Rina Wiedmer – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Wed, 09 Feb 2022 08:10:13 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 «Interdire la recherche humaine est contraire à la vocation médicale» /alma-georges/articles/2022/interdire-la-recherche-humaine-est-contraire-a-la-vocation-medicale /alma-georges/articles/2022/interdire-la-recherche-humaine-est-contraire-a-la-vocation-medicale#respond Wed, 09 Feb 2022 07:30:53 +0000 /alma-georges?p=15271 Peut-on proposer une loi aux conséquences néfastes sur le bien-être de la population et sur son économie et qui, de surcroît, bloquerait tout progrès en médecine? Non, répondent Leo Bühler, responsable du groupe de recherche Surgical Research Unit de l’hôpital cantonal de Fribourg et de la Faculté des sciences et de médecine de l’Unifr, et Curzio Rüegg, professeur de pathologie au Département d’oncologie, microbiologie et immunologie de l’Université de Fribourg. 

L’initiative du 13 février prochain vise à interdire complètement les expériences sur les animaux et les humains. C’est la quatrième fois qu’on vote sur ce thème en Suisse. Quel sentiment général cela vous inspire-t-il?
Leo Bühler:
Ce genre d’initiative, qui dit «On va simplement bloquer toute la recherche», naît d’une réaction trop émotionnelle, trop naïve. On ne peut pas exclure tout progrès en se focalisant sur un aspect émotionnel. Nous devons accepter le débat et les discussions, mais ce genre d’initiative va à contre-courant de toute avancée sociétale. Ailleurs qu’en Suisse, aucun gouvernement – quelle que soit son orientation politique – ne bloquerait les progrès médicaux dont dépendrait la santé de sa population.

Curzio Rüegg: Actuellement, la santé de la population suisse est en grande partie garantie grâce à l’expérimentation animale et humaine. Chaque citoyen·ne a déjà pris au moins une fois un antibiotique et chacun·e de nous connaît un proche diagnostiqué d’un cancer, qui a été traité de manière optimale. Sans ces expérimentations, tout cela n’aurait pas été possible. Tout progrès futur de la santé humaine et animale nécessite encore ces méthodes, même si l’on comprend que leur disparition serait souhaitable.

De fait, son acceptation compromettrait-elle sérieusement le progrès médical, la formation scientifique et la prise en charge des patient·e·s en Suisse?
Leo Bühler: Cette initiative vise à bloquer toute recherche animale et humaine. Si elle est acceptée, tout progrès en médecine humaine et animale serait arrêté. Il y aurait donc un impact majeur sur la prise en charge des patient·e·s, lesquel·le·s chercheraient à se faire traiter à l’étranger pour recevoir des traitements innovants. Des chercheuses et chercheurs de toutes les universités quitteraient la Suisse. Le pays perdrait de manière irrécupérable son patrimoine scientifique, l’un des meilleurs au monde. Le départ de ces corps de métier affaiblirait significativement l’enseignement supérieur.

Curzio Rüegg: Je la qualifierais de «chasse aux sorcières». Elle touche l’individu dans ses besoins et droits fondamentaux à recevoir des soins appropriés. On focalise sur un point, à savoir l’expérience animale et la recherche clinique, alors que le contexte global est beaucoup plus grand, puisqu’on parle de santé et de besoin des patient·e·s. On cherche un bouc émissaire au nom de principes fondamentalistes. L’initiative vise un maillon de cette chaîne. Dans les faits, aucun médicament n’est administré à un humain, s’il n’a pas été testé au préalable en éprouvette ou sur un animal. Si les effets toxiques primaires peuvent être découverts en éprouvette, en revanche les effets secondaires apparaissent seulement lorsqu’une molécule est introduite dans un organisme vivant. Pour cette raison, on préfère tester de nouveaux médicaments d’abord sur un animal, avant de l’administrer à un humain. Bien sûr, comme il existe des différences entre animaux et humains, des effets secondaires graves peuvent encore survenir chez l’humain par la suite, alors que ceux-ci n’étaient pas présents chez l’animal. Raison pour laquelle, la recherche clinique utilise plusieurs phases de tests avec un nombre croissant de patient·e·s recevant une nouvelle molécule.

Qu’en est-il des garanties éthiques pour la protection des personnes prenant part à une étude? La loi fédérale relative à la recherche sur l’être humain (LHR) en vigueur en Suisse est-elle suffisamment forte à ce sujet ?
Leo Bühler: La Suisse s’est dotée d’une loi fédérale réglementant l’expérimentation animale en 2010. Celle sur la recherche clinique a été adoptée 2014. J’ai fait moi-même partie d’une  commission cantonale d’éthique pour la recherche sur l’être humain. Pour chaque protocole, quinze personnes se réunissaient, dont la moitié était composée de médecins et d’infirmières et l’autre moitié de personnes issues de la société civile et de juristes. Chaque document était relu par les quinze, puis présenté par deux rapporteurs·euses. Chaque protocole était discuté entre quinze et soixante minutes selon la complexité du sujet. Rien n’était accepté du premier coup et tout ce qui n’était scientifiquement pas fondé était rejeté. Certains protocoles étaient refusés parce que redondants ou scientifiquement invalides. Des statisticien·ne·s faisaient également entendre leurs voix lorsqu’il y avait trop peu ou trop de patient·e·s testé·e·s. Des pasteur·e·s intervenaient également lorsqu’il y avait des incompréhensions liées au consentement ou à l’information aux patient·e·s. Sur le plan juridique, on évaluait minutieusement la possibilité et la faisabilité de chaque protocole. Bref, on avait affaire à une régulation extrêmement forte et précise, qui disait ce qu’on pouvait faire et de quelle manière. La Suisse était parmi les premiers pays au monde à se doter d’une loi fédérale pour régler ces aspects-là. Si l’on se penche sur les sujets vulnérables – thème hautement délicat – on y regarde non pas à deux, mais à dix fois. A titre d’exemple, la question de la recherche clinique impliquant des immigré·e·s ne parlant pas une langue du pays a été longuement discutée. De fait, la loi suisse est, à mon avis, extrêmement bien faite.

Curzio Rüegg: J’ajouterais que toute cette réglementation a aussi beaucoup aidé les chercheuses et chercheurs clinicien·ne·s et expérimentaux·ales à mieux mener leurs recherches en amont grâce à une palette d’évaluations très larges. Ce fut, à mon sens, une étape majeure dans cette restructuration de la réglementation de la recherche.

Si cette initiative était en vigueur aujourd’hui, la Suisse serait probablement le seul pays au monde dont la législation lui interdirait de vacciner sa population contre la covid-19. Une dangereuse absurdité du système politique?
Leo Bühler:
Le fait que tout·e citoyen·ne puisse s’immiscer dans le débat politique, c’est à la fois une force et un problème de la démocratie suisse. L’expérimentation animale et la recherche humaine sont fondamentalement nécessaires à tout progrès en biologie et en médecine. On ne peut pas s’en passer. La Suisse a même un rôle de pionnière en la matière, car elle était parmi les premiers pays au monde à disposer de lois fédérales régulant ces activités. A l’heure actuelle, nous vivons une pandémie virale qui affecte la santé et le moral du monde entier. Afin de lutter contre cette maladie, la recherche a fait de rapides découvertes permettant de mettre au point des vaccins et des médicaments efficaces. Ces remèdes n’auraient pas pu voir le jour sans une recherche clinique active.

En guise de conclusion, quel message en particulier aimeriez-vous faire passer?
Curzio Rüegg:
A mon sens, le dialogue est nécessaire sur ce sujet très sensible mais, en définitive, on doit voter et décider en tenant compte du fait qu’on parle d’un besoin essentiel de la société depuis la nuit des temps: celui de jouir d’un système de santé performant. Dans cette optique, il me paraît beaucoup plus efficace d’avoir un système structuré et contrôlé, plutôt qu’une interdiction complète de ces expérimentations. Cela créerait une nouvelle vague de problèmes, pour ne citer que le tourisme médical, un risque élevé de recherche incontrôlée ou encore de grandes inégalités à l’intérieur du pays en matière de formation et d’éducation. Dernière chose et non des moindres,  la recherche vétérinaire bénéficie aussi de ces expérimentations, qu’il s’agisse d’animaux de compagnie ou d’animaux d’élevage.

Leo Bühler: J’aimerais évoquer la recherche humaine sur les sujets vulnérables que sont les enfants. Durant mon mandat de membre de la commission d’éthique humaine du Canton de Genève en 2014, j’ai appris que les enfants qui présentent une leucémie – cancer du sang rare, mais hautement létal – sont en principe toujours traités en Suisse au sein d’un hôpital universitaire. Dans la mesure où leur maladie est très agressive et très rare, ces patient·e·s sont toujours inclu·e·s dans un protocole de recherche clinique international. L’objectif étant d’intensifier la coopération en vue d’obtenir rapidement et progressivement de meilleurs traitements. En cas d’acceptation de cette initiative, la prise en charge de ces patient·e·s pédiatriques serait mise en danger.

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  • Le a effectué sa formation chirurgicale et de recherche aux Universités de Fribourg, Genève et Harvard Medical School. Il est président de la section de recherche de la Société suisse de chirurgie et rédacteur en chef du journal scientifique Xenotransplantation. Il dirige actuellement un groupe de recherche à l’Université de Fribourg qui utilise des méthodes d’expérimentation animale dans le domaine de la xénotransplantation afin de traiter les patient·e·s avec diabète et insuffisance hépatique.
  • Le Professeur Curzio Rüegg a suivi une formation en médecine, immunologie, biologie cellulaire et moléculaire. De 1993 à 2019, il a travaillé à l’Hôpital universitaire et à l’Université de Lausanne, ainsi qu’à l’Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer. Depuis 2009, il est professeur de pathologie à l’Université de Fribourg. Il a rejoint plusieurs comités scientifiques nationaux et internationaux et a organisé de nombreuses conférences internationales sur le cancer. Ses recherches portent sur le micro-environnement tumoral, les métastases et les biomarqueurs dans le cancer du sein. Il a créé deux start-ups et conçu un test sanguin pour la détection du cancer colorectal.
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«La loi suisse protège davantage que celle de nombreux autres pays» /alma-georges/articles/2022/la-loi-suisse-protege-davantage-que-celle-de-nombreux-autres-pays /alma-georges/articles/2022/la-loi-suisse-protege-davantage-que-celle-de-nombreux-autres-pays#respond Wed, 19 Jan 2022 12:00:19 +0000 /alma-georges?p=15127 Biologiste en post-doc à l’Université de Fribourg, Noémie Frezel s’active au sein du réseau de réflexion scientifique Reatch pour un débat informé, transparent et apaisé sur la question de l’expérimentation animale, enjeu de l’initiative populaire du 13 février prochain. Elle nous décrit le sens de son engagement.

Noémie Frezel, comment est né votre intérêt pour cette question de l’expérimentation animale?
Ma motivation trouve sa source avant tout dans les discussions menées au sein de , même si j’étais déjà bien consciente de l’importance du sujet auparavant. En Suisse, la possibilité de s’exprimer directement sur des questions de société grâce aux votations est une chance pour la démocratie. Néanmoins, cela implique une grande responsabilité de la part des actrices et acteurs du monde scientifique pour communiquer clairement et ouvertement avec le grand public. C’est vrai en général, mais cela devient particulièrement évident lorsqu’il s’agit d’une question comme celle de l’expérimentation animale, qui pourrait affecter l’ensemble de la communauté scientifique suisse. Elle aurait des conséquences sur de très nombreux domaines, parmi lesquels la qualité de la recherche dans le pays, la compétitivité des universités, mais aussi la recherche médicale et la capacité de la Suisse à trouver/utiliser des traitements pour de nombreuses maladies.

Il est important que les gens aient accès à des informations fiables et transparentes pour alimenter un débat constructif, plutôt qu’à des disputes idéologiques, souvent alimentées d’informations détournées ou fallacieuses circulant sur Internet.

La Suisse possède l’une des lois sur la protection des humains et des animaux les plus sévères au monde. L’initiative serait-elle superflue? Cette protection existe-t-elle pour ainsi dire déjà?
La loi suisse protège davantage que celle de nombreux autres pays, en Europe et ailleurs. Une conséquence, peut-être négligée par les opposants à l’expérimentation animale en Suisse, est que celle-ci risquerait d’être «exportée», réduisant ainsi le rayonnement et la qualité de la recherche helvétique, mais malheureusement pas les souffrances animales. En effet, les expériences risquent d’être réalisées dans de moins bonnes conditions, dans des pays où la règlementation est moins stricte.

Si l’on refuse également d’importer des traitements issus de ces recherches, le système médical et la qualité des soins seront grandement affectés et les gens qui en ont les moyens iront se faire soigner à l’étranger. Cela représenterait un grand frein à l’égalité d’accès aux soins et affecterait de nombreuses personnes en situation difficile.

Que signifierait l’acceptation de l’initiative pour la recherche en général? Pourquoi nuirait-elle à la recherche médicale en particulier, et qu’en est-il des répercussions sur l’économie?
Une telle interdiction mettrait fin à une grande partie de la recherche préclinique, biomédicale et clinique, mais aussi à la recherche fondamentale. Elle pourrait conduire à un départ de Suisse de chercheuses et chercheurs de renommée mondiale pratiquant dans ce domaine et à une baisse de la qualité de l’enseignement, notamment en sciences de la vie. Bref, à une diminution de l’attractivité générale de la Suisse pour les scientifiques. L’industrie pharmaceutique serait aussi fortement affectée, de même que toutes sortes d’investissements liés à la recherche médicale. La recherche vétérinaire, autrement dit le savoir-faire et les traitements nécessaires pour soigner les animaux d’élevage, serait aussi compromise.

Supprimer purement et simplement l’expérimentation animale, serait-ce la fin de la recherche médicale?
Je me permets, à ce sujet, de citer le Fonds National Suisse et les Hautes Ecoles Suisses, pour qui une telle interdiction «restreindrait drastiquement la recherche sur les animaux et les êtres humains, et notamment les essais cliniques et psychologiques, ainsi que les études en sciences du sport réalisées avec des êtres humains. La recherche relative à la détention des animaux d’élevage et de compagnie, et aux soins médicaux qui leur sont apportés, ne serait également plus autorisée». L’Académie des sciences naturelles déclare pour sa part que l’on ne peut pas se passer de l’expérimentation animale, car «la recherche biomédicale reste tributaire d’animaux de laboratoire, d’une part pour la recherche fondamentale et, d’autre part, pour le développement de médicaments, vaccins et autres traitements efficaces et sûrs. La recherche clinique se fonde sur les connaissances acquises grâce à la recherche fondamentale. Il existe, en outre, des questions scientifiques qui ne peuvent pas, actuellement, être étudiées à l’aide de méthodes de substitution».

De nombreux scientifiques témoignent aussi de l’impossibilité au quotidien de continuer à travailler sur un grand nombre de maladies et de traitements. C’est justement pour entendre la voix de ces chercheuses et chercheurs que Reatch propose une sur les réseaux sociaux du 23 au 30 janvier. Parallèlement, d’autres événements et débats sont organisés. J’invite toutes les personnes intéressées à regarder le site et à suivre le de Reatch pour en être informées.

Quelles sont les différentes formes d’expérimentation animale? Y en a-t-il de plus invasives que d’autres?
On parle de degré de sévérité pour classifier la «gravité» du stress subi par les animaux. Ce degré doit être anticipé dans la demande d’autorisation et monitoré tout au long d’une expérience. Par ailleurs, toutes les mesures visant à réduire le stress et la douleur doivent être mises en œuvre et détaillées dans une demande d’approbation. Selon l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, en 2019, 39% de tous les animaux de laboratoire en Suisse entraient dans la catégorie du niveau de gravité 0; 30% ont été exposés à un niveau de gravité 1 (stress léger), un peu moins de 28% ont été exposés à des tests de niveau de gravité 2 (stress moyen) et 3% à un niveau de gravité 3 (stress important -– ce niveau est fortement découragé lors des demandes d’autorisation et doit être justifié par un gain important pour l’humain). Dans mon expérience portant sur les souris, les procédures «invasives» comportant une chirurgie ou une anesthésie – même peu importantes – sont au minimum classées de sévérité 2.

L’initiative exprime une position extrême, car l’expérimentation animale et humaine est déjà, autant que possible, remplacée par des méthodes alternatives en Suisse. Quelles sont-elles?
Le droit suisse exige que l’on renonce aux expériences sur les animaux lorsque cela est possible. Toutes les expérimentations doivent suivre la règle des 3R – réduire, remplacer, raffiner – pour minimiser et améliorer l’utilisation des animaux. Les cultures de cellules et de tissus, les simulations informatiques ou les approches de type «organ chip» (approches non animales qui tentent de simuler des systèmes d’organes entiers), qui sont de plus en plus utilisées, sont des exemples de méthodes non animales dites «alternatives». Il est important de souligner que même le développement de ces méthodes non animales dépend de l’expérimentation animale. Les résultats de cette dernière sont souvent à l’origine de nouvelles méthodes. Les organes miniatures, appelés «organoïdes», en sont un bon exemple. D’autres tests, autrefois réalisés sur des animaux, comme la capacité d’une substance à déclencher de la fièvre, sont aujourd’hui réalisés sur des cultures de cellules humaines.

Peut-on exclure complètement les effets indésirables potentiellement graves d’un médicament après un test animal?
Malheureusement non, en raison, entre autres, du nombre d’animaux testés et du fait que certains effets secondaires n’apparaissent que lorsque le médicament est testé dans des conditions «réelles»: pour détecter des effets secondaires très rares, un plus grand nombre d’animaux et d’humains serait souvent nécessaire dans le cadre d’essais précliniques et cliniques. Cependant, cela ne pourrait pas toujours être justifiable et possible d’un point de vue éthique, économique et logistique. Les tests sur les animaux bien réalisés ont une valeur prédictive importante, notamment pour les effets graves ou fréquents, c’est pourquoi ils sont réalisés avant les essais sur l’homme pour qui certains risques ne seraient pas acceptables.

A l’aune de l’avancée de la recherche génétique à laquelle on assiste actuellement – avec les vaccins à ARN messager notamment – la recherche animale n’est-elle pas amenée à disparaître progressivement dans la mesure où la génétique humaine n’est pas du tout comparable à la génétique animale ?
Je ne pense pas, car c’est souvent un préalable à la recherche clinique. Les expériences sur les animaux ont une grande valeur prédictive et sont souvent nécessaires pour ne pas «tester» des méthodes ou traitements qui présenteraient des risques directement chez les humains. Elles permettent aussi de comprendre et de modéliser des maladies, afin de définir en amont la direction de la recherche de traitement. La possibilité d’utiliser des technologies basées sur l’ARN sont un parfait exemple de l’importance de la recherche fondamentale, avec ou sans animaux. A l’origine, des scientifiques étaient juste curieux de découvrir le fonctionnement d’une molécule présente dans l’ensemble du monde vivant – mais pas du tout dans l’idée de développer des médicaments. Aujourd’hui, 30 à 40 ans plus tard, on se sert de ces connaissances pour développer des outils biotechnologiques servant à produire vaccins et autres médicaments. Et sauver ainsi des millions de vies.

Une semaine d’échanges et de discussions
En vue de l’initiative populaire du 13 février «Oui à l’interdiction de l’expérimentation animale et humaine – Oui aux approches de recherche qui favorisent la sécurité et le progrès», le groupe de réflexion scientifique Reatch organise un , dans l’idée d’offrir une meilleure visibilité à des informations factuelles et vérifiées sur l’expérimentation animale et humaine, et de permettre aux chercheuses et chercheurs actifs en Suisse dans ce domaine de s’exprimer. L’idée est de donner l’occasion au plus grand nombre de comprendre vraiment comment ces questions sont réglementées en Suisse. De fait, l’expérimentation animale place devant un dilemme fondamental: d’une part, on ne veut pas infliger de douleur aux animaux; d’autre part, la société veut profiter des connaissances biomédicales et aider les personnes malades. Ce dilemme est réel, complexe, et il le restera encore longtemps. D’où la nécessité d’un débat à la fois ouvert et scientifiquement fondé sur la question.
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  • Noémie Frezel a grandi en région parisienne. Elle a effectué des études de biologie à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan, où elle a passé l’agrégation. Après un stage de recherche en neurosciences d’un an à San Francisco, elle est revenue finir son master dans cette discipline à Paris, à l’Université Pierre et Marie Curie. En septembre 2015, elle a choisi Zurich pour faire sa thèse. Elle est actuellement en post-doc à l’Université de Fribourg.
  • Page concernant la protection des animaux à l’Université de Fribourg
  • Plus d’informations sur les des études impliquant des animaux sur le site de Reatch
  • De plus amples informations sur les sur Reatch
  • » de l’Académie suisse des sciences naturelles:
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