Philippe Neyroud – Alma & Georges /alma-georges Le magazine web de l'Université de Fribourg Fri, 25 Nov 2022 06:54:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.3.5 Internationalisation – Renforcer les synergies /alma-georges/articles/2022/internationalisation-renforcer-les-synergies /alma-georges/articles/2022/internationalisation-renforcer-les-synergies#respond Thu, 23 Jun 2022 11:48:53 +0000 /alma-georges?p=16100 Fraîchement investies à la tête de leur service respectif, Veronika Favre pour les Relations internationales, Valeria Mozzetti au Transfert du savoir et des technologies, et Katja Wirth à la Promotion de la recherche, ont très vite développé des synergies au bénéfice de la communauté universitaire. Alma&Georges fait le point sur leurs projets et les possibilités de financement de la recherche suisse malgré son exclusion du programme Horizon Europe. Rencontre.
Mesdames, pourquoi avoir souhaité être interviewées ensemble ?
Veronika Favre-Eugster: Nous avons pris la tête de nos services respectifs récemment et avons très vite songé à des synergies, parce que nous travaillons toutes les trois sur des questions liées à l’internationalisation et pour les mêmes publics: la communauté des étudiant·e·s et des chercheuses et chercheurs de l’Unifr.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Notre service offre un soutien administratif et contractuel pour toutes les recherches menées en partenariat avec des tiers, en Suisse comme à l’international, il était donc nécessaire de renforcer notre collaboration pour un fonctionnement optimal.

Katja Wirth: Comme nous travaillons souvent sur des thèmes communs, j’ai proposé à mes collègues des rencontres plus régulières, également informelles, pour discuter des interactions possibles et nécessaires entre nos services. Ensemble on est plus fort·e·s!

Sur quels plans souhaitez-vous développer des synergies?
Valeria Mozzetti Rohrseitz:
Nous avons suffisamment de sujets communs sur lesquels concrétiser notre volonté de synergies. Nos premiers échanges ont déjà permis d’identifier des pistes concrètes dans le domaine des subventions et financement de projets, lors du passage entre une recherche et ses possibles applications.

Katja Wirth: Nous avons concrétisé une première collaboration lors de la Research Funding Week du 16 au 20 mai, et cela a été un succès. Nos cinq workshops et ateliers ont réuni chacun entre 30 et 50 participant·e·s, avec des retours positifs. L’objectif était d’informer sur les possibilités de financement des recherches, mais aussi de nous faire connaître et de développer notre réseau avec la communauté universitaire. Pour la rentrée, nous planifions une seconde semaine sur un concept similaire, mais centrée essentiellement sur les financements européens: une European Funding Week, du 24 au 28 octobre 2022.

Veronika Favre-Eugster: Notre dynamique est en marche: nous préparons une brochure d’information commune, et nous avons le projet de développer un Welcome Center pour la communauté des chercheuses et chercheurs, des professeur·e·s invité·e·s de l’étranger, et des étudiant·e·s. L’idée est de pouvoir offrir une porte d’entrée unique pour tou·te·s les arrivant·e·s de l’étranger. Pour mon service il s’agit d’une priorité.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Je souhaite en premier lieu développer nos synergies autour des financements et des contrats de recherche. Dans le cadre du programme de recherche Horizon Europe, dont la Suisse est partiellement exclue depuis peu, il est important d’informer ensemble les chercheuses et chercheurs des possibilités existantes, pour garder leur motivation intacte.

L’exclusion de la recherche suisse du programme Horizon Europe n’est-elle pas un défi insurmontable pour un pays avec une culture de recherche aussi internationale que la Suisse?
Katja Wirth: La Suisse est désormais considérée comme pays tiers du programme Horizon Europe. Des projets collaboratifs restent possibles pour les chercheuses et chercheurs en Suisse; mais leur financement doit être le fait du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI). La recherche suisse est aussi exclue des bourses de l’European Reasearch Council (ERC), et partiellement de celles de l’European Innovation Council (EIC), pour lesquelles le Fonds National Suisse de la recherche scientifique (FNS) et Innosuisse proposent des programmes de remplacement. Cette situation est évidemment très préjudiciable dans de nombreux domaines, comme celui de la recherche quantique: la Suisse y est à la pointe et c’est une perte pour la communauté scientifique tant suisse qu’européenne.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Même au sein des projets collaboratifs, nous subissons la restriction supplémentaire de ne plus pouvoir assumer de direction de projet. Concrètement, certain·e·s chercheurs·euses qui avaient le lead sur un programme ont dû l’abandonner au profit d’autres particiant·e·s non suisses, et cela affecte bien évidemment leur motivation et leur réputation. Sans compter que ce statut différent nous oblige à adapter tous les contrats.

Veronika Favre-Eugster: Cette situation n’est pas figée et peut évoluer politiquement dans un sens comme dans l’autre à tout moment: c’est une source d’incertitudes pour la communauté des chercheuses et chercheurs, tout comme pour nos partenaires internationaux, et cela exige d’importants efforts de communication.

Katja Wirth: Pour ma part, je reste optimiste: si les positions étaient figées, nous n’aurions aucun espoir de les voir bouger dans le bon sens… Lors de notre exclusion du programme Horizon en 2014, puis de son successeur Horizon Europe en 2021, la réponse avait été, et est toujours, d’expliquer la situation à une grande variété de partenaires. En gérant le bureau régional d’Euresearch à l’Unifr, le Service Promotion Recherche bénéficie de son important réseau de contacts à Bruxelles. Cela nous aide à informer, motiver et mettre en réseau les chercheuses et chercheurs de l’Unifr pour leur participation à Horizon Europe, même dans les conditions actuelles délicates.

Pour pallier la perte des financements européens, avez-vous dû vous tourner vers davantage de financements privés?
Valeria Mozzetti Rohrseitz: La réponse publique de la Confédération par les mesures covid, puis suite à l’exclusion partielle de la Suisse du programme Horizon est bien plus généreuse que lors de l’exclusion des programmes Erasmus et Horizon 2020 en 2014. Mais cela ne doit pas nous empêcher de nous tourner vers des collaborations avec des partenaires académiques et privés pour financer d’importants projets de recherche.

Veronika Favre-Eugster: Tout en veillant à un écueil de taille: la question des financements par le domaine privé est toujours un sujet délicat…

Valeria Mozzetti Rohrseitz: En effet, c’est un sujet sensible dans le domaine de la transmission de technologies. Il faut être clair sur les conditions dans lesquelles cela peut se faire, car l’indépendance académique est un point capital qu’il nous faut absolument continuer à protéger.

Katja Wirth: Nous avons bien sûr comme objectif d’attirer davantage de donations privées pour financer de grands projets. Pour cela nous pouvons aussi compter, au Service Promotion Recherche, sur le dynamisme de la , dont la mission est de soutenir la réalisation de projets innovants et ambitieux, de promouvoir la relève académique et de mettre en lien les idées et visions de la communauté universitaire avec des partenaires et sponsors externes qui soutiendront la concrétisation des projets.

A vous entendre, une des clés pour répondre à tous ces défis est de déployer de grands efforts de communication?
Katja Wirth: L’information est en effet essentielle à l’interne comme à l’externe. Parce que la recherche devient toujours plus politique, plus complexe, avec davantage de collaborations à l’international. C’est pourquoi nous avons dynamisé notre communication et diversifié notre approche en créant, par exemple, des événements, une newsletter, ou encore en investissant Twitter et LinkedIn.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: L’Unifr communique avec une grande quantité de publics et de partenaires. Nous avons besoin de nouveaux soutiens spécifiques, et nous nous savons bien entourés par le Rectorat et le Service Unicom Communication & Médias.

Katja Wirth: Oui, le Service Unicom est très dynamique pour proposer des plateformes de communication qui ont un fort écho auprès des communautés des chercheuses et chercheurs, des étudiant·e·s et même de publics externes, comme, par exemple, au travers des Cafés scientifiques, ou Ma Thèse en 180 secondes…

Veronika Favre-Eugster: Durant ces deux années de covid, la communauté universitaire a été fortement freinée dans ses possibilités d’échanges et de mobilité internationale. Nous avons dû déployer des efforts particuliers de communication pour la convaincre qu’elles constituent un atout précieux. Aujourd’hui, nous devons continuer cet effort pour redynamiser ces expériences internationales. Cela nous permettra aussi de souligner, auprès des chercheuses, chercheurs et étudiant·e·s étrangers, tout l’attrait de l’Université et de la Ville de Fribourg.

Valeria Mozzetti Rohrseitz: Les synergies entre nos services auront essentiellement trait à une meilleure communication à l’interne. Notre souhait est d’éviter les silos et de montrer ensemble les possibilités concrètes qui s’ouvrent aux communautés universitaires.

Pour y parvenir efficacement, quel serait votre credo?
Valeria Mozzetti Rohrseitz: La transparence des processus. Au fur et à mesure que de nouvelles décisions seront adoptées par le Rectorat, il nous faudra les communiquer clairement.

Veronika Favre-Eugster: L’internationalisation est un atout à chaque niveau de l’Université: étudiant·e·s, chercheuses et chercheurs, ainsi que collaborateur·trice·s. Un réseau dynamique favorisera (accoîtra) l’attrait de l’Unifr en Suisse et à l’étranger.

Katja Wirth: L’Unifr devrait obtenir plus de succès dans le financement international de ses projets. Pour cela il faut être proactifs, encore mieux informer et motiver les communautés universitaires.

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  • Veronika Favre-Eugster est, depuis octobre 2021, la cheffe du Service des relations internationales, qui s’occupe notamment de développer en Suisse et à l’international un réseau d’universités partenaires avec lesquelles mettre en Å“uvre des échanges pour les enseignant·e·s et étudiant·e·s, chercheuses et chercheurs, et collaborateur·trice·s. Elle a grandi à Zurich dans une famille suisso-chilienne et a obtenu sa licence en Sciences de la société à l’Unifr en 2005, avant de partir pour un stage AIESEC en Inde. Elle est mère de deux enfants.
  • est la cheffe du Service Transfert du savoir et des technologies. Point de contact pour les entreprises souhaitant innover en partenariat avec l’Unifr, il soutient quelque 800 professeur·e·s, chargé·e·s de cours et collaborateur·trice·s scientifiques dans la négociation des contrats avec le domaine privé en veillant, entre autres, aux questions de liberté académique, de protection de la propriété intellectuelle (PI) et de dépôt de brevets. Après un diplôme d’ingénieure, puis un doctorat en biotechnologie à l’Institut de Sciences Alimentaires de l’ETH Zurich, elle a co-fondé une start-up et étudié à l’Executive School de l’Université de Saint-Gall. Elle a vécu au Canada, en Angleterre, aux Etats-Unis et dans toutes les régions linguistiques de Suisse. Elle est mère de deux enfants qui aiment voyager.
  • Katja Wirth est la cheffe du Service Promotion Recherche, qui soutient les chercheuses et chercheurs de l’Unifr de tous niveaux, des post-doctorant·e·s aux professeur·e·s titulaires, pour toutes les questions liées au financement de leurs recherches, qu’il soit institutionnel ou privé, suisse ou international. Après un semestre Erasmus en France, elle a obtenu sa licence en psychologie et neurobiologie à l’Université de Fribourg et son doctorat à l’ETH Zurich et à l’Université de Zurich, avant de poursuivre ses recherches dans une université japonaise. Depuis, sa fascination pour le Japon ne la quitte plus. Elle a trois enfants et vit près de Berne.
  • Photos © Nicolas Brodard
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Mobilité estudiantine: une expérience à saisir /alma-georges/articles/2021/mobilite-estudiantine-une-experience-a-saisir /alma-georges/articles/2021/mobilite-estudiantine-une-experience-a-saisir#respond Wed, 08 Sep 2021 07:40:54 +0000 /alma-georges?p=14275 L’Unifr est à la pointe en termes de mobilité des professeur·e·s, mais peut et doit encore développer la mobilité estudiantine. Bernard Ries, vice-recteur en charge des Relations internationales, s’emploie à en développer les conditions cadre – malgré la pandémie de covid-19, la crainte d’une prise de retard dans un cursus académique ou la rupture des négociations sur l’accord-cadre entre la Suisse et l’UE. Rencontre.

Bernard Ries, vice-recteur de l’Unifr, en est convaincu: «Les étudiant·e·s doivent mieux comprendre les plus-values académiques et personnelles d’un semestre ou d’une année de mobilité à l’étranger, même si cela demande des efforts. Intégrer la mobilité leur permet de mieux se préparer au monde du travail, de s’ouvrir à l’interculturalité et de gagner en ouverture d’esprit: les efforts d’organisation s’avéreront à coup sûr payants.» En d’autres termes: les voyages sont formateurs!

La mobilité, Bernard Ries en est l’exemple vivant: Luxembourgeois, ce docteur en mathématiques a effectué ses études à l’EPFL et une année d’échange à Montréal lors de son master. Il a transité pour une année post-doc par la Columbia University de New York, puis une autre comme professeur assistant à la Warwick University à Coventry. Enfin, il a officié durant 5 ans comme maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine avant de rejoindre l’Université de Fribourg. C’est donc en pleine connaissance de cause qu’il y développe les programmes d’encouragement à la mobilité, tant estudiantine que pour les enseignant·e·s.

Vice-Recteur depuis 2019, il est en effet en charge, entre autres, des Relations internationales auprès du Rectorat. Il en dirige le Comité de coordination aux côtés de la Direction académique et du Service des relations internationales, qui gère entre autres l’administration des accords de coopération inter-universitaires et la mobilité des étudiant·e·s et professeur·e·s. Et il fait également partie de la Commission des Relations Internationales, une instance composée de représentant·e·s des facultés et des étudiant·e·s qui détermine, notamment, l’attribution des bourses accordées aux doctorant·e·s et post-doctorant·e·s.

L’Unifr, championne de la mobilité des professeur·e·s
Si les facultés ne sont pas toutes égales en termes d’encouragement à la mobilité, la Faculté de droit se montrant par exemple très active, alors que celle des sciences et de médecine est moins présente, les structures centrales les soutiennent dans le développement de leurs propres partenariats avec d’autres universités suisses ou étrangères. Un édifice à succès, puisqu’il positionne l’Unifr comme la championne de la mobilité des professeur·e·s au sein du programme SEMP (Swiss European Mobility): en 2018-19 et 2019-20, elle a en effet dominé le classement des universités helvétiques en termes d’envoi et d’accueil.

Mais l’Université de Fribourg et les diverses facultés peuvent et doivent encore mieux faire en termes de mobilité estudiantine: «Les semestres ou années d’échange sont encore trop souvent vus comme un facteur de retard dans le cursus académique, alors qu’il s’agit pour un·e étudiant·e de saisir la chance d’une expérience littéralement extraordinaire, à la fois pour sa formation et pour son développement personnel lorsqu’il en est encore temps, avant de se plonger dans une carrière professionnelle ou dans un projet de famille qui érigent de nouvelles contraintes.»

Lever les freins à la mobilité des étudiant·e·s
Il s’agit donc de lever les freins à la mobilité: de manière structurelle, en prévoyant par exemple des fenêtres ouvertes pour la mobilité dans les voies d’études des facultés, à l’exemple des stages dans les formations professionnelles; mais aussi en convaincant les étudiant·e·s de la plus-value d’une telle expérience, même si elle implique de s’éloigner de sa famille et de ses ami·e·s, de mettre son job accessoire entre parenthèses ou encore un engagement financier certain, qui peut toutefois être pallié par une offre attractive de bourses et financements.

Nommé au Rectorat jusqu’en 2024, Bernard Ries s’est donc attelé à un ambitieux programme d’activités poursuivant plusieurs objectifs prioritaires: «Nous avons déjà mis en place un soutien pour des Summer et Winter Schools pour les niveaux bachelor, master et doctorat. Nous travaillons aussi à étendre les offres de doubles diplômes et joint degrees, au niveau master. Enfin, si nos accords de partenariat sont nombreux, surtout en Europe, nous cherchons à les élargir en Asie, où la Suisse est considérée comme un pays privilégié pour la qualité de sa formation académique.» Une feuille de route qui, hélas! a subi de plein fouet l’irruption de la pandémie.

«Le Covid-19 a agi comme un frein important et constitue désormais notre souci principal. Avant la pandémie, nous avions déjà constaté une baisse de quelque 13% des chiffres de la mobilité estudiantine en 2 ans, et celle-ci s’est naturellement effondrée lors de l’année académique 2020-21. Mais la demande pour l’année en cours repart à la hausse.» Traduit en chiffres, si l’on considère les seul·e·s étudiant·e·s des facultés les plus ‹mobiles› que sont celles de droit, des sciences économiques et sociales et du management, des lettres et des sciences humaines: nous sommes passés, en deux ans, de 239 séjours à 124. Sur le podium des destinations les plus attractives, nos trois grands voisins: l’Allemagne, la France et l’Italie. On y a toutefois constaté une érosion de 81 à 38 séjours, alors que hors Europe les séjours se sont effondrés de 49 à 8; mais l’amélioration de la situation sanitaire marque déjà une nette reprise, avec 30 séjours planifiés hors Europe pour l’année académique en cours.

Quoi de neuf à l’horizon européen?
Et qu’en est-il de la rupture des négociations sur l’accord-cadre entre la Suisse et l’Union Européenne, actée en mai dernier? Pour Bernard Ries, «cela n’aura aucun impact sur les programmes de mobilité estudiantine SEMP que la Suisse a mis en place en[UMO1]  2014 pour remplacer les accords Erasmus. Par contre, cette décision aura un effet sur la participation des chercheuses et chercheurs, et celle des instituts suisses, aux programmes de recherche de l’UE.» Une perte d’attractivité et de compétitivité de la place académique suisse, désormais exclue du programme scientifique Horizon Europe, contre laquelle la présidente de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil national, la socialiste fribourgeoise Valérie Piller Carrard, va se mobiliser afin que «le Conseil Fédéral mette rapidement en place une stratégie».

La mobilité et les échanges étant bidirectionnels, avec un afflux d’étudiant·e·s et de professeur·e·s en provenance essentiellement d’Europe mais aussi du monde entier vers Fribourg, il reste à espérer que l’attractivité de l’Unifr n’en soit pas affectée: «Avec l’atout unique du bilinguisme et une offre étendue de cours en anglais, mais aussi sa taille humaine qui offre, plus qu’ailleurs, proximité et contacts privilégiés entre étudiant·e·s et professeur·e·s, ainsi que sa qualité d’enseignement largement reconnue auprès de nombreux partenaires, l’Unifr est positionnée comme une université globale avec des filières de référence au niveau international.»

Pour garder intactes les chances des étudiant·e·s fribourgeois·e·s de profiter pleinement de ces échanges académiques et de vivre une aussi riche expérience, Bernard Ries continuera à se battre avec force et conviction.

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  • Bernard Ries est vice-recteur de l’Université de Fribourg depuis 2019, en charge notamment des Relations Internationales.
  • Site du Service des relations internationales
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Enseignement à distance: les défis du confinement /alma-georges/articles/2021/enseignement-a-distance-les-defis-du-confinement /alma-georges/articles/2021/enseignement-a-distance-les-defis-du-confinement#respond Tue, 19 Jan 2021 09:50:59 +0000 https://www3.unifr.ch/alma-georges?p=12878 L’enquête DISPAR, menée au printemps dernier sur l’enseignement à distance durant le premier confinement, vient de livrer ses résultats: si une majorité de parents se sont sentis à l’aise ou peu débordés, l’étude souligne l’accroissement des inégalités entre élèves et les difficultés de certains parents à prendre un rôle d’enseignant qui n’est pas le leur. On fait le point avec le chercheur fribourgeois, Xavier Conus.

A la fin du printemps dernier, Alma&Georges évoquait une étude menée par Héloise Durler (Haute école pédagogique du Canton de Vaud) et Xavier Conus, chercheur en Sciences de l’éducation à l’Université de Fribourg, centrée sur le vécu des parents d’écoliers du primaire lors de l’enseignement à distance en période de confinement ().

L’enquête «DISPAR – L’enseignement à DIStance mis en place lors de l’épidémie du coronavirus: vécu de PARents d’élèves du primaire vaudois et fribourgeois [1-8P HarmoS]», diffusée en ligne entre le 28 avril et le 24 mai 2020 par le biais des réseaux sociaux et auprès de structures associatives, s’appuie sur 1280 réponses de parents vaudois et fribourgeois. Ici comme là, la fermeture des écoles au printemps 2020 a été ressentie comme un temps d’«école à la maison», durant lequel la responsabilité perçue de devoir encadrer le travail scolaire des enfants a provoqué des difficultés pour une minorité certes, mais significative.

Globalement, l’enquête montre que les parents ont eu le sentiment de se trouver en première ligne dans l’accompagnement du travail scolaire à distance. Alors que 97% indiquent avoir aidé eux-mêmes leur enfant lorsqu’il en avait besoin, seuls 17% mentionnent l’enseignant∙e comme une ressource face à un besoin jugé fréquent. Pour Xavier Conus, «dans le vécu des parents, cette période s’est ainsi davantage apparentée à un temps d’école à la maison, durant lequel la responsabilité du travail scolaire leur incombait, qu’à une période d’enseignement à distance que l’on imaginerait encadré au premier chef par l’école».

Dans ces circonstances, 64% des répondant∙e·s se sont néanmoins déclaré∙e·s plutôt à l’aise dans ce nouveau rôle et 51% peu débordé∙e·s. «Si on peut y voir un signe de la compréhension affichée par les parents pour la situation d’enseignement à distance mise en place, ce taux souligne aussi des vécus inégaux, avec une part tout de même importante de parents en difficulté.» Parfois dues à un manque de disponibilité en raison de leur activité professionnelle, ces difficultés ont cependant été avant tout d’ordre pédagogique. Comment motiver l’enfant? Comment endosser ce «rôle d’enseignant» que les parents ont eu l’impression de devoir prendre? Le sentiment de certains d’être peu à l’aise ou débordés s’est avéré fortement lié aux difficultés scolaires de l’enfant et à leur impression d’être capables de l’aider ou non.

Eviter l’«effet Matthieu»
Ce report de responsabilité de l’encadrement du travail scolaire sur les parents a aussi généré une augmentation des inégalités scolaires. «Les parents dont l’enfant était en difficulté scolaire ont, sans surprise, perçu chez lui un besoin accru d’être aidé dans son travail scolaire. Ils ont eu tendance à se sentir moins capables d’y répondre et à rencontrer davantage de difficultés dans leur accompagnement.» Ces inégalités, dues aux différences de facilité scolaire des enfants, se sont doublées d’inégalités selon les milieux socio-économiques. L’enquête établit en effet le constat que «le niveau de formation et la catégorie socioprofessionnelle du parent se trouvent significativement corrélés au sentiment d’être capable de répondre au besoin d’aide de l’enfant». Cet effet, connu en sociologie, décrit comment les plus favorisés tendent à accroître leur avantage sur les autres. Il tire son nom de l’évangile de St-Matthieu, 13:12: «Car on donnera à celui qui a […] mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.» Alors même que leur enfant tendait à être perçu comme ayant besoin d’une aide accrue, les parents de milieux moins favorisés se sont sentis moins capables de lui fournir l’aide nécessaire.

Pour Xavier Conus, en cas de nouvelle fermeture des écoles, «atténuer les inégalités devrait passer par une concentration des efforts de l’école pour éviter que l’enseignement à distance ne prenne la forme d’une ‹école à la maison›, dans laquelle la responsabilité de l’encadrement du travail scolaire de l’enfant se trouve déléguée vers des parents dont ce n’est pas le rôle. Il s’agit de mieux accompagner les élèves qui en ont besoin et de soulager au maximum les parents de la charge du travail scolaire. Les difficultés relevées montrent bien que la collaboration, largement prônée, entre l’école et les familles ne signifie pas renoncer à la spécificité des rôles de chacun».

A cela s’ajoute le constat de disparités dans les dispositifs mis en place par les enseignant∙e·s dans la transmission du matériel scolaire. «Cette période a servi d’effet-loupe sur les conséquences de ces disparités en termes d’inégalités, contre lesquelles l’école et les enseignant∙e·s cherchent à s’engager. Une lutte qui passe certainement par une meilleure mutualisation des ressources et savoir-faire pédagogiques, ainsi que par un mode de gouvernance permettant une harmonisation des pratiques.» En effet, seuls 16% des parents disent avoir reçu des informations sur l’encadrement pédagogique du travail. Un taux très bas qui révèle, aux yeux du chercheur, que «l’école a, dans sa communication, mis l’accent sur les aspects organisationnels pratiques plus que sur la question du rôle des parents dans le travail scolaire à distance des enfants».

Nouveau paradigme
S’il se garde d’évoquer des réponses concrètes, qui appartiennent désormais aux autorités scolaires concernées – le Service de l’enseignement obligatoire de langue française (SEnOF) à Fribourg et la Direction générale de l’enseignement obligatoire (DGEO)  dans le Canton de Vaud – Xavier Conus conclut en proposant cette contribution à une réflexion plus large et éminemment complexe: «Il est, à mon sens, essentiel que l’école garde la main sur le travail scolaire appelé à se dérouler dans le contexte familial et développe les savoir-faire pédagogiques et les ressources nécessaires à un enseignement à distance, dans lequel le travail scolaire de l’enfant – y compris ses moments de travail autonome – se trouve repris, accompagné et encadré par l’enseignant∙e. Et qu’elle clarifie une ligne qui limite le rôle des parents à assurer un contexte de travail favorable à l’enfant et à réorienter l’enfant vers la ressource de l’enseignant∙e en cas de besoin.»

Le SEnOF réagit
Du côté du SEnOF, l’enseignement majeur de cette période est, selon Michel Piller, «que le partenariat avec les familles doit être développé et consolidé». Inspecteur scolaire et répondant «Enseignement à distance» lors de la crise Covid-19, il approuve bon nombre des constats établis par l’enquête de Xavier Conus: «L’annonce du Conseil Fédéral le 13 mars a pris tout le monde de court: école, enseignant∙e·s, élèves, et bien sûr parents… Tout le monde a fait du mieux qu’il pouvait!

L’école et les enseignant∙e·s ont dû réinventer certains gestes pédagogiques de base à distance. Le SEnOF a mis à leur disposition des balises pour les aider à la planification du travail et déployé de nouveaux outils informatiques. Pour les parents comme pour les enseignant∙e·s, nous avons jugé que le plus important était de maintenir le lien école-famille, sachant que toutes les familles n’ont pas les mêmes conditions pour soutenir leur enfant. Nous avons cherché à développer la communication dans le sens d’un réel dialogue. Les enseignant∙e·s qui ont défini clairement leurs disponibilités sont celles et ceux qui ont le mieux développé ce dialogue et ainsi pu aider les parents, par exemple, à estimer et planifier le temps de travail de leur enfant.

Pour mieux accompagner les parents en cas de nouvelle situation d’enseignement à distance, nous avons travaillé à leur donner de nouvelles ressources pour le rôle qui est le leur: offrir un cadre d’apprentissage sécure à leur enfant. Concrètement, cela passerait par l’accès à des ressources informatiques pour consolider le lien et le dialogue; des outils différenciés mis à disposition des établissements, dont les catégories socio-professionnelles de parents peuvent varier fortement; et l’intensification d’une communication avec les parents, différenciée selon la classe d’âge de leur enfant».

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 est maître d’enseignement et de recherche au  de l’Université de Fribourg.

 

 

 

 

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Grandeur et décadence de notre fonctionnement mental /alma-georges/articles/2016/grandeur-et-decadence-de-notre-fonctionnement-mental /alma-georges/articles/2016/grandeur-et-decadence-de-notre-fonctionnement-mental#respond Tue, 19 Jul 2016 12:53:17 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2614 Professeure au sein du Département de psychologie, Valérie Camos, spécialiste mondialement reconnue en développement cognitif, détaille les mécanismes de la mémoire de travail, objet d’un programme ambitieux, qui a reçu un subside important d’une agence de financement britannique.

La Mémoire de Travail (MT) est une structure en travail perpétuel, de notre plus tendre enfance jusqu’à nos derniers jours, avec des capacités en croissance, puis en déclin. A l’exclusion des mécanismes de motricité, du langage et de la perception sensorielle, il s’agit du centre de notre fonctionnement mental, celui qui permet de stocker, puis de traiter des informations pour en produire du sens. Pour bien comprendre cette fonction essentielle, Valérie Camos évoque une situation que bon nombre d’entre nous aura vécue: «Etes-vous déjà allé au supermarché sans une liste en pensant que vous vous souviendriez de tout ce dont vous avez besoin… Mais quand vous rentrez à la maison vous découvrez que vous avez oublié plusieurs articles?».

Contrairement à une pile, plus elle est entraînée, moins la MT s’use. Elle a tout d’une grande sportive: elle aime être sollicitée et n’en aura que plus d’endurance, capable qu’elle est d’endurer au quotidien la gestion de milliers d’informations. Les tests et diagnostics en cabinets de psychologue révèlent qu’elle peut, simultanément, gérer le stockage et le traitement de 1 à 4 informations: des épreuves couramment utilisées dans les tests d’intelligence et qui présagent de nos performances à de très nombreuses tâches cognitives ou des apprentissages scolaires chez les enfants. En laboratoire, un scan plus fin et en profondeur de ces mécanismes est réalisé à l’aide de programmes informatiques et aboutit à de plus riches enseignements sur le fonctionnement de la MT.

Du premier au troisième âge

«Nous sommes des êtres voués au déclin; il n’en va pas autrement de la mémoire de travail.» Et la chercheuse française, faite chevalier dans l’Ordre national du mérite, de préciser le mécanisme de cette grandeur et décadence: «Les capacités de la MT explosent de manière exponentielle de la naissance jusqu’à l’âge de 15 ans environ. Un déclin peu significatif commence à s’amorcer à l’approche des 25 ans, mais la pente s’accentue à l’aube du troisième âge». C’est pourquoi, si ses recherches conjointes avec le Professeur Pierre Barrouillet de l’Université de Genève se sont souvent penchées sur les mécanismes de la MT chez l’enfant, ses prochaines démarches vont s’atteler à comprendre son déclin chez les personnes âgées: identifier la source du déficit, le fonctionnement du déclin et trouver des solutions pour y pallier.

Pour ce faire, Valérie Camos se trouvera au centre d’un ambitieux programme qui vient de recevoir un subside colossal pour une recherche en sciences humaines de la part du fonds de recherche britannique ESRC: 1.15 millions de pounds (1.62 millions de francs) sur 4 ans. L’objectif? Réunir des équipes de chercheurs britanniques, américains et suisses, ayant développé trois théories différentes; les opposer, reprendre chacune des hypothèses de base et faire surgir de cette confrontation directe un seul et unique modèle, global celui-ci. Les Professeurs Camos et Barrouillet devront donc accorder leur modèle TBRS, pour , avec le modèle britannique du Professeur Logie, qui postule que la MT est la somme du fonctionnement indépendant de divers modules, gérant chacun une fonction cognitive, et le modèle américain du Professeur Cowan qui, comme le TBRS, établit un lien entre la capacité d’attention et la MT.

Unifier la théorie pour mieux agir

Les bénéfices? «Ils sont colossaux, dans une société où l’on vit de plus en plus âgé. D’une part la recherche fondamentale y gagnera en cohérence, chacun s’enrichissant des compétences spécialisées de l’autre, et la recherche appliquée profitera du concours d’une sommité mondiale du vieillissement, le Professeur américain Naveh-Benjamin.» Quant aux personnes âgées elles-mêmes, au-delà d’efforts importants de communication qui font partie intégrante du programme, la chercheuse estime que, dans un court terme, le personnel travaillant à leur rééducation sera mieux armé pour adapter son intervention au cas unique de chaque individu, alors que dans le moyen terme un catalogue de bonnes pratiques pourrait voir le jour et atténuer les effets du vieillissement sur la MT.

Un enjeu majeur lorsqu’on pense aux générations futures, hyper connectées, qui confrontent précocement leur Mémoire de Travail à un zapping d’informations, alors que, pour développer son endurance, la meilleure pratique reste de focaliser son attention. Un travail d’avenir donc, qui démarrera dès la rentrée de septembre avec l’engagement d’un post-doctorant supplémentaire à l’Université de Fribourg.

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Franz Werro: Le droit au cœur du concret /alma-georges/articles/2016/franz-werro-le-droit-au-coeur-du-concret /alma-georges/articles/2016/franz-werro-le-droit-au-coeur-du-concret#respond Tue, 05 Jul 2016 13:00:00 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=2607 Il vient de boucler un colloque sur le droit de la circulation routière et s’apprête à un break de quelques jours pour un … périple piéton jusqu’en Provence! Il aime confronter ses étudiants aux implications concrètes du droit, à Fribourg comme à Washington ou à Londres… Alma&Georges réussit in extremis à attraper Franz Werro, professeur de droit des obligations et de droit privé européen, dans son bureau.

Les récentes montrent que vos recherches académiques ont une implication concrète sur la vie quotidienne des gens…
Ces journées ont effectivement pour but de répondre aux besoins des praticiens du droit et aux questions concrètes des spécialistes de ces domaines. D’une manière générale, mes domaines d’enseignement, le droit des contrats et le droit de la responsabilité civile, sont en lien avec le quotidien de tous, qu’ils soient dans une activité professionnelle ou non. Une personne qui se fait construire une maison et confie à un architecte le soin de la planifier pourra rencontrer des problèmes qui relèvent du droit des contrats ou de la responsabilité civile. Il en va de même pour des PME qui concluent des contrats commerciaux. Comment comprendre le contrat, comment l’exécuter, que faire en cas de litige? A chaque jour son lot de cas concrets…

On est loin d’une Tour d’Ivoire détachée de la Cité… Comment parvenez-vous à insuffler ce sens du concret à vos étudiants ?
Je m’efforce de souligner à quel point le droit naît des solutions de la pratique. Il peut être séduisant intellectuellement de s’attarder sur des concepts, mais il faut que les étudiants se rendent compte que le droit, c’est avant tout la pratique et la jurisprudence du Tribunal fédéral, une réalité en perpétuelle évolution. Le droit n’est jamais détaché des faits; il résulte toujours de conflits d’intérêts. Plus qu’une vérité absolue, il reflète une vérité relative qui découle d’une confrontation. Mes étudiants actuels disposent à cet égard d’Internet pour se mettre en contact de réalités fort diverses. Ils saisissent les choses de manière plus crue, au détriment parfois de la synthèse ou de l’analyse critique. Mais globalement, on leur fait avaler moins de couleuvres que par le passé…

Quelles autres recherches présentant un tel impact concret menez-vous?
Nous travaillons à l’élaboration de deux projets qui feront bientôt l’objet d’une demande de subsides auprès du Fonds national suisse. Un premier a trait à l’étude de l’impact des nouvelles technologies sur le droit des contrats, aux problèmes spécifiques soulevés par l’ubérisation des services (taxis, locations hors des circuits classiques, etc.). Un autre projet qui me tient à cœur vise à analyser les liens entre le droit et la langue. Celle-ci détermine fortement la manière dont on pense le droit. Nous sommes bien placés pour savoir qu’elle sera différente en Suisse romande ou alémanique, du fait même du bagage culturel et identitaire; l’UE s’en rend compte aussi, puisque l’élaboration d’un Code civil européen semble complètement dans l’impasse. Chacun parle et pense différemment ; il n’en va pas autrement dans le monde du droit. L’idéal serait de pouvoir travailler avec des linguistes pour nous éclairer à ce sujet.

Vous êtes très actif sur le plan international : vous terminez une année de mission pour le Center for Transnational Legal ÌÇÐÄVolg de Londres, co-dirigez l’American Journal of Comparative Law et vous êtes aussi titulaire d’une chaire au Georgetown University Law Center à Washington D.C…. Où se situe votre centre de gravité?
Je suis avant tout basé à Fribourg! L’Unifr a conclu un accord avec la Georgetown University pour que je puisse passer l’essentiel de mon temps à Fribourg. Quant à mon implication avec l’American Journal of Comparative Law, la revue de référence du domaine pour le monde anglophone, elle se fait le plus souvent à distance. A certains égards, être au cœur de cette internationalisation du droit me permet aussi d’être plus lucide sur les risques de la globalisation. Je crains que la loi du plus fort soit souvent la meilleure et que les solutions qui conviennent au niveau local ne soient reléguées à l’arrière-plan.

Vous venez aussi de recevoir un prix pour l’excellence de vos travaux en droit privé européen de la part de l’ESADE, une université espagnole… Quelle importance à vos yeux?
J’en suis d’autant plus honoré que je n’avais rien demandé (rires)… En 2015, j’ai eu l’occasion de partager une recherche avec un de leurs professeurs et de donner un cours à l’ESADE, également en réseau avec l’Université de Fribourg. Je ne peux que remercier leurs alumni de m’avoir fait l’honneur de sanctionner ainsi cette collaboration.

Finalement, vous et tant d’autres collègues êtes la preuve que l’Université de Fribourg compte au niveau international…
Il en a toujours été ainsi: Fribourg est à la frontière des cultures et son Université a su cultiver de longue date le goût de l’ouverture sur le monde. C’est notre force et notre chance, tant il est vrai que nous ne bénéficions pas des mêmes moyens que nos collègues de Zurich ou de Genève…

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Le poids du hasard, le choc des complots /alma-georges/articles/2015/complotistes /alma-georges/articles/2015/complotistes#respond Fri, 23 Oct 2015 15:12:38 +0000 http://www3.unifr.ch/alma-georges/?p=763 Pile: vous ne jouez jamais à la loterie; et il ne fait aucun doute que les attentats du 11 septembre 2001 ont été planifiés et exécutés exclusivement par Al Qaida. Face: vous gagnez à tous les coups au feuille-caillou-ciseau; et bien sûr les 3 GIs qui ont maîtrisé le terroriste du Thalys ne se trouvaient pas dans le même compartiment pour rien…

Finalement, quel que soit votre choix, c’est la réalité qui gagne… ou pas? Vous voilà au cÅ“ur de l’étude récemment publiée dans la revue Psychological Science par deux chercheurs de l’Université de Fribourg: Sebastian Dieguez, collaborateur scientifique au Laboratoire pour les Sciences Cognitives et Neurologiques, et Pascal Wagner-Egger, lecteur au Département de Psychologie. En collaboration avec Nicolas Gauvrit de l’Université de Paris-Saint-Denis, ils ont mené une enquête auprès d’un panel de 400 participants afin d’étudier le lien entre la perception du hasard et l’adhésion aux théories du complot chez un individu. Car, si les discours officiels imputent souvent aux conspirationnistes le postulat d’une vision binaire simpliste selon laquelle «le hasard n’existe pas», l’hypothèse restait à tester.

L’air du temps a donné son fondement à cette étude. Les sympathisants des théories du complot semblent de plus en plus nombreux, dans un contexte de suspicion grandissante face aux discours officiels, nourrie par la formidable chambre d’écho qu’offrent l’Internet et les médias sociaux. Un phénomène somme toute récent à l’échelle des complots qui, de tout temps, ont rythmé l’Histoire.

Cette vidéo, postée quelques heures après l’attentat contre Charlie Hebdo, illustre bien le propos:

Sur une musique inspirant le pathos, dès le titre, l’auteur prétend amener des preuves irréfutables en un montage de 2’28’’ (!), quand bien même ces preuves sont relativisées plus tard comme n’étant plus que des «indices». Les expressions comme «troublant» ou «A qui profite le crime?» s’inscrivent comme de grands classiques de la rhétorique conspirationniste. Enfin, les marqueurs graphiques – flèches ou cercles – cherchent à attirer l’attention sur un détail et à lui faire endosser une pertinence particulière qu’ils ont peut-être, ou non.

Alors, rien n’est dû au hasard?

Avec une méthodologie implacable, les chercheurs ont rassemblé un panel afin d’évaluer à quel point des séquences binaires du type «XXXXXXXXXOOX» ou «XXXOXOOXOOXX» leur semblaient être le fruit du hasard ou d’un processus intentionnel. Puis chaque participant a rempli un questionnaire mesurant son adhésion à plusieurs niveaux de complotisme: méfiance à l’égard des autorités, croyance à des théories du complot classiques ou susceptibilité aux complots interpersonnels. Les résultats de l’étude se sont avérés étonnamment négatifs. Les mécanismes psychologiques des adhérents aux théories du complot s’inscrivent donc dans une plus grande complexité que le supposé credo monologique et simpliste.

Quelle que soit notre lecture d’événements modernes marquants comme le 11 septembre, les morts de Lady Di et JFK, la mission Apollo et le SIDA ou, plus proches de nous en temps et en lieu, les attentats de Charlie Hebdo ou du Thalys, c’est la perception même que nous avons du hasard qui est manipulée: ici disqualifiante comme n’étant que crédulité, là utilisée dans une rhétorique systématiquement portée vers l’ironie.

Alors, y a-t-il pour les uns dissimulation de l’orchestration machiavélique d’événements souvent funestes, et pour les autres tendance sous-clinique à la paranoïa et rejet systématique du discours officiel? A la lumière des résultats de l’étude, la question reste ouverte: «Les ressorts de la mentalité conspirationniste se situent à un niveau cognitif bien plus complexe que ce qu’on lui suppose parfois. Ils s’inscrivent dans un contexte politico-médiatique marqué par une rupture de confiance, nourri par des flux d’information dits alternatifs, faits d’interprétations plus ou moins crédibles ou de documentation plus ou moins fiable, commentent les deux chercheurs. Les zones d’ombre persistent autant dans les discours officiels que dans ces ‘errant data’, détails bizarres érigés en preuves mais pourtant jamais vraiment décisifs».

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Et maintenant, à vous de jouer! Evaluez la part du hasard et votre adhésion conspirationniste, et dénichez la rhétorique classique de chaque camp en visionnant ces 2 vidéos antagonistes du 11 septembre 2001:

Ressources:

  • Image de une: NASA

 

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