Genre – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Thu, 16 Jan 2025 08:24:25 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 «Je défends une approche féministe du droit» /alma-georges/articles/2025/je-defends-une-approche-feministe-du-droit /alma-georges/articles/2025/je-defends-une-approche-feministe-du-droit#respond Wed, 15 Jan 2025 11:51:44 +0000 /alma-georges?p=21901 Sa thèse de droit lui a valu le prix Genre 2024 décerné lors du dernier Dies Academicus. Sofia Elisabetta Balzaretti y défend l’idée que le droit peut contribuer à façonner une société plus égalitaire et sans sexisme. Avec un talent certain de la vulgarisation, elle s’en explique dans nos colonnes.

Sofia Elisabetta Balzaretti (2ème depuis la droite)

Vous avez décroché le prix Genre qui vous a été remis à l’occasion du Dies Academicus. Qu’est-ce que cela vous fait?
Je suis très honorée de recevoir ce prix, mais je suis également ravie de pouvoir le partager avec d’autres chercheuses. Cette reconnaissance témoigne d’un intérêt croissant pour les questions de genre, et de l’objectif d’en faire un véritable sujet scientifique. Il me semble crucial de montrer que nous juristes réfléchissons aussi à cette question à partir de notre discipline.

Comment et pourquoi avez-vous décidé de vous pencher sur «l’épineuse et importante question de l’égalité entre les sexes» dans votre thèse de doctorat?
Tout d’abord, en tant que juriste, je m’intéresse aux questions d’égalité, aux droits fondamentaux et à la protection des droits «de l’homme» au niveau international et suisse. Mon intérêt pour la philosophie du droit a également joué un rôle – une thèse en droit offre cette merveilleuse opportunité d’explorer en profondeur les aspects théoriques.
Ensuite, en tant que femme et féministe convaincue, je savais qu’il y avait des idées à rassembler et la possibilité de réfléchir au droit et à la théorie du droit à partir de mon expérience «située» de femme, sans entrer dans une logique identitaire que je ne cautionne d’ailleurs pas. J’ai également pu mûrir et évoluer, grâce à l’accompagnement doctoral d’excellente qualité que j’ai reçu à l’Université de Fribourg. En écho à la thématisation et à l’intérêt croissant pour le sujet ces dernières années, l’inspiration n’a cessé de grandir.

Est-ce une thèse militante?
Si l’on comprend le militantisme comme une action visant à défendre une cause, alors effectivement, ma thèse a une dimension militante, puisque je défends une approche féministe du droit. Cependant, la posture juridique elle-même, le «plaidoyer» des juristes, est toujours normative. Même un sujet qui semble neutre est en réalité un plaidoyer pour une conception particulière du droit. Tout est intrinsèquement politique, y compris la manière dont les règles de droit sont conçues et interprétées. Il existe plusieurs théories du droit et il est évident que la théorie féministe du droit est fortement influencée par les mouvements sociaux féministes, ce qui lui donne probablement une teinte plus militante. En revanche, et pour plaisanter, je ne suis pas sûre que les militantes «du terrain» seraient d’accord avec moi, vu que je m’inscris dans l’orthodoxie juridique dominante en devenant docteure en droit.

Dans quelle mesure le droit, aujourd’hui, est imprégné de sexisme ? Pourriez-vous citer des exemples?
Dans beaucoup de systèmes juridiques, les femmes n’ont acquis la pleine reconnaissance de leurs droits civils que très récemment et, dans certains pays, la lutte pour l’égalité juridique n’est pas terminée. L’histoire du droit a longtemps été marquée par des pratiques qui excluaient les femmes des sphères de décision et de participation à la vie publique, ce qui a profondément modelé la manière dont le droit et le démocratie sont structurées aujourd’hui.

En droit comparé, on peut aussi observer ces disparités. Par exemple, la définition de la violence domestique ou du harcèlement sexuel varie largement d’un pays à l’autre. Cette conception biaisée reflète une vision patriarcale du droit, où certaines formes de violence sont minimisées, voire justifiées, ce qui contribue à invisibiliser l’expérience des femmes, à les considérer comme des «citoyennes de seconde zone».

Vous écrivez que le droit ne protège pas assez les femmes contre toutes les formes de sexisme? Pour quelles raisons?
Le sexisme n’est pas seulement une question d’atteinte isolée à des droits individuels, mais une idéologie profondément ancrée, soutenue par un «continuum des violences». Ce n’est pas uniquement une question de lois insuffisantes, mais de structures sociales et institutionnelles qui perpétuent ce sexisme. Parfois, ce n’est pas qu’il n’y a pas de lois en place, mais il existe des défaillances étatiques importantes dans la mise en oeuvre réelle de l’égalité; une non prise en compte des récits et témoignages des femmes en tant que victimes de violences sexuelles est un exemple.

Pire, vous affirmez que le droit peut contribuer au sexisme! De quelle façon?
Le droit peut, en effet, contribuer au sexisme, non seulement à travers des lois qui semblent neutres, mais aussi par la manière dont il aborde des concepts comme l’égalité, l’autonomie ou la dignité, qui sont souvent considérés comme les bases de la protection des droits des femmes. La notion de consentement par exemple est largement débattue dans la littérature féministe, ce qui nous pousse à reconsidérer non seulement «a-t-elle consenti?», mais aussi à se demander «qui a la possibilité de donner son accord mais surtout de formuler la proposition?» En particulier, cette réflexion critique, incarnée par le féminisme, nous incite à ne pas accepter les concepts libéraux tels qu’ils sont, mais à les analyser pour éviter de reproduire une vision patriarcale de l’égalité.

Le droit peut-il véritablement contribuer à créer une société sans sexisme?
Là réside tout le défi. Il existe des attentes vis-à-vis du droit, que l’on peut observer à travers les procès médiatisés. Ma thèse défend l’idée que le droit peut, oui, contribuer à façonner une société plus égalitaire et sans sexisme, à condition qu’il ne perde pas de vue le projet matérialiste et radical du féminisme. Ce n’est pas simplement une question de reformulation juridique, mais de maintenir la portée universelle et transformatrice du féminisme politique. C’est un des arguments principaux à la lutte juridique contre le sexisme: ne pas diluer les valeurs fondamentales du féminisme, qui sont avant tout des valeurs de justice sociale et de redistribution du pouvoir.

Quand on lutte juridiquement contre les discours sexistes, ne risque-t-on pas de censurer des propos qui, bien que ne volant pas forcément haut, peuvent rester dans la limite de la liberté d’expression?
Oui, c’est un risque, et c’est un point que je souligne dans ma thèse. Les féministes américaines sont partie de là pour pouvoir offrir une protection juridique contre le harcèlement sexuel, car la liberté d’expression a une place centrale dans la Constitution américaine. Il en va autrement en France ou en Suisse. Partout, c’est vrai, le sexisme est compris comme «les propos sexistes». Pour moi ce n’est pas tant une question de restreindre la liberté ou d’interdire des propos que de savoir comment promouvoir des droits sociaux et façonner positivement la société. Cela permet de justifier des pratiques comme les espaces en non-mixité choisie ou la valorisation des productions des femmes. La théorie féministe nous rappelle que l’enjeu n’est pas tant de censurer ou d’interdire, mais d’offrir une place réelle aux femmes, pour pouvoir en somme converser à «armes égales».

Avez-vous espoir que, au travers du droit, on puisse éliminer les stéréotypes liés à la condition féminine?
Les stéréotypes, évidemment, sont un obstacle, mais il ne faut pas rejeter les fondements libéraux du droit en dépit des dérives patriarcales. Tout le monde doit avoir le droit de choisir, avoir des préférences personnelles ou excercer ses libertés individuelles. Le droit peut et doit être un outil pour concilier liberté et égalité, notamment pour les femmes. Le véritable défi est de remettre chaque norme dans son contexte politique et éthique. La lutte contre la violence, notamment la violation des corps des femmes, doit être une priorité. Et ce ne sera faisable qu’en prenant au sérieux les féministes et leurs revendications. Mais au-delà de cela, il s’agit de remettre en question les stéréotypes qui peuvent conduire à des violations graves des droits.

Et au niveau privé, qu’allez-vous faire maintenant que vous êtes docteure en droit?
Depuis plus de deux ans, je travaille à l’administration fédérale, où je continue à m’engager sur des projets liés à l’égalité, en particulier en faveur des personnes handicapées. Les liens entre droit et politiques publiques sont passionants. Je garde un pied dans la recherche à l’Université de Fribourg. Je pense également à m’investir dans la vulgarisation scientifique de mes travaux de thèse. Et, sur un plan plus privé, je demeure engagée en tant que féministe, car après tout, le privé n’est-il pas politique?

__________

  • Balzaretti, Sofia. Le sexisme et le droit suisse, européen et international: Pour une approche féministe du droit. Zürich: Schulthess Verlag, 2023.
  • Photos: Jessica Genoud
]]>
/alma-georges/articles/2025/je-defends-une-approche-feministe-du-droit/feed 0
Quand la répartition des genres affecte la satisfaction de carrière des femmes /alma-georges/articles/2025/quand-la-repartition-des-genres-affecte-la-satisfaction-de-carriere-des-femmes /alma-georges/articles/2025/quand-la-repartition-des-genres-affecte-la-satisfaction-de-carriere-des-femmes#respond Thu, 09 Jan 2025 17:42:23 +0000 /alma-georges?p=21877 Quel est l’impact de la répartition des genres au sein d’une entreprise sur la satisfaction des femmes en termes de carrière? Une vaste enquête internationale, menée auprès de 2291 femmes dans plus de 35 entreprises sur 5 continents, lève le voile, avec quelques surprises et plusieurs mystères à la clé. Les explications d’Olivier Furrer, professeur à la Chaire de marketing et co-auteur de l’étude.

Prof. Dr. Olivier Furrer, Chaire de marketing

De manière générale, une représentation accrue des femmes à des postes supérieurs contribue-t-elle à la satisfaction professionnelle des employées?
Tout d’abord, il faut bien comprendre que notre étude ne porte pas sur la satisfaction professionnelle des employées ou leur satisfaction au travail, mais sur leur satisfaction en termes de carrière. En effet, la satisfaction en rapport avec la carrière reflète l’évaluation subjective et personnelle que font les employées de leur progression et de leurs perspectives de carrière. Dans notre étude, ce construit a été mesuré avec des items tels que: «Je suis satisfaite du succès que j’ai obtenu au cours de ma carrière» et «Je suis satisfaite des progrès que j’ai accomplis dans la réalisation de mes objectifs de carrière».
Ensuite, il faut également comprendre que notre étude n’est pas comparative. Nous ne nous sommes pas intéressés aux différences de niveau de satisfaction entre hommes et femmes. Nous n’avons mesuré cette satisfaction en rapport avec la carrière que pour les femmes et nous avons cherché à comprendre les différences de satisfaction entre femmes en fonction de la répartition des genres, dans leur entreprise au même niveau hiérarchique et au niveau supérieur.
Pour en revenir à votre question, les résultats de notre étude montrent que la satisfaction des employées en rapport avec leur carrière est positivement influencée lorsqu’elles ont dans leur entreprise une majorité de femmes au niveau hiérarchique directement supérieur au leur; elle est en revanche négativement affectée lorsque leur supérieure directe est une femme et lorsqu’il y a une majorité de femmes à leur niveau hiérarchique. Ces résultats sont relativement universels (similaires dans les 35 sociétés que nous avons étudiées) et peu influencés par des facteurs culturels.

Il est souvent avancé que les femmes adoptent entre elles un comportement plus compétitif et hostile que les hommes. Votre étude aborde ce point. Est-ce un fait avéré ou un simple cliché?
De nombreuses études ont montré que les femmes pouvaient être aussi compétitives que les hommes, qu’elles sont généralement plus compétitives entre elles que vis-à-vis des hommes et qu’elles utilisent le plus souvent des comportements compétitifs différents des hommes. Notre étude ne mesure pas directement l’intensité de ces comportements compétitifs, mais utilise le concept d’interdépendance (paradoxale) entre compétition et coopération pour développer des hypothèses liant la répartition des genres dans l’entreprise et la satisfaction des femmes en rapport avec leur carrière. Nos résultats montrent qu’une femme qui a une autre femme en tant que supérieure directe voit sa satisfaction en termes de carrière amoindrie, ce que nous expliquons par une concurrence accrue entre femmes.

Par ailleurs, votre étude montre que, lorsqu’une majorité féminine se retrouve au même niveau hiérarchique, cela a des conséquences négatives sur leur satisfaction de carrière. Comment expliquez-vous ce phénomène?

L’hypothèse que nous avons formulée, et qui semble supportée par nos résultats, c’est que, dans les environnements compétitifs, les individus se comparent souvent à leurs pairs avec des performances et des caractéristiques similaires. Dans le cadre de la dynamique de genre, les femmes sont susceptibles d’être en concurrence avec leurs homologues féminines du même niveau hiérarchique. Cette concurrence peut être comparée à un tournoi où les individus se disputent des ressources et des récompenses limitées et où les pairs de même niveau hiérarchique (c’est-à-dire de la même ligue) deviennent les principaux concurrents. Compte tenu de la socialisation générale des femmes vers des rôles communaux (autrement dit vers des pratiques qui privilégient le bien-être de la communauté) et des hommes vers l’affirmation de soi, il se peut que les femmes n’apprécient ni n’approuvent la compétition autant que les hommes et préfèrent la coopération. Elles pourraient ainsi réagir plus négativement à la concurrence entre elles que les hommes à la concurrence entre hommes. Toutefois, avec une majorité de femmes au même niveau hiérarchique, l’intensification de la concurrence due à un accès restreint aux ressources (par exemple, les possibilités d’avancement) pourrait réduire leur satisfaction en rapport avec leur carrière, comme le montre l’incivilité observée dans d’autres études parmi les collègues féminines.

Vous suggérez également que, pour les femmes, travailler sous la supervision d’une femme nuit à leur satisfaction en termes de carrière. Qu’est-ce qui vous a conduit à émettre cette hypothèse? Et comment l’expliqueriez-vous?
La relation entre un·e supérieur·e direct·e et un subordonné·e implique généralement une interdépendance à la fois coopérative et compétitive. Cependant, nous soutenons que, dans les dyades superviseure–subordonnée femme, la dynamique interpersonnelle présente probablement plus de concurrence que de coopération que dans les dyades superviseur homme–homme ou dans les dyades mixtes. Nous le pensons sur la base de la théorie des caractéristiques du statut de genre qui explique que, sur le lieu de travail, les hommes ont un avantage en termes de statut ce qui entraîne chez certaines femmes un syndrome de reine des abeilles (queen bee syndrome) et/ou de défi ascendant (upward challenge).

De quoi s’agit-il?
Le syndrome de reine des abeilles est un phénomène social dans lequel les femmes en position d’autorité ou de pouvoir traitent les femmes subordonnées moins bien que les hommes, uniquement sur la base de leur genre. De plus, alors que les femmes ont tendance à voir et à traiter leurs managers masculins comme des « managers », les femmes subordonnées ont tendance à voir et à traiter leurs managers féminins comme des « femmes ». Par conséquent, elles sont plus enclines à adopter des comportements compétitifs à l’égard d’un superviseur féminin qu’à l’égard d’un superviseur masculin, ce qui se traduit par ce que nous appelons un défi ascendant.

À l’inverse, vous avez constaté que la situation s’améliore lorsque les femmes sont majoritaires aux niveaux hiérarchiques supérieurs immédiats. La distance hiérarchique pourrait-elle réduire la compétition entre femmes?
Dans les situations où une femme subalterne interagit avec une majorité de femmes au niveau hiérarchique supérieur, un contexte qui n’est pas dominé par une seule femme supérieure directe, nous avons proposé et empiriquement démontré un effet positif sur la satisfaction de carrière. Cela peut s’expliquer par le nombre accru de concurrentes potentielles, qui réduit le comportement compétitif des femmes du niveau inférieur. En effet, les individus font souvent preuve de moins de concurrence lorsque le nombre de concurrents est plus élevé, car ils perçoivent une diminution des chances de réussite ce qui entraîne une baisse de leur motivation à concourir. Par conséquent, dans ce contexte, les femmes ont tendance à se comporter de manière moins compétitive avec un groupe comprenant une majorité de femmes plus haut placées qu’avec une seule femme comme supérieure directe. De plus, l’argument de la distance psychologique laisse à supposer que les femmes se sentent plus proches de leur supérieure directe que des femmes plus haut placées, ce qui fait de ces dernières des concurrentes moins pertinentes. En outre, dans ce cadre, les femmes plus haut placées servent souvent de sources d’inspiration et d’informations précieuses plutôt que d’être perçues comme des concurrentes directes. Avec une majorité de femmes au niveau supérieur, ces femmes deviennent des référentes de carrière plus importantes, ce qui réduit la dynamique concurrentielle et renforce la coopération. Avec une concurrence ascendante réduite, les femmes les plus haut placées peuvent également plus facilement adopter un rôle protecteur et accepter d’être des mentors.

Plus surprenant encore, vous pointez du doigt l’impact négatif des lois en faveur de l’égalité des genres. Ces dernières atténueraient l’effet positif d’une majorité féminine au niveau hiérarchique supérieur. Pensez-vous que ce soutien externe biaise leur légitimité?
On ne peut pas parler d’un impact général négatif des lois en faveur de l’égalité des genres. Ces lois et réglementations visant à garantir l’égalité entre hommes et femmes se sont avérées efficaces, les faits montrent que ces lois et réglementations ont conduit les entreprises à engager et à promouvoir davantage de femmes à des postes de direction de haut niveau. Cependant, dans le cadre de notre étude sur la satisfaction des femmes en rapport avec leur carrière, nos résultats montrent que, dans les sociétés qui ont les lois et les réglementations les plus fortes, avoir une majorité de femmes au niveau hiérarchique supérieur a un effet plus faible que dans les sociétés où ces lois et réglementations sont moins strictes. Nos résultats montrent même que, dans les sociétés avec des lois et des réglementations plus fortes, une majorité féminine au niveau hiérarchique supérieur n’a aucun effet sur la satisfaction des femmes en rapport à leur carrière, c’est probablement parce que dans ces sociétés elles sont traitées de la même manière que les hommes par les femmes occupant les positions supérieures.

En revanche, votre étude semble indiquer que ces lois amplifient l’effet négatif d’une majorité féminine au même niveau hiérarchique. Faudrait-il alors envisager de limiter les interventions législatives en la matière?
Encore une fois, il ne faut pas généraliser et, surtout, il faut garder à l’esprit que ces lois ont des visées et des résultats qui vont bien au-delà de la satisfaction avec la carrière. Cela dit, cet effet négatif va à l’encontre de ce que nous pensions et de notre hypothèse de travail. Nous pensions que ces lois atténueraient l’intensité de la concurrence entre femmes lorsqu’elles sont majoritaires à un même niveau hiérarchique. Or, il semblerait que les résultats soient inverses avec les effets que l’on vient de mentionner sur la satisfaction en termes de carrière.

Vos conclusions reflètent une réalité complexe et nuancée. Quels enseignements les législateurs·trices et les dirigeant·e·s d’entreprise peuvent-ils en tirer?
D’une part, l’absence de différences entre sociétés pour certaines relations suggère la possibilité de mesures universelles. D’autre part, la présence de lois et de réglementations en matière d’égalité des genres modère les questions de satisfaction avec la carrière dans deux des trois effets et suggère la nécessité pour les entreprises multinationales d’adapter leurs stratégies de diversité des genres aux contextes juridiques distincts de leurs pays d’accueil. Nos résultats suggèrent également que les dyades superviseure–subordonnée femme sont préjudiciables à la satisfaction des femmes en ce qui concerne leur carrière et qu’il s’agit probablement d’un phénomène mondial. Cela signifie que les entreprises multinationales, quel que soit le pays dans lequel elles opèrent, devraient identifier les défis auxquels sont confrontées les dyades femme–femme et, le cas échéant, développer des mesures pour réduire les tensions qui en découlent.

Mais comment concrètement atténuer cet effet négatif sur la satisfaction liée à la carrière quand les femmes travaillent avec une superviseure féminine?
Ce phénomène met en évidence la manière complexe dont les normes sociétales et les inégalités structurelles se reflètent dans les contextes organisationnels. Il suggère que les défis auxquels sont confrontées les femmes occupant des postes supérieurs, y compris la gestion des attentes et des préjugés liés au genre, peuvent avoir des effets d’entraînement sur les expériences et les perceptions de leurs subordonnées en matière de progression de carrière. C’est pourquoi la résolution de ces problèmes devrait nécessiter des changements dans la culture organisationnelle des entreprises afin de soutenir les femmes à tous les niveaux de l’organisation, en encourageant une culture de soutien mutuel, de mentorat et de reconnaissance des différents styles de leadership.

En somme, votre étude semble suggérer qu’un excès de femmes à un même niveau hiérarchique nuit à la satisfaction de carrière. Cela revient-il à préconiser une mixité équilibrée à tous les niveaux?
Notre étude ne suggère rien de tel. Elle ne traite ni d’excès de femmes, ni de mixité équilibrée. Premièrement, nous n’avons comparé des situations dans lesquelles les femmes étaient majoritaires (ce qui ne veut pas dire qu’elles soient en excès) qu’avec celles dans lesquelles il y avait une mixité équilibrée ou une majorité d’hommes, sans distinguer ces deux cas. Deuxièmement, nous ne nous sommes intéressés qu’à la satisfaction des femmes en rapport avec leur carrière, sans la comparer avec celle des hommes, ni même prendre celle-ci en compte. La contribution de notre étude est importante, mais très spécifique, elle ne permet donc pas de préconiser des généralités.

_________

  • Terpstra-Tong, Jane L. Y., Len J. Treviño, Alara Cansu Yaman, Fabian Jintae Froese, David A. Ralston, Nikos Bozionelos, Olivier Furrer, Brian Tjemkes, Fidel León-Darder, Yongjuan Li, and others. Gender Composition at Work and Women’s Career Satisfaction: An International Study of 35 Societies. » Human Resource Management Journal, September 1, 2024.

 

]]>
/alma-georges/articles/2025/quand-la-repartition-des-genres-affecte-la-satisfaction-de-carriere-des-femmes/feed 0
Une journée à -195°C /alma-georges/articles/2023/une-journee-a-195c /alma-georges/articles/2023/une-journee-a-195c#respond Thu, 09 Nov 2023 13:54:36 +0000 /alma-georges?p=19200 Comme chaque année, l’Université de Fribourg a ouvert ses portes à 80 élèves des niveaux 7H et 10H pour célébrer la journée Futur en tous genres 2023. Cet événement a permis aux participant·e·s de se plonger dans le monde fascinant de l’azote liquide, des sciences et de l’égalité des genres.

Bien sûr, on ne devrait pas jouer avec la nourriture, mais la science à des raisons que l’éducation ignore! Avez-vous déjà plongé une banane dans de l’azote liquide? Eh bien, sachez que cela peut-être très utile si vous souhaitez vous en servir comme d’un marteau!  Dans le cadre de la journée Futur en tous genres, les participant·e·s ont eu l’occasion de se livrer à ce genre d’expériences passionnantes, mais aussi de faire éclater des roses comme du verre, de produire des bulles de mousse fumante et faire léviter des trains sur des rails magnétiques. Hormis son côté ludique, cet événement annuel vise à encourager les jeunes à explorer des domaines qui peuvent souvent sembler éloignés de leur quotidien et à briser les stéréotypes de genre en ouvrant aux jeunes l’accès à une variété de secteurs scientifiques et techniques. Les sourires sur les visages témoignent de l’impact positif de cette initiative et laisse entrevoir un avenir prometteur pour la prochaine génération de scientifiques. N’hésitez pas à explorer notre galerie et à partager ces moments inoubliables avec vos ami·e·s, votre famille et vos collègues.

 

_________
  • Images: Christian Doninelli | Unicom Communication & Médias
]]>
/alma-georges/articles/2023/une-journee-a-195c/feed 0
La masculinité dans les pubs suisses: ça change ou bien? /alma-georges/articles/2021/la-masculinite-dans-les-pubs-suisses-ca-change-ou-bien /alma-georges/articles/2021/la-masculinite-dans-les-pubs-suisses-ca-change-ou-bien#respond Fri, 21 May 2021 07:35:50 +0000 /alma-georges?p=13826 L’image de l’homme que projette la publicité suisse demeure une caricature. Pourtant, les mouvements critiques qui agitent la société depuis quelques mois semblent porter leurs fruits. Alors, le changement, c’est maintenant? Analyse critique de Francesco Screti, chercheur postdoctoral à l’Université de Fribourg et professeur au Glion Institute of Higher Education.

 

Il y a quelques mois, j’ai présenté les résultats d’un travail scientifique qui portait sur la construction de la masculinité dans la publicité suisse. Dans cet article, dont une version est parue dans le numéro LGBT+ du magazine scientifique universitas, je réfléchissais sur le fait que la représentation de la masculinité offerte par une série de publicités de la marque Bell, était plutôt traditionnaliste et exclusive: Le protagoniste masculin de la pub, pour ne pas être ridicule et ridiculisé, devait être et paraître comme un homme. Traduisez: il ne devait pas regarder de films romantiques et pleurer, , , ni . En tant que véritable chasseur, capable de tuer sa viande et de la cuire sur le feu, ses créneaux étaient plutôt le retour à la «nature» et les grillades.

Les hommes sur le grill
Dans mon article, je réfléchissais aussi au lien qui existe entre la pratique de la grillade et les suisse·esse·s, ainsi qu’ entre la viande et la masculinité. Si, sur le premier point, il n’y a pas trop de discussions, on ne peut pas en dire de même pour le deuxième.

C’est ainsi que la pub Migros «», en 2018, avait fait quelques mécontents, au sujet, entre autres, de l’affirmation que la seule couleur rose que les hommes peuvent porter,  c’est celle de la viande.

On  retrouve un discours identique dans une pub  COOP de 2019 «Pour moi, pour toi, et pour Darko» dans laquelle, les amis (hommes) du protagoniste masculin sont carnivores, tandis que ses amies (femmes) sont végétariennes.

Tout n’est pas rose
Donc, bien que les deux géants suisses de la distribution se présentent comme acceptant toutes les habitudes alimentaires, évidemment aussi pour des questions commerciales, et soulignent le lien des suiss.esse.s avec les grillades, ils continuent tout de même à proposer une vision très stéréotypée selon laquelle l’homme est carnivore (et ne porte pas de rose!) et la femme végétarienne.

Or, si nous savons toutes et tous que la Suisse a longtemps été conservatrice en matière d’égalité femmes-hommes et que son regarde sur la masculinité reste très conservateur, la question est de savoir si, malgré les énormes progrès des dernières années, c’est encore vraiment le cas aujourd’hui.

La publicité comme miroir de la société
S’il est vrai que les publicités parlent de et à la société dans laquelle elles sont diffusées, et qu’elles en reflètent non seulement les valeurs dominantes, mais aussi les valeurs émergentes, nous pourrions penser que, depuis 2013, année de diffusion de la campagne Bell, aucun progrès n’a eu lieu. Pour preuve, cette cette pub de la marque de caleçon John Kiss, fièrement affichée dans les rues des villes suisses en décembre 2019 et déclinée dans différents slogans comme «not for pussies» ou «got balls?», tous en anglais, bien sûr – peut-être pour réduire l’impact potentiellement violent ou offensif de ces messages.


© Francesco Screti

Et pourtant, les choses changent, comme le montrent deux exemples récents: la pub Rivella 2021, «» et celle de Zalando pour sa collection printemps/été 2021 «your values. Here to stay». A vrai dire, Zalando avait déjà diffusé, au printemps 2020, une pub assez ouverte et inclusive, intitulée «».


Or, bien sûr, l’univers de la mode a été très rapide dans l’acceptation de la différence pour diverses raisons, liées, au moins en partie, à la nécessité de vendre le plus de produits au plus grand nombre de personnes. Les vêtements sont des produits avec une charge identitaire et une fonction expressive élevée. Mais la vente est un objectif commercial commun à beaucoup d’entreprises, qui prennent – enfin – peu à peu conscience de la situation.

Qui de l’œuf ou de la poule…?
Néanmoins l’acceptation et la représentation de la différence résultent aussi d’un changement de mentalité plus large. Il est certain que ces changements dans la politique commerciale des entreprises et au sein de la société au sens large se rétroalimentent. Il n’est donc pas toujours facile de définir qui est arrivé le premier. Le fait est qu’un changement a lieu en Suisse. La pub Rivella en est un exemple extraordinaire – surtout si l’on considère que Zalando est une marque internationale et multinationale, alors que Rivella est une marque purement suisse.

Rivella est la boisson la plus suisse qui soit: elle a réussi, avec le temps, à construire une relation très étroite avec sa patrie, les suisse·esse·s et la «suissitude» (swissness). Qu’elle ait décidé de représenter et d’inclure dans sa pub des masculinités non hégémoniques et de mettre en relation des masculinités émergentes avec les traditionnelles, par exemple avec la phrase «chez les amateurs de costumes / de tous les costumes» dans une scène où des hommes vêtus d’habits dansent de manière très expressive, constitue un pas important dans la direction d’une inclusion sociale et d’une ouverture mentale à la différence.

Le fait qu’une entreprise si suisse ait communiqué un tel message dans un cadre publicitaire, transmis sur la Radio Télévision Suisse (RTS) à toutes heures représente un signe très positif. On attend donc l’été 2021 pour découvrir si, enfin, nous verrons un homme mordre une glace… ou la lécher!


Ndlr: La marque Magnum a répondu aux voeux de notre auteur dans sa campagne d’été 2021.
__________

  • vers l’étude originale en espagnole
  • de Francesco Screti
]]>
/alma-georges/articles/2021/la-masculinite-dans-les-pubs-suisses-ca-change-ou-bien/feed 0
Genderpreis 2020: «Politik scheint für Männer weniger attraktiv zu werden» /alma-georges/articles/2020/genderpreis-2020-politik-scheint-fur-manner-weniger-attraktiv-zu-werden /alma-georges/articles/2020/genderpreis-2020-politik-scheint-fur-manner-weniger-attraktiv-zu-werden#respond Tue, 24 Nov 2020 12:27:02 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12169 Mit dem Genderpreis werden Master-, Doktorarbeiten und andere wissenschaftliche Publikationen ausgezeichnet, welche eine Gender-Fragestellung in den Fokus rücken. Das hat Anna Maria Koukal vom Departement für Volkswirtschaftslehre gemacht und wurde deshalb mit sFr. 3000.- prämiert. Im Rahmen des Internationalen Tages gegen Gewalt an Frauen haben wir mit der Forscherin über Schweizer Politik und Mitbestimmung gesprochen.

Wie fühlt es sich an, für die eigene Arbeit mit dem Genderpreis ausgezeichnet zu werden?
Natürlich habe ich mich sehr über den Genderpreis 2020 gefreut und diese Nachricht hat mich zusätzlich für die Arbeit an meinen laufenden Forschungsprojekten motiviert. Interessanterweise ist das übrigens genau das, was die ökonomische Theorie über Awards sagen würde, nämlich dass Preise und Auszeichnungen das Potential haben, intrinsische Motivation zu verstärken. Da man als Wissenschaftler_in meistens ein kleines fachspezifisches Publikum hat und intensiv mit seinem Team an der Forschung arbeitet, ist es zudem schön, wenn die eigene Forschung auch für ein breiteres Publikum interessant ist. Zumal sich meine Forschung mit politischen Mitspracherechten für Frauen, Jugendliche und Ausländer _innen beschäftigt, freue ich mich auch über Gelegenheiten diese aktuellen Forschungsfragen interdisziplinär zu diskutieren.

Das Thema Ihrer Arbeit in einem einzigen Satz (oder in einer einzigen Frage) …
Unter welchen Bedingungen sind Bürger_innen bereit, ihren politischen Einfluss mit neuen Gruppen zu teilen – und welche Auswirkungen hat das?

Wie sind Sie auf das Thema Ihrer Dissertation gekommen?
Die Schweizer Institutionen, insbesondere die ausgeprägte Direkte Demokratie mit ihren vielfältigen Einflussmöglichkeiten, hat mich schon immer fasziniert. Gleichzeitig haben Frauen in fast keinem anderen Land so lange auf das Stimmrecht gewartet wie in der Schweiz. Diesen Gegensatz aus stark ausgeprägten demokratischen Institutionen, die aber eine lange Zeit nur Männern vorenthalten waren, wollte ich besser verstehen. Zu diesem Zweck habe ich einen neuen Datensatz für den Zeitraum 1947 – 1990 zusammengetragen, der um die 100 Abstimmungen zur Einführung des Frauenstimmrechts in der Schweiz auf Gemeindeebene zusammenfasst. Nicht nur die politische Integration von Frauen interessiert mich, in meiner Forschung befasse ich mich zudem mit der politischen Integration von Ausländer_innen und Jugendlichen. Diese wird in der aktuellen politischen Debatte prominent diskutiert.

Wo ist Ihre Arbeit innerhalb Ihrer Fachdisziplin zu verorten und wo besteht noch Entwicklungsbedarf in Bezug auf Themen wie Gender und Feminismus?
Meine wissenschaftlichen Arbeiten lassen sich im Bereich der politischen Ökonomie verorten. Allerdings sind die Schwerpunkte der einzelnen Projekte sehr unterschiedlich. Beispielsweise beschäftige ich mich in einem Projekt mit der Rolle von kultureller Führung (in meinem Fall dem Papst) auf die geäusserten Präferenzen der Schweizer Männer zur Einführung des Frauenstimmrechts. Meine empirischen Analysen zeigen, dass sich katholische Männer durch die Reformen des zweiten Vatikanums viel stärker für das Frauenstimmrecht öffnen als protestantische Männer. Dieser Effekt ist dort besonders ausgeprägt, wo der Bezug zum zweiten vatikanischen Konzil besonders stark ist. Bisher wissen wir noch relativ wenig darüber, wie sich Verhaltensänderung von kulturellen Vorbildern oder Eliten auf die geäusserten Präferenzen der Gruppenmitglieder auswirkt und welche Mechanismen dabei mitspielen. Gerade im Zusammenhang mit Minderheitsrechten gibt es hier also noch viel Forschungsbedarf.

Wie kommt es, dass Mitbestimmung so stark an Einbürgerung gebunden ist?
Tatsächlich orientiert sich formale politische Mitsprache noch stark am Prinzip der Staatsbürgerschaft. Ein Argument für die Verknüpfung von Staatsbürgerschaft und politischer Mitsprache ist, dass man sicherstellen möchte, dass politische Entscheidungen mit einer langfristigen (nachhaltigen) Perspektive getroffen werden und ein gutes Verständnis des politischen Systems vorhanden ist. Die heutigen Gesellschaften sind aber viel mobiler als sie es noch vor 100 Jahren waren. Das führt dazu, dass heute ein grosser Teil der Bevölkerung von der politischen Mitbestimmung – zumindest partiell – ausgeschlossen ist. Studierende sind übrigens besonders häufig von fehlender politischer Mitsprache betroffen, da sie viel mobiler sind als die Durchschnittsbevölkerung und deshalb auch häufig im Ausland leben. Die voranschreitende internationale Mobilität führt auch dazu, dass ein wachsender Anteil der Steuerzahler_innen zwar Steuern bezahlt, aber keine Mitsprache über deren Verwendung hat. Dies lässt die starke Konzentration auf die Staatsbürgerschaft jedoch allmählich bröckeln. Bereits heute existieren schon in einigen Schweizer Kantonen politische Mitspracherechte für Ausländer_innen und in der EU haben alle EU- Bürger_innen automatisch politische Rechte auf der kommunalen Ebene. Es könnte also gut sein, dass wir hier in den nächsten Jahrzehnten Veränderungen sehen werden.

Welche (positiven) Entwicklungen beobachten Sie in Bezug auf die Integration bzw. Inklusion von weniger vertretenen Gruppen wie Immigrant_innen oder junge Menschen?
In unserer Forschung haben wir uns die Frage gestellt, wie sich die politische Integration von Immigrant_innen auf die Schweizer_innen auswirkt. Die Ergebnisse sind erstaunlich. Unsere Daten zeigen, dass Schweizer_innen, die in Gemeinden mit Ausländer_innenstimmrecht leben, nach der Einführung des Stimmrechts zufriedener mit der Demokratie sind und sich ihre Einstellung gegenüber den dort lebenden Immigrant_innen verbessert. Interessanterweise deuten unsere Resultate darauf hin, dass dieser Effekt dort am ausgeprägtesten ist, wo die Ablehnung gegenüber dem Ausländer_innenstimmrecht besonders hoch war.

Dr. Anna Maria Koukal

Bei einer aktuellen Forschungsarbeit analysierten wir zudem das politische Engagement von Frauen und Männern nach der Einführung des kantonalen Frauenstimmrechts 1959. Interessant ist, dass die Wahlbeteiligung der Frauen zunächst nur bei rund 15% lag. Erst über die Zeit nimmt sie langsam zu, wobei die Zunahme in Gemeinden mit ausgeprägter direkter Demokratie etwas stärker ist. Auf der anderen Seite beobachten wir, dass durch die Einführung des Frauenstimmrechts die Politik für Männer weniger attraktiv zu werden scheint. In verschiedenen empirischen Tests finden wir, dass nach der Einführung des Frauenstimmrechts das politische Engagement der Männer stark abfällt. Dies erinnert an die Arbeitsmarktliteratur, die einen sogenannten Entwertungseffekt von Berufen findet, die sich für Frauen öffnen. Wir wollen nun der Frage nachgehen, ob sich dies auch auf die Politik übertragen lässt.

Fast 50 Prozent der neuen Abgeordneten in Neuseelands Parlament sind Frauen, rund 10 Prozent stammen aus der LGBT+ Community und 16 Parlamentarier_innen sind Māori. Ausserdem sind erstmals Menschen mit einem afrikanischen und lateinamerikanischen Hintergrund mit dabei. Was macht Neuseeland richtig oder anders? Und wie lässt sich mehr Vielfalt ins Schweizer Parlament bringen?
Vielfalt ist ein gutes Stichwort! In der Tat könnte Vielfalt in der Politik zu neuen Ideen und verstärktem Wettbewerb von politischen Konzepten führen und dadurch unter bestimmten Bedingungen die Qualität von politischen Entscheidungen verbessern. Neuseeland könnte uns hierfür spannende Daten liefern. So zeigt sich in manchen Arbeiten, dass Frauen in der Politik wichtige Vorbildfunktionen für andere Frauen sein können. Unter welchen Bedingungen sich diese Vorbildfunktion materialisiert, ist eine spannende und noch nicht ausreichend beantwortete Forschungsfrage. Wichtig ist, dass der politische Prozess möglichst alle Interessen – auch die von Minderheiten – berücksichtigt. Während in Neuseeland die Vielfalt im Parlament schon konkret sichtbar ist, läuft der Mechanismus in der Schweiz vor allem über die Institutionen. Durch Proporzwahlen im Nationalrat und in den kantonalen Parlamenten werden eine Vielfalt von Interessen abgebildet, welche über die Möglichkeit zur direkt demokratischen Beteiligung ergänzt werden. Allerdings laufen diese Mechanismen fast ausschliesslich über formale politische Stimmrechte.

Ein Ergebnis, welches sich sowohl für die Einführung von Frauen-,  Ausländer_innen- und auch Jugendstimmrecht gezeigt hat, ist, dass Menschen weniger bereit sind, ihre politischen Rechte zu teilen, wenn sie viel Einfluss auf politische Entscheidungen nehmen können. Vereinfacht gesagt: je mehr Einfluss ich persönlich auf politische Entscheidungen nehmen kann, desto teurer ist die Integration neuer Wähler_innengruppen. Da das Schweizer Stimmvolk über Abstimmungen bzw. Wahlen Einfluss auf die Vielfalt der politischen Landschaft ausüben kann, könnte man an diesem Kostenhebel ansetzen. Deshalb haben wir in einem ersten Schritt ein Mitspracherecht vorgeschlagen. Was Ausländer_innen, Auslandschweizer_innen und Jugendliche politisch wünschen und denken, ist wichtig und kann der Politik bedeutende Impulse geben. Denn Demokratie dient nicht nur der Aggregierung individueller Präferenzen zu gesellschaftlichen Entscheidungen, sondern der Formung informierter individueller Präferenzen. Zu den Mitspracherechten könnten zuallererst volles Initiativ- und Referendumsrecht gehören. So könnten Gruppen, die bisher von vollen politischen Rechten ausgeschlossen sind, ihre Ideen in den Diskurs einbringen, wobei die bisherigen Wähler_innen etwas über das politische Verhalten dieser Gruppen lernen könnten.

Der Genderpreis wird am Dies academicus von der verliehen. Dieses Jahr wurden neben Anna Maria Koukal zwei weitere Wissenschaftlerinnen mit dem Preis ausgezeichnet: Morgane Pochon für ihre Masterarbeit « »Je voulais simplement faire revenir mes règles » Essai de reconstitution des parcours d’avortement des Fribourgeoises saisies par la justice et de leurs représentations de l’avortement (1930-1970)» und für ihre Masterarbeit «(Un-)Sichtbarketi im Museum – ein Blick auf die Historisierung und Musealisierung der KZ-Bordelle und der Sex-Zwangsarbeit in den KZ-Gedenkstätten Neuengamme, Flossenbürg und Ravensbrück».

__________

  • Webseite von
  • Informationen zum
  • Informationen zum

__________

]]>
/alma-georges/articles/2020/genderpreis-2020-politik-scheint-fur-manner-weniger-attraktiv-zu-werden/feed 0
Prix Genre 2020 – «Je voulais simplement faire revenir mes règles» /alma-georges/articles/2020/prix-genre-2020-je-voulais-simplement-faire-revenir-mes-regles /alma-georges/articles/2020/prix-genre-2020-je-voulais-simplement-faire-revenir-mes-regles#respond Tue, 24 Nov 2020 11:13:50 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12153 L’avortement a été dépénalisé il y a moins de 20 ans en Suisse. Entre 1930 et 1970, de nombreuses Fribourgeoises ont été traînées devant les tribunaux pour avoir mis fin à une grossesse. Dans son travail de Master en histoire contemporaine récompensé par un Prix Genre, Morgane Pochon met en lumière le parcours de ces femmes.

Il y a à peine 20 ans, l’avortement était encore officiellement interdit en Suisse. «Ce n’est qu’avec l’entrée en vigueur, en 2002, d’une modification du code pénal que cette pratique a été décriminalisée», rappelle . Depuis 1942, l’interruption de grossesse était certes autorisée pour des raisons médicales et, au fil du temps, cette notion fut interprétée de manière de plus en plus large dans notre pays. Reste qu’«on revient de loin, surtout à Fribourg», l’un des cantons les plus conservateurs dans ce domaine, souligne la titulaire d’un Master en histoire contemporaine de l’Unifr.


Morgane Pochon est l’une des trois gagnantes du Prix genre 2020 de l’Université de Fribourg.
Soucieuse de comprendre pourquoi de nombreuses femmes de la génération de ses grands-mères avaient recours à l’interruption de grossesse, ce alors même que cet acte était condamné aussi bien parla loi que par la société et l’Eglise, la jeune Fribourgeoise a décidé de consacrer son travail de master à la question de l’avortement dans le canton entre les années 1930 et 1970. Ou, plus précisément, «à celle des femmes étant passées devant la justice fribourgeoise pour ce motif». Intitulé «Je voulais simplement faire revenir mes règles», son mémoire a été récompensé par un de l’Unifr.

Jeunes et mal informées
Durant de longs mois, Morgane Pochon a dépouillé un fonds d’archives consacré à toutes les affaires d’avortement traitées par le Tribunal de la Sarine. La chercheuse explique son choix de limiter le terrain d’exploration à la période 1930-1970: «C’est en 1924 qu’a été introduit un nouveau code pénal fribourgeois qui, à l’époque – en l’absence de code pénal suisse –, réglait la question de l’interruption de grossesse; et c’est à partir des années 1970 que la pilule contraceptive, qui a eu une influence majeure sur le recours à l’avortement, a été plus largement accessible dans notre pays.»

Lors de ses travaux de recherche préliminaires, l’historienne a constaté que la littérature scientifique sur l’avortement demeurait relativement pauvre en Suisse. Plus rares encore, les études centrées sur le point de vue des femmes. «J’ai donc choisi de laisser de côté les témoignages des juges, médecins, etc., et de me concentrer sur la parole des principales intéressées.» Qui sont-elles, justement, ces Fribourgeoises saisies par la justice? «La plupart d’entre elles sont des femmes d’une vingtaine d’années, célibataires, citadines et issues des classes populaires de la société», relève Morgane Pochon. D’une part, parce qu’il s’agit d’une catégorie de femmes «qui ont moins d’argent et doivent donc prendre plus de risques pour se faire avorter, ce qui les expose davantage»; d’autre part, elles sont «probablement moins bien informées sur la contraception».

Rôle central des hommes
Avant d’entrer dans le vif du sujet – à savoir l’analyse systématique des témoignages de femmes contenus dans les fonds d’archives – l’étudiante s’est attelée à «reconstituer le contexte de l’époque, au niveau légal et en matière d’accès à la contraception». Sur ce dernier point, elle a constaté qu’il existait peu d’informations à disposition de la population fribourgeoise. «D’une part en raison de la forte opposition de la société, des autorités et de l’Eglise, d’autre part parce que le code pénal cantonal interdisait la publicité autour des méthodes de contraception.» Dans les faits, le coït interrompu est l’une des seules méthodes mentionnées dans les témoignages à disposition.

Côté législation, Morgane Pochon explique que le code pénal fribourgeois de 1924 prévoyait jusqu’à 10 ans de prison aussi bien pour la personne qui se faisait avorter que pour celle qui l’aidait à interrompre sa grossesse. A noter que, parmi les femmes dont elle a consulté le dossier, aucune n’a été sanctionnée par plus de 8 mois de réclusion. Reste qu’à l’échelle nationale, Fribourg «était l’un des cantons les plus conservateurs en la matière». Près de 20 ans plus tard, lorsqu’entre en vigueur le Code pénal suisse, la règlementation s’assouplit quelque peu. «On assiste à un déplacement de la responsabilité vers l’avorteur et au passage de la réclusion à l’emprisonnement pour l’avortée.» Par ailleurs, cette nouvelle règlementation introduit la dépénalisation de l’avortement thérapeutique, «une notion qui est interprétée de façon assez différente selon les cantons».

«Lorsque j’ai débuté mes travaux, je m’attendais à observer un fort impact de ce changement législatif (entre 1924 et 1942) sur le parcours d’avortement des Fribourgeoises.» Or, – «et cela a été l’une des surprises de ma recherche» –, ce n’est pas le cas. Un statu quo que l’historienne explique ainsi: «Contrairement à la loi, ni le contexte moral, ni l’accès à la contraception n’ont vraiment évolué.» Autre surprise pour la chercheuse? «Vu les contraintes juridiques, religieuses et sociétales de l’époque, l’accès à l’avortement était beaucoup plus facile que ce que j’aurais pu imaginer.» Morgane Pochon se dit, en outre, étonnée de constater «à quel point les hommes sont présents dans les parcours d’avortement, que ce soit en tant qu’intermédiaires ou en tant qu’avorteurs». Dans les dossiers consultés, elle a d’ailleurs recensé davantage d’avorteurs que d’avorteuses.

Une sorte de «pilule du lendemain»
Reste que la conclusion la plus saillante à laquelle parvient la diplômée de l’Unifr, c’est celle du rôle central joué par le retard des règles dans le parcours d’avortement. «Il s’agit certes du seul indicateur d’une éventuelle grossesse, mais la représentation va beaucoup plus loin: en semblant nier la contraception et focaliser sur le retard de règles, les femmes donnent l’impression qu’on ne peut pas agir sur la fécondité, qu’on préfère une correction a posteriori.» Un paradoxe? Pas vraiment. Premièrement, «parce que ces femmes semblent mieux informées sur l’avortement que sur la contraception» et, deuxièmement, «parce que la grossesse est perçue comme une fatalité sur laquelle on n’a pas conscience de pouvoir agir».

Dans certains cas, Morgane Pochon observe que «la frontière est floue entre contraception et avortement, un peu comme si ce dernier constituait une espèce de ‹pilule du lendemain›». Elle cite l’exemple de femmes qui n’attendent pas le retard des règles pour avoir recours à des pratiques abortives, telles que des injections à l’eau savonneuse, «qui deviennent pratiquement un rituel après l’acte sexuel». Si plusieurs interprétations du focus sur le retard des règles sont possibles, voire coexistent, «ce qui est certain, c’est que la notion de ‹faire revenir les règles› plutôt que de ‹se faire avorter› permet à ces femmes de diminuer le coût psychologique de l’interruption de grossesse.»

Même si la généralisation de l’accès à la pilule contraceptive, ainsi que la décriminalisation de l’avortement, ont beaucoup fait évoluer le rapport de la société à l’interruption de grossesse, cette dernière n’en continue pas moins «de faire débat et d’être assortie de tabous», constate l’universitaire fribourgeoise. Preuve s’il en faut, un article de presse consacré au travail de master de Morgane Pochon, qui avait été affiché dans les locaux de l’Unifr, «a été déchiré et tagué». Reste que, généralement, aborder les thématiques liées au genre à travers le prisme de l’histoire a l’avantage «de donner un point de vue dépassionné». Le travail de la jeune femme, qui vient de faire l’objet d’une par la , «est une jolie manière pour moi d’apporter ma contribution à l’égalité dans une forme de militantisme qui me correspond».

__________

  • Le est remis à l’occasion du par le Service de l’égalité entre femmes et hommes. Cette année, en plus de Morgane Pochon, deux autres étudiantes ont été récompensées: Anna Maria Koukal pour sa thèse de doctorat «The Enfranchisement of Women and Foreigners in Switzerland. Lessons for Direct Democracy, Cultural Change and Integration » et Dominique Lysser pour son mémoire de master «(Un-)Sichtbarketi im Museum – ein Blick auf die Historisierung und Musealisierung der KZ-Bordelle und der Sex-Zwangsarbeit in den KZ-Gedenkstätten Neuengamme, Flossenbürg und Ravensbrück».
  • du Service de l’égalité entre femmes et hommes
]]>
/alma-georges/articles/2020/prix-genre-2020-je-voulais-simplement-faire-revenir-mes-regles/feed 0
Votre enseignement est-il gender equal? /alma-georges/articles/2020/votre-enseignement-est-il-gender-equal /alma-georges/articles/2020/votre-enseignement-est-il-gender-equal#respond Mon, 20 Apr 2020 15:17:15 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=10810 Plafond de verre, tuyau percé… les écueils sont nombreux dans la carrière académique. Et si tout commençait au niveau de l’enseignement? Professeur·e·s ou chargé·e·s de cours, puisque la période est propice aux remises en question, pourquoi ne pas en profiter pour évaluer la sensibilité au genre de vos cours et séminaires? Un outil est à votre disposition.

Même si l’on peut dire que la situation a quelque peu évolué ces dernières années, la recherche arrive toujours au même constat: nous sommes tous et toutes sujet·te·s à des stéréotypes de genre. Ceux-ci influencent nos attentes face aux autres, ainsi que notre perception et notre évaluation de leurs comportements et performances. Evidemment, ces stéréotypes interviennent aussi dans les situations d’enseignement et d’apprentissage. Dans l’enseignement supérieur, ils ont des répercussions sur les carrières respectives des femmes et des  hommes, menant au phénomène de leaky pipeline, ce tuyau percé qui laisse fuir les talents professionnels en raison de leur genre et ou de leur origine. La carrière académique est bien connue pour ce phénomène.

Prise de conscience
Il est donc particulièrement important que les enseignements dispensés soient attentifs à ces écueils. Mais il est toujours plus facile de voir la paille dans l’œil de son voisin et les enseignant·e·s – comme tout le monde – ne sont souvent pas conscient·e·s des biais de genre dans leur communication ou dans la dynamique d’une discussion. C’est pourquoi le Centre de didactique Universitaire de l’Université de Fribourg propose avec la collaboration technique du Centre Nouvelle Technologie et Enseignement (NTE), un outil d’auto-évaluation en ligne, en version française et allemande – un travail développé sous le et soutenu par le Programme fédéral Egalité des chances entre femmes et hommes dans les universités.

La sociologue Anne-Françoise Gilbert, qui a conceptualisé et réalisé le projet, explique son fonctionnement: «Il est non seulement possible d’évaluer son propre enseignement, mais également un programme d’étude complet dans une perspective de genre. Dans cet outil, vous trouverez des indications sur les réflexions à mener pour introduire la dimension de genre dans les contenus d’une filière d’études, ainsi que des références à de nombreuses ressources qui pourront vous soutenir dans cette démarche. L’objectif est de former les étudiant·e·s aux aspects de genre pertinents dans leur discipline et pour leur pratique professionnelle.»

Un outil dynamique
Librement accessible, cet outil bilingue s’adresse non seulement à toute personne active dans l’enseignement supérieur, que ce soit en tant qu’assistant·e, chargé·e de cours ou professeur·e, mais il peut s’avérer aussi utile et intéressant pour les enseignant·e·s du secondaire. Conceptualisé en 2012, il vient de subir un rafraîchissement en passant sur la plateforme Moodle. Les ressources proposées ont été largement mises à jour. «Afin de mieux refléter les développements de ces dernières années dans les études genre, le glossaire a été revu, actualisé et enrichi de plusieurs nouvelles entrées, telles que Identités LGBTI ou Intersectionnalité», explique Bernadette Charlier, directrice du Centre de didactique universitaire. «Ce dernier concept, ajoute Anne-Françoise Gilbert, est devenu incontournable ces dernières années. Il se réfère à l’intersection du genre avec d’autres dimensions d’inégalité, telles que l’appartenance culturelle ou l’origine sociale. Et la pluralité des identités de genre est une thématique dont les implications ne s’arrêtent pas aux portes de l’Université.»

Comment ça marche?
Et alors, concrètement, comment faire? Anne-Françoise Gilbert détaille: «Pour procéder à une auto-évaluation, il faut choisir l’enseignement précis que vous souhaitez évaluer, car les questions sont très concrètes. Pour une première expérience, nous vous suggérons de choisir l’approche implicite. On vous demandera de choisir les dimensions didactiques que vous souhaitez évaluer, telles que la communication par l’enseignant·e, les interactions dans l’enseignement ou les contenus enseignés. Pour chacune de ces dimensions, on vous proposera une série d’items à évaluer. A la fin de l’auto-évaluation, vous recevrez un feed-back qui reflète votre sensibilité actuelle à la dimension de genre dans votre enseignement et des pistes personnalisées vous seront proposées.» Mais ce n’est pas tout! En cliquant sur les dimensions ou les items, l’outil propose des explications plus approfondies, ainsi que des entrées dans le glossaire, des références bibliographiques et des ressources pour aller plus loin. L’outil permet donc de construire des compétences à la fois théoriques et pratiques.

Et, si vous préférez travailler dans le cadre d’une démarche collective, le Centre de didactique universitaire propose également le module à option «Votre enseignement est-il sensible au genre?» en français et en allemand, dans le cadre duquel l’outil est utilisé.

__________

  • vers l’outil
  • de Bernadette Charlier
  • d’Anne-Françoise Gilbert
  • du Centre NTE
]]>
/alma-georges/articles/2020/votre-enseignement-est-il-gender-equal/feed 0
«Migration hat in der Schweiz die Gleichberechtigung vorangebracht» /alma-georges/articles/2018/migration-hat-in-der-schweiz-die-gleichberechtigung-vorangebracht /alma-georges/articles/2018/migration-hat-in-der-schweiz-die-gleichberechtigung-vorangebracht#respond Mon, 26 Feb 2018 14:48:24 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=5924 Am 2. März wird an der Universität Freiburg über Migration gesprochen. Und über ihre gesellschaftlichen Folgen. Ein paar Fragen an Tagungs-Organisatorin Francesca Falk.

Frau Falk, Sie veranstalten gemeinsam mit eine Tagung an der Universität Freiburg zu Migration und «sozio-politischer Innovation» – worum geht es da?
Wenn über Migration gesprochen wird, ist oft nur von Problemen die Rede. Als positive Effekte von Migration wird höchstens ihr wirtschaftlicher oder technischer Nutzen thematisiert – dass viele Firmengründer Migrationserfahrung hatten, ist relativ bekannt. Aber diese Sichtweise ist zu eng: Migration stösst immer wieder gesellschaftliche Erneuerungsprozesse an! Dass die Demokratisierung der Schweiz in nicht unbedeutender Weise mit Migration zu tun hatte, ist beispielsweise kaum bekannt. Uns interessiert, wie aus der Migrationserfahrung gesellschaftliche Innovationen entstehen, wie sie sich durchsetzen und verbreiten.

Wie stossen Migrantinnen und Migranten gesellschaftlichen Wandel denn konkret an?
Auf ganz verschiedene Weise! In meiner Forschung beschäftige ich mich etwa mit der Frage, wie Migration in der Schweiz als Motor für Gleichstellung und Emanzipation gewirkt hat. Die Frage nach der Vereinbarkeit von Beruf und Familie stellte sich in den Boom-Jahren insbesondere für migrantische Familien. Ihre Lebensmodelle − selbst wenn sie diese nicht freiwillig lebten − führten zum Ausbau der Kindertagesstätten-Infrastruktur. Und das bewirkte langfristig eine Veränderung in der gesamten Gesellschaft.

Auch viele Vorkämpferinnen für das Frauenstimmrecht hatten Migrationserfahrung, ebenso wie zahlreiche der ersten Professorinnen. Zu einigen Bereichen gibt es dazu bereits exzellente Studien (etwa zu den ersten «russischen» Studentinnen in der Schweiz). Zu den meisten Aspekten gibt es aber noch kaum Forschung und deshalb fehlt die grundlegende Bedeutung der Migration oft selbst in den neueren, grossen Werken der Schweizer Geschichte.

Migration als gesellschaftliche Prägkraft und als wichtiger Bestandteil unserer Geschichte ging bislang viel zu oft vergessen. Dabei erscheint der Wandel von Geschlechterverhältnissen, Arbeitsverhältnissen, Bildung oder politischen Rechten in völlig neuem Licht, wenn man ihn aus der Perspektive der Migration untersucht. Migrantinnen und Migranten haben wichtige gesellschaftliche Prozesse angestossen.

Die Beiträge gehen von Aussenseitern im Philadelphia des 18. Jahrhunderts bis zur syrischen Diaspora im heutigen Istanbul – worauf freuen Sie sich besonders?
Ich freue mich wirklich auf alle Beiträge – und bin sehr gespannt, was für Diskussionen wir am 2. März führen werden. Die vorgestellten Fallstudien decken sehr unterschiedliche Felder und Kontexte ab. Und doch denke ich, dass wir einen roten Faden finden werden, der alle Beiträge verbindet. Dabei schauen wir auf ganz verschiedene Kontexte: Wie wurde die afrikanische Grossstadt Lagos von Migration geprägt? Wie ändern sich in Istanbul Quartiere durch die Fluchtmigration aus Syrien? Oder wie waren Migrationserfahrungen zentral für die Politisierung von antikolonialen AktivistInnen in der Zwischenkriegszeit? Es wird eine spannende Tagung werden!

__________

  • Webseite von
  • . Die Tagung kann auch spontan besucht werden.
  • Foto: ©Selwyn Hoffmann
]]>
/alma-georges/articles/2018/migration-hat-in-der-schweiz-die-gleichberechtigung-vorangebracht/feed 0
Un futur de quel genre? /alma-georges/articles/2016/un-futur-de-quel-genre /alma-georges/articles/2016/un-futur-de-quel-genre#respond Mon, 28 Nov 2016 10:27:52 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=3455 Pour la deuxième année consécutive, l’Unifr a proposé un programme très diversifié aux enfants qui ont pris part à la Journée futur en tous genres. Deviner le métier de quelqu’un en observant son visage, suivre un cours de droit, visiter l’imprimerie ou participer à un atelier de médecine… Les enfants ont pu découvrir des facettes étonnantes de l’Université de Fribourg, avant de partager l’après-midi avec leurs parents.

Quoi de neuf, docteur? A quoi sert la rate? Où se déclare une appendicite? Voilà des questions auxquelles répondront sans hésiter Clara, Nicolas et leurs camarades… âgés de onze ans à peine. Dans le cadre de la journée futur en tous genres, ces élèves fribourgeois ont participé à un atelier intitulé « travailler en clinique». Trois étudiants de l’Université de Fribourg leur ont soigneusement inoculé le virus, inoffensif, de la médecine.

_________

  • Photo de une: Rocio Thiémard – Unicom
]]>
/alma-georges/articles/2016/un-futur-de-quel-genre/feed 0
Quand la bonne mère travaille en fabrique! /alma-georges/articles/2016/quand-la-bonne-mere-travaille-en-fabrique /alma-georges/articles/2016/quand-la-bonne-mere-travaille-en-fabrique#respond Thu, 15 Sep 2016 14:25:50 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2857 Autres temps, autres mœurs. A la fin du XIXe siècle, les femmes qui travaillaient en usine ne jouissaient pas d’une grande considération. Avant de pouvoir concilier, en tout bien tout honneur, rôle de mères et statut d’ouvrières, les femmes ont dû surmonter de nombreux préjugés. En la matière, le secteur horloger jouera un rôle original et pionnier. Rencontre avec Stéphanie Lachat, chargée de cours au Département des sciences historiques.

N’allez surtout pas lui dire que l’histoire des entreprises n’en pince que pour la technologie et l’économie à travers les âges! En se plongeant depuis plusieurs années dans les archives de l’industrie horlogère de l’Arc jurassien, Stéphanie Lachat est parvenue à dresser un tableau remarquable des rapports entre les hommes et les femmes au siècle passé. Son expérience «à l’usine» servira de matière première au cours qu’elle viendra donner, dès la rentrée, au Département d’histoire de l’Université de Fribourg.

Que nous disent les archives des entreprises horlogères sur le travail des femmes?
Avant de débuter mes recherches dans le secteur horloger, je m’attendais à y découvrir des perles de machisme. Il faut dire que, dans d’autres branches économiques, on rend souvent responsables les femmes qui travaillent en fabrique de l’alcoolisme du mari, de la tuberculose des enfants, voire même de la propagation du communisme. A l’inverse, dans les régions horlogères, j’ai pu observer qu’une bonne mère de famille est une mère qui travaille en fabrique afin d’assurer l’avenir de ses enfants.

Comment l’expliquer?
J’ai longtemps cherché à aboutir aux mêmes résultats que les recherches antérieures, mais en vain. J’ai dû finalement admettre que, dans l’industrie horlogère, le travail féminin apparaît très vite légitime. Cela n’empêche pas les ouvrières de rester en charge de leur foyer. Elles assument ce qu’on peut appeler une double tâche, celle de travailleuses et de ménagères. Cela s’explique principalement par la construction sociale de l’horlogerie en tant que tâche féminin-compatible: la fabrique horlogère n’est pas une fabrique comme une autre! Le travail horloger est noble et bien rémunéré. L’horloger n’est pas un ouvrier. Il peut donc être une femme!

La double tâche est une problématique encore très actuelle!
D’où l’importance de jeter un éclairage historique sur la situation qui prévaut aujourd’hui. A l’époque déjà, l’enjeu des élites socio-économiques est de permettre aux femmes de concilier vie domestique et vie professionnelle. Cela passe par des aménagements – très légers – des horaires, par la mise en place de cantines à midi et même, dès les années 1880, de crèches jusque dans certains villages.

Dans les usines que vous avez étudiées, avez-vous observé une vraie ségrégation spatiale entre hommes et femmes?
Les femmes sont très nombreuses dans l’horlogerie dès ses origines. Depuis les années 1920, l’horlogerie suisse emploie autant d’hommes que de femmes dans ses fabriques, qui ne sont pourtant pas mixtes. Il y a des ateliers d’hommes et des ateliers de femmes. Ce sera même un enjeu fort entre les employeurs et les syndicats jusque dans les années 1960.

Est-ce que les femmes restent cantonnées à des fonctions subalternes?
Oui, clairement. Les petites mains dans l’horlogerie sont féminines. Les femmes seront exclues des écoles d’horlogerie jusque dans les années 1910. A St-Imier, une classe de régleuses – pour les jeunes filles donc – ne verra le jour qu’en 1912.

Est-ce qu’on peut dire que les entreprises horlogères ont contribué à libérer la femme?
Je suis convaincue qu’elles ont contribué à légitimer le travail de la femme hors du foyer. A la libérer, c’est une autre question. On dit souvent que l’idéal de la femme au foyer est un idéal bourgeois qui imprègnera ensuite les familles ouvrières. Si on analyse ce qui se passe dans l’industrie horlogère suisse, on aboutit à une logique inverse de diffusion des modèles sociaux. L’accès légitime des femmes au marché du travail commence d’abord au bas de l’échelle social.

Vous allez enseigner l’histoire des entreprises à l’Université de Fribourg. Comptez-vous partager cette expérience d’historienne dans les archives des entreprises horlogères?
Mon objectif, modestement, est de fournir aux étudiants les outils qui m’ont manqué quand je me suis trouvée pour la première fois sur le terrain. Il faut réaliser que les archives privées sont par définition difficiles d’accès, en particulier dans le monde horloger.

Il existe des dossiers sensibles dans les archives de certaines entreprises. Je pense, par exemple, à l’affaire des fonds en déshérence.
Un-e étudiant-e de bachelor, qui voudrait étudier les archives d’une entreprise avec une perspective très critique, risque de ne pas obtenir d’autorisation. Les scandales, cela dit, ne sont pas toujours où on les attend. Dans mon cas précis, je me suis fait fermer les portes d’une entreprise, parce que je souhaitais y étudier les articulations famille et emploi. Un thème que je croyais anodin. Mais comme cette entreprise venait de refuser une crèche à ses employé-e-s, elle ne souhaitait pas que l’on s’aperçoive que, par le passé, elle avait accédé à ce genre de demande.

L’histoire des entreprises est-elle un domaine en vogue?
Oui, même si c’est une branche difficile à pratiquer. Les étudiants ont peut-être pris conscience qu’il y a là un réservoir d’emplois. De nombreuses marques horlogères ont un service historique relativement bien doté, travaillant avec des historien-ne-s de formation universitaire.

Quel est l’intérêt pour une entreprise horlogère d’avoir un service historique?
Il y a certaines branches économiques, notamment celles liées au luxe, qui font de l’histoire un outil marketing. De nombreuses marques ont des musées qu’il faut gérer. Sans oublier qu’il y a aussi des client-e-s qui ont des demandes très pointues sur la vie des entreprises et leurs produits. Pour y répondre, il est indispensable de faire des recherches dans les archives, ce qui nécessite une formation d’historien-ne.

Aujourd’hui, à l’ère du tout digital, le métier d’historien-ne des entreprises est-il appelé à muter?
C’est un immense défi. A l’heure actuelle, il est parfois plus facile de trouver une information datant de la fin du XIXe siècle qu’une information de 2002. Les collboratrices et collaborateurs des entreprises pensent que tout est conservé sur les serveurs grâce à des systèmes de sauvegarde automatique. Or, il ne s’agit pas là d’archivage, mais de stockage. Y retrouver une information s’avère par la suite presque impossible.

Et c’est là qu’intervient l’historien-ne 2.0?
Il est indispensable que les historiens travaillent en collaboration avec les départements d’informatique, car les outils d’archivage se trouvent à cheval entre les deux disciplines. C’est un conseil pour les étudiant-e-s: ne négligez pas l’aspect informatique! Quand on parvient à établir le dialogue avec les informaticien-ne-s, on peut réaliser de belles choses, mais ce n’est pas facile, tant nos référentiels sont différents.

__________

est docteure en science économique et sociale de l’Université de Genève. Dès la rentrée, elle donnera un cours d’histoire des entreprises à l’Université de Fribourg

]]>
/alma-georges/articles/2016/quand-la-bonne-mere-travaille-en-fabrique/feed 0