covid19 – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Fri, 22 Dec 2023 12:31:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Covid führt nach wie vor zu Hospitalisationen bei Kindern /alma-georges/articles/2023/covid-fuhrt-nach-wie-vor-zu-hospitalisationen-bei-kindern /alma-georges/articles/2023/covid-fuhrt-nach-wie-vor-zu-hospitalisationen-bei-kindern#respond Fri, 22 Dec 2023 08:32:48 +0000 /alma-georges?p=19507 Eine gross angelegte internationale Studie unter Beteiligung der Universität Freiburg und des HFR untersuchte die Auswirkungen verschiedener Varianten des Coronavirus auf Kinder. Das Ergebnis zeigt, dass heute weniger Kinder aufgrund von Covid auf die Intensivstation müssen. Dennoch kann die Krankheit weiterhin bei Kindern so schwerwiegend verlaufen, dass eine Hospitalisierung erforderlich ist, insbesondere bei den Allerkleinsten.

In einer kürzlich in «JAMA Pediatrics», einer der führenden pädiatrischen Fachzeitschriften, veröffentlichten internationalen Covid-Studie nahmen neun Länder teil, darunter Australien, Brasilien, Italien, Portugal, Südafrika, Thailand, Grossbritannien, die USA und die Schweiz. Im Schweizer Kontext beteiligte sich auch der Kanton Freiburg unter der Leitung von PD Dr. med. Petra Zimmermann, PhD, stellvertretende Chefärztin der Pädiatrie und Leiterin der Kinderinfektiologie am HFR. In Zusammenarbeit mit dem Kantonsspital Luzern sammelte Petra Zimmermann Daten von allen 29 pädiatrischen Kliniken der Schweiz zu jedem Spitalaufenthalt von Kindern mit Covid.

Insgesamt weniger Hospitalisationen

Die Daten ermöglichen nun eine genaue Verfolgung des Verlaufs der Pandemie bei Kindern. Über alle beteiligten Länder hinweg zeigt sich, dass Kinder nach einer Spitze zu Beginn der Pandemie nun seltener auf die Intensivstation verlegt werden müssen, unabhängig vom Impfstatus. Allerdings benötigen Kinder unter 5 Jahren ungefähr gleich häufig Beatmung oder Sauerstoffunterstützung. In der Schweiz wurden 2021 ungefähr 1000 Kinder mit Covid hospitalisiert. 2022 stieg die Zahl auf rund 2500 Kinder und bis März 2023 ging sie auf etwas über 200 Kinder zurück. Es bleibt unklar, warum Kinder unter 5 Jahren seltener Intensivpflege brauchen, jedoch gleich häufig Atemunterstützung. Für die Infektiologin ist es naheliegend, dass Kinder durch indirekten Kontakt (Impfung oder Infektion der Mutter) und direkten Kontakt mit dem Virus bereits eine (gewisse) Immunität aufbauen konnten.

Trotz des insgesamt rückläufigen Trends benötigen Kinder weiterhin Hospitalisierung aufgrund von Covid-19. Der Vergleich mit einer anderen respiratorischen Viren, z.B. dem RSV (respiratory syncytial virus) zeigt aber auch, dass deutlich weniger Kinder wegen Covid hospitalisiert werden müssen als wegen RSV.

Dieser Text wurde verfasst von Monika Joss, Kommunikationsspezialistin am freiburger spital (HFR)

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Une pandémie peut en cacher une autre /alma-georges/articles/2022/une-pandemie-peut-en-cacher-une-autre /alma-georges/articles/2022/une-pandemie-peut-en-cacher-une-autre#respond Mon, 09 May 2022 08:15:38 +0000 /alma-georges?p=15739 La pandémie de covid-19 a mis en exergue l’ampleur du phénomène de désinformation qui touche nos sociétés. Un nouvel ouvrage, auquel a contribué Steve Oswald, fait le point sur la question.

«La pandémie de la covid-19 en 2020 a changé nos vies à pratiquement tous les égards. Au-delà de ses conséquences sur la santé publique et l’économie, directement ressenties, la pandémie a également eu un impact certain sur notre manière de communiquer à propos des questions de société. D’après António Guterres, secrétaire général de l’ONU, en parallèle à la pandémie elle-même, ‹nous voyons le développement d’une autre pandémie – une pandémie dangereuse de désinformation.› […] Pour diagnostiquer cette pandémie, les chapitres rassemblés ici identifient des compétences argumentatives critiques nécessaires pour négocier un tel surplus informationnel».
(Oswald et al. 2022 :2-3, traduction de Steve Oswald)

 

Comment s’y retrouver dans une telle cacophonie?
Les 17 chapitres de cet ouvrage collectif partent de l’idée que la pandémie de la covid-19 a affecté les formes, les normes et les fonctions de la communication publique, et en particulier ses aspects argumentatifs. Comme son titre l’indique, le constat actuel est pour le moins mitigé: la pandémie sanitaire s’est doublée d’une pandémie argumentative, à travers laquelle ont circulé, dans la sphère publique, des messages a visée persuasive très différents, et souvent contradictoires. Dans une telle cacophonie, la qualité de l’argumentation, mais également la figure de l’expertise scientifique, ont de surcroît été mises à mal, ce qui a péjoré la qualité globale du débat public autour de la situation sanitaire, et ce dans toutes ses ramifications (politiques, scientifiques, légales, etc.).

L’ouvrage, dont l’originalité réside dans le fait qu’il aborde ces problématiques depuis une perspective ancrée dans la théorie de l’argumentation, est de ce fait structuré en trois parties. La première regroupe des chapitres qui diagnostiquent les effets de cette pandémie de l’argumentation sur le discours public et institutionnel, qu’il soit politique, légal, scientifique ou médiatique: à quoi a ressemblé l’argumentation publique au sujet de la pandémie de la covid-19? La deuxième partie de l’ouvrage analyse la manière dont les politiques de santé ont été formulées et débattues dans différents pays, en particulier pour montrer comment les pouvoirs publics ont justifié les mesures qu’ils ont proposées pour lutter contre la pandémie. La dernière partie du volume, tournée vers des solutions pratiques et concrètes pour lutter contre ces maux de la communication publique, propose des pistes pour le développement des compétences argumentatives nécessaires à un exercice sain des processus de délibération publique.

Il s’agit d’un ouvrage permettant d’appréhender les problèmes essentiels liés aux discours autour de la pandémie. A ce titre, il s’agit d’une ressource destinée au plus grand nombre, pour autant que le lectorat s’intéresse à la communication publique en temps de crise. De manière plus spécialisée, son contenu s’adresse à un large éventail de personnes, qu’elles soient philosophes, linguistes, spécialistes de droit ou de la communication. Il s’agit en outre du premier ouvrage dédié à la communication en temps de crise (ici nommément la pandémie de covid-19), exclusivement centré sur les aspects argumentatifs et délibératifs du discours public.

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«Tendre vers une société inclusive peut réduire les problèmes de santé» /alma-georges/articles/2021/tendre-vers-une-societe-inclusive-peut-reduire-les-problemes-de-sante /alma-georges/articles/2021/tendre-vers-une-societe-inclusive-peut-reduire-les-problemes-de-sante#respond Tue, 30 Nov 2021 12:56:08 +0000 /alma-georges?p=14895 La pandémie de covid-19 en est une triste illustration: même dans un pays comme la Suisse, le niveau socio-économique a un impact sur la santé des individus. Le sociologue de la médecine et épidémiologiste Stéphane Cullati invite à accélérer la lutte contre les inéquités.

La Loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal) est entrée en vigueur il y a un quart de siècle, rendant obligatoire l’assurance de base en cas de maladie ou d’accident; depuis, la Suisse est-elle devenue un eldorado de l’équité en matière de santé?
On pourrait le penser, d’autant qu’il s’agit d’un pays à hauts revenus, où le système de santé est considéré comme performant. Et pourtant, la LAMal n’empêche pas de nombreuses inéquités en matière de santé. Certes, le côté «même panier de soins pour toute la population» est une bonne chose. Mais dès que vous quittez ce panier commun, les inégalités apparaissent.

De quels types d’inéquités parle-t-on?
Un de mes collègues a, par exemple, constaté au cours de ses recherches qu’il n’est pas rare que des habitant·e·s de notre pays renoncent à certains types de soins en raison de leur coût. Ce phénomène concerne principalement les soins dentaires, les lunettes et les check-up de santé. Une autre inégalités est à chercher du côté des primes, qui sont les mêmes quel que soit le revenu. Certes, il existe des subventions; mais, là non plus, on ne peut pas parler d’équité, car elles varient d’un canton à l’autre. Il faut bien être conscient·e·s que les inéquités inhérentes à la LAMal sont d’ordre politique, puisque nous avons fait le choix de ne pas nous doter d’une caisse publique.

Lorsque l’on parle d’équité en matière de santé (health equity en anglais), cette question du revenu – et, plus largement, du niveau socio-économique – est de plus en plus prise en compte. Au point de reléguer au second plan la question de l’accès aux soins?
Comme le montre l’exemple des Etats-Unis, investir massivement dans le système de santé ne conduit pas à une meilleure santé pour tous. Ce sont avant tout les inégalités en amont de la maladie qui comptent.

On en vient donc à ces fameux «déterminants sociaux de la santé» (DSS), qui prennent une place grandissante dans la recherche depuis une petite vingtaine d’années, y compris en Suisse.

En effet. Pour ne citer qu’elles, les études menées depuis dix ans par le Pôle de recherche national LIVES mettent en évidence le poids des DSS. Elles soulignent à quel point les moyens investis dans l’organisation de la santé, ainsi que dans la redistribution des ressources sociales et économiques, peuvent promouvoir la santé des membres d’une société. Plus globalement, ce que constatent les chercheuses et les chercheurs, c’est qu’il existe toute une série de facteurs qui ne relèvent pas de la biologie – mais des conditions de vie sociale – qui viennent influencer notre santé.

De ces facteurs, quels sont les mieux étudiés?
Sans surprise, le niveau socio-économique est l’un d’entre eux, notamment parce qu’il existe des études historiques à ce sujet. Des recherches conduites au début du XXe siècle aux Etats-Unis montraient déjà la différence de mortalité entre les cols blancs et les professions manuelles. Après la deuxième Guerre Mondiale, le Royaume-Uni a fait office de pionnier en monitorant de façon systématique – et sur la durée – des cohortes d’enfants. En a découlé, en 1980, le «Black Report», un rapport très sombre montrant notamment des différences marquées d’espérance de vie en fonction du revenu, de l’éducation, des conditions de travail ou encore de l’alimentation. Ce phénomène semble intemporel et universel: les gens issus de classes moins favorisées sont en moins bonne santé, et ceci dans la plupart des pays du monde. Ils sont notamment davantage touchés par les maladies chroniques et mentales, ainsi qu’au niveau de leur santé fonctionnelle.

Malheureusement, la Suisse n’échappe pas à cette règle…
Non. J’ai, par exemple, mené une étude portant sur les années 1990 à 2015. En terre helvétique, comme dans la plupart des pays à hauts revenus, l’espérance de vie a globalement augmenté durant cette période. Mais cette hausse est moins importante parmi la population qui a un niveau d’éducation plus bas. Dans certains cas, il y a même une stagnation.

En tenant davantage compte des DSS, notamment du niveau socio-économique, pourrait-on réellement améliorer l’état de santé de la population?
Je connais l’exemple d’un patient qui vivait dans un quartier plutôt défavorisé de Genève. Son médecin l’a convaincu de déménager et sa santé s’est nettement améliorée. Notamment parce qu’il s’est retrouvé dans un environnement plus propice au bien-être et à une meilleure hygiène de vie. Reste que de nombreuses études ont montré qu’une partie de notre état de santé est influencé par notre enfance. Concrètement, on constate que les personnes nées dans une famille «pauvre» sont en moins bonne santé que les autres selon divers types d’indicateurs (masse musculaire, fonction pulmonaire, maladies chroniques, facultés cognitives, symptômes dépressifs, autonomie fonctionnelle). Et ce même si elles ont réussi à augmenter leur niveau social à l’âge adulte. Cette question des parcours de vie m’intéresse beaucoup.

Il y aurait donc une espèce de fatalité sanitaire liée au début du parcours de vie?
Disons qu’il semble que quelque chose s’imprime très tôt et perdure. Un concept intéressant est celui des réserves, à savoir une forme spécifique de ressources (physiques, psychologiques, sociales, économiques) qu’un individu peut mobiliser pour faire face à un événement stressant, notamment une maladie. Ces réserves l’aident à mieux encaisser les chocs. Or, il est avéré qu’elles se constituent principalement durant l’enfance, la jeunesse et le début de la vie adulte. Un mauvais départ peut donc avoir des conséquences à très long terme. D’où l’importance de protéger le développement des enfants et de leur donner les ressources qui leur seront nécessaires pour se maintenir en bonne santé tout au long de la vie.

Ensuite, est-il trop tard pour agir?
Heureusement, il n’est jamais trop tard pour s’en sortir! Mais pour cela, il faut être en mesure d’avoir de bonnes conditions de vie, d’exercer un travail épanouissant, etc. Et c’est là que vient s’ajouter une deuxième inégalité, de genre cette fois-ci. Des recherches ont été menées sur des personnes ayant grandi et mené une vie active au XXe siècle. Elles ont mis le doigt sur le fait que les femmes ont systématiquement plus de peine que les hommes à rattraper ce «retard» pris au début d’une vie difficile, notamment parce qu’elles ont un accès moins aisé aux études supérieures et au marché de l’emploi. Certes, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. Par contre, elles sont en moins bonne santé au cours de leur vie. D’où l’importance de lutter contre les inégalités. Cette remarque vaut d’ailleurs aussi bien pour les inégalités de genre que toutes les autres formes d’inégalités présentes dans la société.

Vous rejoignez donc les voix qui appellent à investir dans une société plus inclusive plutôt que dans le système de santé?
Dans un pays aussi solide économiquement que la Suisse, l’un n’empêche pas l’autre! Mais, en effet, tendre vers une société globalement plus inclusive et égalitaire peut fortement contribuer à réduire – à long terme – les problèmes de santé, en particulier de santé mentale.

Davantage de victimes de la covid-19 parmi les «pauvres»
La pandémie de covid-19 illustre tristement les inéquités en matière de santé en fonction du niveau socio-économique. «Certes, nous sommes toutes et tous impacté·e·s, mais il y a une double, voire une triple peine pour les personnes à faible revenu», constate Stéphane Cullati. Comme l’a révélé une étude pilotée par l’ancien directeur de la task force scientifique Matthias Egger et publiée en avril 2021, les habitant·e·s pauvres du notre pays ont davantage de risques de contracter le coronavirus et d’en mourir. «Divers facteurs expliquent cette mortalité accrue», poursuit le sociologue de la médecine. D’une part, le fait que plus leur niveau socio-économique est bas, moins bien les gens se protègent. «Notamment parce que certains d’entre eux ont moins accès à une information de qualité et une moins grande capacité à comprendre et à appliquer cette information.» D’autre part, parce que ces personnes exercent souvent des professions davantage exposées, n’offrant pas la possibilité du télétravail. «Et que, parfois, elles ne peuvent pas se permettre de ne pas aller travailler, ce qui les poussera potentiellement à ne pas se faire tester, afin d’éviter une éventuelle quarantaine.» Sans oublier que les personnes d’un bas niveau socio-économique «souffrent davantage de maladies chroniques, ce qui augmente chez elles le risque de complications – et par ricochet de décès – en cas d’infection au coronavirus».

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  • Stéphane Cullati est maître d’enseignement et de recherche en santé publique et épidémiologie au (#PopHealthLab) de l’Unifr. Parallèlement, ce sociologue de la médecine est employé par les Hôpitaux Universitaires de Genève.
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«L’exception ne doit pas devenir la règle» /alma-georges/articles/2021/lexception-ne-doit-pas-devenir-la-regle /alma-georges/articles/2021/lexception-ne-doit-pas-devenir-la-regle#respond Wed, 17 Nov 2021 08:31:40 +0000 /alma-georges?p=14796 Accentuée par l’épidémie de covid-19, la protection des données est une problématique de premier plan pour notre société. Et, même si des mesures existent déjà, la vigilance reste de mise. Jean-Philippe Walter, commissaire à la protection des données du Conseil de l’Europe et ancien préposé fédéral suppléant à la protection des données et à la transparence, ouvre des perspectives, lors d’une conférence organisée par la Bibliothèque cantonale et universitaire et la Fachschaft Jus, le 25 novembre 2021.

La question de la protection des données ne date pas de l’arrivée de la covid. Quels en sont les enjeux principaux?
Non, le débat autour de la protection des données a débuté dans les années 70 avec l’adoption des premières lois de protection des données en Suède et dans le Land de Hesse. La Convention du Conseil de l’Europe pour la protection des personnes à l’égard du traitement de données à caractère personnel a été ouverte à la signature le 28 janvier 1981 (Convention 108). En Suisse, Genève et Vaud furent les premiers cantons à adopter une législation en la matière, au début des années 1980. La loi fédérale sur la protection des données est entrée en vigueur le 1er juillet 1993.

L’objectif de la protection des données est de protéger toute personne lors du traitement de données personnelles la concernant, afin que ses droits humains et ses libertés fondamentales, notamment son droit à la vie privée et à la dignité soient pleinement respectés. Avec la numérisation de la société, l’un des enjeux majeurs est de garantir à chacun·e la maîtrise sur les données qui la ou le concernent et donc son autonomie dans ses décisions et ses choix. Le développement de l’Intelligence artificielle, le profilage systématique des individus, l’observation et le traçage quasi permanents de nos activités, de nos déplacements et de nos comportements font partie des principaux défis auxquels nous sommes confrontés·e·s.

En quoi la pandémie a-t-elle changé la donne?
La pandémie contribue à une prise de conscience de l’importance du respect du droit à la protection des données et à la vie privée même en situation de crise. Elle permet de vérifier la solidité de nos législations de protection des données et des principes qu’elles renferment face à l’urgence sanitaire. Il ne s’agit pas d’opposer la protection des données à la protection de la santé publique, mais de trouver un juste équilibre entre les mesures nécessaires de lutte contre la pandémie et la protection des droits humains et des libertés fondamentales. Cette recherche d’équilibre nécessite, en particulier, une grande agilité et réactivité des autorités de protection des données, qui doivent, de manière continue, jouer leur rôle de conseiller et d’autorité de surveillance pour donner rapidement des réponses aux sollicitations découlant de la crise actuelle.

Cette méfiance dans la manière dont l’Etat ou des entreprises privées mandatées par celui-ci traitent les données personnelles s’exprime de manière très virulente… sur les réseaux sociaux. Comment expliquer cette discrépance?
Cette méfiance reste le fait d’une minorité, certes non négligeable, qu’on ne peut ignorer. Les réseaux sociaux sont certainement un facilitateur, voire un accélérateur de l’expression de cette méfiance. Elle n’est pas propre à la pandémie, mais s’inscrit dans un mouvement plus général de contestation des autorités qui peut nuire au fonctionnement de notre Etat de droit et de nos institutions démocratiques, voire remettre en cause nos libertés. Il y a aussi une part d’irrationnel et de contradictoire dans ces comportements et ces réactions de méfiance. Je constate, en effet, que nombreux sont celles et ceux qui, par exemple, remettent en question certaines applications de traçage des contacts ou le certificat sanitaire et qui n’hésitent pas à utiliser de nombreuses applications bien plus voraces en données personnelles ou qui publient sur les réseaux sociaux des informations susceptibles de révéler des pans entiers de leur vie privée. De ce fait, ils enrichissent les grandes entreprises du numérique pour qui les données personnelles constituent la matière première de leurs activités et contribuent ainsi à renforcer le «capitalisme de surveillance».

Que faire pour apaiser les esprits? Est-ce le rôle de l’Etat?
Je pense qu’un gros effort d’explication et de transparence par rapport aux mesures qui sont mises en place doit être entrepris. La transparence est indispensable pour (re)gagner la confiance des citoyennes et citoyens. C’est la responsabilité des autorités de décision et des entreprises de se comporter et d’agir de manière à gagner la confiance de toutes et tous. Les autorités de protection des données ont également un rôle fondamental à jouer dans la confiance que les personnes concernées peuvent avoir en ces systèmes.

La littératie des données représente-t-elle une piste? Comment permettre aux gens d’acquérir les connaissances nécessaires à la maîtrise de leurs propres données et à la compréhension du système?
L’éducation au numérique est cruciale et doit toucher toutes les couches de la population. Il doit s’agir d’une priorité dans l’enseignement et la formation, dès le début de la scolarité et tout au long de nos existences. Il faut ainsi mettre en place des politiques publiques inclusives pour offrir de manière continue des possibilités pour toutes et tous de se former et comprendre les enjeux autour des données personnelles. Sans cela, nous risquons d’exclure nombre d’entre nous de l’accès à la connaissance nécessaire à une utilisation responsable des technologies de communication et d’information.

Le pass ou certificat covid est-il un élément qui bouge les lignes de la protection des données personnelles en Suisse? Pensez-vous que la population le perçoit comme une intrusion à la vie privée?
Le pass ou certificat covid alimente les discussions autour du respect du droit à la protection des données. Je ne crois pas qu’il change fondamentalement la perception de la protection des données en Suisse. Il n’a en aucun cas accéléré l’urgence de réformes à faire autour du numérique. La révision de la loi fédérale sur la protection des données, adoptée en septembre 2020 par le Parlement fédéral, tarde, par exemple, à entrer en vigueur et plusieurs cantons n’ont pas encore adapté leur législation aux exigences actuelles.

Au sein de la population, certains considèrent le pass comme une atteinte grave à leur vie privée. D’autres pensent le contraire. A mon sens, le pass constitue, certes, une atteinte à la vie privée. Il s’agit cependant d’une atteinte légère et proportionnée qui permet de retrouver et d’exercer d’autres libertés. Il serait par contre inadmissible que les applications de traçage aux fins de lutte contre la pandémie et l’obligation d’un tel certificat deviennent la règle et perdurent dans le temps. L’exception ne doit pas devenir la règle. Le risque existe et exige une grande vigilance de toutes et tous. Les autorités de protection des données devront s’assurer régulièrement que tel ne sera pas le cas, en informer le public et ne pas hésiter à dénoncer et sanctionner les éventuels abus.

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  • de Jean-Philippe Walter
  • La aura lieu le 25 novembre à 18h30, à l’auditoire B du campus de Miséricorde. Vous pouvez envoyer vos questions à BCU_socialmedia@fr.ch.
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Prendre la mesure d’un retour au présentiel /alma-georges/articles/2021/prendre-la-mesure-dun-retour-au-presentiel /alma-georges/articles/2021/prendre-la-mesure-dun-retour-au-presentiel#respond Tue, 27 Apr 2021 17:43:47 +0000 /alma-georges?p=13645 Ce matin, Alain Berset était reçu par le Conseil d’Etat du Canton de Fribourg. La visite a débuté dans les locaux de l’Unifr avec un échange autour des conditions qui devraient présider à un retour des cours en présentiel.
Quand et comment pourrons-nous étudier – et travailler – «comme avant»? La question est dans toutes les têtes, mais sa résolution tient vraiment de la quadrature du cercle. Ce matin, le Conseiller fédéral Alain Berset, Jean-François Steiert, président du Conseil d’Etat, Anne-Claude Demierre, directrice de la santé et des affaires sociales, Jean-Pierre Siggen, directeur de l’instruction publique, de la culture et du sport, Christophe Monney, médecin cantonal adjoint et Virginie Masserey, cheffe du contrôle de l’infection et programme de vaccination à l’Office fédéral de la santé publique, ont rencontré Astrid Epiney, rectrice de l’Université de Fribourg, pour examiner les paramètres de l’équation.

L’Unifr à disposition pour une phase pilote de vaccination
Astrid Epiney s’est réjouie de la participation de l’Université de Fribourg au projet pilote de test à large échelle les 23 et 24 mars derniers, au sein de la Faculté des sciences et de médecine. Le projet s’adressait uniquement aux membres du personnel. La Rectrice a souligné le taux élevé de participation, en particulier lors d’une période où prévaut le télétravail, puisque 42% des 900 personnes éligibles ont répondu présentes.

Astrid Epiney a tenu à rappeler l’importance de l’enseignement en présentiel dans le cadre d’un cursus universitaire. Elle appelle de ses voeux son retour pour l’automne. Elle a cependant souligné la difficulté de conditionner ce retour uniquement à la mise en place de tests systématiques en relevant les caractéristiques particulières du contexte universitaire: une population de près de 13’000 personnes, l’extrême mobilité des étudiant·e·s et des membres du personnel, des horaires très fluctuants… Elle évoque ainsi l’éventualité de proposer une phase pilote de vaccination aux membres de la communauté universitaire, proposition qui sera étudiée par les autorités cantonales.

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Pot de Fries – Saison 2 #1 /alma-georges/articles/2021/pot-de-fries-saison-2-1 /alma-georges/articles/2021/pot-de-fries-saison-2-1#respond Thu, 04 Mar 2021 07:41:10 +0000 /alma-georges?p=13229 Le Centre Fries met la culture et l’actualité en pot! Des invité·e·s, des avis, des coups de coeur et des coups de gueule à partager comme autour d’un verre entre ami·e·s. Laissez-vous chatouiller les oreilles par ce podcast à savourer chaque semaine.

Depuis le semestre dernier, Le Centre Fries nous emmène à la rencontre de divers acteurs et associations de l’Unifr. Le premier podcast du semestre aborde un sujet d’actualité: «Comment danser sur le blues des cours en ligne?».

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  • ³¢±ðÌý c’est ce coin tout particulier de l’Unifr, un centre socio-culturel géré par les étudiant·e·s pour les étudiant·e·s, mais pas que… A suivre sur Ìý±ð³ÙÌý.
  •  de l’AGEF
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Enseignement à distance: les défis du confinement /alma-georges/articles/2021/enseignement-a-distance-les-defis-du-confinement /alma-georges/articles/2021/enseignement-a-distance-les-defis-du-confinement#respond Tue, 19 Jan 2021 09:50:59 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12878 L’enquête DISPAR, menée au printemps dernier sur l’enseignement à distance durant le premier confinement, vient de livrer ses résultats: si une majorité de parents se sont sentis à l’aise ou peu débordés, l’étude souligne l’accroissement des inégalités entre élèves et les difficultés de certains parents à prendre un rôle d’enseignant qui n’est pas le leur. On fait le point avec le chercheur fribourgeois, Xavier Conus.

A la fin du printemps dernier, Alma&Georges évoquait une étude menée par Héloise Durler (Haute école pédagogique du Canton de Vaud) et Xavier Conus, chercheur en Sciences de l’éducation à l’Université de Fribourg, centrée sur le vécu des parents d’écoliers du primaire lors de l’enseignement à distance en période de confinement ().

L’enquête «DISPAR – L’enseignement à DIStance mis en place lors de l’épidémie du coronavirus: vécu de PARents d’élèves du primaire vaudois et fribourgeois [1-8P HarmoS]», diffusée en ligne entre le 28 avril et le 24 mai 2020 par le biais des réseaux sociaux et auprès de structures associatives, s’appuie sur 1280 réponses de parents vaudois et fribourgeois. Ici comme là, la fermeture des écoles au printemps 2020 a été ressentie comme un temps d’«école à la maison», durant lequel la responsabilité perçue de devoir encadrer le travail scolaire des enfants a provoqué des difficultés pour une minorité certes, mais significative.

Globalement, l’enquête montre que les parents ont eu le sentiment de se trouver en première ligne dans l’accompagnement du travail scolaire à distance. Alors que 97% indiquent avoir aidé eux-mêmes leur enfant lorsqu’il en avait besoin, seuls 17% mentionnent l’enseignant∙e comme une ressource face à un besoin jugé fréquent. Pour Xavier Conus, «dans le vécu des parents, cette période s’est ainsi davantage apparentée à un temps d’école à la maison, durant lequel la responsabilité du travail scolaire leur incombait, qu’à une période d’enseignement à distance que l’on imaginerait encadré au premier chef par l’école».

Dans ces circonstances, 64% des répondant∙e·s se sont néanmoins déclaré∙e·s plutôt à l’aise dans ce nouveau rôle et 51% peu débordé∙e·s. «Si on peut y voir un signe de la compréhension affichée par les parents pour la situation d’enseignement à distance mise en place, ce taux souligne aussi des vécus inégaux, avec une part tout de même importante de parents en difficulté.» Parfois dues à un manque de disponibilité en raison de leur activité professionnelle, ces difficultés ont cependant été avant tout d’ordre pédagogique. Comment motiver l’enfant? Comment endosser ce «rôle d’enseignant» que les parents ont eu l’impression de devoir prendre? Le sentiment de certains d’être peu à l’aise ou débordés s’est avéré fortement lié aux difficultés scolaires de l’enfant et à leur impression d’être capables de l’aider ou non.

Eviter l’«effet Matthieu»
Ce report de responsabilité de l’encadrement du travail scolaire sur les parents a aussi généré une augmentation des inégalités scolaires. «Les parents dont l’enfant était en difficulté scolaire ont, sans surprise, perçu chez lui un besoin accru d’être aidé dans son travail scolaire. Ils ont eu tendance à se sentir moins capables d’y répondre et à rencontrer davantage de difficultés dans leur accompagnement.» Ces inégalités, dues aux différences de facilité scolaire des enfants, se sont doublées d’inégalités selon les milieux socio-économiques. L’enquête établit en effet le constat que «le niveau de formation et la catégorie socioprofessionnelle du parent se trouvent significativement corrélés au sentiment d’être capable de répondre au besoin d’aide de l’enfant». Cet effet, connu en sociologie, décrit comment les plus favorisés tendent à accroître leur avantage sur les autres. Il tire son nom de l’évangile de St-Matthieu, 13:12: «Car on donnera à celui qui a […] mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.» Alors même que leur enfant tendait à être perçu comme ayant besoin d’une aide accrue, les parents de milieux moins favorisés se sont sentis moins capables de lui fournir l’aide nécessaire.

Pour Xavier Conus, en cas de nouvelle fermeture des écoles, «atténuer les inégalités devrait passer par une concentration des efforts de l’école pour éviter que l’enseignement à distance ne prenne la forme d’une ‹école à la maison›, dans laquelle la responsabilité de l’encadrement du travail scolaire de l’enfant se trouve déléguée vers des parents dont ce n’est pas le rôle. Il s’agit de mieux accompagner les élèves qui en ont besoin et de soulager au maximum les parents de la charge du travail scolaire. Les difficultés relevées montrent bien que la collaboration, largement prônée, entre l’école et les familles ne signifie pas renoncer à la spécificité des rôles de chacun».

A cela s’ajoute le constat de disparités dans les dispositifs mis en place par les enseignant∙e·s dans la transmission du matériel scolaire. «Cette période a servi d’effet-loupe sur les conséquences de ces disparités en termes d’inégalités, contre lesquelles l’école et les enseignant∙e·s cherchent à s’engager. Une lutte qui passe certainement par une meilleure mutualisation des ressources et savoir-faire pédagogiques, ainsi que par un mode de gouvernance permettant une harmonisation des pratiques.» En effet, seuls 16% des parents disent avoir reçu des informations sur l’encadrement pédagogique du travail. Un taux très bas qui révèle, aux yeux du chercheur, que «l’école a, dans sa communication, mis l’accent sur les aspects organisationnels pratiques plus que sur la question du rôle des parents dans le travail scolaire à distance des enfants».

Nouveau paradigme
S’il se garde d’évoquer des réponses concrètes, qui appartiennent désormais aux autorités scolaires concernées – le Service de l’enseignement obligatoire de langue française (SEnOF) à Fribourg et la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO)  dans le Canton de Vaud – Xavier Conus conclut en proposant cette contribution à une réflexion plus large et éminemment complexe: «Il est, à mon sens, essentiel que l’école garde la main sur le travail scolaire appelé à se dérouler dans le contexte familial et développe les savoir-faire pédagogiques et les ressources nécessaires à un enseignement à distance, dans lequel le travail scolaire de l’enfant – y compris ses moments de travail autonome – se trouve repris, accompagné et encadré par l’enseignant∙e. Et qu’elle clarifie une ligne qui limite le rôle des parents à assurer un contexte de travail favorable à l’enfant et à réorienter l’enfant vers la ressource de l’enseignant∙e en cas de besoin.»

Le SEnOF réagit
Du côté du SEnOF, l’enseignement majeur de cette période est, selon Michel Piller, «que le partenariat avec les familles doit être développé et consolidé». Inspecteur scolaire et répondant «Enseignement à distance» lors de la crise Covid-19, il approuve bon nombre des constats établis par l’enquête de Xavier Conus: «L’annonce du Conseil Fédéral le 13 mars a pris tout le monde de court: école, enseignant∙e·s, élèves, et bien sûr parents… Tout le monde a fait du mieux qu’il pouvait!

L’école et les enseignant∙e·s ont dû réinventer certains gestes pédagogiques de base à distance. Le SEnOF a mis à leur disposition des balises pour les aider à la planification du travail et déployé de nouveaux outils informatiques. Pour les parents comme pour les enseignant∙e·s, nous avons jugé que le plus important était de maintenir le lien école-famille, sachant que toutes les familles n’ont pas les mêmes conditions pour soutenir leur enfant. Nous avons cherché à développer la communication dans le sens d’un réel dialogue. Les enseignant∙e·s qui ont défini clairement leurs disponibilités sont celles et ceux qui ont le mieux développé ce dialogue et ainsi pu aider les parents, par exemple, à estimer et planifier le temps de travail de leur enfant.

Pour mieux accompagner les parents en cas de nouvelle situation d’enseignement à distance, nous avons travaillé à leur donner de nouvelles ressources pour le rôle qui est le leur: offrir un cadre d’apprentissage sécure à leur enfant. Concrètement, cela passerait par l’accès à des ressources informatiques pour consolider le lien et le dialogue; des outils différenciés mis à disposition des établissements, dont les catégories socio-professionnelles de parents peuvent varier fortement; et l’intensification d’une communication avec les parents, différenciée selon la classe d’âge de leur enfant».

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 est maître d’enseignement et de recherche au  de l’Université de Fribourg.

 

 

 

 

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Nouveau confinement? «Il en va du sort de l’économie et de la société» /alma-georges/articles/2020/nouveau-confinement-il-en-va-du-sort-de-leconomie-et-de-la-societe /alma-georges/articles/2020/nouveau-confinement-il-en-va-du-sort-de-leconomie-et-de-la-societe#respond Fri, 20 Nov 2020 10:11:29 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12139 Sergio Rossi fait partie des 60 économistes qui ont lancé un appel à un nouveau confinement auprès du Conseil fédéral. Il nous explique cette position, qui va à l’encontre des idées généralement émises par les milieux économiques.

© Omar Cartulano

Avec 60 autres professeurs d’économie en Suisse, vous avez adressé une lettre au Conseil fédéral afin de réclamer un nouveau confinement. Comment cette lettre a-t-elle vu le jour?
L’origine de cette lettre ouverte, disponible , réside dans un double constat qui est indéniable. D’un côté, le premier confinement qui a suivi les débuts de la pandémie de Covid-19, au printemps, a entraîné une baisse rapide et considérable du nombre de personnes infectées par le coronavirus. S’en est également suivi une très forte diminution du nombre de décès. D’un autre côté, les mesures introduites au niveau fédéral et au niveau cantonal depuis cet été n’ont pas permis d’atteindre des résultats similaires.

Parmi les quelque 60 économistes qui ont signé cet appel, la grande majorité s’inscrit dans la pensée dominante, qui veut «moins d’Etat et plus de marché». Cela en dit long sur la nécessité d’une forte intervention publique au niveau économique pour soutenir les activités qui souffrent à cause de la pandémie, ainsi que sur les effets négatifs que celle-ci comporte sur le plan économique.

Pourquoi maintenant?
Depuis le début de l’automne, nous observons une forte augmentation du nombre de personnes infectées par la Covid-19, ainsi que du nombre de décès. Cette situation dramatique n’a pourtant pas encore amené les pouvoirs publics à décider un deuxième confinement, qui reste la meilleure solution pour sauver des vies et aider tant les entreprises que les travailleurs en grande difficulté.

Vous relevez qu’un lockdown permettrait de sauver des vies. Avez-vous l’impression que l’économie prime aujourd’hui sur les questions sanitaires?
En Suisse, davantage que dans les autres pays occidentaux, l’économie influence de près les choix politiques, du fait que les majorités au Conseil fédéral, au Parlement et dans bien des cantons sont inspirées par les idées néolibérales, qui veulent réduire au minimum l’intervention du secteur public dans le système économique pour laisser fonctionner la supposée «loi du marché». On l’a vu, encore récemment, lorsque les pouvoirs publics ont décidé de ne pas imposer un deuxième confinement pour ne pas devoir dépenser de l’argent public dans le soutien aux activités économiques en souffrance.

Contrairement au constat usuel, vos collègues et vous-même pensez qu’un véritable lockdown court et complet serait plus salvateur pour l’économie que les mesures actuelles. Pouvez-vous nous expliquer cette position?
Comme nous l’avons écrit dans la lettre ouverte adressée au Conseil fédéral, le coût total d’un confinement bien géré sera plus faible que le coût des mesures actuelles, qui ont visiblement échoué à contenir le virus. Ces dernières mesures, qui ont déjà un coût économique considérable, entraîneront pourtant aussi un taux de mortalité bien plus élevé. En l’état, le choix se situe entre (1) une profonde récession avec des hôpitaux débordés et de nombreux décès à cause des politiques actuelles et (2) une profonde récession avec beaucoup moins de décès et un système de santé gérable grâce à un second confinement. Lorsque le virus se répand rapidement, comme c’est le cas actuellement en Suisse, les risques sur la santé et la peur qui en découle empêchent les gens et les entreprises de poursuivre leurs activités économiques. Les chaînes d’approvisionnement sont rompues et les entreprises feront également faillite. Les travailleurs seront donc tout aussi vulnérables, si ce n’est davantage qu’avec un deuxième confinement. Etant donné qu’en Suisse les finances publiques le permettent – et d’autant plus que les taux d’intérêt sont négatifs – il est possible de mettre en œuvre des politiques budgétaires expansives et ciblées pour engendrer un cercle vertueux où les ménages et les entreprises concernés reçoivent de bonnes incitations et sont donc plus enclins à accepter les restrictions supplémentaires qu’un confinement impose à court terme.

Il semble que les entrepreneurs vous reprochent de tirer des constats «hors de votre tour d’ivoire» et de ne pas être assez ancrés dans la réalité ou dans le quotidien économique du pays. Que leur répondez-vous?
Les économistes doivent avoir une vision qui coiffe l’ensemble du système économique au lieu de ne considérer qu’une seule entreprise ou une seule branche d’activité, comme c’est d’habitude le cas pour les entrepreneurs. Qui plus est, les économistes ne doivent pas considérer uniquement l’objectif de la maximisation du profit des entreprises, mais doivent tenir compte de l’intérêt général de manière à contribuer au bien commun.

Le Conseil fédéral vous a-t-il répondu? Qu’en attendez-vous?
En l’état, à ma connaissance, il n’y a pas eu de réponse officielle. Je ne pense d’ailleurs pas qu’il y en aura. Mais j’espère que le Conseil fédéral tiendra compte de notre lettre ouverte, à toutes fins utiles. Il en va du sort de l’économie et de la société dans leur ensemble.

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  • de Sergio Rossi
  • à ce sujet dans Le Temps
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Covid-19: bilan et perspectives pour l’enseignement /alma-georges/articles/2020/covid-19-bilan-et-perspectives-pour-lenseignement /alma-georges/articles/2020/covid-19-bilan-et-perspectives-pour-lenseignement#respond Tue, 27 Oct 2020 09:57:54 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=11830 Sur la crête de la deuxième vague, l’Innovation Club Fribourg revient sur la première phase de la pandémie et esquisse des lignes d’avenir avec trois invité·e·s: Olivier Curty, conseiller d’Etat à la Direction de l’économie et de l’emploi (DEE), Chantal Martin Sölch, vice-rectrice à l’Université de Fribourg et Stéphane Pannatier, directeur des services centraux pour UniDistance.

Le débat enrichissant aborde l’impact du virus sur les commerçants locaux, les mesures et prises de décisions quant aux nouvelles formes d’enseignements ou la mise en place de projets pilotes dans une optique de maintenir la stabilité des cours et de l’éducation.
Après une présentation de chaque parti, les intervenants ont débattu sur des questions variées mais pertinentes comme la transition vers l’enseignement à distance, la formation des nouveaux professeur·e·s ainsi que ressenti des étudiant·e·s quant aux mesures mises en place.

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  • de l’Innovation Club et sa facebook
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COVID-19: Familien mit besonderen Bedürfnissen am Anschlag? /alma-georges/articles/2020/covid-19-familien-mit-besonderen-bedurfnissen-am-anschlag /alma-georges/articles/2020/covid-19-familien-mit-besonderen-bedurfnissen-am-anschlag#respond Tue, 26 May 2020 09:03:24 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=11080 Familien mit Kindern mit besonderen Bedürfnissen werden in einem Lockdown hart auf die Probe gestellt. Professorin Andrea Samson geht mit ihrem Team in einer internationalen Studie der Frage nach, welche Auswirkungen die COVID-19-Pandemie auf betroffene Kinder und Eltern hat. Die Ergebnisse sollen unter anderem Anhaltspunkte bieten, worauf in zukünftigen Krisensituationen geachtet werden muss. Deshalb interessiert sich auch die Politik dafür.

Andrea Samson, in Ihrer aktuellen Studie steht die Frage im Vordergrund, wie Familien mit Kindern mit Behinderungen und Entwicklungsstörungen mit den Folgen der COVID-19-Pandemie zurechtkommen. Was erhoffen Sie sich davon?
Im chEERS Lab erforschen wir sozioemotionale Prozesse bei Personen mit verschiedenen Entwicklungsstörungen und geistigen Behinderungen. Wir wissen, dass Familien mit Kindern mit besonderen Bedürfnissen im Alltag mit vielen Dingen zu kämpfen haben. Als es zum Lockdown kam, fragten wir uns: Wie ergeht es nun wohl jenen Familien, die eines oder gar mehrere Kinder mit besonderen Bedürfnissen haben und auf besonders viel Hilfe, Begleitung und Unterstützung angewiesen sind? Wie ist das, wenn plötzlich jegliche Unterstützung wegfällt und sogar Institutionen schliessen? Welches sind die Ängste und Sorgen der Eltern, welches diejenigen der Betroffenen? Mit welchen Strategien versuchen sie mit möglichen negativen Emotionen umzugehen? Es ist wichtig, diese Fragen zu beantworten, auch, um bei einer möglichen zukünftigen Krisensituation vorbereitet zu sein.

Ist ein Lockdown für Kinder mit speziellen Bedürfnissen besonders schwierig?
Das gilt es nun zu untersuchen. Es dürfte auf verschiedene Faktoren ankommen, etwa auf die Art der Beeinträchtigung, die Art der Unterstützung, darauf, wie stark die Familie abfedern kann, was plötzlich an Unterstützung wegfällt, etc. Für die Kinder selbst kann es tatsächlich sogar in beide Richtungen gehen. Ich habe mich mit einigen Familien unterhalten, deren alltäglichen Herausforderungen sich nun extrem gewandelt haben. Konnte man sich vor der Krise auf Unterstützung von anderen und womöglich sogar von mehreren Personen verlassen, ist es besonders einschneidend, wenn diese Hilfe von einem Tag auf den anderen wegfällt. Gleichzeitig kann eine mögliche reduzierte berufliche Belastung der Eltern zusammen mit anderen im Lockdown wegfallenden Stressfaktoren, zum Beispiel durch die Schule, für ein Kind selbst sogar entlastend sein. Mit unserer Studie möchten wir uns intensiver mit solchen Unterschieden beschäftigen und herausfinden, welche Hintergründe sie haben.

Eine der Hauptfolgen eines Lockdowns ist, dass soziale Kontakte stark reduziert werden. Kann das für Kinder mit besonderen Bedürfnissen problematisch sein?
Absolut, das ist ja auch für Kinder, die keine besonderen Bedürfnisse haben, schwierig. Allerdings kommt es möglicherweise auch hier auf die Art der Beeinträchtigung an. Kinder mit Autismus-Spektrum-Störungen zum Beispiel haben eher Mühe mit der sozialen Kommunikation. Für sie ist es womöglich sogar entlastend, nicht viele Leute zu sehen. Bei Kindern mit dem Williams-Beuren-Syndrom – einer seltenen genetischen Störung, die unter anderem mit sich bringt, dass die Kinder und Erwachsenen ein sehr ausgeprägtes Bedürfnis nach sozialen Kontakten haben – mag es ganz anders sein. Möglicherweise leiden sie stärker unter dem eingeschränkten Sozialkontakt. Wir möchten nicht nur zwischen verschiedenen Syndromen unterscheiden, sondern auch verstehen, wie der Lockdown oder andere Massnahmen sich auf Kinder mit und ohne besondere Bedürfnisse auswirken. Deshalb befragen wir in der Studie die Eltern auch zu Geschwisterkindern ohne besondere Bedürfnisse.

Denken Sie, dass der Lockdown Spätfolgen nach sich ziehen könnte?
Das ist nicht auszuschliessen. Wir wissen derzeit wenig darüber, selbst für Kinder ohne Beeinträchtigung. Was bedeutet es, zwei Monate in einer solchen Extremsituation zu leben? Unsere bisher gesammelten Daten zeigen, dass bestimmte Ängste am Anfang sehr gross waren, während andere Belastungen eher mit der Zeit zunahmen. Auch wenn viele Eltern natürlich versucht haben ihre Kinder möglichst wenig zu belasten, haben diese vieles auf irgendeine Art mitbekommen. Wir werden in unserer Studie versuchen, auch mögliche Spätfolgen zu untersuchen. Es ist ein Folgefragebogen geplant, der die Frage beantworten wird: Wie geht es der Familie ein halbes Jahr oder ein Jahr später?

Tatsächlich geht es in Ihrer Studie nicht bloss um die Kinder, sondern um die ganze Familie. Wo liegen für Eltern von Kindern mit besonderen Bedürfnissen die grössten Herausforderungen bei einem Lockdown?
Da wären zunächst einmal die Betreuungsstrukturen, die wegfallen. Oder Spezialisten, die sich nicht mehr in gleichem Masse um die Bedürfnisse des Kindes kümmern können. Das kann für die Eltern eine enorme zusätzliche Belastung bedeuten. Auch das ist eine zentrale Frage unserer Studie: Was fiel in den letzten Wochen alles weg? Was fehlte den Eltern am meisten? Darüber hinaus gibt es noch andere Faktoren, die wir uns anschauen, zum Beispiel finanzielle Sorgen.

Ihre Studie ist weltweit angelegt, der Fragebogen ist derzeit in elf Sprachen verfügbar, unter anderem auf Chinesisch. Wie kam es dazu?
Initiiert hat die Studie das chEERS Lab. Gemeinsam mit vor allem englischsprachigen Kollegen wollten wir zunächst die Situation von Personen mit bestimmten Syndromen verstehen. Es wurde aber schnell klar, dass es wichtig ist, die Situation von Familien mit besonderen Bedürfnissen unabhängig von Diagnosen zu verstehen. Durch den Vergleich verschiedener Massnahmen in verschiedenen Ländern werden wir bessere Aussagen machen können, was Familien besonders belastet hat und mit welchen Massnahmen Familien besser zurechtgekommen sind. Mittlerweile haben wir etliche Forschungspartner auf der ganzen Welt, die uns helfen, in ihren Ländern Familien zu erreichen.

Wie viele ausgefüllte Fragebogen erhoffen Sie sich?
Weltweit konnten wir bis jetzt über 2000 Familien für unsere Studie gewinnen, wir haben mit bestimmten Sprachen aber erst vor Kurzem angefangen, das heisst, diese Zahl wird steigen. Wichtig ist, dass wir in der Schweiz repräsentative Stichproben für Familien mit Kindern mit besonderen Bedürfnissen erhalten.

Wieso?
Weil sich in der Schweiz immer mehr Vereinigungen und Institutionen für unsere Daten interessieren. Sie alle müssen allmählich ihre Rückschlüsse ziehen und sich Fragen stellen wie: War das, was wir anbieten konnten, genug? Sollte es wieder einmal eine vergleichbare Krise geben oder eine zweite Corona-Welle: Wie würden wir reagieren? Was sind wichtige Stressfaktoren für Familien? Wo hätten wir Kinder und Eltern besser auffangen können? Wir hoffen, dass wir möglichst viele Entscheidungsträger über unsere Ergebnisse informieren können. Wie auch in Grossbritannien interessieren sich in der Schweiz politische Instanzen für unsere Ergebnisse. Das Büro für die Gleichstellung von Menschen mit Behinderung freut sich über die kommenden Studienergebnisse dazu, wie es den betroffenen Familien ergangen ist. So können wir mit dem, was wir machen, wirklich etwas bewirken. Auch wenn in der Schweiz auf den ersten Blick das Gröbste vorbei zu sein scheint, wir werden mindestens noch bis Ende Juni weitere Daten sammeln. Unser Fragebogen erkundigt sich nach der Situation der Familien vor der Pandemie, am Anfang des Lockdowns und heute. Deshalb können uns Familien in der Schweiz auch jetzt noch wertvolle Informationen liefern.

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  •  hat eine SNF-Förderungsprofessur am der Universität Freiburg und ist ausserordentliche Professorin an der Fakultät für Psychologie an der FernUni Schweiz. Sie leitet zudem das (Swiss Emotion Experience, Regulation and Support). In ihrer Forschung beschäftigt sie sich mit Emotionen und deren Regulation bei Menschen mit und ohne Entwicklungsstörungen.
  • richtet sich an Eltern oder Betreuungspersonen von Kindern mit besonderen Bedürfnissen. Sie ist anonym und dauert rund 30 Minuten. In der Schweiz kann der Fragebogen mindestens noch bis Ende Juni ausgefüllt werden. Der Link: www.specialneedscovid.org

 

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