Promotion Recherche – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Fri, 25 Nov 2022 06:54:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Internationalisation – Renforcer les synergies /alma-georges/articles/2022/internationalisation-renforcer-les-synergies /alma-georges/articles/2022/internationalisation-renforcer-les-synergies#respond Thu, 23 Jun 2022 11:48:53 +0000 /alma-georges?p=16100 Fraîchement investies à la tête de leur service respectif, Veronika Favre pour les Relations internationales, Valeria Mozzetti au Transfert du savoir et des technologies, et Katja Wirth à la Promotion de la recherche, ont très vite développé des synergies au bénéfice de la communauté universitaire. Alma&Georges fait le point sur leurs projets et les possibilités de financement de la recherche suisse malgré son exclusion du programme Horizon Europe. Rencontre.
Mesdames, pourquoi avoir souhaité être interviewées ensembleÌý?
Veronika Favre-Eugster: Nous avons pris la tête de nos services respectifs récemment et avons très vite songé à des synergies, parce que nous travaillons toutes les trois sur des questions liées à l’internationalisation et pour les mêmes publics: la communauté des étudiant·e·s et des chercheuses et chercheurs de l’Unifr.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Notre service offre un soutien administratif et contractuel pour toutes les recherches menées en partenariat avec des tiers, en Suisse comme à l’international, il était donc nécessaire de renforcer notre collaboration pour un fonctionnement optimal.

Katja Wirth: Comme nous travaillons souvent sur des thèmes communs, j’ai proposé à mes collègues des rencontres plus régulières, également informelles, pour discuter des interactions possibles et nécessaires entre nos services. Ensemble on est plus fort·e·s!

Sur quels plans souhaitez-vous développer des synergies?
Valeria Mozzetti Rohrseitz:
Nous avons suffisamment de sujets communs sur lesquels concrétiser notre volonté de synergies. Nos premiers échanges ont déjà permis d’identifier des pistes concrètes dans le domaine des subventions et financement de projets, lors du passage entre une recherche et ses possibles applications.

Katja Wirth: Nous avons concrétisé une première collaboration lors de la Research Funding Week du 16 au 20 mai, et cela a été un succès. Nos cinq workshops et ateliers ont réuni chacun entre 30 et 50 participant·e·s, avec des retours positifs. L’objectif était d’informer sur les possibilités de financement des recherches, mais aussi de nous faire connaître et de développer notre réseau avec la communauté universitaire. Pour la rentrée, nous planifions une seconde semaine sur un concept similaire, mais centrée essentiellement sur les financements européens: une European Funding Week, du 24 au 28 octobre 2022.

Veronika Favre-Eugster: Notre dynamique est en marche: nous préparons une brochure d’information commune, et nous avons le projet de développer un Welcome Center pour la communauté des chercheuses et chercheurs, des professeur·e·s invité·e·s de l’étranger, et des étudiant·e·s. L’idée est de pouvoir offrir une porte d’entrée unique pour tou·te·s les arrivant·e·s de l’étranger. Pour mon service il s’agit d’une priorité.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Je souhaite en premier lieu développer nos synergies autour des financements et des contrats de recherche. Dans le cadre du programme de recherche Horizon Europe, dont la Suisse est partiellement exclue depuis peu, il est important d’informer ensemble les chercheuses et chercheurs des possibilités existantes, pour garder leur motivation intacte.

L’exclusion de la recherche suisse du programme Horizon Europe n’est-elle pas un défi insurmontable pour un pays avec une culture de recherche aussi internationale que la Suisse?
Katja Wirth: La Suisse est désormais considérée comme pays tiers du programme Horizon Europe. Des projets collaboratifs restent possibles pour les chercheuses et chercheurs en Suisse; mais leur financement doit être le fait du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). La recherche suisse est aussi exclue des bourses de l’European Reasearch Council (ERC), et partiellement de celles de l’European Innovation Council (EIC), pour lesquelles le Fonds National Suisse de la recherche scientifique (FNS) et Innosuisse proposent des programmes de remplacement. Cette situation est évidemment très préjudiciable dans de nombreux domaines, comme celui de la recherche quantique: la Suisse y est à la pointe et c’est une perte pour la communauté scientifique tant suisse qu’européenne.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Même au sein des projets collaboratifs, nous subissons la restriction supplémentaire de ne plus pouvoir assumer de direction de projet. Concrètement, certain·e·s chercheurs·euses qui avaient le lead sur un programme ont dû l’abandonner au profit d’autres particiant·e·s non suisses, et cela affecte bien évidemment leur motivation et leur réputation. Sans compter que ce statut différent nous oblige à adapter tous les contrats.

Veronika Favre-Eugster: Cette situation n’est pas figée et peut évoluer politiquement dans un sens comme dans l’autre à tout moment: c’est une source d’incertitudes pour la communauté des chercheuses et chercheurs, tout comme pour nos partenaires internationaux, et cela exige d’importants efforts de communication.

Katja Wirth: Pour ma part, je reste optimiste: si les positions étaient figées, nous n’aurions aucun espoir de les voir bouger dans le bon sens… Lors de notre exclusion du programme Horizon en 2014, puis de son successeur Horizon Europe en 2021, la réponse avait été, et est toujours, d’expliquer la situation à une grande variété de partenaires. En gérant le bureau régional d’Euresearch à l’Unifr, le Service Promotion Recherche bénéficie de son important réseau de contacts à Bruxelles. Cela nous aide à informer, motiver et mettre en réseau les chercheuses et chercheurs de l’Unifr pour leur participation à Horizon Europe, même dans les conditions actuelles délicates.

Pour pallier la perte des financements européens, avez-vous dû vous tourner vers davantage de financements privés?
Valeria Mozzetti Rohrseitz: La réponse publique de la Confédération par les mesures covid, puis suite à l’exclusion partielle de la Suisse du programme Horizon est bien plus généreuse que lors de l’exclusion des programmes Erasmus et Horizon 2020 en 2014. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous tourner vers des collaborations avec des partenaires académiques et privés pour financer d’importants projets de recherche.

Veronika Favre-Eugster: Tout en veillant à un écueil de taille: la question des financements par le domaine privé est toujours un sujet délicat…

Valeria Mozzetti Rohrseitz: En effet, c’est un sujet sensible dans le domaine de la transmission de technologies. Il faut être clair sur les conditions dans lesquelles cela peut se faire, car l’indépendance académique est un point capital qu’il nous faut absolument continuer à protéger.

Katja Wirth: Nous avons bien sûr comme objectif d’attirer davantage de donations privées pour financer de grands projets. Pour cela nous pouvons aussi compter, au Service Promotion Recherche, sur le dynamisme de la , dont la mission est de soutenir la réalisation de projets innovants et ambitieux, de promouvoir la relève académique et de mettre en lien les idées et visions de la communauté universitaire avec des partenaires et sponsors externes qui soutiendront la concrétisation des projets.

A vous entendre, une des clés pour répondre à tous ces défis est de déployer de grands efforts de communication?
Katja Wirth: L’information est en effet essentielle à l’interne comme à l’externe. Parce que la recherche devient toujours plus politique, plus complexe, avec davantage de collaborations à l’international. C’est pourquoi nous avons dynamisé notre communication et diversifié notre approche en créant, par exemple, des événements, une newsletter, ou encore en investissant Twitter et LinkedIn.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: L’Unifr communique avec une grande quantité de publics et de partenaires. Nous avons besoin de nouveaux soutiens spécifiques, et nous nous savons bien entourés par le Rectorat et le Service Unicom Communication & Médias.

Katja Wirth: Oui, le Service Unicom est très dynamique pour proposer des plateformes de communication qui ont un fort écho auprès des communautés des chercheuses et chercheurs, des étudiant·e·s et même de publics externes, comme, par exemple, au travers des Cafés scientifiques, ou Ma Thèse en 180 secondes…

Veronika Favre-Eugster: Durant ces deux années de covid, la communauté universitaire a été fortement freinée dans ses possibilités d’échanges et de mobilité internationale. Nous avons dû déployer des efforts particuliers de communication pour la convaincre qu’elles constituent un atout précieux. Aujourd’hui, nous devons continuer cet effort pour redynamiser ces expériences internationales. Cela nous permettra aussi de souligner, auprès des chercheuses, chercheurs et étudiant·e·s étrangers, tout l’attrait de l’Université et de la Ville de Fribourg.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Les synergies entre nos services auront essentiellement trait à une meilleure communication à l’interne. Notre souhait est d’éviter les silos et de montrer ensemble les possibilités concrètes qui s’ouvrent aux communautés universitaires.

Pour y parvenir efficacement, quel serait votre credo?
Valeria Mozzetti Rohrseitz: La transparence des processus. Au fur et à mesure que de nouvelles décisions seront adoptées par le Rectorat, il nous faudra les communiquer clairement.

Veronika Favre-Eugster: L’internationalisation est un atout à chaque niveau de l’Université: étudiant·e·s, chercheuses et chercheurs, ainsi que collaborateur·trice·s. Un réseau dynamique favorisera (accoîtra) l’attrait de l’Unifr en Suisse et à l’étranger.

Katja Wirth: L’Unifr devrait obtenir plus de succès dans le financement international de ses projets. Pour cela il faut être proactifs, encore mieux informer et motiver les communautés universitaires.

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  • Veronika Favre-Eugster est, depuis octobre 2021, la cheffe du Service des relations internationales, qui s’occupe notamment de développer en Suisse et à l’international un réseau d’universités partenaires avec lesquelles mettre en Å“uvre des échanges pour les enseignant·e·s et étudiant·e·s, chercheuses et chercheurs, et collaborateur·trice·s. Elle a grandi à Zurich dans une famille suisso-chilienne et a obtenu sa licence en Sciences de la société à l’Unifr en 2005, avant de partir pour un stage AIESEC en Inde. Elle est mère de deux enfants.
  • est la cheffe du Service Transfert du savoir et des technologies. Point de contact pour les entreprises souhaitant innover en partenariat avec l’Unifr, il soutient quelque 800 professeur·e·s, chargé·e·s de cours et collaborateur·trice·s scientifiques dans la négociation des contrats avec le domaine privé en veillant, entre autres, aux questions de liberté académique, de protection de la propriété intellectuelle (PI) et de dépôt de brevets. Après un diplôme d’ingénieure, puis un doctorat en biotechnologie à l’Institut de Sciences Alimentaires de l’ETH Zurich, elle a co-fondé une start-up et étudié à l’Executive School de l’Université de Saint-Gall. Elle a vécu au Canada, en Angleterre, aux Etats-Unis et dans toutes les régions linguistiques de Suisse. Elle est mère de deux enfants qui aiment voyager.
  • Katja Wirth est la cheffe du Service Promotion Recherche, qui soutient les chercheuses et chercheurs de l’Unifr de tous niveaux, des post-doctorant·e·s aux professeur·e·s titulaires, pour toutes les questions liées au financement de leurs recherches, qu’il soit institutionnel ou privé, suisse ou international. Après un semestre Erasmus en France, elle a obtenu sa licence en psychologie et neurobiologie à l’Université de Fribourg et son doctorat à l’ETH Zurich et à l’Université de Zurich, avant de poursuivre ses recherches dans une université japonaise. Depuis, sa fascination pour le Japon ne la quitte plus. Elle a trois enfants et vit près de Berne.
  • Photos © Nicolas Brodard
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«Man sollte möglichst früh akademische Unabhängigkeit erlangen» /alma-georges/articles/2022/man-sollte-moeglichst-frueh-akademische-unabhaengigkeit-erlangen /alma-georges/articles/2022/man-sollte-moeglichst-frueh-akademische-unabhaengigkeit-erlangen#respond Mon, 16 May 2022 06:34:15 +0000 /alma-georges?p=15775 Ab heute Montag und bis Ende Woche findet die erste «Unifr Research Funding Week» statt. Der Event soll nützliche Informationen für Forschende aller Disziplinen und Karrierestufen anbieten. Dabei kommen interne, schweizerische aber auch internationale Finanzierungsmöglichkeiten zur Sprache. Zudem gibt es Praxisbeispiele und natürlich die unbezahlbare Möglichkeit, sich mit Gleichgesinnten sowie mit dem SPR-Team auszutauschen.

Katja Wirth, wenn ich die Themen der fünf Veranstaltungen anschaue, wird mir klar, wie vielseitig die Forschungsförderung geworden ist. Was würden Sie jungen Forschenden raten, wie sie vorgehen sollen?
Ich rate Nachwuchsforschenden, strategisch vorzugehen. Das heisst, dass man sich frühzeitig über mögliche Finanzierungsmöglichkeiten, Grants und Programme und deren Teilnahmebedingungen informiert. Viele Finanzierungsinstrumente beinhalten sogenannte eligibility windows, d.h. ein Antrag kann nur bis zu einem bestimmten akademischen Alter gestellt werden (normalerweise die Zeit nach dem Doktorat). Diese Fristen sollte man unbedingt im Auge behalten. Des weiteren sollte man alles daran setzen, möglichst früh akademische Unabhängigkeit zu erlangen, die eigenen Projektideen umzusetzen, möglichst ohne Doktormutter/-vater zu publizieren und sich früh international vernetzen. Akademische Unabhängigkeit ist ein wichtiges Kriterium in einigen Grants.
Die Veranstaltung am Dienstag richtet sich übrigens explizit an Nachwuchsforschende.

Nun organisieren Sie zum ersten Mal eine solche «Forschungsfinanzierungswoche», was genau erhoffen Sie sich davon?
Wir verfolgen verschiedene Ziele: Wir möchten allen Forschenden an der UNIFR ermöglichen, einen Überblick für die für sie verfügbaren Finanzierungen zu bekommen. Dabei wenden wir uns an unterschiedliche Zielgruppen: Wir bieten beispielsweise am Montag ein Event spezifisch für Forschende der Geisteswissenschaften an, während wir zum Beispiel am Freitag über universitätsinterne Fördermittel informieren.
Ein weiteres Ziel ist es, die Sichtbarkeit unserer Dienststelle und unserer Services zu erhöhen.

Ist es nicht fast schon zu spät, wenn man mit etablierten Forschenden über Finanzierung spricht? Viele wenden sich schon vorher ab, weil sie Angst vor akademischen Karrieren haben.
Es wäre schön, wenn es schon zu spät wäre, denn das würde bedeuten, dass alle Forschenden über sämtliche Förderinstrumente bestens informiert sind! (lacht). Nun ist es natürlich so, dass sowohl die Universitätsgemeinschaft als auch die Förderinstrumente ständig im Wandel sind. So hat uns der Schweizerischen Nationalfonds (SNF) kürzlich über wichtige Änderungen und Anpassungen informiert, beispielsweise über die Zusammenlegung von Projektförderung und Sinergia oder die schrittweise Einführung eines standardisierten CVs. Die Dienststelle Forschungsförderung möchte alle Forschenden der Unifr möglichst zeitgerecht über solche Entwicklungen informieren (beispielsweise an der Veranstaltung am Donnerstag).
Was die Nachwuchsförderung betrifft: Die verfügbaren Stellen und Gelder für Forschende zwischen PhD-Abschluss und Professur sind beschränkt, und die Konkurrenz ist gross. Es gibt allerdings einige attraktive Möglichkeiten, insbesondere beim SNF. Ich verweise wieder auf unsere Veranstaltung für Nachwuchsforschende vom Dienstag und meine Empfehlung, in der eigenen Karriereplanung strategisch vorzugehen.

Wo sehen Sie das grösste Potenzial an der Universität Freiburg? Wo müssen wir uns verbessern, um konkurrenzfähig zu bleiben?
Ich denke, dass die Drittmitteleinwerbung an der Unifr ausgebaut und diversifiziert werden kann. Die Dienststelle Forschungsförderung hat hier verschiedene Pläne, um die Forschenden noch besser zu informieren und zu unterstützen – die Research Funding Week ist erst der erste Schritt. Im September haben wir die EU Funding Week geplant, welche die Forschenden über die Möglichkeiten in Horizon Europe informieren wird. Auch sind wir am Evaluieren von personalisierten Tools, welche die Suche nach Drittmitteln erleichtern sollen. Man darf gespannt sein!

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  • Seite der Unifr Research Funding Week 2022
  • Foto: © Nicolas Bordard
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Fonds de recherche: La quête du graal est plus ardue pour les femmes /alma-georges/articles/2020/fonds-de-recherche-la-quete-du-graal-est-plus-ardue-pour-les-femmes /alma-georges/articles/2020/fonds-de-recherche-la-quete-du-graal-est-plus-ardue-pour-les-femmes#respond Mon, 26 Oct 2020 08:00:12 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=11735 Est-il plus difficile pour les femmes d’obtenir des fonds de recherche? La question fait débat, mais un récent article de synthèse, publié dans la célèbre revue Higher Education affirme que oui.

Dans le landerneau académique, tout le monde n’est pas d’accord. Au cours de la dernière décennie, différentes études ont démontré que les femmes et les hommes ont des chances comparables d’obtenir les subventions et les bourses nécessaires au financement de leurs recherches. Tandis que d’autres ont relevé que, selon les sources de financement, à compétences académiques égales ou supérieures les candidates sont discriminées.

Alors, qui croire?
Sayaka Sato et Pascal Gygax, de l’équipe de Psycholinguistique et Psychologie sociale appliquée de l’Université de Fribourg, Julian Randall, responsable du Service Promotion Recherche, et Marianne Schmid Mast de l’Université de Lausanne, se sont associés pour décortiquer ces multiples recherches. De leur examen résulte que, même si des études à grande échelle suggèrent que les femmes et les hommes ont des chances égales d’obtenir un financement pour la recherche, cela n’équivaut pas à une absence de biais liés au genre. «Il ne suffit pas de comparer les montants des financements ou les succès entre femmes et hommes, souligne le groupe de travail. En effet, même lorsque les femmes obtiennent des subventions de recherche similaires, il est probable que ce soit en dépit d’obstacles systémiques et sociétaux que les hommes ne rencontreront jamais.»

De nombreuses études ont montré que, lorsque le profil d’une chercheuse ou d’un chercheur est évalué, les femmes sont désavantagées, peu importe que leurs propositions scientifiques soient aussi bonnes ou meilleures que celles de leurs concurrents masculins. Les biais liés au genre sont profondément ancrés dans la culture universitaire dominée par les hommes.

Effet boule de neige
Les auteur·e·s montrent comment, en milieu universitaire, les femmes se heurtent à de nombreux obstacles que les hommes ne rencontrent pas. Par exemple, des recherches montrent que les femmes ont plus difficilement accès à des laboratoires adaptés, ou reçoivent des budgets de déplacement inférieurs. De plus, à l’instar de nombreuses autres professions, les femmes, dont la carrière universitaire est interrompue par la garde des enfants ou des obligations familiales, peuvent subir un frein à la productivité; ce qui est moins le cas pour les hommes. Cette situation est amplifiée par le manque habituel de soutien institutionnel ou sociétal. Sur la base de recherches antérieures, les auteur·e·s affirment que ce manque de productivité peut entraîner une baisse de la confiance en soi, des évaluations plus faibles de la part des collègues et des étudiant·e·s, des promotions moins importantes. Cette situation aura forcément un impact sur leur profil académique et leurs demandes de financement. La liste est longue, et dans les universités où les performances sont interdépendantes, même des problématiques apparemment insignifiantes peuvent faire boule de neige, entrainant des parcours professionnels plus difficiles pour les femmes.

En bref, selon Sayaka Sato, Pascal Gygax, Julian Randall et Marianne Schmid Mast: «Le financement de la recherche peut sembler impartial, mais c’est un leurre. Si l’on considère les obstacles systémiques et sociétaux, le chemin qui conduit les femmes à demander des fonds pour la recherche et à les obtenir est truffé d’obstacles que les hommes ne rencontreront probablement jamais».

Les petits ruisseaux font les grandes rivières
Le Service Promotion Recherche (SPR) de l’Unifr, dont le rôle principal est de soutenir les chercheuses et les chercheurs de l’Unifr dans le financement de leurs recherches a innové en lançant et participant à cette étude, une démarche plutôt rare. Julian Randall, son responsable, nous explique.

Pourquoi avoir lancé cette recherche?
Ce travail entre dans le cadre de la politique générale de diversité de l’Université. Ce type de collaboration entre service et recherche est peu fréquent. Mais c’est une véritable chance pour l’Unifr de pouvoir profiter des résultats d’un tel travail dans sa pratique administrative, d’autant plus que ces découvertes peuvent contribuer à l’égalité des chances pour les chercheuses.

Quels étaient les constats dans votre travail quotidien?
Un jour, alors que je travaillais sur une affiche, j’ai demandé conseil à des femmes. L’une d’entre elles m’a affirmé qu’elle ne se sentait absolument pas concernée par le résultat, parce que j’avais utilisé des images qui ne montraient que des hommes. J’ai réalisé alors à quel point, quelle que soit l’importance du message et la qualité du travail de communication, les résultats pouvaient être filtrés par des facteurs dont je n’avais pas nécessairement conscience.

Plus largement, il s’agit, bien entendu, de soutenir la politique de genres de l’Université et de nombreux organismes de financement, qui font de gros efforts pour éliminer les risques de préjugés sexistes. Par exemple, le projet du Fonds national suisse (FNS), actuellement en cours d’évaluation, ne comporte pas de CV.

Vous relevez un manque de soutien aux chercheuses. Qu’entreprend l’Unifr à ce sujet?
Le de Unifr propose de nombreux programmes de soutien. Celui auquel on a fait appel a permis d’engager une chercheuse à 20% pendant 2 ans uniquement sur ce projet. Notre Service, quant à lui, veut piloter une formation réservée aux femmes. L’ montre, en effet, que de telles formations ont stimulé les demandes féminines auprès de l’European Research Counsil (ERC). Le SPR s’intéresse également à un filtrage des préjugés dans les propositions, avant leur soumission. Le FNS a, en effet, relevé que malgré l’évaluation en double aveugle de son nouvel instrument (SPARK), les chercheuses n’ont toujours pas obtenu les résultats espérés. C’est pourquoi le SPR veut améliorer, au travers d’outils spécifiques, les formulations qui habituellement sont empreintes de biais de genre dans les demandes de fonds.

Enfin, nous travaillons à des projets de numérisation qui devraient également soutenir l’égalité. Les chercheuses peuvent, en effet, apprécier les webinaires plutôt que les événements présentiels, car ils permettent aux parents (aux femmes comme à leur conjoint) d’être présents aux séminaires, malgré leurs responsabilités familiales. Notre projet de gestion de campus, qui sera développé en 2021, peut également aider les chercheuses en leur fournissant une aide financière, même lorsqu’elles ne sont pas au bureau. Stay tuned.

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  • L’article publié dans la revue Higher Education peut être téléchargé
  • est chercheuse senior au Département de psychologie de l’Unifr
  • est lecteur au de l’Unifr
  • Ìý est chef de section au de l’Unifr
  • est professeure au
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«L’incertitude sape le moral des chercheurs» /alma-georges/articles/2016/lincertitude-sape-le-moral-des-chercheurs /alma-georges/articles/2016/lincertitude-sape-le-moral-des-chercheurs#respond Tue, 10 May 2016 11:34:24 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2424 Le risque d’un divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne inquiète les chercheurs britanniques. Promotrice pour la recherche de l’Université anglaise de Coventry, Gillian Overend veut anticiper en s’inspirant de l’expérience helvétique. Elle a rencontré Julian Randall, responsable du Service Promotion Recherche de l’Université de Fribourg, et son collaborateur Cyrille Girardin.

Quel sentiment habite l’Université de Coventry, à deux mois du vote sur le Brexit?
Gillian Overend: Une grande incertitude. Bien entendu, nous espérons que le peuple refusera le Brexit, le 23 juin prochain, car notre Université entend poursuivre et renforcer ses collaborations internationales. Garder une liberté de mouvement en Europe, dans les domaines de la recherche et des échanges estudiantins, est capital. En Grande-Bretagne, la peur d’une sortie de l’UE est aussi alimentée par les arguments relayés dans la presse. Ceux-ci sont souvent simplistes. Ils se polarisent entre diabolisation de l’UE et enthousiasme naïf. Les arguments factuels manquent.

Justement, que sait-on aujourd’hui des conséquences pour la recherche britannique, si le Royaume-Uni devait quitter le navire européen?
G.O.: Difficile à dire. Aujourd’hui, le Royaume-Uni reçoit davantage d’argent du fonds européen qu’il ne le finance. Le pays obtient ainsi 15,40Ìý% du programme de recherche européen HorizonÌý2020 et 22Ìý% de l’ensemble des bourses accordées par le prestigieux Conseil européen de la recherche (ERC), selon la revue International Innovation. Ces bourses sont sans équivalent. En sortant de l’UE, la Grande-Bretagne compromettrait autant son prestige que ses perspectives financières, car la recherche est très compétitive.

Comment la Suisse peut-elle aider le Royaume-Uni en cas de Brexit?
Julien Randall: En partageant notre expérience, notamment, même si la situation des deux pays diffère sur le financement du programme HorizonÌý2020. Aujourd’hui, les institutions britanniques sont financées par Bruxelles, tandis que la Suisse, en tant que pays tiers, bénéficie d’un accord partiel et temporaire lui donnant, entre autres, l’accès au premier pilier du fonds européen (lequel comprend les bourses ERC). Une sortie de la Grande-Bretagne nécessiterait de longues discussions entre Londres et Bruxelles avant d’être effective.

La recherche suisse a connu l’incertitude, entre autres avec les sanctions prises par l’UE au lendemain de l’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse, le 9 février 2014. En quoi cette expérience peut-elle fournir des pistes aux Britanniques?
J.R.: Cela nous a montré que cette incertitude suffit à polluer le climat de collaboration entre partenaires. Elle sape le moral des chercheurs et les décourage de travailler avec l’Europe. La confiance s’ébranle et, comme dans toutes relations, chaque partie devient alors plus prudente. En cas de Brexit, agir pour remotiver la communauté scientifique deviendra très important pour le Royaume-Uni.

Comment cette prudence se manifeste-t-elle au quotidien?
Cyrille Girardin: Un simple exemple. Un projet avec un partenaire industriel suisse a été soumis en vue de toucher un financement européen. Lors de son évaluation, un expert a relevé que le projet était bon, mais que ses résultats profiteraient à une entreprise en Suisse, soit à un Etat non-membre de l’UE. Aujourd’hui déjà, à l’échelon européen, des réflexions similaires émergent à propos du Royaume-Uni.


De gauche à droite: Gillian Overend, promotion pour la recherche de l’Université de Coventry, Cyrille Girardin et Julian Randall, respectivement collaborateur et responsable du Service Promotion Recherche de l’Université de Fribourg.

Gillian Overend, vous avez aussi visité l’Université de Zurich et les Ecoles polytechniques fédérales de Zurich et Lausanne. Qu’en retenez-vous?
G.O.: Pour la recherche de fonds européens, j’ai surtout pris conscience de l’importance de mettre sur pied des stratégies de communication efficaces. Au cas où le Royaume-Uni devrait effectivement quitter l’UE, quoi qu’il arrive, il s’agira de pouvoir rassurer les chercheurs, les partenaires et les étudiants sur les questions et les craintes que ceux-ci pourraient rencontrer.

Et concernant Fribourg?
G.O.: L’équipe fribourgeoise a également partagé ses expériences quant aux problématiques rencontrées, en Suisse, pour la recherche de fonds européens. Nous avons aussi visité le parc d’innovation BlueFactory. Des synergies intéressantes seraient possibles entre son centre de recherche dans le domaine de l’habitat durable, le Smart Living Lab, et plusieurs de nos centres. A Coventry, nous étudions, par exemple, l’impact des constructions sur l’environnement, la fabrication de matériaux ou le développement de systèmes de transport en lien avec internet.

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  • Photo: Pierre Koestinger – Unicom

 

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