Etat Islamique – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Fri, 24 Jan 2020 09:13:14 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 «La solution au jihadisme peut être locale» /alma-georges/articles/2020/la-solution-au-jihadisme-peut-etre-locale /alma-georges/articles/2020/la-solution-au-jihadisme-peut-etre-locale#respond Fri, 24 Jan 2020 08:44:48 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=10240 Cinq ans après les attentats de Charlie Hebdo, Hugo Micheron publie un ouvrage se penchant sur les racines du jihadisme français. En marge de sa conférence du 23 janvier à l’Unifr, le spécialiste revient sur l’importance de s’attaquer à la radicalisation islamique au sein même des quartiers et des prisons européens.

Comment est né votre ouvrage?
Mon livre est le fruit d’une recherche de 5 ans effectuée dans le cadre de ma thèse de doctorat en sciences politiques à l’Ecole normale supérieure. Mon but était de partir du terrain pour décrire – et tenter d’expliquer – les importants départs vers la Syrie et l’Irak qui se sont produits entre 2012 et 2015, ainsi que les attentats ineffables qui se sont succédé en Europe ces dernières années. Après l’attaque de Charlie Hebdo, j’ai constaté un important paradoxe au niveau de la recherche: alors que de nombreux travaux sur le jihadisme avaient été publiés, rares étaient ceux qui reposaient sur une recherche de terrain approfondie. Bref, il y avait un décalage criant entre la prégnance du sujet dans la société et sa documentation. Je souhaitais à la fois pallier ce manque et créer un nouveau cadre théorique.

Votre travail se base notamment sur des dizaines d’entretiens conduits en prison avec des terroristes incarcérés, ainsi que sur des enquêtes menées dans leurs principaux fiefs (Toulouse, Paris, Nice ou encore Bruxelles-Molenbeek). Un terrain qu’on imagine peu aisé…
En effet, c’est un terrain difficile d’accès et non sans danger, ce qui pourrait d’ailleurs expliquer la réticence de certains autres chercheurs à s’y frotter. Le fait que je parle l’arabe et que j’ai vécu en Syrie avant la guerre m’a bien évidemment ouvert des portes. Reste que globalement, les détenus interrogés se sont exprimés plutôt librement. Il faut dire qu’en prison, tout est prétexte à sortir de sa cellule. J’ai probablement aussi bénéficié d’un certain mépris envers les chercheurs; en acceptant de me parler, mes interlocuteurs pensaient peut-être pouvoir m’instrumentaliser et/ou redorer l’image des jihadistes.

Plutôt que de vous pencher, comme d’autres chercheurs, sur les éléments exogènes du jihadisme, vous avez choisi d’explorer ce phénomène en Europe même. Pourquoi?
Cette thèse d’un terrorisme venu de l’extérieur, je l’ai immédiatement balayée. Les attentats en France ont été commis par des Français qui ont été socialisés dans l’Hexagone et sont passés par l’école de la République! Mon hypothèse s’est d’ailleurs confirmée lorsque j’ai fait du travail de terrain: j’ai découvert que dans certains quartiers, il y avait un nombre anormalement élevé de départs vers la Syrie ou l’Irak. Mon livre tente de montrer que la vague d’attentats initiée en 2015 n’est que l’aboutissement de phénomènes certes sourds, mais visibles à l’échelle de certains quartiers français et belges au moins depuis le 11 septembre 2001. Prenez l’exemple des frères Clain (ndlr: l’aîné, Fabien, avait prêté sa voix à la revendication par l’Etat islamique des attentats du 13 novembre à Paris). Depuis 15 ans déjà, ils s’adonnaient à du militantisme de base à Toulouse. Et pourtant, en 2015, tout le monde a été pris de court. La preuve que la radicalisation était mal documentée…

Vous évoquez des phénomènes sourds, mais visibles depuis longtemps. Pourquoi les autorités compétentes n’ont-elles pas pris des mesures?
Elles l’ont fait! Mais étant donné qu’elles ont mal interprété le fonctionnement des écosystèmes qui s’étaient développés dans certains quartiers – dans mon livre, je parle d’«enclaves» françaises et belges négligées –, elles ont concentré leur action sur des individus. La logique judiciaire n’était absolument pas adaptée pour faire face à cette machine de prédication. Depuis sa cellule, un jihadiste peut poursuivre son action, en faisant appel au reste du collectif. Pire, une fois en prison, les jihadistes toulousains faisaient la connaissance des jihadistes strasbourgeois ou parisiens, renforçant les liens entre les différents écosystèmes locaux.

Parallèlement aux quartiers, les prisons constituent justement votre autre axe de recherche…
Pour les activistes, la prison représente un espace intermédiaire entre l’Europe et le Levant: le processus de radicalisation les mène de leur quartier populaire au pseudo-califat de Daech, en passant souvent (avant, après, voire les deux) par la case prison. Ce qu’il est important de comprendre, c’est que la plupart des jihadistes considèrent le fait d’être derrière les barreaux comme une étape et non comme la fin de leur activisme. La question de la gestion des retours est donc un point stratégique, et l’un des plus grands défis de l’après-Daech. Jusqu’à présent, ils ont été mal anticipés. En 2016 par exemple, il y avait quelque 1’500 Français en Syrie. Lorsqu’ils ont commencé à rentrer en masse en raison de l’effondrement de l’Etat islamique, les prisons hexagonales sont devenues le premier lieu de reconstitution des mouvances jihadistes.

Dans ces conditions, comment bien négocier l’après-Deach?
C’est LE grand défi de la décennie! Bien sûr, on peut espérer que les erreurs de jugement commises ces vingt dernières années par les autorités et experts compétents ne seront pas réitérées. Reste que par rapport aux années 1990, les jihadistes sont actuellement cent fois plus nombreux en territoire francophone. Et ils essayent de former la relève, notamment en pratiquant l’endoctrinement à la source dans les écoles salafistes qu’ils tentent de mettre en place. On peut craindre qu’ils profitent d’un prochain bouleversement géopolitique au Moyen-Orient pour recommencer à agir.

Quelles pistes de lutte contre le jihadisme entrevoyez-vous?
Ce qui est sûr, c’est que la réponse ne peut pas uniquement être sécuritaire. Elle doit aussi être politique. Or, le débat public sur la question du jihadisme manque de sérieux. Il est polarisé entre deux positions certes opposées, mais toutes deux dramatiques: le déni et l’hystérisation. Selon les partisans du déni, les membres de l’Etat islamique sont des fous qui ne méritent pas qu’on leur accorde de l’attention. L’hystérisation, elle, entraîne la montée de l’extrémisme politique de droite. A mon avis, il faut revenir sur le terrain. Et davantage ancrer l’action à un niveau local. Contrairement à ce que l’on entend souvent dire, le jihad n’est pas un phénomène global. Pour exister, il ne peut être que local. De même, la solution peut être locale.

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  • Hugo Micheron,, Editions Gallimard, 2020
  • Le 23 janvier 2020, Hugo Micheron a donné une conférence intitulée dans le cadre de la remise des premiers diplômes du CAS «Prévenir les extrémismes. Idéologies, religions et violence(s)» du Centre Suisse Islam et Société de l’Unifr.
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Revue de presse – avril 2016 /alma-georges/articles/2016/revue-de-presse-avril-2016 /alma-georges/articles/2016/revue-de-presse-avril-2016#respond Fri, 13 May 2016 13:26:27 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2439 L’Université de Fribourg dans la presse du 31 mars au 30 avril 2016.

«Das Verhältnis der monotheistischen Religionen zur Gewalt ist schon immer ambivalent und widersprüchlich gewesen.»
, Leiter des Schweizerischen Zentrums für Islam und Gesellschaft, , 29.4.2016

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«Die rätoromanische Sprache ist kein Pflegefall.»
, Professor für Rätoromanisch, , 29.4.2016

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«La formation des imams en Suisse ou en Allemagne pourrait empêcher la radicalisation et rendre le financement plus transparent. Les imams pourraient étudier en Allemagne et suivre des formations continues en Suisse. En outre, il est du devoir des associations d’approfondir la formation pratique de leurs imams. Ce serait une contribution à la lutte contre la radicalisation et la coexistence constructive.» , directeur du Centre Suisse Islam et Société, , 28.04. 2016

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«A l’époque, nous pensions que les réseaux étaient destinés aux produits commerciaux. Mais les expériences des universités américaines nous ont convaincus de leur utilité pour une institution. Le site Internet joue certes un rôle important, mais les réseaux apportent une plus grande visibilité et un potentiel de communication énorme.»
– , co-responsable de la communciation à la Faculté des sciences économiques et sociales, , 20.04.2016

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«Il faut soigner cette voie-là [le gymnase], car l’université a un rôle culturel: c’est un espace de recul et de liberté pour l’auto-analyse de la société. Les jeunes qui y arrivent ont appris la manière d’approcher les problèmes, grâce aux mathématiques et à l’histoire par exemple. Dans la vie, on doit savoir prendre de la distance avant de prendre une décision. Il faut aussi avoir des connaissances de base auxquelles rattacher des événements et, lorsqu’on en a besoin, savoir où chercher.»
– , rectrice, , 25.04.2016

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«Die Schweiz ist reicher, als es diese Zahlen zeigen.»
– , Leiter des Seminars für Finanzwissenschaft, , 26.4.2016

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«L’Autriche est le seul pays en Europe qui a un parti – le FPÛ – qui n’a jamais rompu avec le nazisme.»
, professeur en Etudes Européennes, , 26.04.2016

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«Heimweh sollte nie ein Grund sein, einem Kind ein Lager vorzuenthalten.»
, Psychologin am Institut für Familienforschung und –beratung, , 25.4.2016

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«Es geht vielmehr um soziale und um Schweiz-spezifische Fragen. Dazu gibt es vonseiten muslimischer Verbände und Imame ein grosses Interesse.»
– , Leiter des Schweizerischen Zentrums für Islam und Gesellschaft, zum Weiterbildungsprogramm für Imame, , 24.4.2016

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«L’Union a été bâtie trop vite et de façon superficielle, ce qui la mène aujourd’hui au bord de l’éclatement – Grexit, Brexit. Elle se résume à une union monétaire, alors qu’il faudrait une union politique aussi pour qu’elle fonctionne.»
– , professeur au Département d’économie politique,, 23.04.2016

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«On ne peut pas parler de drogue, mais presque: recevoir un upvote, c’est comme un petit chocolat, ça booste, et on en veut à nouveau.»
Andreas Fahr, professeur au Département des sciences de la communication, à propos du réseau social Jodl, , 22.04.2016

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«La crise économique de l’Euroland ainsi que la crise des migrants et le terrorisme islamiste qui frappent l’Europe ne vont pas disparaître tant que l’idéologie dominante sera celle qui vise à réduire, sans solution de continuité, le ‹coût du travail› afin d’augmenter sans cesse le rendement du capital financier, ignorant les règles de la méritocratie au détriment de l’intérêt général. Tant que la radicalisation néolibérale de la pensée économique évitera coûte que coûte de considérer la cause finale de la situation de crise et de terreur en Europe, la haine autodestructrice mortelle l’emportera sur tout le reste. Asinus asinum fricat…»
–, professeur au Département d’économie politique, , 21.04.2016

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«Rappeler l’‹idéal› permet de poser les bonnes questions dans chaque contexte et de trouver quel est le ‹meilleur choix possible›. Mais le souverain pontife invite à valoriser tout ce que les autres types d’union et de famille comportent de vrai, de bon, de stable pour que chacun-e puisse se sentir intégré-e dans l’Eglise, reconnu-e et entendu-e dans sa liberté et sa responsabilité, et invité-e à poursuivre son chemin de conversion permanente. Sur cet arrière-fond, un discernement peut s’opérer. Distinguer les relations homosexuelles des mariages sacramentels entre une femme et un homme ne signifie pas rejeter les premières. Plutôt que le slogan du soi-disant ‹mariage pour tous›, François préférerait sans doute celui de ‹l’amour pour tous›.»
– , professeur au Département de théologie pratique, , 20.04.2016

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«Les stéréotypes nous permettent de pallier nos capacités mentales qui sont relativement limitées. C’est simplement que cela nous prendrait énormément de capacité pour traiter toute l’information qu’on a autour de nous. Donc on utilise des simplifications du monde qui nous permettent d’évoluer sans avoir tout le temps mal à la tête.»
– , lecteur au Département de psychologie, RTS La Première, , 20.04.2016

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«Bei einem Bau, der schon ewig lang steht, sollen die Behörden gemäss Verwaltungsrecht mit Augenmass handeln.»
Peter Hänni, Professor für Verwaltungsrecht, zur Berner Gemeinde, die nachträglich Baugesuche für kleine Hütten und Ställe forderte, , 19.4.2016

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«J’aimerais que l’Allemagne ait un jour son Coluche.»
– , professeur en Etudes Européennes, RTS la Première, , 18.04.2016

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«Bei Zwangsmassnahmen gibt es keine Erfolgsgarantien.»
Christof Riedo, Strafrechtsprofessor, zur Berner Strafverfolgung, , 18.4.2016

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«Les vidéos de propagande [de l’EI] sont systématiquement développées à l’intention d’un certain public. Celles qui s’adressent aux Français ne sont pas les même que celles qui s’adressent aux Néerlandais, aux Palestiniens ou aux Somaliens. Elles partent toujours des conditions structurelles à partir desquelles la personnes se sent exclue pour conforter son image de victime et lui proposer un autre projet de vie. Cela se passe essentiellement sur Internet. A ma connaissance, il n’y pas de prêches qui vont dans ce sens dans les mosquées.»
– , responsable de la recherche au CSIS, RTS LA Première, , 16.04.2016

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«Die Vorurteile nehmen zu.»
– , Soziologin, zu muslimischen Kindern im Schulzimmer, , 10.4.2016

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«L’adultère est courant dans les jeunes générations qui se caractérisent par un sérieux moins prononcé dans leur implication dans une relation.»
– , professeur au Département de psychologie, , 08.04.2016

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«Ganz klar, die Schweiz müsste bei der EU-Asylpolitik mitziehen.»
– , Professor für Europastudien, zum Verteilschlüssel für Asylbewerber, , 7.4.2016

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«Il sera nécessaire de développer une toujours plus grande compréhension de ce que l’informatique peut apporter aux métiers de la communication, et des changements que la révolution numérique induit, notamment au niveau de la régulation et de la protection des jeunes. Mais aussi de ce qu’elle implique comme changements pour les médias.»
Manuel Puppis, président du Département des sciences de la communication et des médias, , 07.04.2016

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«Avec le revenu de base, on libère des forces créatrices.»
– , professeur au Département d’économie politique, RTS1, , 06.04.2016

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«Gerade in einer Zeit der Informationsüberlastung bleiben neue Logos und Auftritte beim Kunden so oder so schlecht hängen.»
Prof. Silke Bambauer-Sachse, Inhaberin des Lehrstuhls für Marketing, zum Rebranding der Bank Valiant, , 6.4.2016

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«Le dialogue islamo-chrétien n’est donc pas une ‹branche à option› pour la Faculté de théologie et l’Université de Fribourg, mais une nécessité, selon le vœu-même du Magistère catholique. Afin de favoriser l’intégration effective dans la société suisse de nos frères et soeurs en humanité de tradition musulmane, et donc d’approfondir la connaissance mutuelle du christianisme et de l’islam. C’est pour cela que nous ne parlons pas d’un ‹Centre islam› de l’Université, mais d’un ‹Centre islam et société›.»
– , professeur au Département de théologie pratique, , 06.04.2016

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«Bei Zahlungen mit mobilen Geräten ist es unmöglich, vollumfängliche IT-Sicherheit zu garantieren.»
– , Professor für Makroökonomie und Geldwirtschaft, zur Relevanz von Bargeld, , 5.4.2016

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«Angesichts dieser Resultate beurteile ich die Thurgauer Pläne sehr skeptisch.»
– ,
Professor am Institut für Mehrsprachigkeit, zur Abschaffung des Frühfranzösisch im Thurgau, , 2.4.2016

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«L’insécurité dure trop longtemps. J’entends, par exemple, dire que des professeurs renoncent à venir travailler dans les universités suisses, car ils ne sont pas sûrs de pouvoir participer aux projets de recherche européens.»
– , rectrice, , 31.03.2016

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«II ne faut jamais oublier qu’à la fin de la chaîne d’innovation se trouvent des produits concrets! Pour parvenir à implémenter avec succès une idée dans un produit, il est essentiel que les partenaires académiques et industriels maintiennent un contact étroit.»
– , directeur associé de l’Institut Adolphe Merkle, , 31.03.2016

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