle Studien im Labor und Behandlungsstudien gilt allgemein, so auch für die BES, dass die Rekrutierung immer schwieriger verläuft als angenommen. Dies kann daran liegen, dass betroffene Personen selbst nicht erkennen, dass sie unter einer BES leiden, da das Störungsbild in der Allgemeinbevölkerung noch nicht ausreichend bekannt ist. Weitere Gründe beinhalten die Scham betroffener Personen, über ihr Problem zu sprechen und sich für eine Studie zum Thema anzumelden. Dies gilt vor allem fürs Überessen, was durch den gesellschaftlichen Druck, sich vermeintlich perfekt kontrollieren können zu müssen, verstärkt wird.

Unsere Forschungsgruppe arbeitet seit Jahren genau an der Überwindung dieser Schwierigkeiten und hat zum Ziel, das Verständnis und das gesellschaftliche Bewusstsein für die Behandelbarkeit von Essstörungen zu verbessern. In der aktuellen Untersuchung können wir dank der Unterstützung des SNF die finanzielle Vergütung betroffener Personen bei der Klärung unserer Forschungsfragen ermöglichen. */**

Betroffene Personen mit BES, die Behandlung suchen, informieren sich gerne über unsere Webpage (PTPS) über das Vorgehen. Neu bieten wir nebst der Behandlung in Präsenz ein begleitetes Onlineprogramm zur Behandlung der BES an unserer Praxisstelle an.

*Psychologiestudierende erhalten Versuchspersonenstunden für Ihre Teilnahme an den Untersuchungen.

** Alle weiteren Teilnehmenden können für ihre Teilnahme an beiden Teilstudien mit einem Betrag von insgesamt CHF 430CHF für ihren Aufwand entgolten werden.

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Semaine happy: y’a d’la joie (malgré tout) /alma-georges/articles/2024/semaine-happy-ya-dla-joie-malgre-tout /alma-georges/articles/2024/semaine-happy-ya-dla-joie-malgre-tout#respond Wed, 11 Dec 2024 07:43:56 +0000 /alma-georges?p=21700 La première édition de la semaine du bien-être et de la santé mentale à l’Unifr a été un franc succès. Vous avez été plus de 2000 à visiter les stands, ateliers et conférences. Le webzine Alma&Georges en a profité pour prendre votre pouls. 

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Ein spannendes Buch … aber zum Einschlafen! /alma-georges/articles/2024/ein-spannendes-buch-aber-zum-einschlafen /alma-georges/articles/2024/ein-spannendes-buch-aber-zum-einschlafen#respond Wed, 16 Oct 2024 09:01:05 +0000 /alma-georges?p=21086 Wir schlafen ein Drittel unseres Lebens, zumindest diejenigen, die nicht an Schlaflosigkeit leiden. Und dennoch wissen wir so wenig darüber, was Schlaf wirklich ist. Salomé Kurth und Caroline Lustenberger lüften den Schleier über dieses grosse Mysterium und enthüllen in einem spannenden Buch die Geheimnisse einer gelungenen Nacht.

Auszug
Reden im Schlaf: Falls Sie nachts plötzlich «Nein!» rufen oder sich in einem mysteriösen Monolog verlieren, sind Sie vielleicht ein Nachtschwätzer. Beim Schlafreden murmeln, lachen, schreien und flüstern wir Worte, die direkt aus unseren Träumen zu stammen scheinen. Interessanterweise enthalten solche nächtlichen Äusserungen durchschnittlich neun Wörter – Männer neigen dazu, sich etwas ausführlicher auszudrücken als Frauen. Besonders amüsant: Schimpfworte sind häufiger zu hören als politisch korrekte – man könnte meinen, im Schlaf fielen alle gesellschaftlichen Masken. «Nein» ist übrigens das am häufigsten im Schlaf gesprochene Wort.

Im Leben sind Herausforderungen unvermeidlich und ebenso die Tatsache, dass diese unseren Schlaf stören können. Diese Herausforderungen, durch biologische oder soziale Gründe bedingt, entziehen uns die Kontrolle über unseren Schlaf. Ob es sich um das endlos scheinende Kreisen von Gedanken, beruflichen Stress, finanzielle Not, die Pflege kranker Kinder, den Schmerz über den Verlust nahestehender Personen, die Folgen eines Unfalls oder die Auswirkungen von Feiertagen mit Alkohol und schwerer Kost handelt – die Gründe für Schlafprobleme sind vielfältig, mal heftiger, mal leichter. Es ist hilfreich, diese Phasen anzunehmen, statt sich dagegen zu wehren, denn unser Organismus hat die bemerkenswerte Fähigkeit, sich anzupassen und zu regenerieren. So können wir die negativen Auswirkungen dieser Phasen meistens ausbalancieren und zu einem gesunden Schlafmuster zurückfinden.

  • TIPP | Verfluchen Sie die Welt beim Aufstehen? Versuchen Sie, gleich nach dem Aufstehen Sonnenlicht/Tageslicht zu suchen oder sich mit einer Tageslichtlampe zu beleuchten. Dies signalisiert Ihrem Gehirn, dass der Tag begonnen hat. Zusätzlich kann es auch helfen, mit leichten Bewegungen im Bett (z. B. «Velofahren» mit den Beinen) den Kreislauf in Schwung zu bringen. Nehmen Sie sich Zeit und gestalten Sie Ihre persönliche kurze Morgenroutine, auf die Sie sich schon am Abend zuvor freuen. Vielleicht sehen für Sie die idealen 15 Minuten so aus, dass Sie Ihren Lieblingspodcast weiterhören, während Sie an der frischen Luft auf dem Balkon einen Tee geniessen? Es muss nichts Ausgefallenes oder Langes sein und kann auch nur das Hören eines energievollen und motivierenden Musikstücks sein, während Sie die Zähne putzen.
  • TIPP | Positives Denken Hatten Sie eine schlechte Nacht oder Probleme beim Einschlafen? Sorgen Sie sich bereits wegen der kommenden Nacht? Denken Sie um – Ihr Schlafdruck ist jetzt gestiegen, was biologisch zu tieferem und festerem Schlaf führen wird. Die Wissenschaft weiss: Der Schlaf reguliert sich teilweise selbst. Seien Sie heute liebevoll zu sich.

Was ist die Aussage des Werks, worum geht es im Buch?
Neuste Zahlen des Bundesamts für Statistik zeigen, dass 26% der Menschen unter mittleren und 7% unter pathologischen Schlafstörungen leiden. Frauen haben mit 37 % Prozent häufiger Schlafprobleme als Männer (29%) und insbesondere der Anteil an jungen Frauen mit Schlafproblemen hat rapid zugenommen. In unserer hektischen, digitalisierten Welt sind Schlafprobleme also weit verbreitet. Doch welche neuen Erkenntnisse liefert die Schlafforschung? Wie können wir dieses Wissen für uns nutzen und welche Tipps sind wirklich hilfreich? Dieses Buch vereint die aktuellsten Forschungsergebnisse rund um den Schlaf, und behandelt dabei Aspekte wie Schlafregulation, den Einfluss von Technologie auf den Schlaf sowie die Rolle der persönlichen Bewertung unserer Schlafqualität. Wir legen besonderen Wert darauf, die Individualität des Schlafs zu berücksichtigen, da sich nicht jede oder jeder in ein standardisiertes Schema einordnen lässt. Interviews mit renommierten Expert_innen, praxisnahe Fallbeispiele sowie praktische Werkzeuge wie ein herunterladbares Schlaftagebuch bieten Leser_innen zudem zahlreiche Möglichkeiten, das Gelernte direkt anzuwenden und auszuprobieren.

Warum sollte man es lesen? 
Dieses leicht verdauliche Buch lohnt sich, weil es auf einzigartige Weise wissenschaftliche Forschung mit einer achtsamen Herangehensweise kombiniert, um den Schlaf nachhaltig zu verbessern und zu priorisieren, ohne dabei Druck auszuüben. Gleichzeitig betont es die Bedeutung, mit mehr Leichtigkeit und Gelassenheit an das Thema Schlaf und phasenweise Schlafprobleme heranzugehen, da Stress den eigenen Schlaf negativ beeinflusst.  Es unterstützt die Leser_innen dabei, ihren Schlaf strukturiert, und gleichzeitig flexibel zu optimieren. Leserfreundlich und unterhaltsam geschrieben bietet es einen umfassenden Leitfaden zum Verständnis und Verbesserung des eigenen Schlafs. Anders als viele Ratgeber liefert es nicht nur spannende Fakten, sondern auch interaktive Elemente voller wertvoller Tipps und Übungen. Auch für diejenigen, die bereits einen guten Schlaf geniessen, ist es hilfreich, da es verdeutlicht, dass guter Schlaf nicht erst beim Zubettgehen beginnt, sondern durch das Verhalten und die Gewohnheiten über den ganzen Tage hinweg beeinflusst wird. Der grösste Pluspunkt liegt darin, dass fundierte wissenschaftliche Erkenntnisse leicht verständlich, abwechslungsreich, und direkt anwendbar für den Alltag aufbereitet werden. Dabei werden auch hochaktuelle Themen behandelt, wie der Einfluss digitaler Medien, das Schlaftracking sowie die eigene Einstellung und Wahrnehmung, die massgeblich den Schlaf beeinflussen können.

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  • . Individuelle Tipps für besseren Schlaf, Salome KURTH , Caroline LUSTENBERGER
  • Salomé Kurth
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Soigner la Planète pour soigner l’âme /alma-georges/articles/2024/soigner-la-planete-pour-soigner-lame /alma-georges/articles/2024/soigner-la-planete-pour-soigner-lame#respond Fri, 20 Sep 2024 07:51:55 +0000 /alma-georges?p=20965 Pour prendre soin d’eux, les humains doivent prendre soin de la Terre. Et retrouver la connexion originelle avec la nature, mise à mal par le dualisme prévalant dans les sociétés occidentales. Devant l’intérêt grandissant pour l’écopsychologie, l’Unifr a lancé une formation continue pionnière. 

Imaginons deux amis assis côte à côte dans un café. L’un est plongé dans un manuel de psychologie, l’autre dans une revue écologiste. Lorsque leurs consommations arrivent, ils marquent une pause et échangent brièvement sur leurs lectures respectives. Ils se chamaillent alors gentiment, chacun estimant que son sujet de prédilection a davantage de sens – et d’importance – que celui de l’autre.

C’est justement en prenant conscience de la profondeur du gouffre existant entre les sciences de l’écologie et les sciences humaines que l’écrivain, sociologue et historien américain Theodore Roszak a élaboré le concept d’écopsychologie, un terme mentionné pour la première fois en 1992 dans son ouvrage «The voice of the earth: an exploration of ecopsychology». Son constat: tandis que la pensée écologique œuvre à la recherche de solutions techniques au réchauffement climatique – sans se demander pourquoi les humains détruisent leur planète –, les sciences humaines se focalisent pour leur part sur les rapports de soi à soi ou de soi aux autres. D’où l’idée d’un nouveau terrain de recherche visant à comprendre les liens entre la psyché et la nature.

Selon la perspective de Theodore Roszak, l’écopsychologie se détourne de l’attitude anthropocentrée qui figure au cœur de la psychologie occidentale contemporaine, pour introduire le concept d’«inconscient écologique». Toujours d’après cette approche, il n’est pas possible de soigner la psyché sans prendre soin de la Planète, et vice-versa. «Concrètement, l’écopsychologie étudie les effets qu’un environnement pollué a sur la santé mentale et comment les nuisances de notre monde moderne peuvent ajouter à l’anxiété, au stress et à l’aliénation dont nous semblons souffrir de plus en plus. Elle explore également les effets que notre relation psychologique avec la nature a sur l’environnement. Elle pose enfin des questions du genre: de quelle manière la dévastation de nos écosystèmes est-elle liée aux différentes formes de détresses psychologiques?», observe Francis Mazure dans une citation rapportée sur le site .

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«L’écopsychologie montre aussi comment la déconnexion avec la nature contribue au développement de troubles psychologiques ou à la fragilisation de la santé mentale», souligne Chantal Martin Sölch. La professeure de psychologie de l’Unifr renvoie notamment à des qui ont mis en lien les problèmes de santé mentale avec l’urbanisation. D’autres é³Ù³Ü»å±ðs récentes indiquent que «l’accès à des espaces verts augmente le bien-être et peut servir de facteur de résilience en lien avec les problèmes de santé mentale observés dans les régions urbaines». De façon plus large, il existe une abondante sur les «liens évidents entre la santé et l’exposition à la nature».

Afin de restaurer en profondeur la connexion entre les êtres humains et la nature, garante de la santé des deux, il est possible de s’appuyer sur différentes approches et méthodes, dans un esprit fondamentalement interdisciplinaire, voire transdisciplinaire. Autant d’approches qu’il ne faut pas confondre avec l’écopsychologie, puisqu’elles ne constituent que des outils. On peut par exemple avoir recours à l’écothérapie – qui utilise le contact avec la nature pour aider les gens à se sentir mieux -, à l’éducation à l’environnement, à la psychologie de l’environnement – qui implique notamment la prise en compte de la dimension humaine dans l’aménagement du territoire – ou encore au chamanisme.

Outil contre l’éco-anxiété
Dans un contexte sociétal de crise climatique, de nouvelles approches se développent en psychologie – et notamment en psychologie clinique – dont l’écopsychologie. Cette dernière séduit de plus en plus de personnes, que ce soient les thérapeutes ou les particuliers. Les recherches consacrées à ce sujet sont également en forte hausse, constate Chantal Martin Sölch. «En France et en Belgique, des formations et des manuels spécifiques se mettent en place.»

Convaincu de l’intérêt de cette discipline, son département a lancé cette année une formation pionnière en écopsychologie. Prenant la forme d’un atelier pratique d’une journée, elle est destinée d’une part aux personnes souhaitant découvrir comment le lien à la nature permet de se reconnecter à soi. D’autre part, elle cible les personnes travaillant dans la relation d’aide et souhaitant explorer de nouveaux outils concrets à intégrer dans leur pratique, qu’il s’agisse de psychologues, d’infirmiers ou encore de travailleurs sociaux. Le premier atelier, qui s’est déroulé au printemps dernier, a fait carton plein.

«L’idée de mettre sur pied cette formation a émergé entre autres suite aux résultats d’une menée par l’une de nos étudiantes en bachelor sur le thème de l’éco-anxiété, qui a fait l’objet d’une publication dans la revue ‘Cortica’», explique Chantal Martin Sölch. Une autre impulsion est venue d’une collaboration pour le développement d’un manuel d’écopsychologie. «Nous avons réalisé à quel point cette thématique était importante actuellement.» Or, l’écopsychologie offre «de nouveaux outils de lutte contre ce problème, tout comme elle propose, de façon plus large, de nouvelles pistes d’interventions aux psychologues».

Première suisse
Ancienne doctorante à l’Unifr et intervenante lors de l’atelier, la psychologue Dahlila Spagnuolo estime que l’écopsychologie offre de précieux instruments pour comprendre le «divorce» entre les hommes et la Terre qui s’est opéré au fil du temps. Un dualisme influencé par Descartes – voire, bien avant, par Aristote – et son postulat de la causalité, selon lequel les phénomènes du monde peuvent être décomposés en plusieurs enchaînements de causalités. Mais aussi «par la religion, les sciences et la vision des hommes héroïques». Elle rappelle qu’à l’inverse, de nombreuses sociétés et communautés à travers le monde – notamment celles pratiquant le chamanisme – «estiment que tout est connecté, sans domination humaine».

Selon Dahlila Spagnuolo, le simple fait d’emmener les gens dehors, de les inciter à être attentifs et à utiliser leurs cinq sens, ouvre la porte au changement et au mieux-être. «Les thérapeutes peuvent servir de médiateurs, proposer des exercices pour faciliter la connexion avec les arbres et la terre, mais aussi aider les gens à poser des questions à la nature et à obtenir des réponses, bref, à faire émerger du contenu.» Autre avantage: «La nature étant fondamentalement organique, on ne peut pas la contrôler.» A son contact, «on apprend à s’adapter, à se montrer flexible.»

Les thérapeutes s’intéressant à l’écopsychologie doivent eux aussi faire preuve de flexibilité. L’atelier organisé par l’Unifr a ainsi lieu par tous les temps, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il fasse froid. Agendée au 13 septembre 2024, la deuxième édition de la formation affichait complet. Un succès qui entrouvre la porte à la mise sur pied d’un CAS en écopsychologie, se réjouit Chantal Martin Sölch. «Ce serait une première en Suisse.

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Jenseits der Binarität /alma-georges/articles/2024/jenseits-der-binaritat /alma-georges/articles/2024/jenseits-der-binaritat#respond Fri, 19 Apr 2024 12:10:09 +0000 /alma-georges?p=20087 In einem Interview mit Tiziana Jäggi, einer Postdoktorandin am Departement für Psychologie, erhalten wir Einblicke in ihre faszinierende Forschung zu inklusiver Sprache und Geschlechtsidentität. Tiziana beschäftigt sich mit der Frage, wie inklusive Sprache das Denken beeinflusst und welchen Einfluss geschlechtsneutrale Pronomen auf die Identität haben können. 

Tiziana, als Postdoktorandin am Departement für Psychologie der Unifr, können Sie uns einen Einblick in Ihre Forschungsinteressen und Schwerpunkte geben?
In unserer Arbeitsgruppe «Psycholinguistik und angewandte Sozialpsychologie» beschäftigen wir uns häufig mit Fragestellungen zur inklusiven Sprache und deren Einfluss auf unser Denken. Beispielsweise, ob inklusive Sprache einen Einfluss auf die Jobwahl von Jugendlichen hat, oder ob bestimmte Formen von inklusiver Sprache (z.B. Beidnennung «Lehrerinnen und Lehrer») Frauen gedanklich verfügbarer machen können. Aktuell bin ich Teil eines internationalen Teams, das zu geschlechtsneutralen Pronomen forscht. Dabei sind wir daran interessiert, wie diese oftmals neuen Wortschöpfungen im Text verstanden werden, in welchen Kontexten sie gebraucht werden, und ob sie die gedankliche Verfügbarkeit von non-binären Personen erhöhen können. Als Psychologin bin ich aber nicht nur an der sprachlichen Seite von geschlechtsneutralen Pronomen interessiert, sondern möchte auch herausfinden, welche Bedeutung diese Pronomen für non-binäre Personen haben können.

Können Sie uns erklären, was Non-Binarität genau bedeutet, da du kürzlich einen Aufruf zur Teilnahme an der «Studie zum Pronomengebrauch bei nicht-binären Personen & die Bedeutung für die eigene Identität» gestartet hast?
Wenn wir von Non-Binarität bei Menschen sprechen, handelt es sich häufig um den Aspekt der Geschlechtsidentität. Die Geschlechtsidentität ist eine Dimension, welche unser Geschlecht ausmacht, die beschreibt, wie sich unser Geschlecht anfühlt. Bei non-binären Personen weicht die Geschlechtsidentität von den traditionellen, binären Geschlechtern Frau – Mann ab. Wie sich eine non-binäre Geschlechtsidentität anfühlt, ist sehr individuell und lässt sich nicht verallgemeinern. Bei manchen Personen kann sich dies äussern als fluider Wechsel zwischen Frau – Mann oder ausserhalb, andere Personen geben aber auch an, sich keinem Geschlecht zugehörig oder geschlechtslos zu fühlen. Einmal habe ich eine sehr poetische Beschreibung gehört, und zwar hat eine Person ihre Geschlechtsidentität als eine Art Leere wie im Weltraum, die auch etwas Expansives hat, beschrieben. Non-Binarität ist insofern auch relevant für unsere Sprache als diese binäre Strukturen aufweist, daher lässt sich Non-Binarität nicht mühelos sprachlich ausdrücken.

Was hat Ihr Interesse an der Untersuchung des Pronomengebrauchs bei nicht-binären Personen in der Schweiz geweckt, und welche spezifischen Fragen möchten Sie in Ihrer Forschung beantworten?
Pronomen sind ein gutes Beispiel für die Binarität der deutschen Sprache und gleichzeitig sind sie durch ihre Funktion als sprachliche Platzhalter für unseren Namen auch zum Teil identitätsstiftend. Vielleicht erinnern sich noch manche an die Schulzeit, wo wir gelernt haben, dass es im Deutschen drei grammatische Geschlechter gibt: weiblich, männlich, sächlich. Das sächliche Geschlecht klammern wir hier aus, da dies in der Regel für Dinge und Konzepte und bei Menschen höchstens bei Verkleinerungen oder mit negativer Konnotation verwendet wird. Nun bleiben noch zwei Pronomen, sie und er, und diese sind stark mit den Geschlechtern Frau – Mann Person verbunden. Wie können wir uns nun auf Personen beziehen, die non-binär sind? Diese Frage ist im Deutschen, dessen Strukturen viel grammatisches Geschlecht aufweisen, komplizierter zu beantworten als beispielsweise im Englischen, welches kein grammatisches Geschlecht aufweist. Da non-binäre Personen täglich dieser Frage ausgesetzt sind, sind es wohl auch sie, die sich kreative Lösungen dazu überlegt haben. Im ersten Teil meiner Studie zum Pronomengebrauch und der Bedeutung für die eigene Identität möchte ich also durch qualitative Interviews herausfinden, welche Themenbereiche für non-binäre Personen relevant sind im Zusammenhang mit dem eigenen Pronomengebrauch. Konkret möchte ich wissen, welche Strategien und Lösungen (z.B. Neopronomen) non-binäre Personen verwenden, in welchem Verhältnis Pronomen als Ausdruck der eigenen Geschlechtsidentität dienen, und welche Aspekte von Stigma und Diskriminierung im Zusammenhang mit den Pronomen relevant sind. In zweiten Teil der Studie, welcher vermutlich diesen Herbst/Winter ansteht, möchte ich die Ergebnisse der Interviews als Fragebogen ausbauen, um so ein besseres Abbild dieser Themen in der deutsch-sprachigen, non-binären Community zu erhalten.

Können Sie uns etwas über Neopronomen erzählen und ob bereits einige in der Schweiz weit verbreitet sind?
Neopronomen sind sprachliche Innovationen für Pronomen. Das heisst aber nicht, dass die uns bekannten Pronomen sie und er dadurch verschwinden, sondern dass neue Pronomen dazukommen, welche eben in der Lage sind non-binäres Geschlecht auszudrücken und sprachlich sichtbar zu machen. Es gibt noch nicht viel Forschung zur Verbreitung von Neopronomen im Deutschen, aber eine Masterarbeit von Myr Bloch an der Universität Genf hat im Deutschen die Neopronomen they und hen gefunden, welche ursprünglich geschlechts-neutrale Pronomen aus dem Englischen und Swedischen sind. Auf ein ähnliches Ergebnis kommt eine Umfrage vom Verein für Geschlechtsneutrales Deutsch e.V.: die beliebtesten Vorschläge für Neopronomen waren hier dey, hen, em, sier und en. Genauer kann ich diese Frage hoffentlich nach Abschluss der Studie beantworten. Eine weitere Strategie, die in meinen bisherigen Interviews öfters angesprochen worden ist, ist das Weglassen von Pronomen. Das heisst, im konkreten Fall würde man anstelle von sie oder er immer den Namen der Person einsetzen.

Glauben Sie, dass das Bewusstsein für (Neo-)Pronomen und Geschlechtsidentität in der Gesellschaft zugenommen hat? Warum wäre eine grössere Sensibilität in diesem Bereich erstrebenswert?
Konkrete Daten dazu kenne ich nicht, aber ich glaube, das Bewusstsein dazu hat nur bedingt zugenommen. Wenn Menschen eine non-binäre Person in ihrem engeren Bekanntenkreis haben, kommen sie unweigerlich dazu, sich mit dem Thema auseinander zu setzen, aber oftmals bleibt die Aufklärungsarbeit bei den non-binären Personen selbst hängen, was sehr anstrengend sein kann und im schlimmsten Fall auf Unverständnis für die eigene Identität stösst. In den Medien wird das Thema oftmals reisserisch behandelt, was wiederum mehr Unverständnis für das Thema schafft. Eine grössere Sensibilisierung führt hoffentlich dazu, dass wir mit dem Thema etwas unaufgeregter umgehen können. Oftmals kann Wissen über ein Thema helfen, Sorgen und Befürchtungen abzubauen, und man kann sich dann den wirklich spannenden Fragen mit Neugier und Empathie zuwenden. Für non-binäre Personen könnte eine grössere Sensibilisierung dazu führen, dass sie sich im Alltag weniger erklären müssen, was sich wiederum positive auf ihr Wohlbefinden auswirken kann. Denn was bisher auch in einigen Interviews angesprochen wurde, ist, dass die aktuelle rechtliche und sprachliche Situation dazu führt, dass sich einige non-binäre Personen nicht gesehen oder akzeptiert fühlen. In Bezug auf die sprachliche Sichtbarmachung von non-binären Personen hilft es, wenn sich offizielle Stellen klar positionieren und beispielsweise Leitfäden dazu verfügbar machen.

Welche Herausforderungen sind Ihnen bisher bei der Durchführung Ihrer Studie begegnet?
Soweit bin ich vor grösseren Herausforderungen verschont geblieben. Ich habe die Studie natürlich im Vorfeld gut vorbereitet, entsprechende Literatur dazu gelesen, mich mit non-binären Personen ausgetauscht und bereits Kontakte zur Community etabliert. Die Rückmeldungen auf den Aufruf waren durchwegs positiv und ich war überrascht wie viele Personen sich bereits gemeldet haben. Ich werte dies als Zeichen, dass das Thema innerhalb der non-binären Community auf grosses Interesse stösst.

Wie erhoffen Sie sich, dass die Ergebnisse deiner Studie dazu beitragen können, das Verständnis und die Unterstützung für nicht-binäre Personen zu verbessern?
In erster Linie hoffe ich, dass die Studie dazu dienen kann, eine Art Gradmesser für die deutschsprachige, non-binären Community in Bezug auf die Themen Pronomengebrauch und Identität zu sein. Ich kann mir vorstellen, dass die Ergebnisse für Interessengruppen wie dem Transgender Network Switzerland oder WeExist relevant sein können. Ausserdem können sie als Grundlage für Diskussionen zur non-binären Sprachpraxis verwendet werden. Wie bereits vorher gesagt, hoffe ich, dass mehr Wissen generell zu mehr Verständnis und Unterstützung führt und im Umkehrschluss zu weniger Stigma und Diskriminierung.

Zum Abschluss: In Ihrer E-Mailsignatur haben Sie Ihre Pronomen angegeben. Haben Sie weitere leicht umsetzbare Strategien, die Sie empfehlen können, um die Sichtbarkeit und Akzeptanz von Pronomenvielfalt zu fördern?
Neben der E-Mailsignatur kann man seine eigenen Pronomen auch auf Social Media, beispielsweise LinkedIn, hinzufügen. Wenn man neue Personen trifft, kann man sich auch selber mit dem Namen und den Pronomen vorstellen. Zum Beispiel: «Hallo mein Name ist Tiziana und ich verwende die Pronomen sie/ihr.» Dies erschafft einen Rahmen, in dem andere Personen ihre Pronomen auch teilen können. Obligatorische Pronomenrunden halte ich jedoch für wenig zielführend, denn es gibt auch Situationen, in denen sich non-binäre Personen nicht outen möchten, da das Umfeld für sie nicht sicher ist oder sie keine Aufmerksamkeit auf sich ziehen wollen. Ganz zum Schluss noch einen Tipp beim E-Mail-Schreiben: Wenn ich eine Person nicht kenne und sie höflich anschreiben möchte, verwende ich die neutrale Anrede «Guten Tag, Vornamen Nachnamen».

Zur Studie

Für die aktuelle Runde haben sich bereits zahlreiche Interviewteilnehmer_innen gefunden. Der zweite Teil der Studie wird im Herbst/Winter 2024 starten. Um auf dem Laufenden zu bleiben, folgen Sie bitte dem Instagram-Account @ppsa_lab.

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Le prix de l’enthousiasme /alma-georges/articles/2024/le-prix-de-lenthousiasme /alma-georges/articles/2024/le-prix-de-lenthousiasme#respond Fri, 23 Feb 2024 08:23:12 +0000 /alma-georges?p=19819 Elle ne ménage ses efforts ni pour transmettre sa passion pour la psychologie aux étudiant·e·s, ni pour les inciter à sortir des sentiers battus. Juste avant de quitter l’Unifr pour ouvrir son cabinet, Dahlila Spagnuolo a été désignée meilleure enseignante de l’alma mater.

Elle n’aurait pu rêver plus joli cadeau de départ. Alors qu’elle s’apprêtait à quitter l’Université de Fribourg pour ouvrir son cabinet de consultations psychologiques, Dahlila Spagnuolo s’est vu attribuer le prestigieux Credit Suisse Award 2023, qui récompense le ou la meilleur·e enseignant·e de l’Unifr sur proposition des étudiant·e·s. Cette spécialiste des méthodes psychocorporelles et de la pleine conscience n’en revient toujours pas. «La liste des candidat·e·s était aussi longue qu’impressionnante; la plupart avaient une expérience de l’enseignement bien plus grande que la mienne.» Durant 5 ans assistante-doctorante en psychologie clinique et de la santé à l’Unifr, Dahlila Spagnuolo suppose que «le côté innovant de ses cours a fait mouche.» Elle poursuit: «Ce qui ressort généralement des évaluations de mes étudiant·e·s, c’est qu’ils apprécient de pouvoir expérimenter en personne la matière enseignée.» Ses cours portant sur les techniques psychocorporelles comportent toujours des exercices pratiques d’auto-hypnose ou de méditation en pleine conscience.

Pas une «super experte»
L’enseignement «est de loin la partie de mon assistanat que j’ai la plus aimée», rapporte celle dont les recherches portent principalement sur les expériences extraordinaires de conscience telles que mort imminente, états mystiques ou induits par des substances. Interrogée sur son style d’enseignement, Dahlila Spagnuolo répond en souriant: «Il est guidé par la passion; si j’en crois les commentaires des étudiant·e·s, je me ‹distingue› par mon dynamisme et ma recherche infatigable de l’interaction, des échanges.» Elle précise: «Pour moi, il est essentiel que le vécu individuel des participant·e·s soit mis à profit du collectif.» Chaque cours est donc différent en fonction de l’auditoire. «Je me suis certes fixé des lignes directrices mais j’essaie de m’adapter sans cesse.»
La lauréate du prix décerné chaque année par la Credit Suisse Foundation – qui est remis dans de nombreuses hautes écoles du pays – confie que les outils de la psychologie l’ont sans doute aidée à devenir une meilleure enseignante. «Le fait d’aborder en cours certaines matières en posant des questions de nature émotionnelle peut être un vrai avantage.» Elle cite la schizophrénie et l’hypnose. «Je commençais par demander à mes étudiant·e·s comment ils se sentaient par rapport à ces sujets, s’ils avaient des a priori.» Ces thématiques étant médiatisées et induisant parfois des appréhensions, «il est important de vérifier que chacun·e se sentira à l’aise dans sa future profession de psychologues».
Au-delà de ces exemples, «mes cours sont forcément influencés par ma casquette de psychologue, étant donné que tout est imbriqué dans mes activités: je n’ai jamais vraiment fait la différence entre la recherche, l’enseignement et le cabinet». Après un bref instant de réflexion, Dahlila Spagnuolo ajoute: «Le fait que je suis jeune, que je ne me positionne pas comme « super experte » et que je prends en compte les opinions des étudiant·e·s contribue probablement aussi à donner un caractère un peu particulier à mes cours.»

Eviter les autoroutes
L’enthousiasme pour l’enseignement de celle qui s’est formée, parallèlement à ses é³Ù³Ü»å±ðs de psychologie, en hypnose thérapeutique, semble donc ne résister à rien. A rien? Pas tout à fait. «Je n’ai jamais été à l’aise avec le fait de devoir donner des notes aux étudiant·e·s», avoue-t-elle. «Je n’aime pas trop le concept qui se cache derrière l’évaluation, surtout quand il faut annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu’un; pour une psy, c’est presque contre-nature!» Heureusement, à ses débuts, la jeune chargée de cours a pu bénéficier du soutien du Centre de didactique de l’Unifr. «Cela m’a beaucoup aidée; il ne faut pas oublier que contrairement aux profs des niveaux primaire et secondaire, celles et ceux du tertiaire n’ont pas suivi une formation ad hoc, donc doivent apprendre sur le tas.»
Malgré le plaisir à transmettre les ficelles du métier à la future génération de psychologues – et surtout à veiller à ce qu’ils n’empruntent pas, par manque d’options et d’informations, les «autoroutes» de la discipline – l’appel du terrain aura été le plus fort. C’est désormais dans les locaux de son nouveau cabinet, situé à Villars-sur-Glâne, qu’officie Dahlila Spagnuolo. Un espace où il est possible d’emmener les patient·e·s sur des chemins de traverse, par exemple grâce aux états modifiés de conscience induits par l’hypnose ou par la respiration holotropique. La psychologue propose également l’accompagnement de personnes en fin de vie ou endeuillées, ou encore de celles peinant à se remettre de leurs expériences avec des substances psychotropes.
«J’ai été interpellée dès l’adolescence par la question des états modifiés de conscience et des phénomènes paranormaux», se souvient Dahlila Spagnuolo. «Je dévorais les livres du psychanalyste Jung, qui s’y intéressait de près.» Depuis le début de ses é³Ù³Ü»å±ðs de psychologie à l’Unifr en 2009, la jeune femme s’est intéressée «aux accès les plus directs possibles à l’inconscient». En testant elle-même diverses méthodes, elle a réalisé que certaines d’entre elles, dont l’hypnose, «étaient redoutablement efficaces». Novatrice il y a quinze ans, cette ouverture fait de plus en plus d’adeptes aujourd’hui. «Pour de nombreuses personnes, la psychothérapie « classique » atteint ses limites; elles ont envie de combiner les approches.»

Bientôt un CAS en écopsychologie?
Durant ses années d’enseignement, Dahlila Spagnuolo n’a eu de cesse de répéter à ses étudiant·e·s que «chaque patient·e est unique, qu’il faut user de créativité pour l’aider au mieux». Et de les inciter à remplir régulièrement leur caisse de nouveaux outils, notamment tirés de leur propre expérience, «afin d’être en mesure de proposer un suivi sur mesure». Ce chemin pour une formation en psychologie la plus diversifiée possible, incitant les thérapeutes et futur·e·s thérapheutes à sortir des sentiers battus, elle compte bien continuer à le suivre même si elle n’enseigne plus au sein de l’Unifr. «Un de mes rêves est de monter un CAS (certificate of advanced studies) en écopsychologie», une discipline encore peu connue qui investigue les bienfaits sur l’environnement et sur l’état psychique de la qualité de notre lien avec la nature.

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«Le travail social ne peut pas se réduire à un mode d’emploi» /alma-georges/articles/2024/le-travail-social-ne-peut-pas-se-reduire-a-un-mode-demploi /alma-georges/articles/2024/le-travail-social-ne-peut-pas-se-reduire-a-un-mode-demploi#respond Wed, 17 Jan 2024 07:57:10 +0000 /alma-georges?p=19545 Les travaux de recherche d’Antoine Sansonnens se sont intéressés au quotidien des travailleuses et des travailleurs sociaux accompagnant des jeunes en souffrance psychique. Confrontant les réalités suisse et québécoise, son focus s’est porté sur la manière dont ces professionnel·le·s font face à l’embarras dans lequel les plongent les attentes de plus en plus standardisées des institutions. Sa thèse a été récompensée par le prix Vigener 2023 de la Faculté de lettres et des sciences humaines de l’Unifr.

Quel est le point de départ de vos recherches?
Antoine Sansonnens: J’avais un intérêt marqué pour la période de transition vers l’âge adulte des jeunes en souffrance psychique. Cette thématique s’inscrivait dans la continuité de mon travail de master, qui était consacré aux jeunes et à leur rapport à la consommation d’alcool. Là, je me suis intéressé aux professionnel·le·s qui les accompagnent et qui prennent des décisions très importantes pour leur avenir alors que celui-ci semble incertain.

Antoine Sansonnens. Photo: Thomas Delley

Avec une mission évoquée dans le titre de votre thèse, celle de «Rendre capables des jeunes souffrant de troubles mentaux».
Oui, nos politiques sociales posent effectivement l’insertion sur le marché du travail comme objectif. C’est cela aussi qui se lit dans les statistiques: tant de jeunes ont trouvé une place de travail, d’apprentissage ou de formation. Les organisations responsables de la prise en charge sociale tendent de plus en plus vers des attentes chiffrées. Elles veulent des résultats et des performances, selon une tendance qu’on retrouve dans le reste de la société. On se fie à des temps d’accompagnement définis, à des chiffres… Ma thèse critique cette volonté de standardiser la prise en charge.

Les attentes sont-elles déconnectées de la réalité?
Les professionnel·le·s mettent souvent en avant un gros décalage entre les activités prescrites, celles qui sont définies par le cahier des charges, et les activités réelles, ce qui se passe au quotidien dans l’institution. Dans sa pratique, l’accompagnant·e va chercher des solutions qui sortent du cadre pour jongler entre les attentes de l’institution et les besoins réels des jeunes.

Ce que vous désignez par «embarras professionnels»?
Exactement, et ce n’est pas forcément quelque chose de négatif, parce que ça va mener à de l’inventivité. Les praticien·ne·s prennent des initiatives et exploitent la marge de manœuvre qui leur est laissée. Le fait d’être pris dans des injonctions contradictoires les amène à innover. C’est donc important pour les métiers du travail social.

Mais cela ne peut-il pas être mal vécu par les professionnel·le·s?
Ces situations peuvent être mal vécues si l’institution ne fait pas confiance à ses collaboratrices et collaborateurs. Là derrière, on retrouve la question de la légitimité du travail social. Une tension permanente existe entre ce que les accompagnant·e·s font et ce qu’ils disent qu’ils font. Quand ils sortent de la mission prescrite et qu’ils n’en font pas état, mais qu’ils disent ce que l’institution peut entendre. C’est dans cette tension et sa résolution que se joue aussi la professionnalité d’un·e praticien·ne.

Est-ce que les institutions en ont conscience?
Pas suffisamment puisqu’on remarque une tendance toujours plus forte vers cet idéal managérial issu d’orientations politiques néolibérales. On parle d’efficience, de chiffres et de résultats et c’est inquiétant par rapport au travail social. Ces indicateurs de performance mettent de côté tout le travail sensible, implicite et informel qui permet d’entrer en relation et de développer ensuite cette relation. Or, c’est bien là que se situe le cœur de métier du travail social. Les institutions devraient davantage défendre leurs professionnel·le·s et ce cœur de métier. Cet enjeu est très actuel et c’est là que se trouve la marge de manœuvre dont je parlais précédemment.

Pourquoi avoir choisi de focaliser votre attention sur l’accompagnement des jeunes souffrant de troubles psychiques?
Ces constats sur les embarras professionnels concernent effectivement toute la profession. Si je me suis focalisé sur cette population particulièrement, c’est qu’il existe une sorte de fossé, de discontinuité dans la prise en charge. Il y a le passage de la scolarité au monde du travail, de la pédopsychiatrie à la psychiatrie pour adultes, avec une sorte de vide institutionnel. Les professionnel·le·s du travail social jouent donc un rôle essentiel à ce moment-là. Ils doivent pallier ce vide et trouver des solutions qui, très souvent, dépassent le cadre de la mission prescrite. Le tout dans un contexte de très grandes incertitudes puisque ces jeunes sont en situation de vulnérabilité psychique et qu’on ne sait pas si cela va s’installer dans la durée ou si c’est juste passager, en lien avec cette transition vers le monde adulte.

Vos recherches portaient à la fois sur la Suisse et sur le Québec. Existe-t-il des différences notables?
Au Québec, on évoque la déresponsabilisation de l’état social et un report des responsabilités sur les organismes communautaires, qui manquent de reconnaissance et sont insuffisamment financés par les fonds publics. On constate alors un travail social à deux niveaux, avec d’importantes différences salariales entre les deux, selon qu’on soit employé·e·s par l’Etat ou par un de ces organismes. En Suisse, il existe également des institutions dont le fonctionnement n’est pas entièrement financé par la manne publique, mais il n’existe pas ces importantes différences salariales.

Quelles sont les conséquences de ces deux niveaux dans le travail social?
Une rotation du personnel beaucoup plus important dans le personnel d’accompagnement au Québec qu’en Suisse, même s’il existe aussi. Parmi les situations que j’ai été amené à considérer, un jeune Québécois avait rencontré plus de 50 interlocut·eurs·rices différents dans son cheminement. Quand on sait l’importance de trouver une stabilité et d’avoir des références, cela questionne.

Pourquoi vous être intéressé au Québec?
D’une part parce que j’y avais des contacts et que j’avais envie d’y aller. Mais aussi parce qu’en matière de politiques sociales, on garde une représentation idéalisée de ce qui s’y passe, notamment parce que les recherches dans le domaine des sciences sociales y sont foisonnantes.

Que reste-t-il de cette vision idéalisée après avoir côtoyé la réalité?
Si on s’intéresse aux politiques sociales, aux programmes tels qu’ils sont proposés, la Suisse n’a finalement rien à envier au Québec. L’accès aux soins en santé mentale, pour prendre un exemple, n’est pas évident et les jeunes doivent souvent patienter plusieurs mois pour pouvoir rencontrer un·e thérapeute. Quant aux problématiques et aux tendances soulevées dans ma thèse, elles se retrouvent dans nos deux pays, malgré des fonctionnements distincts.

Qu’est-ce que vous aimeriez transmettre comme message en conclusion?
Je termine ma thèse sur l’image de Protée, divinité marine capable à se fondre dans chaque nouveau décor et à se métamorphoser continuellement. Le travail social est sans arrêt en train de renégocier ses frontières. Il se nourrit des autres disciplines autant qu’il tente de se faire une place parmi elles. Son efficacité se joue dans ce caractère flottant, protéiforme. Ma conclusion tient donc en une question: la faiblesse théorique qu’on reproche au travail social ne constitue-t-elle pas finalement sa force pratique?

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Le prix Vigener a été institué en 1908, à la suite d’un don réalisé par Joseph Vigener. Il récompense des travaux de doctorat se distinguant par leur excellence. Les facultés de l’Université de Fribourg remettent ces prix à l’occasion du Dies academicus.

 

 

 

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«Je me rendais compte que mon récit gênait mes proches» /alma-georges/articles/2024/je-me-rendais-compte-que-mon-recit-genait-mes-proches /alma-georges/articles/2024/je-me-rendais-compte-que-mon-recit-genait-mes-proches#respond Tue, 09 Jan 2024 09:24:39 +0000 /alma-georges?p=19525 Difficiles à chiffrer précisément en raison du tabou qui les entoure, les violences sexuelles sont une réalité tristement répandue en Suisse. Une étudiante en psychologie de l’Unifr, elle-même abusée par un proche durant l’enfance, propose des groupes de parole destinés aux victimes.

Heidi Duperrex, fondatrice de l’association Amor Fati

Ce n’est que la pointe de l’iceberg. En Suisse, environ 350 enfants sont victimes d’inceste chaque année, selon les résultats d’une enquête de la RTS publiés en 2019. Mais vu les tabous liés au harcèlement sexuel – et le peu de cas dénoncés à la police – les spécialistes partent du principe que le nombre de personnes concernées est bien plus important. Le Conseil de l’Europe estime ainsi qu’un mineur sur dix serait touché par l’inceste. Quant aux violences sexuelles dans leur ensemble, elles frapperaient pas moins d’un enfant sur cinq. Chaque classe d’école comporterait donc en moyenne deux élèves abusés, dont un par un membre de sa famille.

Durant des années, Heidi Duperrex (aujourd’hui âgée de 23 ans) a été cette élève. Victime d’attouchements de la part de son beau-père dès l’âge de 7ans, puis de viols dès l’âge de 10 ans, elle n’est sortie (physiquement) de la spirale des violences sexuelles qu’à l’âge de 15 ans, lorsque sa mère et son époux ont divorcé. Verbalement, il a fallu attendre encore quatre ans avant que l’adolescente ne parvienne «à libérer sa parole». Dans la foulée, des personnes proches lui conseillent de porter plainte, ce qu’elle fait en mai 2020. La machine judiciaire se met en branle. Démarre pour Heidi Duperrex une attente presque intenable, qui dure encore. Condamné en avril 2023 en première instance à 12 ans de prison et au versement de 70’000 francs, son agresseur a fait appel. Au moment de la rédaction de cet article, la date du second procès n’avait pas encore été fixée.

Comme une cocotte-minute
En automne 2020, la jeune femme débute des é³Ù³Ü»å±ðs de psychologie à l’Unifr. «Après quelques mois, j’ai dû jeter l’éponge; une confrontation avait eu lieu avec mon ex-beau-père et j’étais très ébranlée, je n’arrivais plus à aller en cours.» La crise Covid-19 en rajoute une couche. «Certes, j’étais suivie par une psychologue et entourée d’amis à qui je pouvais parler», se souvient-elle. «Mais j’avais l’impression de devoir constamment mettre des filtres lorsque je racontais mon histoire.» Elle précise: «Avec mes proches, je m’auto-censurais car je me rendais bien compte que mon récit les gênait; quant à la psy, elle me manifestait plutôt de la pitié que de la compréhension.»
L’année suivante, Heidi Duperrex se réinscrit en cursus de psychologie. «Heureusement, cette fois, j’arrivais à travailler; par contre, côté privé, l’attente devenait difficile à gérer, je me sentais comme une cocotte-minute sur le point d’exploser.» L’étudiante en est convaincue: échanger avec des personnes qui ont un vécu similaire au sien lui ferait du bien. Mais elle a beau prendre contact avec plusieurs organismes spécialisés dans l’aide aux victimes de violences ou dans la mise sur pied de groupes de parole, elle fait chou blanc: aucun n’est en mesure de lui proposer une offre correspondant à ses besoins. «Début 2022, j’ai eu un déclic: je vais créer mon propre groupe de parole!»

Faisant fi de l’avis de sa psychologue, qui lui déconseille un tel projet – «elle craignait que le fait d’être publiquement associée à la thématique de l’inceste ne soit trop lourd à porter pour moi» – Heidi Duperrex imagine Amor Fati, une association dont le but est de venir en aide aux victimes d’abus sexuels et à leurs proches. «Il me fallait un espace pour accueillir l’association, ainsi que le groupe de parole; je me suis adressée à Fri Up (ndlr: organe fribourgeois de soutien à la création d’entreprises), qui m’a redirigée vers l’Innovation Lab Fribourg.» Conçue pour les jeunes innovateurs, notamment les personnes en cours de formation (universitaire ou HES), cette structure vise à les soutenir dans la concrétisation de leur projet entrepreneurial. Outre de l’aide de l’Innovation Lab (mise à disposition de locaux), la fondatrice d’Amor Fati a bénéficié de celle du réseau Bénévolat Fribourg (élaboration des statuts de l’association) et de la LAVI (animation du groupe de parole). Côté publicité, après de modestes débuts sur Instagram, la jeune femme a profité du buzz généré en terre fribourgeoise par une interview accordée à une radio parisienne. «Dès l’ouverture des inscriptions au premier groupe de parole, en juin 2022, il y avait assez de participant·e·s, voire trop.»

La boxe comme défouloir
Une fois par mois, les personnes qui se sentent concernées par la thématique des abus sexuels – «quel que soit leur sexe, leur âge ou leur façon de définir les abus sexuels» – se réunissent en petit groupe afin d’échanger de façon confidentielle, dans un cadre bienveillant et sécurisant. «Nous commençons par un tour de table sur les émotions actuelles des participant·e·s puis travaillons des thèmes spécifiques – par exemple la peur des hommes, les cauchemars ou les ressources – à travers les expériences et conseils de chacun·e.» Le groupe est co-animé par une infirmière disposant d’une expérience en psychiatrie. «Lorsqu’elle travaillait en milieu hospitalier, Charlotte a constaté qu’on intervient souvent trop tard, lorsque les victimes d’abus sexuels sont déjà au bout du rouleau, médicalisées, etc.» C’est dans la salle de boxe qu’elles fréquentent toutes les deux que les jeunes femmes ont fait connaissance. «Pour moi, la boxe, c’est l’activité qui me permet de sortir tout ce qui doit sortir», rapporte Heidi Duperrex. D’ailleurs, l’association Amor Fati propose, en partenariat avec un club de boxe anglaise, des cours à tarif préférentiel aux personnes désireuses de «se défouler et laisser libre cours à leurs émotions dans un cadre soutenant». Lorsque les finances le permettront, «nous souhaiterions élargir la palette des activités offertes, par exemple au yoga, à la fréquentation de «rage rooms», etc.» Selon l’étudiante de l’Unifr, trouver une activité qui aide à gérer les émotions fait partie des réflexes de base que devrait adopter une victime de violences sexuelles. «Les possibilités sont infinies: ça peut être la danse, aller crier dans la forêt…» Outre l’échange avec des personnes ayant vécu la même expérience – par exemple via un groupe de parole -, Heidi Duperrex recommande vivement de consulter un psychologue, «qui apporte des définitions éclairantes sur ce qui est en train de se passer à l’intérieur». Surtout, elle encourage à «remplir sa boîte à outils, tester ce qui fait du bien et ne pas rester figé dans sa tête, car on pourrait être tenté de se faire du mal».

Aussi des abuseuses
Un an et demi après le lancement de l’association, sa fondatrice tire un bilan réjouissant. «Nous avons de plus en plus d’inscriptions, au point qu’il va falloir envisager une nouvelle formule afin que le groupe de parole ne devienne pas trop grand.» Autre source de satisfaction: l’âge des participants, qui tend à se diversifier. «Il oscille désormais entre 20 et 55 ans, ce qui permet de s’inspirer mutuellement; alors que les plus âgés ont davantage d’expérience de vie, les plus jeunes ont tendance à avoir une parole plus libre.» Côté genre aussi, la diversité est au rendez-vous. «J’avoue qu’au début, le groupe ciblait les femmes.» Rapidement, Heidi Duperrex a réalisé «qu’il y a aussi des abuseuses» et a ouvert son groupe de parole aux hommes. Avec un bonus inattendu: «La plupart des femmes qui ont été ou sont victimes d’abus ont peur des hommes; le fait d’être en contact régulier avec des hommes qui sont eux-mêmes victimes les aide à surmonter cette crainte.»

En collaboration avec l’association Amor Fati, l’Unifr propose un groupe de parole destiné aux victimes de violences sexuelles. Il est animé par des psychologues du Centre de Psychologie de la Santé. Inscriptions: association.amorfati@gmail.com

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