Lituanie – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Thu, 08 Feb 2024 09:31:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Les étudiants lituaniens, enfants spirituels de Fribourg /alma-georges/articles/2019/les-etudiants-lituaniens-enfants-spirituels-de-fribourg /alma-georges/articles/2019/les-etudiants-lituaniens-enfants-spirituels-de-fribourg#respond Thu, 04 Apr 2019 17:34:21 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=8209 Une exposition croisée célèbre pour la première fois la longue histoire qui lie l’Université de Fribourg et la Lituanie. A voir à Miséricorde jusqu’au 26 avril.

L’exposition organisée à l’Université de Fribourg et au Musée de l’héritage ecclésiastique auprès de l’archevêché de Vilnius a pour but de présenter, pour la première fois, l’activité intellectuelle des Lituaniens qui ont étudié à l’Université catholique de Fribourg durant la période allant de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, et leur rôle dans la formation de l’Etat lituanien moderne, par le biais de la société d’étudiants Rūta-Lituania (active à Fribourg de 1899 à 1934) et des artéfacts qui y sont liés.

Le vernissage de l’exposition, qui a eu lieu vendredi le 29 mars, a aussi été l’occasion de la remise du drapeau historique des étudiants lituaniens de l’Université de Fribourg, jusqu’aujourd’hui gardé par les recteurs de l’Université, au Musée d’héritage ecclésiastique qui était représenté par sa directrice Mme Sigita Maslauskaitė-Mažylienė. Le drapeau sera exposé dans le Hall de la Chapelle tout au long de l’exposition, de même que 10 panneaux traçant l’histoire des étudiants lituaniens à Fribourg dans la première moitié du XXe siècle et trois vitrines présentant de documents historiques.
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  • Crédit photos: Diana Brunner, Siegfried Ostermann
  • sur l’exposition
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Exégèse à la sauce helvético-lituanienne /alma-georges/articles/2016/exegese-a-la-sauce-helvetico-lituanienne /alma-georges/articles/2016/exegese-a-la-sauce-helvetico-lituanienne#respond Mon, 30 May 2016 12:09:19 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2472 L’union fait la force! Douze chercheurs lituaniens et fribourgeois ont entamé une collaboration afin d’étudier les traditions exégétiques juive, chrétienne et grecque dans l’Antiquité. Objectif: mesurer l’influence méthodologique – aussi méconnue qu’inavouée! – qu’ont pu avoir ces communautés l’une sur l’autre.

Face à des interlocuteurs pareils, on ne s’étonne guère que l’esperanto n’ait pas fait plus d’émules. Franz Mali, professeur de patristique et d’histoire de l’Eglise ancienne à la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, parle le russe, l’allemand, l’italien, le français, le slovène, le grec, même s’il s’excuse de l’avoir presque oublié. Il lit aussi le copte, le syriaque, le grec, le latin, l’arménien, «mais classique uniquement», s’empresse-t-il de préciser. Lui et ses collègues Mantė Lenkaitytė Ostermann et Tatjana Aleknienė, pareillement douées pour les langues anciennes et modernes, pourraient sans peine travailler comme guides touristiques sur la Tour de Babel. Cette reconversion professionnelle ne figure toutefois pas à leur agenda. Ces trois chercheurs prennent part actuellement à un projet de recherche helvético-lituanien sur les traditions exégétiques dans l’Antiquité.

Des influences inavouables

Au début de notre ère, les écrits de Platon chez les philosophes grecs, la Bible pour les juifs et les mêmes Ecritures saintes, additionnées des Evangiles, pour les chrétiens sont considérés comme des textes d’une grande autorité. Chacune de ces communautés les étudient et les interprètent selon des procédés exégétiques qui leur sont propres. «Ce qui nous intéresse, explique la directrice du projet Tatjana Aleknienė, c’est de voir s’il y avait des influences réciproques et, le cas échéant, d’en mesurer la nature et l’intensité.»

Pour faire simple, l’exégèse est l’étude approfondie d’un texte, en particulier philosophique ou religieux. «On en voit la nécessité quand un texte inspire plusieurs interprétations», explique Franz Mali. Très prégnante durant les premiers siècles de l’ère chrétienne, la démarche exégétique influencera la culture occidentale durant plus d’un millénaire.

Dans le monde chrétien au IVe siècle, les disputes dogmatiques qui animent les conciles, notamment sur la nature du Christ, donneront lieu à des discussions de très haut vol, requérant d’excellentes notions philosophiques, ainsi que des connaissances approfondies des Ecritures et de l’interprétation rabbinique. «C’est la preuve que les Pères de l’Eglise ont été influencés par des auteurs appartenant à la culture hellénique et juive, conclut Mantė Lenkaitytė Ostermann, même si on a cherché à le masquer au cours du Moyen âge.» L’inverse reste à prouver.

«Au cours de l’Antiquité tardive, il est probable que les Grecs subissent à leur tour l’influence des exégètes chrétiens, avance Tatjana Aleknienė, mais ils ne l’avouent pas. A nous de le découvrir!»

Un indice? Philon d’Alexandrie, un contemporain de Jésus, atteste cette circulation des idées. Il est juif, et connaît donc très bien la tradition exégétique juive, mais il est aussi passionné par la philosophie grecque. Pour Tatjana Aleknienė, son interprétation des Ecritures, en tant que platonicien, donne des «fruits vraiment étonnants».

Des cénacles d’exégètes transformés en champs de bataille

Chasse gardée des intellectuels, la discussion entre exégètes a, plus qu’à son tour, viré à la foire d’empoigne. Les chercheurs suisses et lituaniens cherchent à établir les raisons de ces querelles. Comment chaque exégète justifie-t-il son point de vue? Pourquoi tient-il mordicus à sa version? «Nous nous trouvons à la frontière de la psychologie, observe Tatjana Aleknienė, car nous examinons aussi les raisons inconscientes qui sous-tendent les interprétations.»

«Si on se dispute pour un texte, explique Franz Mali, c’est que l’on est convaincu qu’il recèle UNE vérité. Les interprétations divergentes vont jusqu’à provoquer des excommunications.»

Autre temps, autres mœurs! Entre exégètes du XXIe siècle, les débats sont devenus moins virulents, mais l’on continue de se critiquer… à fleuret moucheté. «Nous sommes plus humbles. Dans l’Antiquité, l’humilité faisait défaut», plaisante Tatjana Aleknienė. Et les trois «exégètes des exégètes» de partir d’un grand éclat de rire.

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Une collaboration aussi vieille que l’Université de Fribourg
La collaboration entre chercheurs suisses et lituaniens ne doit rien au hasard. Dès la fin du XIXe siècle, de nombreux lituaniens viennent  étudier à Fribourg. Dans l’Entre-deux-guerres, on en compte plus de trois cents, dont Jurgis Matulaitis, béatifié par Jean-Paul II en 1987. Le projet actuel donnera lieu à un colloque final à Vilnius au début du mois de septembre. Les textes seront publiés dans la Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie.

 

  • Photo: Christian Doninelli – Unicom
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