Institut du plurilinguisme – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Tue, 06 Sep 2022 06:28:14 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Rire, c’est bon pour enseigner! /alma-georges/articles/2022/rire-cest-bon-pour-enseigner /alma-georges/articles/2022/rire-cest-bon-pour-enseigner#respond Thu, 01 Sep 2022 13:15:02 +0000 /alma-georges?p=16374 325 participant·e·s issus de 32 pays! Miséricorde a pris des allures de Tour de Babel le temps de la conférence annuelle de l’EuroSLA (European Second Language Association) qui vient de s’achever. Un événement important dans le domaine de l’apprentissage des langues étrangères. Rachel Shively, l’une des conférencières d’honneur et professeure à l’Université de l’Etat de l’Illinois, y a plaidé la prise en compte de l’humour dans les cours de langue. Sans blaaague!
C’est presque par hasard que Rachel Shively a décidé d’étudier l’usage de l’humour chez des personnes s’exprimant dans une langue autre que leur langue maternelle. En travaillant avec des étudiant·e·s allophones, elle a remarqué que leurs conversations, en dépit d’une maîtrise imparfaite, étaient truffées d’humour. La Professeure en est convaincue: l’humour peut contribuer à la mémorisation et à l’apprentissage d’une langue seconde, d’où le titre de sa présentation : «Taking humour seriously». Elle nous explique en vidéo.


L’EuroSLA est une conférence annuelle qui réunit des chercheuses et chercheurs du monde entier. Pour l’accueillir cette année, l’Institut du plurilinguisme a mis les petits plats dans les grands. Entretien avec le Professeur Raphael Berthele.

Qu’est-ce qu’Eurosla représente dans le petit monde de l’étude de l’acquisition d’une langue étrangère?
C’est un événement important pour toute personne qui s’intéresse à l’acquisition des langues étrangères. On y traite de ce que signifie apprendre une langue. C’est le versant théorique. Mais de plus en plus de collègues présentent et comparent les différentes approches didactiques. C’est le versant appliqué.

Est-ce particulier d’accueillir cet événement dans une ville bilingue, pour vous et les participant·e·s?
Pas vraiment ou alors indirectement peut-être. A l’Institut du plurilinguisme, nous comptons plusieurs membres de l’association EuroSLA. Nous nous intéressons bien sûr à l’apprentissage des langues secondes et c’est la raison pour laquelle nous sommes heureux d’organiser et d’accueillir ce colloque annuel. Cela dit, avec son bilinguisme vécu, l’Université de Fribourg se trouve tout de même sur la carte de l’acquisition des langues.

Plus de 300 personnes ont participé à l’EUROSLA

Comment avez-vous fait votre casting?
Il y a plusieurs catégories d’intervenant·e·s. D’abord, les keynotes speakers, choisis par le comité locale. Ce sont des personnes que nous trouvons intéressantes et stimulantes. Puis les participant·e·s aux tables-rondes, dont les interventions portent sur les corpus et l’acquisition de langues. Nous envoyons aussi un call for papers, qui sont ensuite évalués par un comité scientifique.

Pourquoi est-ce intéressant de pouvoir compter sur Rachel Shively parmi les invité·e·s?
A vrai dire, je ne la connaissais pas particulièrement. C’est une idée de ma collègue Anita Thomas. Elle travaille sur l’utilisation du langage en contexte, ce qui est rare. Elle n’est pas main stream!

 

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Bilinguisme: stop à l’angélisme /alma-georges/articles/2016/bilinguisme-stop-a-langelisme /alma-georges/articles/2016/bilinguisme-stop-a-langelisme#comments Mon, 19 Sep 2016 11:16:46 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2868 Pour Raphael Berthele, directeur de l’Institut du plurilinguisme, notre société a développé une vision unilatérale et idéalisée du bilinguisme qui finit par lui nuire. Le spécialiste en débattra lors du prochain Café scientifique, le mercredi 21 septembre.

Raphael Berthele, à force de débats, vous avez l’impression que la notion de bilinguisme est aujourd’hui biaisée…
Le problème, c’est qu’on a développé une vision naïve du bilinguisme: une personne parfaitement compétente dans deux langues, c’est très rare. Les politiques éducationnelles cherchent à atteindre cet espèce de stéréotype idéal, alors qu’en réalité, le bilinguisme se vit de manière extrêmement dynamique et déséquilibrée. Nous développons nos compétences là où nous en avons besoin. S’il vous est nécessaire de comprendre l’allemand, mais jamais de l’écrire, vous développerez la compréhension, mais pas nécessairement l’écrit. Cela peut sembler banal, mais c’est la réalité.

Et cette vision fausse le débat…
D’abord, cette notion stéréotypée du bilinguisme place le standard trop haut, c’est pourquoi une politique du bilinguisme qui a pour but d’atteindre la perfection ne peut être qu’un échec. Ensuite, on a toujours tendance à attacher des valeurs très fortes – positives ou négatives – à tout ce qui relève du linguistique. De ce fait, les débats sont extrêmement normatifs. A Fribourg, par exemple, soit  on a peur du bilinguisme, parce qu’on craint de se faire germaniser, soit on estime que le bilinguisme est l’ultime objectif de toute bonne éducation scolaire ou de toute politique linguistique. Dans les deux cas, je pense qu’on passe à côté de la réalité.

On affirme pourtant même que le bilinguisme est bon pour le cerveau. Vous n’êtes pas d’accord?
Certaines études le montrent et d’autres pas. Toute activité cognitive intéressante est bonne pour le cerveau: faire du sport, de la musique, lire beaucoup… Alors, évidemment, si vous utilisez vos langues dans un contexte complexe, bien sûr que ce sera bon pour votre cerveau! Mais cela aussi, c’est une banalité, n’est-ce pas ? On a tellement tendance à glorifier ce bilinguisme qu’on lui accorde toutes sortes de valeurs ajoutées. On affirme, par exemple, que parler deux langues est excellent pour la carrière… Pourtant, la Ville de Bienne, réputée pour sa politique exemplaire en faveur du bilinguisme, présente le plus haut taux d’assistés sociaux de Suisse.

D’où vient alors cette vision si tranchée?
Cette célébration, à mon avis exagérée, découle en droite ligne de la polémique qui régnait dans les années 1970-1980, lorsque le bilinguisme était perçu par certains comme une sorte d’aberration cognitive. On considérait alors quasiment les bilingues comme des handicapés. Aujourd’hui, nous avons complètement basculé de l’autre côté. Mais cette idéologisation de tout ce qui touche aux langues, nous empêche aussi de prendre suffisamment de recul par rapport au débat.

Quels devraient être alors les vrais enjeux du débat?
Le rôle du chercheur est probablement de montrer que certains présupposés que nous admettons sans réfléchir sont, en fait, problématiques. Par exemple, l’idée que partager une langue crée la cohésion sociale est une vision réductrice du lien créé par le langage. Bien sûr, parler la même langue facilite l’interaction, mais cela va-t-il automatiquement créer beaucoup de cohésion dans un groupe? On sait que ce n’est pas le cas. Partager une langue – pensez à la relation entre Tessinois et Italiens ou entre Suisses-allemands et Allemands – entraîne aussi souvent la volonté de se démarquer. La théorie selon laquelle parler la même langue crée un lien étroit découle, en fait, de l’idéologie nationaliste.  A mon avis, on surestime le rôle de la langue. Ce n’est pas elle qui vous façonne, mais vous qui l’utilisez comme un outil pour créer quelque chose. Donc si vous appartenez à un réseau social ou professionnel qui nécessite la maîtrise d’une langue particulière, quelle qu’elle soit, vous développerez cette maîtrise, selon vos facultés. Combien d’entre nous n’ont rien retiré de l’apprentissage d’une deuxième langue durant leur scolarité, mais l’ont apprise en quelque mois à l’armée ou à l’occasion de leur apprentissage. Encore une fois, c’est dans un contexte naturel que les compétences se développeront selon les besoins.

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