Antiquité – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Tue, 17 Jun 2025 11:20:41 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Des milliers de monnaies romaines sortent de l’ombre /alma-georges/articles/2025/des-milliers-de-monnaies-romaines-sortent-de-lombre /alma-georges/articles/2025/des-milliers-de-monnaies-romaines-sortent-de-lombre#respond Tue, 17 Jun 2025 11:19:19 +0000 /alma-georges?p=22416 La chaire francophone d’histoire de l’Antiquité de l’Université de Fribourg a réuni près de 2000 pièces de monnaies datant de l’époque romaine dans une base de données numérique. Longtemps invisibles, elles deviennent aujourd’hui accessibles aux numismates du monde entier. Cédric Brélaz, professeur d’histoire de l’Antiquité et directeur scientifique du projet, nous en explique tout l’intérêt.

Comment vous est venue l’idée de créer cette base de données numismatique?
Les humanités numériques sont aujourd’hui très en vogue dans les sciences humaines, à tel point que le Fonds national suisse exige désormais la création de bases de données pour tout projet qu’il finance. Dans certains cas, cela a du sens, dans d’autres beaucoup moins. Mais pour la numismatique, c’est réellement pertinent. Dans le cadre de ce projet, nous avons affaire à des milliers de pièces, souvent très similaires, disséminées entre plusieurs institutions: le Musée d’art et d’histoire de Fribourg, le Musée de Morat, le Musée Bible+Orient de notre Université. Jusqu’à présent, elles étaient peu ou pas étudiées, et rarement publiées dans leur intégralité.

L’objectif est-il de réaliser des analyses statistiques?
Avant tout, cette base permet une diffusion des données bien plus ergonomique que les publications traditionnelles. Pendant longtemps — et encore aujourd’hui — les pièces étaient publiées dans des catalogues imprimés, avec des planches de photographies souvent de qualité médiocre. Grâce aux outils numériques, on accède plus facilement à l’information, et l’on peut effectivement produire des analyses, croiser les données, interroger un corpus de pièces sur divers critères. Il faut garder à l’esprit que ces objets sont rarement uniques: les monnaies étaient frappées à des centaines de milliers d’exemplaires. L’un des grands bénéfices, c’est qu’un chercheur ou une chercheuse, en Amérique du Nord par exemple, peut désormais consulter ces pièces sans avoir à se déplacer.

A qui s’adresse cette base de données?
Il y a deux publics cibles. D’une part, un public érudit, passionné par le patrimoine. C’est d’ailleurs une mission fondamentale de l’Université: jouer un rôle de passeur entre les collections publiques et la société. D’autre part, cette base vise évidemment la communauté scientifique. De nombreuses pièces conservées ici échappaient jusqu’alors aux radars de la recherche internationale, faute de publication. Or, les chercheurs et chercheuses en numismatique ont besoin d’accéder à un maximum de spécimens. Cette base fribourgeoise leur offre une nouvelle source de données précieuse.

Ces pièces avaient-elles déjà été étudiées?
Non, il a fallu tout reprendre depuis le début. Pour la collection du Musée d’art et d’histoire, cela représente environ 1500 pièces, majoritairement romaines. Un inventaire sommaire existait, réalisé par des collaborateur·trice·s du musée et du Service archéologique de l’Etat de Fribourg. Nous avons mené ce travail dans le cadre de mes cours de numismatique, avec les étudiantes et étudiants. L’une d’elles, Julie Python, y a même consacré son mémoire de master et une autre, Alicia Lehmann, travaille actuellement sur ce matériel.

Cela a dû être un vrai travail de bénédictin!
Effectivement! Il a fallu identifier chaque pièce — c’est ce qu’on appelle la détermination —, les décrire précisément, évaluer leur état de conservation et les rattacher à des types déjà connus dans la littérature spécialisée. Ce travail a été complété par des photographies de très haute qualité, réalisées par un photographe professionnel ici à Fribourg.

Y a-t-il des pièces particulièrement remarquables dans cette collection?
Ma réponse peut paraître paradoxale: non, il n’y a pas de pièce véritablement exceptionnelle, et c’est justement ce qui fait l’intérêt de la collection. La numismatique ne s’intéresse pas seulement aux objets rares ou esthétiques. Elle repose aussi — et peut-être surtout — sur l’étude des pièces ordinaires, très largement diffusées dans l’ensemble de l’Empire romain. Les petites pièces en bronze, de faible valeur, servaient aux achats quotidiens. Elles sont souvent corrodées, en mauvais état, mais leur intérêt scientifique est majeur. Elles permettent d’étudier les réseaux de diffusion monétaire et les usages économiques. Cela dit, il y a aussi quelques pièces remarquables, comme cette monnaie en or issue d’un trésor découvert à Portalban au début du XXᵉ ²õ¾±Ã¨³¦±ô±ð. Elle constitue le fleuron de la collection du Musée d’art et d’histoire. Mais, d’un point de vue scientifique, les plus belles pièces ne sont pas nécessairement les plus importantes.

Qu’en est-il du contexte archéologique de ces monnaies?
C’est un vrai problème. La plupart des collections ont été constituées à partir de donations privées dès la fin du XVIIIᵉ ²õ¾±Ã¨³¦±ô±ð. A Fribourg, certaines pièces proviennent même de dons faits par des officiers fribourgeois au service du roi de France qui avaient reçu des monnaies du Cabinet des médailles à Paris. A l’exception des pièces du trésor de Portalban, nous ne connaissons pas le contexte archéologique précis des objets. Or, cela constitue une perte d’informations historiques considérable. On ignore le lieu exact de découverte, les objets associés et on ne peut donc pas dater l’enfouissement avec précision. Il y a un enjeu éthique majeur: le marché de l’art numismatique est légal, mais les pièces qui y circulent proviennent parfois de fouilles illégales.

Est-ce que cette base pourrait intéresser des collectionneurs privés ?
Ce n’est pas l’objectif premier, mais ce serait un développement idéal. Un collectionneur privé, resté anonyme, nous a déjà confié une très belle collection de 323 pièces qu’il a acquises légalement. Il en reste propriétaire, bien sûr, mais il nous a permis de les étudier avec les étudiant-e-s, ce qui est une opportunité précieuse. J’ai d’ailleurs organisé un colloque début avril sur cette question. Des collectionneuses et collectionneurs étaient présent·e·s et je leur ai lancé un appel: si certains souhaitent nous confier leurs pièces à des fins scientifiques ou didactiques, ce serait formidable. L’idéal serait bien sûr qu’ils en fassent don à l’Université.

Comment cette base a-t-elle été créée techniquement?
Elle a vu le jour grâce à un soutien du Fonds d’innovation pédagogique de la Faculté des lettres et des sciences humaines. La réalisation technique a été assurée par la Direction informatique de l’Université, et plus précisément par son service dédié aux bases de données éducatives en la personne de M. Alrick Deillon. Elle fonctionne très bien, mais l’étape suivante, que j’ai évoquée lors du colloque, serait de l’intégrer aux grandes plateformes internationales déjà existantes. Il existe des bases majeures comme celle de l’American Numismatic Society à New York, du Cabinet des médailles à Paris, des Musées de Berlin ou du British Museum. L’objectif serait que notre base fribourgeoise, modeste mais solide, puisse rejoindre ce réseau. Ce serait à la fois un aboutissement et un point de départ vers un projet de plus grande ampleur.

La communauté scientifique pourrait-elle remettre en question certaines de vos déterminations?
Absolument, et c’est même souhaitable. L’un des avantages du numérique, par rapport à l’imprimé, est que les données peuvent être mises à jour en continu. C’est une force, mais aussi un piège: tout semble toujours provisoire, et cela peut nuire à la rigueur. Cela dit, nous restons ouverts à la discussion. Si des collègues repèrent des erreurs ou souhaitent corriger certains points, ce serait extrêmement précieux. La base a vocation à évoluer, à s’enrichir et à devenir un véritable outil collaboratif au service de la recherche.

Photo d’illustration: Aureus de Vespasien représentant le portrait de Titus, atelier de Rome, 75 ap. J.-C. Trésor de Portalban, Musée d’art et d’histoire de Fribourg, n° inv. 16336.

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Trésors du Musée B+O: Quand le souverain s’asseyait sur ses ennemis /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-quand-le-souverain-sasseyait-sur-ses-ennemis /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-quand-le-souverain-sasseyait-sur-ses-ennemis#respond Mon, 23 Oct 2023 08:00:16 +0000 /alma-georges?p=18711 Le Musée Bible + Orient possède un objet bien curieux. Il s’agit d’une figurine représentant un prisonnier syrien. Cette sculpture en bois constituait vraisemblablement le pied d’une pièce de mobilier sur lequel un important personnage politique posait son séant.

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Trésors du Musée B+O: Un taureau sacré vieux de 2700 ans /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-un-taureau-sacre-vieux-de-2700-ans /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-un-taureau-sacre-vieux-de-2700-ans#respond Tue, 17 Oct 2023 00:44:24 +0000 /alma-georges?p=18715 On connaît bien les vaches sacrées de l’Inde mais on sait moins que les Egyptiens adoraient eux aussi un bovidé, le taureau Apis. Curatrice au Musée Bible + Orient, Cathie Spieser nous présente une stèle commémorative où figurent deux personnages en train de vénérer ce qu’ils considéraient être l’incarnation du Dieu Ptah.

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Trésors du Musée B+O: Imhotep, le mortel divinisé /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-imhotep-le-mortel-divinise /alma-georges/articles/2023/tresors-du-musee-bo-imhotep-le-mortel-divinise#respond Mon, 09 Oct 2023 08:27:26 +0000 /alma-georges?p=18718 Génial architecte de la pyramide de Saqqarah, Imhotep est entré dans la légende. A tel point que, plus de 2000 ans après sa mort, les Egyptiens le vénéraient encore et lui attribuaient des pouvoirs de guérison. Les explications de Cathie Spieser, curatrice au musée Bible + Orient.

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Trésors du musée B+O: Une amulette pour conjurer le mauvais sort /alma-georges/articles/2023/une-amulette-pour-conjurer-le-mauvais-sport /alma-georges/articles/2023/une-amulette-pour-conjurer-le-mauvais-sport#respond Mon, 02 Oct 2023 08:27:34 +0000 /alma-georges?p=18725 Mais quelle est donc cette statuette étrange ? On y voit un personnage à tête de faucon tenant en laisse un hippopotame. Il s’agit du dieu Horus maintenant un animal qui, chez les Egyptiens, symbolisait le mal. Les explications de Cathie Spieser, curatrice au Musée Bible + Orient.

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Trésors du Musée B+O: Un scarabée en guise de ³¦²Õ³Ü°ù /alma-georges/articles/2023/un-scarabee-en-guise-de-coeur /alma-georges/articles/2023/un-scarabee-en-guise-de-coeur#respond Tue, 26 Sep 2023 08:15:14 +0000 /alma-georges?p=18735 Les Egyptiens avaient pour coutume de placer un scarabée à la place du ³¦²Õ³Ü°ù de leur momie. Celui-ci avait pour rôle de plaider en faveur du défunt lors de la pesée de l’âme. Cathie Spieser, curatrice au Musée Bible + Orient, nous parle de cet étonnant objet datant du Nouvel Empire (1580-1085 avant J.-C.).

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Bicentenaire de la déclaration d’indépendance de la Grèce /alma-georges/articles/2021/bicentenaire-de-la-declaration-dindependance-de-la-grece /alma-georges/articles/2021/bicentenaire-de-la-declaration-dindependance-de-la-grece#respond Thu, 11 Nov 2021 06:58:16 +0000 /alma-georges?p=14767 Peu de soulèvements auront suscité autant de sympathie à travers l’Europe que la guerre d’indépendance grecque. Dans le sillage des écrivains Lord Byron, Victor Hugo, Chateaubriand ou encore du peintre Delacroix, de nombreux cercles intellectuels embrassèrent la cause des insurgés qui cherchaient à se libérer de la domination ottomane. Les explications de Cédric Brélaz, professeur d’histoire de l’Antiquité.

Pour quelles raisons la Chaire d’histoire de l’Antiquité organise-t-elle mardi prochain une manifestation consacrée au Bicentenaire de la Grèce (1821-2021)?
Le mouvement qui a conduit à la création d’un Etat grec indépendant dans les années 1820, par l’écho qu’il a eu à travers toute l’Europe et en raison de l’assimilation qui a alors été faite entre la jeune nation et la culture grecque des siècles passés, a également eu pour conséquence de révéler l’Antiquité classique. L’histoire de l’Antiquité, comme de nombreuses autres matières académiques, est un produit de l’époque romantique. Commémorer le Bicentenaire de la révolution grecque est donc l’occasion de se pencher aussi sur les origines de l’histoire de l’Antiquité comme démarche intellectuelle et comme discipline. Par ailleurs, la Chaire francophone d’histoire de l’Antiquité entretient des relations privilégiées avec la Grèce moderne, en particulier en collaborant avec les services archéologiques grecs à l’exploration du site de Philippes en Macédoine (à env. 150 km à l’est de Thessalonique), inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2016.

La lutte pour l’indépendance, que l’historiographie officielle fait remonter au 25 mars 1821, suscite très vite un élan de sympathie en Europe où des comités philhellènes soutiennent financièrement voire militairement les insurgés. Comment l’expliquer?
De par leur formation, les élites européennes étaient, à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, pénétrées de culture classique. Le soutien qu’elles ont apporté à la cause grecque répondait à un idéal, qui était en partie aussi une illusion, celui de faire renaître la patrie de l’hellénisme, qu’elle considérait comme un modèle intellectuel, artistique, esthétique et moral. Après l’indépendance américaine et la Révolution française, les événements de Grèce constituèrent également l’un des mouvements nationaux et libéraux les plus précoces en Europe. Tout en rendant hommage à l’Antiquité classique, les Européens s’étant engagés aux côtés des insurgés grecs, parfois en allant jusqu’à participer eux-mêmes aux combats et à le payer de leur vie, se mobilisèrent pour les idéaux de liberté qui fleurissaient au début du XIXe ²õ¾±Ã¨³¦±ô±ð.

De nombreux Suisses ont eux aussi soutenu la cause grecque, notamment le Genevois Jean-Gabriel Eynard, créateur de la banque nationale grecque.
Le premier président du nouvel Etat grec (il portait le titre de «gouverneur»), Ioannis Kapodistrias, avait des liens étroits avec Genève: en tant que ministre plénipotentiaire du tsar Alexandre Ier, il avait directement œuvré au rattachement de Genève à la Confédération helvétique, à la préservation de l’indépendance vaudoise face à Berne et à la reconnaissance de la neutralité de la Suisse lors du Congrès de Vienne. Il vécut ensuite plusieurs années à Genève avant de rejoindre la Grèce en 1828. Une exposition au Musée d’art et d’histoire de Genève retrace actuellement l’histoire de ses relations avec les notables genevois Eynard et Pictet de Rochemont. Plus généralement, le soutien que des Suisses, également dans les grandes villes alémaniques, ont pu apporter au mouvement de libération de la Grèce est à l’image de ce qui s’est produit dans l’ensemble de l’Europe, les comités philhelléniques de Paris et de Londres jouant un rôle moteur. Petite ville catholique et conservatrice, Fribourg n’a pas manifesté pareil engouement. Les temps ont changé et les célébrations du Bicentenaire sont aujourd’hui co-organisées avec une société philhellénique, l’Association des Amis de la Bibliothèque d’Andritsena, qui a son siège à Fribourg.

Pourrait-on y voir les prémices d’un choc des civilisations, entre le monde chrétien et le monde musulman, entre l’Europe et l’Asie?
Les territoires qui ont formé le premier Etat grec à partir des années 1820 avaient été sous domination ottomane pendant des siècles. Si les puissances européennes ont pu soutenir le mouvement d’indépendance de la Grèce par empathie, elles l’ont fait surtout par intérêt géostratégique en vue d’affaiblir l’Empire ottoman. Par ailleurs, au début du XIXe siècle, la Grèce ne présentait pas un faciès ethnique et religieux aussi homogène qu’aujourd’hui, ce qui était aussi vrai de l’Anatolie. Il existait sur sol grec des communautés musulmanes hellénophones; à l’inverse, on comptait des turcophones orthodoxes en Anatolie. Aujourd’hui encore, des dizaines de milliers de citoyen·ne·s grec·que·s musulman·ne·s et turcophones vivent en Thrace, au nord-est de la Grèce, dont les droits sont reconnus par le Traité de Lausanne. Les réalités ethniques, culturelles et religieuses de la Grèce et de la Turquie étaient, et demeurent, plus complexes et diversifiées que ne le laissent croire les nationalismes d’hier et d’aujourd’hui de part et d’autre de la mer Egée.

Aujourd’hui, l’empire ottoman n’existe plus, mais la tension reste vive entre la Grèce et la Turquie. Ces commémorations revêtent-elles aussi un aspect politique sensible?
Notre démarche, en s’intéressant aux circonstances qui aboutirent à l’indépendance de la Grèce et aux origines de l’étude de la civilisation grecque classique, est avant tout académique et scientifique. Cela étant, notre université, qui affirme son attachement à la démocratie et son intégration dans l’espace européen, peut légitimement s’associer aux célébrations de la création de l’Etat grec, qui, depuis la chute de la dictature des colonels et l’entrée en 1981 de la Grèce dans ce qui était alors la Communauté européenne, dispose de solides institutions démocratiques. Bien que les historien·ne·s de l’Antiquité soient amenés à y travailler également du fait de son patrimoine archéologique considérable, la chose se présente sous un jour différent pour ce qui est de la Turquie. L’année 2023 verra le centenaire du Traité de Lausanne, qui a marqué la naissance de lEtat turc contemporain. Il sera intéressant de voir comment les autorités helvétiques répondront aux demandes que le régime turc ne manquera pas de leur adresser en vue de célébrer cet événement sur le sol de la Confédération. Il y aurait des raisons objectives de ne pas vouloir s’y associer.

Alessia Zambon de l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines évoquera le sort des antiquités à Athènes pendant la guerre d’indépendance. Qu’est-il advenu de cet inestimable héritage de la Grèce antique? A-t-il, par ailleurs, contribué à la naissance d’un sentiment national?
Le patrimoine archéologique grec a d’abord fait l’objet du pillage des savants européens s’étant rendus sur place, comme l’illustre, dès 1803, le transfert en Angleterre des sculptures arrachées au Parthénon, qui sont désormais visibles au British Museum. A cette attitude typiquement colonialiste s’est ensuite substituée, à mesure que l’Etat grec s’organisait administrativement et que se développait l’étude académique de l’Antiquité, une approche scientifique, avec la création d’instituts étrangers consacrés à l’exploration archéologique de la Grèce, le premier d’entre eux, l’Ecole française d’Athènes, étant fondé en 1846. Parce qu’elle répondait à l’idéalisation de la culture grecque classique, la fondation de l’Etat grec fut conçue par les Européens comme un hommage à l’Antiquité, comme en témoigne le néo-classicisme omniprésent dans les réalisations architecturales et artistiques en Grèce lors des premières décennies faisant suite à l’indépendance. L’identité nationale grecque au XIXe s’est elle-même bâtie pour une bonne part sur l’évocation de l’Antiquité classique, suggérant une continuité, après des siècles de soumission à l’Empire ottoman, entre l’hellénisme antique et la Grèce moderne.

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  • °ä´Ç²Ô´Úé°ù±ð²Ô³¦±ð²õ à l’occasion des commémorations du Bicentenaire de l’indépendance de la Grèce
  • Image de titre: Vue de la maison de Monsieur Fauvel, ancien consul de France, et de l’Acropolis, à Athènes. Tableau de Louis Dupré, 1819?
    Wikimedia Commons

 

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Ne ratez surtout pas votre Réveillon! /alma-georges/articles/2020/ne-ratez-surtout-pas-votre-reveillon /alma-georges/articles/2020/ne-ratez-surtout-pas-votre-reveillon#respond Thu, 31 Dec 2020 09:21:44 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12766 Il y a deux millénaires, les Romains fêtaient eux aussi le passage à l’année nouvelle! Ils y mettaient d’ailleurs un soin tout particulier, car un Nouvel An raté n’augurait rien de bon pour les 365 jours restants! Pour que l’année 2021 soitÌý plus lumineuse que l’année écoulée, Marie-France Meylan Krause nous présente une lampe à huile de circonstance! Auguri a tutti!

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Calendrier de l’avent 2020 #7 – L’étincelle d’Isabela Grigoras /alma-georges/articles/2020/calendrier-de-lavent-2020-7-letincelle-disabela-grigoras /alma-georges/articles/2020/calendrier-de-lavent-2020-7-letincelle-disabela-grigoras#respond Mon, 07 Dec 2020 05:00:39 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12404 Du 1er au 24 décembre un membre de la communauté universitaire vous offre ses mots, un texte, un conte, un poème, une pensée qui l’a touché, ému, fait rire ou réfléchir. Ouvrez la porte, aujourd’hui c’est Isabela Grigoras qui frappe.

Je m’appelle , je suis doctorante en latin et assistante diplômée en philologie classique à l’Université de Fribourg, Institut du monde antique et byzantin. Je suis d’origine roumaine. J’ai choisi quelques extraits du livre VIII des «Métamorphoses»Ìýd’Ovide, qui racontent l’histoire de Baucis et Philémon. J’aime bien cette histoire, car elle transmet trois valeurs qui me tiennent au ³¦²Õ³Ü°ù: l’hospitalité, l’humilité et l’amour conjugal.

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Der Esel – ein Traktor im Alten Ägypten /alma-georges/articles/2020/lane-un-animal-pas-si-bete /alma-georges/articles/2020/lane-un-animal-pas-si-bete#respond Tue, 01 Dec 2020 07:37:20 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12268 Gut versteckt in einem unscheinbaren Gebäudetrakt der Miséricorde offenbart das BIBEL+ORIENT Museum immer wieder erstaunliche Schätze. Jede Woche wird uns ein_e Expert_in einen Gegenstand präsentieren, der ihr oder ihm am Herzen liegt. Im 8. Teil zeigt uns Thomas Staubli, wozu Esel in der Antike alles gut waren.

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